Archives avril 2018

Merci de refuser mes excuses

Je reçois un appel du service de garde. Puis de l’enseignante. Pu

Je reçois un appel du service de garde. Puis de l’enseignante. Puis de la technicienne en éducation spécialisée. Un même message : mon fils a eu une mauvaise journée. Encore. Il a insulté sa voisine de pupitre, a crié après la prof, s’est sauvé dans l’école, a frappé dans la porte à grands coups de pied. Et quand les intervenants interviennent, il baboune, refuse de collaborer. À la question : « Qu’est-ce qui te fait agir comme ça ? », il répond par l’évasive « Je ne sais pas ». Ou par la réplique « autruche-tête-dans-le-sable » : « Je ne veux pas en parler ». On ne va pas loin, avec des réponses qui n’en sont pas…

Lui qui est si gentil d’habitude… tellement affectueux, bon leader, joueur, hop-la-vie ! Mais dès qu’il doit affronter un changement, un départ, l’absence d’un parent, ça dérape. En tant que famille en garde partagée, les changements, les départs et l’absence d’un parent sont… comment dire… constants ? Bref, pas l’idéal. Autrement dit, mon petit bonhomme vit quotidiennement des émotions fortes, qu’il gère de son mieux avec notre soutien. Il apprend, il avance de trois pas, puis recule de deux. Mais il avance.

Alors aujourd’hui, comme la semaine précédente et l’autre d’avant, notre bonhomme a fait du trouble à l’école. Et le personnel de l’école a fait ce qu’il avait à faire : intervenir, mettre des conséquences naturelles, encadrer, lui permettre de s’exprimer, ajuster les interventions, faire du renforcement positif, communiquer avec les parents, travailler en équipe avec le reste du personnel.

Des fois, je me dis qu’ils doivent être écœurés. Qu’ils ont autre chose à faire que de gérer mon petit homme et ses montagnes russes émotives. Il y a quand même 499 autres élèves dans l’école, chacun avec son bagage d’émotions… Je me dis qu’ils doivent se dire que vraiment, les parents l’ont échappé, qu’ils ont failli à leur job de parents. Mais non. À aucun moment, ils ne m’ont fait sentir mauvaise mère ou inadéquate.

« Je suis vraiment désolée qu’il agisse ainsi… ce genre de paroles ne passent pas à la maison, je sais qu’elles ne sont pas acceptables à l’école non plus, mais quand même, il les dit et il vous fait de la peine. Pourtant, il vous aime ! Il adore l’école, sa prof, les amis de sa classe… Je m’excuse tellement… » Ce que je ne dis pas, c’est que j’ai peur que mon garçon devienne un petit bum, qu’il prenne l’habitude de mal agir.

Vous me répondez, chaque fois : « Madame, vous n’avez pas à être désolée. Ce sont ses choix et ses réactions. On sait que vous l’encadrez et que vous faites tout ce que vous pouvez. On le fait aussi à l’école, et c’est ce qui compte : on travaille dans le même sens, de façon constante. Continuez de nous tenir au courant des changements qu’il vit, ça nous aide à l’aider. » Et ils offrent de l’inscrire dans les ateliers d’habiletés sociales offerts à l’école.

On peut bien chialer à l’occasion contre les écoles à cause du manque de ressources, à cause de cette enseignante qui n’est pas à sa place en enseignement ou parce que le matériel coûte cher. Mais on doit avouer que les intervenants des milieux scolaires font des miracles, parfois avec très peu de moyens, parfois avec des cas individuels pas faciles à suivre. Ils sont un prolongement de ce que les parents font de leur mieux à la maison au quotidien, et c’est ensemble qu’on construit nos enfants, leur caractère, leurs comportements et leurs connaissances.

Je vais quand même continuer à m’excuser pour les comportements dérangeants de mes enfants quand ils dérapent, tout simplement parce que je n’excuse pas leurs comportements. Je les comprends, je sais d’où ils viennent, mais je ne les accepte pas nonchalamment. Je me soucie de ce que vivent mes enfants, mais aussi de ce qu’ils font vivre aux personnes qui les entourent et qui les aiment.

Après l’appel du service de garde, de l’enseignante et de la T.E.S., je m’imagine ce qu’ils rapportent à la maison comme pensées blessées, comme cœur écorché. Ils sont humains eux aussi. Si un de mes collègues de travail avait le même type de comportements que ceux de mon garçon, je serais épuisée, je me remettrais en question, je ne dormirais pas de la nuit. J’espère qu’eux savent mieux se blinder contre les insultes. J’espère qu’ils savent laisser ces dérapes entre les murs de l’école et qu’ils retournent dans leur foyer avec la certitude d’avoir bien fait leur travail.

Oui, je m’excuse. Et je vous remercie de refuser mes excuses.

Nathalie Courcy

À toi qui as volé ma vie

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Toi qui as volé ma vie alors que je n’avais même pas commencé à la vivre,

Toi qui as posé tes mains sur moi sans même avoir la permission,

Toi qui t’es servi d’une autorité parentale comme excuse,

Toi qui t’es permis de me salir sans que je ne puisse rien dire

 

Tu m’as entendue crier,

Tu m’as vue pleurer,

Tu m’as entendue te supplier de me lâcher,

Tu m’as vue me renfermer sur moi‑même

 

Pourquoi m’as-tu fait ça?

Pourquoi as-tu voulu me détruire?

Pourquoi as-tu volé ma jeunesse?

Pourquoi as-tu préféré me détruire plutôt que d’aller chercher de l’aide?

 

Comment as-tu pu recommencer presque tous les soirs?

Comment as-tu pu faire ça à des gens qui t’ont accueilli chez eux à bras ouverts?

Comment as-tu pu continuer de me regarder comme si de rien n’était lorsque nous étions en famille?

Comment as-tu pu continuer à faire des blagues déplacées alors que tu savais très bien ce que tu faisais?

 

Et toi maman, pourquoi l’as-tu laissé faire?

Pourquoi ne m’as-tu pas crue quand je t’ai tout avoué?

Pourquoi, maman, croyais-tu que j’inventais tout?

Pourquoi n’as-tu pas fait confiance à ton enfant?

 

Pourquoi, maman, ne m’as-tu pas sortie de cet enfer?

Pourquoi, maman, m’as-tu crié de m’excuser à celui qui m’effrayait le plus?

Pourquoi, maman, as-tu décidé de rester avec mon agresseur?

Pourquoi, maman, étais-tu fâchée contre moi?

 

Tu sais, ce jour où je t’ai tout avoué, tu ne m’as pas crue

Tu m’as même fait douter de moi

Pourquoi ne m’as-tu pas protégée?

Pourquoi n’as-tu pas rempli ton rôle de mère comme il se devait?

 

Je t’ai toujours prise comme idole

Je t’ai toujours vue comme une femme forte

Je t’ai toujours considérée comme la meilleure mère au monde

Celle qui donnerait tout pour ses enfants

 

Mais ce jour où tu ne m’as pas crue, tu es devenue pour moi un monstre

Le même genre de monstre que celui qui a volé mon enfance, ma vie

J’ai dû faire deux deuils, celui de voir à tout jamais ma vie s’envoler

Et celui de perdre ma mère, car pour moi tu ne méritais plus ce titre

 

C’est moi, maman, qui ai dû grandir avec ces blessures, cette rage

C’est moi qui ai dû réapprendre à faire confiance aux hommes

C’est moi, maman, qui a dit réapprendre à sourire, à vivre avec les rechutes

C’est moi, maman, qui vis maintenant avec une partie de moi en moins.

 

Aujourd’hui, tu es toujours avec cet homme

Je me demande ce qui est le plus douloureux : avoir subi ces agressions ou que ma mère ne m’ait pas crue et qu’elle continue à coucher, embrasser cet homme

Aujourd’hui, je ne suis pas capable de te renier, mais aujourd’hui, j’ai décidé de me choisir

De prendre soin de moi et d’imposer mes limites.

 

Tu as choisi de briser notre famille, et longtemps vous avez essayé de me faire sentir coupable, et tu sais quoi, jusqu’à tout récemment, ça a fonctionné

 

Mais maintenant, c’est fini, je ne suis plus une victime, je suis une battante, une survivante!

 

Eva Staire

 

La route est longue

250 kilomètres, plus ou moins, selon votre destination précise…<

250 kilomètres, plus ou moins, selon votre destination précise…

Pour vous donner une idée, de Paris, vous seriez déjà rendu en Belgique. De Bruxelles, sans doute déjà attablé à prendre une bière à Amsterdam.

On le calcule plutôt en temps. Environ 2 h 30. À la limite de vitesse généreusement informelle. Deux liens principaux, de chaque côté du fleuve. Identifiés affectueusement par leur nombre. La 20 et la 40. Sans une réelle pensée pour Jean Lesage ou Félix Leclerc.

Félix, qui aurait sans doute préféré donner son nom à un centre d’art. À son île. Plutôt qu’à une autoroute ennuyante. Pour l’ancien premier ministre, c’est un doux rappel de l’âge des infrastructures et de l’état de la chaussée.

Surtout, un parcours familier entre près de cinq millions de Québécois. Un va-et-vient constant. Entre deux villes stratégiques. La Capitale-Nationale et la Métropole.

On aimerait bien prendre le train. Je soupire, en pensant au confort et à l’efficacité de ceux en Europe. Mais, après un départ en retard, quand vous vous immobilisez ensuite, complètement, pour laisser passer un long convoi de marchandises… La voiture reste alors l’option terrestre la plus rapide.

Nos premiers rendez-vous, enfants, sont principalement avec la 20. Bien plus d’arrêts efficaces, pour traiter de tous nos besoins pressants. La pause au fameux Madrid, ses dinosaures en plâtre et ses camions géants. Je me souviens, aussi, de la pancarte volontairement mal lue « Saint-Ciboire ». Le ricanement, lorsqu’on ose dire nos premiers gros mots. Ouf, que je trouvais ça long et pénible avec ma mère. Bien trop respectueuse des limites de vitesse. Avec elle, j’ai encore droit au rappel subtil qu’il y a plein de policiers cachés ici et là. Qui n’attendent que moi.

Jadis, je me demandais où allaient toutes ces sorties. Je me le demande encore aujourd’hui. Ce Chemin des Petites-Terres. Ou ce Rang des Épinettes. Des décisions politiques, sans doute. Pour récompenser les gens qui avaient voté du « bon » bord.

Ce trajet, je l’ai fait des centaines de fois. Sur le pilote automatique. De jour, de nuit. Au grand soleil, sous la pluie et… en pleine tempête de neige. Seul. Avec des amis, des collègues. Pour toutes sortes d’occasions. De l’entrevue d’embauche aux soirées d’anniversaire. En passant par les escapades d’amoureux et les longs congés en famille. Même la traditionnelle virée annuelle au Ikea.

En véhicule qui va rendre l’âme, si on décroise les doigts. La crevaison. Le réservoir rendu aux vapeurs d’essence. En véritable fusée (constat d’infraction à l’appui) tout comme en limace. En suivant alors un ami qui conduisait son camion de déménagement. Sans trop savoir faire fonctionner manuellement toutes les vitesses. Mon trajet le plus pénible. Prisonnier, condamné à rouler à sa remorque. Avec, pour paysage, son derrière… de camion. Une grosse plante verte à mes côtés, comme seule compagne. La musique au plancher. Pour compenser.

Mais toujours cette même fébrilité, à l’approche du pourtour de l’île de Montréal. Quand on rejoint et revoit le fleuve… et le Stade au loin. Dans l’autre sens, quand je devine les premiers repères familiers. Avant même de voir ma ville ou simplement les ponts. On sort enfin de notre torpeur. Car c’est interminable. Chaque fois. Immanquablement.

Pour une précieuse sortie père-fils, la semaine dernière, j’y ai mis un peu de piquant. La 40 à l’aller, la 20 au retour. Sur un coup de tête, sans y réfléchir. Grand fou, va!

Ces deux vieilles amitiés me sont restées fidèles, parfaitement monotones…

michel

Partager un présent !

Et ils vécurent heureux… Vous refermez le livre, ils son

Et ils vécurent heureux… Vous refermez le livre, ils sont endormis.

Votre histoire est aussi terminée. Depuis trop longtemps, le cœur ne bat plus pour elle/lui ; mais vos autres amours sont toujours là ! À l’année, jour et nuit.

J’imagine que personne ne fait des enfants en y pensant. À ce moment, triste, voulu, libérateur où la décision est prise. Peu importe la raison. Après tout, les enfants subiraient bien pire si la relation se continuait encore dans l’indifférence. Dans l’amertume, le cynisme, l’absence de respect. Ou pire…

Ensuite, passer aux principes, aux modalités. Ce genre de contrat qu’il vous sera impossible, à l’un et l’autre, de respecter à la lettre. Évolution lente de la société. Du presque tout le temps  – ou la fin de semaine sur deux, selon votre sexe – vers une réalité vécue de plus en plus à l’amiable. Convaincu que l’Ex (NDLR : avec une majuscule, car c’est son nouveau nom) est tout aussi essentiel à leur développement.

La garde partagée !

Surtout le partage du vide, de l’absence, de l’ennui pour les deux parents. Voir désormais ceux que vous aimez inconditionnellement, uniquement qu’une semaine, sur deux. Leur dire adieu, déchiré par en dedans, chaque semaine. Ce que toutes vos fibres refusent intensément.

En plus de subir aussi leur passage dans la chambre de décompression. Celle de la décontamination. Les heures suivant leur arrivée de chez l’Ex. La transition obligatoire ! Même si les styles de vie sont plutôt semblables, les enfants doivent s’adapter. Ne serait-ce qu’à leur environnement physique. Vous, vous devrez entendre : « Chez papa on fait… » ou « Maman nous permet… » L’urticaire n’est jamais très loin !

Je vous rassure, sans doute ce n’est qu’invention. Après tout, les enfants, de tout temps, savent très bien jouer la carte du « diviser pour régner ». Même chez les couples les plus amoureusement unis.

Les plus chanceux vivront une harmonie presque plus grande qu’avant la séparation. Les activités en « famille ». Même, à la limite, incluant l’autre être aimé. Le nouveau, la nouvelle. Celui ou celle qui a la délicatesse d’utiliser votre prénom gentiment.

Certainement pas du vécu dans la plupart des cas. La blessure initiale est trop profonde, l’Ex sait très bien comment rouvrir la plaie. L’amertume, le cynisme, l’absence de respect n’est jamais très loin…

Pour la majorité, sans doute, ça restera alors un moment de stress. Discuter avec l’Ex pour un sujet ou l’autre qui concerne les enfants. Combien les prendront même alors en otage, pour continuer la domination ? Même insidieusement. La gangrène des petites actions qui veulent assouvir la vengeance.

Saviez-vous que certains font l’échange avec du linge souillé laissé en « cadeau » ? Que certains « oublient » de remettre la carte d’assurance-maladie… Qu’ils prennent, seuls, des décisions importantes. Que certains demanderont toujours des changements d’horaire, à leur seul avantage. Qu’ils préparent, sournoisement et en leur faveur, la décision de l’ado…

Ça, c’est sans même parler des aspects financiers. Le chantage le plus efficace, celui qui puise dans votre cœur.

Toutes ces voix autour de vous… « Fais-le pour les enfants, passe par-dessus ! » Sans doute les conseils de ceux et celles qui n’accepteraient rien de tout ça. Juste nous écouter sans vouloir tout régler, ça ne vous tente pas ?

Mais que la communication soit ouverte ou aussi fermée qu’avant, la réalité est là. Celle que toute parcelle raisonnable de vous accepte, mais que votre cœur rejette. Ils vous manquent terriblement quand ils ne sont pas avec vous !

Le paradoxe cruel de la garde partagée, pour l’amour à temps plein…

 

michel

 

Le succès à ta mesure

En cette saison de compétition et de tournois de toutes sortes, je

En cette saison de compétition et de tournois de toutes sortes, je pense, assise dans les gradins de la piscine où mes filles participent à une compétition amicale du club‑école.

J’observe tous ces parents qui n’ont d’yeux que pour leur trésor ; on souhaite tellement le meilleur pour nos enfants !

Le départ est lancé, les premiers nageurs s’exécutent. Les mouvements s’enchaînent. Le plus jeune d’entre eux terminera avec peine cette première épreuve, encouragé par la foule de parents qui lui aurait volontiers donné un coup de pouce. Il a complété sa course longtemps après ses cinq compétiteurs, mais fier de lui.

Et j’ai réfléchi…

Quel est son parcours ? Et si pour cet enfant de six ans, c’était une victoire ? Parce que pour ma plus jeune, cet automne, le simple fait de participer, d’entrer dans l’eau et de compléter son dix mètres SANS PLEURER constituait SA médaille d’or. Ça, mis à part ses parents et son entraîneur, personne ne le savait.

Hier, quand la foule a applaudi ce petit coco, je me suis sentie bercée, heureuse que chacun des humains dans les gradins saisisse ce moment unique.

Et si on soulignait les succès de nos enfants en tenant compte du contexte ? En classe ou dans son sport, chaque enfant vit une histoire, SON histoire. Le succès, il faut le voir à sa mesure, à travers son regard, ses obstacles à lui. Le résultat n’a pas toute l’importance qu’on lui accorde… Et moi, la première, je dois me le rappeler.

Petit bonhomme de six ans, je te dis BRAVO pour cet accomplissement ! Tu nous as tous donné une leçon ! 😉

Karine Lamarche

 

Le jour où j’ai envoyé mes enfants seuls dans un avion

Vivre loin de sa famille, c’est accepter qu’à un moment donné,

Vivre loin de sa famille, c’est accepter qu’à un moment donné, tes enfants vont partir loin sans toi… Je redoutais cet instant, je refusais d’y penser et, beaucoup trop vite, ce moment est arrivé… J’ai mis mes trois enfants, seuls, dans un avion, direction l’autre côté de l’océan…

Ce jour‑là, en arrivant à l’aéroport, tout mon corps tremblait, mais je m’efforçais de sourire… car pour les enfants, c’était la fête : ils s’en allaient rejoindre leurs grands‑parents pour des vacances de rêve !

C’est à l’autre bout du monde… Et si l’avion s’écrase ? Et s’ils se perdent ? Si quelqu’un les enlève ? Ils seront si loin…

L’euphorie grandissait au fur et à mesure que l’heure du décollage approchait. C’est quand nous avons commencé à nous diriger vers la douane que mon plus jeune s’est mis à avoir mal au ventre… – Maman, je ne veux pas partir sans toi… – On en a beaucoup parlé et tu étais prêt, non ? Ton frère et ta sÅ“ur vont être là avec toi. Tout ira bien. Ne t’en fais pas. Il n’y a aucun danger.

Il s’est collé contre moi, ne se doutant pas que ces mots, je les ai prononcés sans y croire. Car tout mon être paniquait… Ce sentiment d’insécurité me rongeait par en dedans…

– Allez, allez, un dernier câlin…

Puis, ils sont partis, main dans la main, avec leur petit sac sur le dos et leur passeport autour du cou. Je les ai regardés s’éloigner avec effroi… Ils se sont retournés souriants et joyeux, envoyant la main pour un dernier salut…

Je me suis efforcée de sourire…

Juste après, mes enfants ont passé le portique de sécurité, puis ils ont disparu derrière le mur…

Le sol s’est alors dérobé sous mes pieds… et j’ai fondu en larmes dans l’aérogare…

Les reverrai-je un jour ? Je n’ai pas de mots pour décrire la panique et l’angoisse qui m’ont submergée.

Nous sommes rentrés à la maison le cÅ“ur lourd…

– Nous n’aurions peut-être pas dû les envoyer tous les trois dans le même avion ? – Euh, pourquoi tu dis ça, chéri ? – Si l’avion s’écrase, nous n’aurons plus d’enfants.

NE JAMAIS DIRE ÇA À UNE MÈRE ! Je ne me souviens plus quand j’ai arrêté de pleurer…

Bien sûr, dans ma maison trop vide, je n’ai pas fermé l’œil cette nuit‑là. Je crois que j’ai recommencé à respirer quand ma maman m’a envoyé un message qui disait « petits colis récupérés, tout va bien ».

Quand j’ai pu entendre leurs voix enjouées, j’ai enfin arrêté de trembler…

Est-ce que mes enfants se sont amusés et ont eu de merveilleuses vacances ? Oui.

Est-ce que tout s’est bien passé ? Oui.

Est-ce que nous avons recommencé ? Oui, chaque année.

Est-ce que je me suis habituée ? Non.

Je déteste envoyer mes enfants seuls à l’autre bout du monde, et dans ces moments‑là, je déteste ma vie d’expatriée…

Gwendoline Duchaine

 

Des jeux en famille qui vous sauveront la vie en auto

Quand on est parent, qu’est‑ce qu’il y a de pire que de faire

Quand on est parent, qu’est‑ce qu’il y a de pire que de faire manger des légumes à nos enfants? LES LONGS VOYAGES EN AUTO! À moins de brancher vos enfants sur des tablettes électroniques, je n’en connais aucun qui passe plus de vingt minutes sans demander la fameuse phrase « Quand est‑ce qu’on arrive? » ou sans finir par se tirailler.

De mon côté, j’ai réglé les chicanes en me procurant un Highlander de Park Avenue Toyota, les deux sièges arrière sont séparés par une rangée. IMPOSSIBLE pour eux de se donner des coups… BONHEUR! Sinon, j’en mets un dans la deuxième rangée de sièges arrière et l’autre dans la première.

 

Pas pire hein? C’est certain que ça n’évite pas de les entendre se plaindre, mais ça évite que ça dégénère.

Par contre, si vous n’avez pas la chance d’avoir une auto anti poussage-grafignage-braillage et je passe une tonne de mots qui finissent par « age », voici des activités à faire en auto afin de passer le temps.

Vous allez rire, mais même quand je suis seule avec Étienne, on s’amuse à en faire pour passer le temps! 🙂

1- Jeux de mémoire

Par exemple, le conducteur doit dire un premier mot. Le joueur suivant doit ensuite répéter le même mot, en ajouter un autre et ainsi de suite. Ça pratique la mémoire et ça donne droit à des drôles de phrases (et des fous rires haha).

2- Ça commence par…

Un des passagers choisit une lettre de l’alphabet et les autres doivent à tour de rôle nommer un mot qui commence par cette lettre, jusqu’à ce que quelqu’un ne soit plus capable de continuer la séquence. À ce moment, la personne est éliminée et le jeu continue avec une autre personne et une nouvelle lettre.

3- Schtroumpfer les verbes

Les passagers doivent parler normalement, mais en remplaçant tous les verbes de leurs phrases par le verbe « schtroumpfer ». Ceux qui prononcent par erreur un verbe normal sont éliminés.

4- La suite

Un des passagers commence avec un mot, les autres passagers doivent à tour de rôle enchaîner avec un mot qui leur fait penser au mot entendu précédemment. Celui qui répète un mot déjà nommé est éliminé.

5- Le jeu des célébrités

Un prénom est donné par le conducteur. Les passagers doivent par la suite nommer des noms de célébrités dont le prénom est le même que celui nommé par le conducteur. Et si jamais aucun de ces jeux ne fonctionne… pourquoi ne pas jouer au roi du silence? Le premier qui parle perd 🙂

 

L’école de la vie

Certains me reprochent de vivre au-dessus de mes moyens depuis mon a

Certains me reprochent de vivre au-dessus de mes moyens depuis mon arrêt maladie. Il est vrai que le cancer m’a fait prendre une belle débarque financièrement depuis bientôt trois ans. Et que mes revenus sont encore en période de vaches maigres depuis la fin de mes traitements. Et que dire de mes économies qui fondent comme neige au soleil!

Au soleil… C’est bien pour offrir des vacances à mes enfants que je casse mon petit cochon rose prénommé REER. Car la retraite me semble bien loin et surtout pas si « acquise » depuis mon diagnostic de cancer à 36 ans.

Alors, à ceux qui me reprochent de vivre au-dessus de mes moyens, j’aimerais dire que mon mode de vie ne les regarde pas, mais cela ne serait pas très productif. Sans me justifier, je préfère leur répondre que je ne vis pas au-dessus de mes moyens, mais que je me donne les moyens de vivre et surtout d’offrir de beaux moments à mes enfants, tant que je le peux. Comme l’exprime si bien ce proverbe, devenu mon credo : « On a deux vies. La seconde commence lorsque l’on réalise qu’on en a qu’une! »

Ma seconde vie, j’ai décidé d’en faire un monde sans lendemain. Un « Never Land » où la réalité trouve sa place dans un imaginaire que l’on vit les yeux grands ouverts. Et pour moi, ce monde passe par le voyage.

Le voyage a toujours tenu une place importante dans ma vie et celles de mes enfants. Et la maladie n’y changera rien. Au contraire. La maladie m’a fait pousser des ailes pour m’envoler vers une liberté d’esprit, une liberté de vivre. De fourmi, je suis devenue cigale. Et je chante et danse, en été comme en hiver, loin du jugement des autres.

Alors oui, j’offre régulièrement des vacances du quotidien et de la routine à mes enfants. Mais surtout, je leur fais vivre des voyages inoubliables, ludiques et éducatifs. Peu importe le temps que l’on a, je saisis toutes les occasions pour découvrir une nouvelle destination. Par exemple, pendant la relâche scolaire, nous nous sommes envolés vers le soleil de San Diego, Californie, pour aller à la rencontre des animaux du magnifique Zoo de San Diego et du Safari Park. Plus de 3 500 animaux rares et en voie d’extinction, soit environ 650 espèces différentes, réparties sur un terrain de 40 hectares. Le Zoo et le Safari Park de San Diego sont bien plus que des attractions touristiques pour voir des animaux. Ce sont avant tout des organisations à but non lucratif qui œuvrent pour la préservation et la recherche zoologique dans le but de sauver de nombreuses espèces en danger à travers le monde.

Munis d’un appareil photo, de gourdes d’eau et de bons souliers de randonnée, nous avons marché sur les sentiers balisés du Zoo, comme des explorateurs avec une carte illustrée pour nous guider. À chaque enclos, c’était comme plonger dans une encyclopédie vivante. Mes enfants, passionnés par les animaux, ont pu nourrir leurs connaissances de chacune des espèces présentes au Zoo et au parc. Et malgré les heures de marche, ils ne sont pas du tout plaints d’avoir trop marché. Ils étaient bien trop captivés par ce qu’ils avaient sous les yeux! Et puis, il y a de nombreuses aires d’arrêt où l’on peut prendre une pause pour manger et se remettre de la crème solaire (le soleil tape fort, même au printemps).

Mes enfants ont été particulièrement sensibilisés au programme de conservation du Zoo, qui permet, en échange d’un don, d’adopter un animal, et ainsi de contribuer à ses soins et à sa préservation. Non seulement mes enfants ont reçu un certificat d’adoption, mais aussi une petite peluche de l’animal qu’ils ont adopté. Je trouve que c’est une belle façon de faire prendre conscience aux enfants de l’importance de préserver les écosystèmes, de protéger l’environnement et d’apprendre à mieux cohabiter avec les animaux afin qu’ils puissent vivre, sans dangers, sans menaces, dans leur habitat naturel.

Toujours dans notre objectif de parfaire nos connaissances des animaux sauvages et des espèces en voie d’extinction, sans pour autant voyager à l’autre bout du monde (car mon petit cochon rose n’est pas assez dodu pour cela), nous sommes allés au SeaWorld de San Diego. Très bien organisé, il est également facile de s’y repérer, et surtout de s’y amuser puisque les petits comme les grands peuvent profiter des manèges et des attractions comme les montagnes russes dans l’enceinte du parc. En ce qui nous concerne, ce qui nous a particulièrement séduits et amusés, ce sont les bassins éducatifs et interactifs à l’entrée du SeaWorld. On y trouve des bébés requins que l’on peut flatter et aussi des petits poissons mangeurs de peau morte, pour un soin des mains gratuit. Chatouilleux, s’abstenir!

Pour moi, chaque voyage est aussi une occasion de faire des rencontres et de développer ses aptitudes sociales, surtout lorsque l’on choisit un hôtel familial avec piscine, comme le Humpfreys Half Moon Hotel. Rien de mieux que de patauger dans une piscine pour se faire de nouveaux amis et d’oublier la barrière de la langue, tandis que les mouettes et les canards s’invitent dans la piscine aussi. Et que les perroquets en liberté s’occupent de l’ambiance sonore. Un véritable paradis exotique où mes enfants se sont sentis comme chez eux. Ce qui donne un break à Maman!

Au final, nous sommes revenus de cette petite escapade à San Diego ravis, émerveillés et riches de connaissances, que mes enfants ont voulu partager avec leurs camarades de classe lors d’un exposé oral.

Alors, oseriez-vous encore me reprocher de vivre au‑dessus de mes moyens?

Ou diriez-vous plutôt que j’investis dans l’école de la vie pour mes enfants?

Et même si ma situation financière est encore très précaire, si c’était à refaire, sans hésitation, je récidiverais avant que le cancer, lui, revienne.

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com

Vanessa Boisset

 

Des bébés et des études

Nous étions tous les deux étudiants et amoureux fous l’un de lâ€

Nous étions tous les deux étudiants et amoureux fous l’un de l’autre. Après plusieurs années en couple, nous savions que nous voulions des enfants. Nous regardions devant nous et nous savions pertinemment que plusieurs années d’études étaient encore devant nous. Mais nous n’avions qu’une seule vie à vivre, et il était hors de question de passer à côté. Nous avons donc choisi d’avoir un enfant, en étant tous les deux aux études à l’Université. Nous avons calculé nos budgets, organisé nos sessions et pris la décision en toute conscience d’accueillir un petit être dans notre famille.

Quand j’ai accouché de ma première fille, Papa était en stage final de son baccalauréat. Heureusement, j’ai accouché en soirée et il a pris une journée de congé pour nous ramener à la maison, à notre sortie de l’hôpital. C’était mon premier bébé, un mini-trésor dont je devais prendre soin. Entre deux sessions. J’ai continué à suivre des cours à l’Université le soir. Papa n’a eu aucun congé de paternité et pourtant, j’avais l’impression qu’il était là avec nous. Nos familles habitaient loin de nous. Nous n’avions que nous au monde.

Deux ans plus tard, j’en étais à la moitié de mon baccalauréat. Papa était à la maîtrise. Et nous avons décidé d’avoir un autre enfant. Encore une fois, j’ai accouché pendant la nuit et Papa est allé travailler le matin même. La semaine suivante, il partait en congrès plusieurs jours. Cette fois-là, j’ai demandé à nos familles et amies de venir nous donner un petit coup de main… S’adapter à la vie avec deux enfants, ce n’est pas évident. Pendant qu’on étudie, ce l’est encore moins !

Je suivais des cours de fin de semaine à l’Université. Papa passait ses samedis à faire le taxi entre la maison et la salle de classe pour que je puisse allaiter. Parce que oui, en plus, j’allaitais ! J’ai eu la chance inouïe de croiser sur mon passage des professeurs humains et compréhensifs. Le soir d’un examen final, j’ai dû amener ma fille de quelques semaines avec moi. La professeure responsable ce soir‑là a passé toute la période à se promener avec mon bébé dans les bras, pour qu’elle reste profondément endormie et que je puisse faire mon examen.

Parce qu’on était toujours autant en amour, on a même fait un troisième bébé. Notre dernière fille est venue au monde pendant que Papa entreprenait son doctorat. J’ai fini mon baccalauréat avec des cours à distance, entre un allaitement et un changement de couche.

Est-ce que ça a été facile ? Non, pas tous les jours. Est-ce que c’était le chemin le plus simple ? Non plus. Mais je vous assure que nous n’avons aucun regret. Les études sont terminées, les diplômes sont accrochés au mur. Ces petits bouts de papier ont à nos yeux encore plus d’importance. Quand on passe devant, on se rappelle tous les sacrifices, les choix, les nuits blanches et les fins de session. Et quand les enfants passent devant, ils voient le dépassement de soi et l’accomplissement. Parce que dans la vie, le chemin facile semble attirant, mais ce ne sera jamais le seul choix que tu as.

Nos filles ont grandi. Maintenant, ce sont elles qui vont à l’école. Et comme elles nous l’ont enseigné quelques années plus tôt, c’est notre tour de leur apprendre ce qu’est la persévérance. Parce que parfois, les chemins plus compliqués sont aussi plus enrichissants.

Joanie Fournier

 

Le volcan mal compris

Des fois, j’ai tendance à m’emporter. Ok… je l’avoue, je di

Des fois, j’ai tendance à m’emporter. Ok… je l’avoue, je dirais plutôt souvent, voire toujours. Dans toutes les conditions, dans toutes les situations, tout est une bonne raison d’exploser! Mais attention, exploser ne rime pas nécessairement avec frustration.

Par exemple, quand je trouve quelque chose de beau et d’émouvant, je m’emporte, tout énervée. Je vais donner l’impression de parler fort (ok, je parle toujours fort, mais dans ces moments‑là, c’est pire). Je deviens comme un peu hystérique et ça sort en volcan! La pression dans mon estomac est si grande que mon corps fait le bacon sans mon consentement! J’vous jure, boom! Un vrai volcan mais de bonheur. Ça se peut, ça? Bien, je confirme que oui, dans mon monde à moi, ça se peut! Rendue à cette étape‑là, je me fais dire que je suis « trop », que je dois me calmer. Ben coudonc, ça pète une baloune assez vite! Je dérange en étant de bonne humeur.

Quand je suis fâchée, alors là, je suis un volcan de rage! Ça bouille en dedans, ça brûle et la lave de mots me monte à la gorge et ça doit sortir! Boom! L’explosion dure quatre secondes et quart et c’est fini. On passe à autre chose, le volcan retourne dormir, vidé. Instantanément, sans rancune. Mais je dérange aussi en étant fâchée.

Quand je suis fatiguée, c’est maintenant que je dois aller me coucher, sinon je vais mouuuurrriiirr de fatigue. Je ne m’endure plus tellement j’ai épuisé mon énergie au courant de la journée… Vous êtes pareilles, non? 😉

Je n’ai pas de patience : la vie roule trop vite pour attendre!

Je n’ai pas de filtre : mes mots et mes réactions sortent avant que mon cerveau mette un stop! (Je me suis grandement améliorée par contre!)

Je pars souvent sur des bulles. Quand j’ai envie de faire quelque chose, c’est maintenant. Pas question d’attendre! Un volcan, ça n’attend pas! Par contre, mon volcan intérieur s’éteint bien assez vite si les choses ne bougent pas.

J’ai toujours l’impression que tout est compliqué et qu’il faut que je me retienne. Me retenir de parler, d’agir et même parfois de penser! Mais je pense trop! Ça me rend presque malade!

Je me fais souvent dire de me calmer (et je déteste ça, parlez-en à mon chum, voir…!) C’est comme si on me disait de changer ma personnalité pour ne pas déranger les autres. Ça me rend (encore plus) folle!

« Toi, t’es intense » : je me suis souvent fait dire cette phrase. Je ne suis pas encore sûre si c’est un compliment ou un reproche et surtout, je ne comprends pas pourquoi on me le dit. Ceci dit, je vais sûrement mourir un jour d’une crise de cœur (sûrement encore une exagération ici), car tout me stresse, tout me fait faire le saut, tout m’énerve et tout me fait peur!

J’ai souvent (toujours) l’impression que personne ne me comprend. Même moi, je ne me comprends pas et ce n’est pas peu dire, mais j’ai arrêté de chercher! Par contre, on dirait que personne n’est comme moi? Ou du moins, personne n’en parle. Ce n’est pas comme si c’était grave d’être une personne « intense »…

Un volcan mal compris : c’est comme ça que je me sens! C’est mystérieux, c’est fascinant, loin des gens (du moins, mentalement) et on ne veut pas s’en approcher, de peur de se brûler. Le volcan est toujours prêt à sortir de son lit. Imprévisible. Que ce soit pour le bonheur de l’un ou le malheur de l’autre, le volcan est à la fois impulsif et éveillé.

Je suis un volcan, que ça vous plaise ou non.

Tania Di Sei

Devenir un grand joueur de hockey : le rêve d’un ti-cul

C’est du haut des six ans de mon p’tit bonhomme que ce grand rê

C’est du haut des six ans de mon p’tit bonhomme que ce grand rêve lui est apparu. Après avoir donné le meilleur de lui‑même lors d’une partie, il a été nommé le joueur du match. Y’en fallait pas plus pour allumer un p’tit feu à l’intérieur de lui. Après la partie, le retour à la maison fut bien ordinaire… sauf pour lui. Avec la petite étincelle au fond des yeux, il est venu nous voir et nous a dit : « Maman, papa, je veux patiner avec les grands et je veux jouer au hockey plus souvent… »

Tout simplement, mais avec une détermination nouvelle dans les yeux.

Depuis qu’il est haut comme trois pommes qu’il joue au hockey. Plus jeune, il voyait son grand frère et voulait faire comme lui. Mais au bout de quinze minutes, il était tanné. Des fois, on était vraiment découragés, mais on y allait quand même. On courait les pratiques, les matchs, les tournois, les camps et j’en passe.

Malgré sa facilité, il avait une nonchalance incroyable. On lui demandait si c’était vraiment ce qu’il voulait et nous répondait que oui, mais nous montrait tout le contraire.

Et puis, il a eu cette partie. Il était partout. Il faisait des passes pratiquement les yeux fermés, se lançait à plat ventre pour bloquer les tirs, partait en échappée avec une facilité incroyable. Mon chum et moi, on s’est regardés et on n’en croyait pas nos yeux. Ce n’était pas notre p’tit gars ça ?!

Qu’est-ce qu’il a bien pu manger ce matin‑là, j’en ai aucune mausus d’idée, mais maudit que j’aurais dû le noter ! On ne le reconnaissait pas. On voyait toute la volonté du monde dans un ti-cul de six ans.

« Maman, je veux jouer avec les grands ! »

Parce qu’il tripe lorsqu’il doit repousser ses limites. Il n’est pas toujours capable, mais maudit qu’il travaille fort et qu’il est beau à voir. Il fait de son mieux pis y’est ben fier.

Est-ce que c’est le meilleur ? Non. Mais ma job, c’est qu’il évolue avec les meilleurs. Trouver des coachs qui vont le pousser comme il aime être poussé. Trouver des cours où il peut aller triper avec « les grands ». Trouver des ligues où il sera à sa place.

Parce que dans le monde du hockey, des « vendeurs de chars », y’en a ! Y vont te faire croire que ton enfant a du talent quand ils veulent juste ton cash. Son évolution, ils en ont rien à foutre. Parce qu’à la minute où il ne fournira plus, il va être remplacé plus vite qu’un lancer frappé en pleines dents. Ben oui, même à six ans…

Mon but est de l’accompagner aussi loin qu’il voudra bien se rendre. Qu’il continue à triper à pratiquer ce sport aussi longtemps que possible. Et s’il continue à jouer dans une ligue de garage une fois adulte, ben ce sera mission accomplie pour moi. Parce qu’au fond, il jouera avec les grands, t’sais. Je n’y ferai pas d’accroire en lui disant qu’il jouera dans la Ligue nationale : les chances qu’il y arrive sont quasiment nulles. Je ne lui dirai pas non plus que c’est impossible, on sait jamais. En autant qu’il tripe avec sa gang de chums et qu’il ait toujours ses papillons dans l’ventre lorsqu’il part en échappée, c’est tout ce qui compte pour moi.

Je vais être là quand il va sortir de la chambre, les épaules bien droites de fierté après une belle victoire. Mais je serai aussi là lorsqu’il sera démoli par la défaite. Parce que c’est ça, la beauté du sport. On apprend que dans la vie, on ne peut pas toujours gagner, t’sais.

Je serai présente pour l’accompagner dans sa petite carrière de joueur de hockey. Je vais continuer de l’amener à gauche pis à droite pour ses pratiques, ses games, ses tournois pis tout le tralala. Pis je serai toujours la première à crier comme une folle dans les estrades : GO ! GO ! GO!

La hockey mom

Geneviève Dutrisac