Archives février 2019

10 astuces pour survivre avec un ado

Ton enfant n’a pas été livré avec le mode d’emploi et pendant

Ton enfant n’a pas été livré avec le mode d’emploi et pendant toute sa vie, tu as avancé et cheminé comme parent, avec plus ou moins d’assurance. Puis l’adolescence est venue chambouler tous tes repères. Le grand n’importe quoi !

Alors je te suggère ici dix astuces indispensables pour survivre avec un ado (ou deux ou trois ados !…)

  1. Lâche prise !

À chaque situation conflictuelle, répète cette phrase en boucle haut et fort : « M’EN CALISSE, M’EN CALISSE, M’EN CALISSE ! »

  1. Nourris-le !

Crois-moi, un ado qui a faim est beaucoup plus difficile à supporter qu’un ado rassasié ! Pis il a TOUT LE TEMPS FAIM. Alors veille à ce que le frigo soit bien rempli !

  1. Couche-toi avant lui !

Le rythme circadien d’un adolescent est différent. L’ado typique fonctionne super bien le soir et a beaucoup de misère à décoller le matin. Va te coucher avant lui, dors, et le matin, tu prendras toujours ton déjeuner tranquille, car il sera encore au lit ! L’adolescence, c’est le retour des cafés sereins le matin (si on ne réveille pas la bête…)

  1. Donne-lui des corvées !

Chez toi (oui, oui, tu es chez toi), ce n’est pas un hôtel, il doit participer aux tâches ménagères lui aussi ! Établis des règles claires NON NÉGOCIABLES.

  1. Ne rentre pas dans sa chambre !

C’est son univers. Ça pue et c’est le bordel ? Tant pis ! Pour ton équilibre psychologique, n’ouvre surtout pas cette porte-là !

  1. Achète-lui des écouteurs !

Vous n’avez certainement pas les mêmes goûts musicaux lui et toi, alors achète ta tranquillité et offre-lui un casque d’écoute. Tu pourras chanter à tue-tête ta musique préférée sans te faire insulter.

  1. Coupe le wifi le soir !

22 heures : plus accès au net. Et ce jusqu’au matin. Le wifi peut se couper facilement aussi en cas d’échecs à l’école, en cas de comportements irrespectueux, en cas de corvées oubliées, etc.

  1. Tu n’es pas un taxi !

Ce n’est pas obligatoire de véhiculer partout ta progéniture sans condition ! Hey ! Figure-toi qu’ils sont très capables de prendre le bus, le métro, de marcher ou de covoiturer !

  1. Encourage-le à travailler !

Une petite job, c’est vraiment incroyable pour un ado : ça lui amène de la confiance en lui, de l’autonomie et du cash ! C’est une superbe école de vie et surtout, surtout, tu as la paix quelques heures par semaine !

  1. Enfuis-toi !

Sauve-toi régulièrement ! Vis ta vie ! Va au resto avec ton chum, sors avec tes amis, fais la fête, amuse-toi ! Ton ado sera heureux d’avoir un peu de tranquillité à la maison quand tu n’y es pas, et toi… tu retrouves enfin ta liberté ! C’est génial finalement un ado !

Gwendoline Duchaine

 

Les démons de la nuit

On est en 2004, je suis à Kaboul en Afghanistan. À un certain mome

On est en 2004, je suis à Kaboul en Afghanistan. À un certain moment donné pendant la mission, nous devions commencer à prendre de la Méfloquine, un médicament utilisé pour combattre la malaria. On nous avait avisés des effets secondaires, dont un était des rêves intenses.

À partir du moment où j’ai commencé à utiliser ce médicament, les rêves intenses sont arrivés, je dirais même plutôt des cauchemars. Tellement qu’un beau matin, j’avais des égratignures dans le visage et sur une main. Vraiment, c’était horrible !

Comme tout bon soldat, on apprend à vivre avec ce qui nous est donné à l’étranger, on ne pose pas de questions et on se concentre sur la mission. Une fois de retour au pays, ça fait partie de notre mode de vie. Mes cauchemars ont continué, mais j’étais habitué à ce mode de vie.

Trois ans plus tard, j’ai connu ma femme. Et il n’a pas fallu longtemps avant qu’elle s’aperçoive que quelque chose n’allait pas avec moi la nuit. Souvent, elle se réveillait parce que j’étais debout dans le lit et j’hallucinais. Une fois entre autres, j’étais debout en équilibre sur la petite planche du pied du lit, et elle avait peur que je tombe et que je me fasse mal.

Je me rappelle qu’un moment donné, je me suis carrément levé à côté du lit et j’essayais de me sauver parce que ses bras étaient faits comme des fils métalliques qui essayaient de m’attraper. Je me suis déjà vu exploser en Afghanistan en courant avec mon fils dans les bras. J’ai fait plein de cauchemars bizarres comme cela, mais aussi d’autres, directement reliés à l’armée.

Je me rappelle qu’à mon retour de mission, j’ai rêvé que je rentrais au bataillon un matin et que je tirais sur tout le monde. C’est par la suite que j’ai demandé un transfert d’unité pour avoir une pause, car j’en avais assez.

Peut-être que c’est difficile pour vous de me lire, mais c’est ce que j’ai vécu pendant quatorze ans. Encore étonnant que je sois sain d’esprit !

Donc est‑ce à cause de la Méfloquine ou de mon TSPT, je ne sais pas. C’est un gros débat présentement avec le gouvernement, car beaucoup d’autres pays ont arrêté de donner ce médicament à leurs soldats depuis plusieurs années.

Ce qui est important pour moi, c’est que maintenant, j’ai du support d’Anciens Combattants et enfin, je dors depuis l’été dernier. Quand j’ai commencé à prendre ma médication l’été passé, je dormais quatorze heures par jour. Puis à l’automne, je n’en pouvais plus. Je me sentais paresseux, donc j’ai arrêté seulement la pilule pour dormir pendant cinq jours, car j’ai une tonne de médicaments à prendre quotidiennement. Dès le premier soir, je regardais la télévision et c’est comme si en même temps, j’avais une deuxième télévision dans la tête sur laquelle défilaient des images de l’Afghanistan rapidement en même temps, et ce, jusqu’à trois heures du matin. Je ne pouvais plus dormir. Puis j’ai commencé à reprendre cette pilule, car je n’avais pas le choix si je voulais dormir. Maintenant, j’en suis à onze heures de sommeil et c’est long. J’ai tellement hâte de moins dormir, mais j’ai été tellement longtemps sans dormir ! Ma psychologue me dit que c’est normal.

Le matin, quand les enfants sont partis pour l’école, je vais toujours me recoucher un peu, mais pas n’importe où : dans le sous-sol ! Comme il fait noir, c’est comme un bunker et je me sens en sécurité. Puis avant de m’endormir ce matin, je me demandais de quel sujet j’allais bien vous parler. Puis là, mon rythme cardiaque a augmenté, ma respiration était plus courte, etc. Donc je me suis dit ce matin, OK, arrête de penser et dors ! Il y a plein de sujets dont je vais vous parler, mais un jour à la fois. Pour m’aider avec ma blessure, j’ai appris à reconnaître mes signes physiques et cela m’aide à faire des choix pour améliorer ma situation.

Maintenant, comment conjuguer vie familiale avec tout cela ? Pas toujours évident, mais une chance que je ne travaille plus, car je ne pourrais pas m’en sortir, c’est certain.

Quand mon ti-loup d’amour de cinq ans me dit parfois avant de dormir qu’il a peur, devrais-je lui dire que moi aussi, j’ai des démons qui me hantent la nuit et tout lui raconter ? C’est sûr que non. J’essaie de le rassurer. Mais savez-vous quoi ? Je le comprends même si je suis un adulte. Car je sais ce que sont les démons de la nuit. Bonne nuit ! Je vous aime !

Carl Audet

L’élève endeuillé

Transportons-nous en septembre dernier. Nouvelle année scolaire, no

Transportons-nous en septembre dernier. Nouvelle année scolaire, nouvelle routine scolaire, nouvelle prof. Les espoirs étaient grands ! Le match était parfait, mon fils était tombé sous le charme de sa prof de façon instantanée. Bang !

Rapidement, les remplacements se sont multipliés. « Ma professeure était absente ce matin, il y avait une remplaçante ». « Madame T. sera absente demain, elle a un rendez-vous. On aura un suppléant ». « Ça fait deux jours qu’on n’a pas vu notre prof. Penses-tu qu’elle est malade?… »

Ding ! Ding ! Ça, c’est la cloche qui a sonné dans le cerveau de la mère qui sait. Qui sait qu’une jeune enseignante, qui a choisi de travailler avec les jeunes enfants et donc qui les aime, qui a un seul enfant, jeune par-dessus le marché… peut vouloir un autre enfant… peut devenir enceinte… et en a pleinement le droit !

Quelques jours plus tard, la nouvelle s’est officialisée : prof enceinte, grossesse à risque, sera bientôt retirée du milieu scolaire. Remplaçant recherché. En attendant, les suppléants se succéderont pour permettre à l’enseignante de prendre soin d’elle et de la petite boulette d’amour qui grandit en elle.

Même si mon garçon de sept ans ne savait pas jusque-là que sa prof allait partir « pour vrai », il le sentait. Et il la pleurait déjà. Chaque jour, chaque soir. Ses comportements régressaient. Ses yeux s’éteignaient. Il ne voulait plus apprendre. Lui qui adorait l’école, il ne voulait plus y aller. « L’école, ça sert à rien, c’est nul ! » Comprendre, ici : « L’école sans Madame T., je ne m’en sens pas capable, je me sens nul ! »

Il a fait payer aux suppléants sa rage de perdre à petit feu une personne si significative pour lui. Comme si c’était leur faute, alors qu’ils jouaient le mauvais rôle, celui de l’adulte sur un siège éjectable, celui de l’adulte qui doit juguler la crise et adoucir la transition, sans savoir combien de temps l’hémorragie durera.

Dring ! Dring ! L’enseignante m’a appelée directement, dès qu’elle a su quelle date elle partirait pour de bon. « Madame, qu’est-ce que l’école pourrait faire pour aider votre fils à s’adapter ? Qu’est-ce que je peux faire pour le préparer ? Il a tellement de peine ! »

Oui, il portait une peine terrible, celle d’un deuil, celle du sentiment d’abandon, de la peur du rejet. L’insécurité de l’enfant qui perd un presque parent. Un repère.

« Maman, aujourd’hui, j’ai pleuré, beaucoup. Mais je ne veux pas te dire pourquoi. Pas tout de suite. »

Ce à quoi sa grande sœur a répondu : « Tu sais, même si tu ne lui dis pas ce que tu penses et ce que tu ressens, maman, elle le sait quand même. » Oui. Et maman comprend. Maman respecte ton silence. Maman est là.

La direction aussi m’a téléphoné. « Il vit un réel deuil. Il s’est attaché tellement vite à sa Madame T.! Nous ferons tout pour le sécuriser, pour créer la stabilité dont il a tant besoin. »

Le nouveau prof s’est présenté en octobre. Période d’adaptation (mon fils est très fort pour tester les gens et vérifier s’ils sont assez tough pour l’aimer inconditionnellement). Et puis, une certaine accalmie, avec quelques bas, plusieurs hauts.

S’est-il attaché à son nouvel enseignant ? Disons qu’il le respecte, mais il ne s’est pas donné le droit de créer un véritable lien. Surtout qu’il sait qu’en mars, ce prof temporaire partira. Lui aussi. Un autre deuil. Une petite mort.

Mon fils apprend. C’est aussi à ça que ça sert, l’école, même si ça peut paraître nul : apprendre à dire au revoir, parfois même adieu. Apprendre à prendre le risque de s’attacher même en sachant qu’il faudra se détacher en juin ou avant. Apprendre à aimer et à se laisser aimer. Apprendre que chaque personne qui passe dans notre vie nous apporte quelque chose, même si elle part aussi avec une part de nous.

Nathalie Courcy

10 choses à savoir sur Elizabeth Gobeil Tremblay

1-      Depuis combien de temps écris

1-      Depuis combien de temps écris-tu pour MFMC?

1 an.

2-      Combien de textes as-tu écrits?

24.

3-      Pourquoi écris-tu pour MFMC?

Pour partager notre quotidien de famille qui fait l’école à la maison. Normaliser « la chose ». Quand mon fils de sept ans n’est pas retourné à l’école en deuxième année, c’est un tout nouveau monde qui nous a ouvert ses portes. Comme plusieurs parents qui font ce choix marginal, nous avons vite ressenti le besoin de trouver une communauté avec qui partager notre expérience. D’autres parents à qui nous pourrions demander :

      –        Est-ce que vos enfants se font un deuxième déjeuner à 9 h du matin?

      –        Jusqu’à quelle heure restez-vous en pyjama?

      –        Demandez-vous aux enfants d’interrompre la lecture d’un livre passionnant pour leur faire l’école?

      –        …

Il n’y avait personne dans notre entourage qui vivait (ou avait vécu) l’instruction en famille. Nous avons dû agrandir notre réseau. Un an plus tard, nous étions entourés d’une bonne trentaine de familles de notre région qui avaient fait le choix d’éduquer leurs enfants à domicile.

Je suis beaucoup plus confiante maintenant sur ce chemin peu fréquenté. Mais je n’oublierai jamais mes premiers pas et le grand sentiment de solitude qui me talonnait. Si je peux apporter un peu de réconfort à une maman hésitante, j’aurai accompli ma mission de blogueuse.

4-      Quels sont tes sujets de prédilection?

Les apprentissages en famille (évidemment!)

La bienveillance (envers soi et envers les autres)

Notre aventure en Italie

5-      Selon toi, quel est ton meilleur texte publié sur MFMC?

« Ces psys qui changent des vies »

Parce que tout part de là. Si tu veux me connaître, vraiment me comprendre… la source est là, à ta portée. À un simple clic de souris!

6-      Es-tu fan de la plume d’un autre collabo de MFMC?

Tellement!

Je vais me limiter à trois collabos marquantes pour rester brève, mais je vous adore tous et toutes. Chaque collabo me fait sentir moins seule dans le bateau de la parentalité!

–          La première qui m’a conquise dès le début par son authenticité. Celle que je lis toujours, peu importe le sujet du billet :

Joanie Fournier

–          La deuxième pour sa plume, son style qui me plaît énormément :

Liza Harkiolakis

–          Et la troisième pour l’intelligence, la finesse et la justesse de ses propos. Une fille brillante! Chaque fois, je me sens privilégiée d’avoir accès à ses réflexions :

Roxane Larocque

7-      Qu’est-ce qui te fait du bien, te rend heureuse?

Marcher en forêt.

Je le réalise encore plus en Italie parce qu’ici, c’est à la mer que les gens font le plein. Je les vois sortir leur bateau, se faire dorer sur le pont toute la journée, plonger dans l’eau salée… Et je réalise que moi, je suis réellement une fille de bois.

Je précise quand même que je ne parle pas de survie en forêt ni même de camping sauvage. Je ne veux même pas dire que je suis une fille tough ou débrouillarde en pleine nature. Juste que c’est un endroit totalement ressourçant pour moi.

D’ailleurs, je suis sûre que mes enfants ne pourront jamais mettre les pieds sur un sentier pédestre sans se rappeler la voix de leur mère qui radotait « Hé que je me sens bien ici! »

 

8-      Qu’est-ce que tu détestes?

Je voudrais tellement qu’on se débarrasse de ce maudit fantasme de perfection et qu’on arrive à laisser la place à la vraie personne, dans toute son unicité.

Celle qui se sent féministe parce qu’elle travaille…

Et celle qui se sent féministe parce qu’elle ne travaille pas.

Celle qui trouve que la maman de Caillou est vraiment hot

Et celle qui ne peut pas la supporter.

Celle qui souffre du poids de la charge mentale de la gestion familiale…

Et celle qui sait que son conjoint en partage sa juste part.

Celle qui supporte à peine de jouer quelques instants avec ses enfants…

Et celle qui ressent des palpitations de bonheur intense juste à les regarder.

Toutes imparfaites. L’étiquette de la gentille fille et de la bonne mère, bye!

9-      Qu’est-ce qui te fait honte?

Quand le stress me paralyse et me donne le quotient intellectuel d’une patate.

10-  Si tu écrivais quelques mots d’amour…

Je t’ai trouvé gentil mon amour.

J’écris cette phrase et je me demande combien de filles vont plisser le nez, repoussées à l’idée de fréquenter un gars gentil? Essayez pas les filles! Je me souviens très bien… Vos paroles exactes étaient : « Gentil, OK. Mais lui, y’é trop gentil. »

Ben moi, la gentillesse, ça m’a complètement charmée. Ta bienveillance naturelle alors que j’avais tant travaillé pour trouver la mienne. Ta façon de voir la vie dans toutes ses nuances, sans te limiter au blanc ou au noir. Ton ouverture, ton respect et ton écoute…

Je t’aime encore plus depuis que tu es père. Parce que tu montres à nos deux garçons qu’ils sont libres d’être comme ils sont. Que leur force peut résider dans leur sensibilité. Merci mon amour.

Elizabeth Gobeil Tremblay

J’en veux pas de ta pilule! Ce trop-plein d’énergie, c’est mon moteur!

Cher pro

Cher professeur,

Cher médecin,

Cher professionnel,

Cher parent à bout…

J’en veux pas de ta pilule! J’ai trop d’énergie? J’ai de la misère à me concentrer? Je n’écoute pas les consignes? Je fais l’andouille en classe? Je pars dans tous les sens

Je refuse que tu m’assommes! Je ne veux pas endormir ce trop‑plein, c’est mon moteur!

C’est moi! J’ai besoin de bouger beaucoup! Tout le temps! Pis je parle! Tout le temps! Dans ma tête, ça va vite, vite, vite! C’est ça qui fait que j’avance, que je crée, que je rêve, que je suis dynamique! Ne m’enlève pas ça!

J’en veux pas de ta pilule!

J’aimerais mieux que tu me laisses faire une ou deux heures de sport chaque jour. Laisse‑moi courir! Laisse‑moi défouler ce tigre qui gronde en moi.

J’en veux pas de ta pilule!

J’aimerais mieux que tu m’écoutes. Parce que tu sais, souvent, je n’ai pas confiance en moi et j’ai peur de trop de choses. Souvent, je me perds. Souvent, c’est trop compliqué à expliquer.

Et toi, tu manques de temps. Tu manques de ressources.

Ta pilule, j’en veux pas!

Elle étouffe mon moteur. Elle éteint mon étincelle. Elle vole une partie de mon âme. 

Lis donc les journaux : même les pédiatres pensent que tu la donnes trop facilement, cette pilule‑là. Il était temps que quelqu’un se lève et le crie haut et fort : «Arrêtons d’endormir nos enfants!». Laissons‑les exister!

Moi, ta pilule, j’en veux pas.

 

Gwendoline Duchaine

 

Et si on se donnait le droit

Et si on se donnait le droit…

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Et si on se donnait le droit…

Le droit de vivre nos émotions et de les apprivoiser pour vrai. La bienveillance, ce n’est pas que pour les enfants ! La bienveillance, c’est aussi pour les adultes. Quand un enfant traverse quelque chose, on l’accompagne, on l’écoute. Quand c’est un adulte, on lui dit de se relever les manches, d’arrêter de se plaindre parce qu’il y a bien pire dans la vie.

Je me demande souvent pourquoi nous en sommes rendus là, humainement parlant. Je sais que ça paraît bien d’être positif devant la difficulté, d’être super zen avec le truck load de roches qui nous tombent dessus. C’est donc inspirant, et on est à l’ère où inspirer est important (trop ?).

Le problème dans tout ça, c’est que les gens ne se donnent plus le droit de ventiler et d’extérioriser par peur d’avoir l’air fatigants, faibles et pessimistes. Soyons honnêtes, ça paraît donc mal de se plaindre de nos jours.

Même si le problème de l’un est moins gros que celui de l’autre, l’individu qui se trouve en difficulté ne veut qu’une oreille pour être écouté. Si on fait le choix de ne pas être cette oreille, on peut juste continuer gentiment son chemin et souhaiter bonne chance. La psychopop à 5 $ et teintée de jugements, ce n’est pas nécessaire.

C’est normal qu’il y ait des humains pour qui notre tolérance est proche de zéro. Dans ce cas, il faut seulement user de son humilité et reconnaître qu’on n’a pas envie d’être à l’écoute de cette personne. C’est mieux de se retirer et de référer ailleurs plutôt que d’être impatient et d’avoir la switch à bitch facile. On ne connaît ni l’histoire ni l’émotion de cette personne, alors on ne peut juger ce qu’elle ressent.

Switch à bitch : Quand on donne des conseils passifs agressifs afin de faire ressentir à l’autre des sentiments négatifs face à sa situation ou à lui-même.

Après tout, quand ça fait mal, ça fait mal ! On a bien le droit de vivre sa tempête intérieure. C’est tellement sain de mettre des mots sur ce qui fait mal, de prendre le temps de s’apitoyer un peu. Ben oui, s’apitoyer ! Se donner un petit temps pour se regarder le nombril, juste un peu, afin de faire une introspection de la situation et de la meilleure façon de la gérer.

Refouler ses émotions, c’est nocif pour l’esprit. Le problème c’est que maintenant, les gens refoulent plus. Ça dérange trop la société, parce que ce n’est pas beau de chialer, parce que c’est tellement plus cute de danser sous la pluie.

Mais moi, j’ai envie de vous dire :

S’il pleut fort, vous avez bien le droit de vous arrêter pour prendre le temps de constater que c’est frette, désagréable pis que vous allez friser. Vous danserez plus tard ! Entourez-vous bien, vivez ce que vous avez à vivre et surtout, prenez le temps de le faire. Ce n’est pas mieux quand on refoule et qu’on ajoute des roches à notre sac parce qu’un sac trop plein, ça finit par blesser physiquement et mentalement.

Pis hey, et si on se donnait le droit ?

Marilyne Lepage

Si tu ne trouves pas la bonne oreille, il y a des ressources pour t’aider. Si tu as besoin de parler, appelle :

Tel-Aide : 514 935-1101

Tel-Jeune : 1 800-263-2266

Ma bulle et moi

Il faut que je vous avoue quelque chose de très sérieux. Vous ne m

Il faut que je vous avoue quelque chose de très sérieux. Vous ne me croirez certainement pas, car j’ai l’air d’une fille tellement sociable, entourée d’amis, qui semble avoir une vie active palpitante et trépidante. J’ai mes journées où vous ne voudriez même pas être près de moi tellement j’ai besoin de MON air. Et oui, j’ai une énorme bulle… !

J’ai besoin de me retrouver seule. Je déteste au plus haut point dormir dans le même lit qu’une autre personne… sauf mon amoureux et même là, j’ai besoin de conditions optimales pour bien dormir. Noirceur, aucun bruit et surtout, n’osez pas me toucher quand je dors, car je grogne comme une lionne. J’ai le sommeil léger comme une plume et j’ai tellement besoin d’une nuit de 9 h ou même 10 h quand je peux !

Je déteste les gens qui reniflent, qui font des bruits répétitifs ou qui n’arrêtent pas de bouger sur leur siège lorsque je vais au cinéma. Ma fille en sait quelque chose! Quand je la vois gigoter comme un ver en écoutant la télévision, je l’envoie courir dehors pour dépenser son énergie.

Le comble de l’horreur : une personne inconnue qui me parle à deux pouces du nez ou qui me touche constamment en me parlant. Enceinte, c’était pire! Vous souvenez-vous des gens qui osent vous flatter le ventre comme si vous étiez un animal de compagnie ?

Partir en camping avec douze amis ? Ouf, soyez assurés que je vais réserver une tente le plus loin possible du bruit et de la fête puisque je serai certainement une des premières à aller me coucher avec mes bouchons. Je suis pourtant très sociable, mais après 24 ou 48 h en groupe, je cherche à m’isoler un peu et avoir du temps pour être seule avec ma bulle.

Je me souviens que durant mon enfance, j’adorais partir visiter mes cousins et cousines (j’en ai 28 !), mais mon dieu que j’aimais revenir chez moi dans mon petit univers! Ma chambre était mon lieu privé où je pouvais jouer seule pendant des heures, lire, rêver et écrire.

J’ai encore souvent ce besoin de me retrouver seule, de me sauver en douce lors de soirées trop bruyantes et de refuser des invitations à sortir un vendredi soir quand j’ai eu une semaine chargée en rendez-vous clients et en rencontres professionnelles.
Et vous, avec avez-vous une bulle d’intimité qui vous fait réagir lorsqu’on vous approche de trop près ? Sentez-vous que vous avez besoin de prendre un peu de temps pour vous isoler loin des gens ? Saviez-vous qu’il existe même des recherches sur le sujet qui m’ont permis de prendre conscience que je suis tout à fait normale ?
Je vous suggère un article plus complet sur le sujet des distances que j’ai trouvé très intéressant.

Véronique Hébert – pour tous commentaires : v23hebert@icloud.com

Ta vie, c’est de la marde ?

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’ai vue quitter le corps de mon frère.

Comprends‑moi, ton malaise, ton mal‑être, ta souffrance, je ne les renie pas.

Crois-moi, je sais ce que c’est de souffrir chaque seconde de chaque journée.

De ne pas savoir quand cette vie va arrêter de faire mal.

Quand je vais finir par voir un peu de soleil, car chaque jour et chaque nuit ne m’offrent que la noirceur.

Que chaque seconde m’attire encore plus dans un tourbillon négatif.

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est comment tu peux vouloir te faire souffrir autant.

Vouloir mourir, je crois qu’on le vit tous.

Vouloir qu’enfin, ce qui nous ronge, ce qui nous détruit puisse enfin être chose du passé.

Mais c’est ça l’affaire.

Quand on souffre, c’est toujours temporaire.

Je ne te cacherai pas que très souvent, cela fait mal en cr*& ? % $ !

Mais c’est ça l’affaire.

Vouloir se donner la mort, c’est quelque chose de permanent.

Crois-moi, je l’ai vue… c’est laid, à mort.

On se fait souvent une idée préconçue de notre mort par suicide.

On va mourir comme Juliette et son Roméo.

Mais non, pardon de briser ta bulle.

Un corps sans âme, c’est laid.

Tellement laid, car tu n’y es plus.

Ta souffrance, tu vas la transmettre à quelqu’un d’autre.

Souvent, tu vas la transmettre à la personne qui va te trouver.

Parce que la souffrance ne va pas s’arrêter là où tu l’as laissée.

Plus jamais la personne qui va te trouver ne va pouvoir vivre comme elle l’a déjà fait.

Plus jamais ses yeux ne vont se fermer sans l’image de ton dernier acte de vie.

Plus jamais elle ne pourra passer une journée sans se rappeler l’image de ta dernière scène.

Cette image qui va hanter cette personne, elle va contaminer ses proches.

Elle ne sera plus jamais la même, cette personne qui va te trouver.

Elle n’arrivera plus à aimer.

Elle n’arrivera plus à s’aimer.

Les statistiques sont là, les proches d’un suicidé ont davantage de risque de recourir eux‑mêmes au suicide.

Est-ce qu’on peut appeler cela l’effet papillon, je ne le sais pas…

Une chose est certaine par contre : chaque jour où j’ai pu voir un papillon après le décès de mon frère, pas une fois cela ne m’a offert de réconfort.

Quand je regarde le visage de ma mère, je vois la souffrance qu’aucun parent ne devrait vivre.

Quand je vois ma mère sourire, je vois une mère qui sent qu’elle ne mérite pas le bonheur, car son enfant ne le trouvait pas.

Quand je vois mes enfants qui ne connaîtront pas leur oncle, je sais qu’elles voient la mère qui a été brisée par le choix de leur sang.

J’ai pardonné.

J’ai fait la paix aujourd’hui pour toute cette souffrance qui m’a été transmise.

Mais ce serait faux de nier tout le chemin, la souffrance que j’ai dû libérer pour me permettre de vivre, sans me dire que ma vie, c’est de la marde.

Si tu as vécu un moment de ce genre, sache que je t’envoie du gros (immense) love.

Viens me retrouver dans mon monde lumineux, j’ai un cadeau bonheur pour toi : http://www.martinewilky.ca/

Martine Wilky

 

Je suis prête à mourir

« Je suis prête à mourir. » Quand je prononce ces mots, je v

« Je suis prête à mourir. » Quand je prononce ces mots, je vois un grand malaise envahir la pièce. Je suis jeune et en santé. Personne ne semble comprendre ma vision de la mort. Oui, je parle de ma mort. M-O-R-T : juste le mot rend bien des gens mal à l’aise. Mais pourquoi ? On naît, on grandit, on vit, on meurt. C’est le cycle normal de la vie. Un enfant qui meurt, ça, ce n’est pas normal. Mais un adulte épanoui… où est le problème ?

J’ai vécu chaque jour de ma vie sans savoir s’il y aurait un lendemain. J’ai mis au monde trois enfants fabuleux, trois humains qui essayeront de changer le monde après moi. J’ai aimé, autant qu’il soit possible pour un cœur d’aimer. J’ai aidé les autres, fait une différence dans certaines vies. Ma job est faite. Si je meurs demain matin, je mourrai comblée.

Je ne suis pas dépressive. Je n’ai pas « envie » de mourir. Je n’ai pas « envie » que tout s’arrête. Mais si ma vie se terminait maintenant, ce serait sans aucun regret. Je ne demande pas à mourir, mais ma mort ne me fait pas peur. Je ne suis pas malade. Je n’ai pas de cancer incurable. Mais si c’était le cas, ce serait correct aussi. Comme tout le monde, je ne veux pas souffrir. Mais oui, je suis prête à mourir. Plusieurs diront que c’est facile à dire quand on est en santé. Mais je reste persuadée que ce discours ne changera pas quand la maladie ou la vieillesse me touchera.

Je ne veux pas mourir en étant la plus vieille. Je ne veux pas survivre à mes enfants. Je ne veux pas enterrer mes proches. Je veux partir le cœur léger, avec tous ceux que j’aime près de moi. Comme tout un chacun, je ne sais pas comment je vais mourir ni quand ça va se produire. Mais si je pouvais choisir, étonnamment, je choisirais la maladie… une maladie assez lente pour que j’aie le temps de dire adieu, et assez rapide pour qu’on ne me voie pas souffrir. Une mort rapide, par accident ou en dormant, c’est la mort de prédilection pour plusieurs personnes. Mais pas pour moi. Je préfère avoir le temps de vivre ma mort. La vivre sereinement et prendre le temps qu’il faut pour serrer mes proches dans mes bras et leur dire à quel point je les ai aimés. Je ne veux pas d’une maladie qui me ferait perdre chacune de mes fonctions lentement. Ça, c’est juste de la torture. Probablement que je déciderais de la fin bien avant le temps si c’était le cas. Je n’ai pas peur de mourir.

Mon mari, mon tendre amour, déteste quand je prononce ces paroles. Il n’arrive pas à comprendre mon point de vue. Pour lui, vivre est le plus important, peu importe les batailles, les souffrances et les pertes. Vivre, le plus longtemps possible. Vivre, à tout prix. Je comprends son choix, et je le respecte. Mon choix à moi, c’est de vivre heureuse, et de mourir tout aussi heureuse. Peu importe l’heure.

Je veux que mes enfants me voient sourire sur mon lit de mort. Je veux qu’ils vivent leurs vies, un jour à la fois, sans aucune peur. Je ne veux pas que la mort soit pour eux une menace paralysante. Je veux qu’ils en aient un souvenir doux. Parce que peu importe le malaise de la société face à la mort, elle arrivera inévitablement pour chacun d’entre nous. Alors oui, moi j’en parle. Oui, je brise ce tabou. Et le jour venu, j’accueillerai la mort en moi, comme j’ai vu le soleil se lever chaque jour de ma vie. Et quand je pousserai mon dernier souffle, un autre petit être viendra au monde, quelque part sur la Terre. Et ça, même dans la mort, c’est toute la beauté de la vie.

Joanie Fournier

 

10 choses à savoir sur Ghislaine Bernard

   

1- Depuis combien de temps écris-tu pour

 

 

1- Depuis combien de temps écris-tu pour MFMC?

J’ai cette chance depuis le 17 octobre 2016.

2- Combien de textes as-tu écrits?

41! J’ai dû aller les compter! Wow! Je m’estime chanceuse d’avoir déjà écrit autant pour cette merveilleuse équipe!

3- Selon toi, quel est ton meilleur texte publié sur MFMC?

C’est difficile de répondre à cette question! Nous sommes toujours mauvais juges de nous-mêmes. J’aurais envie de demander aux lecteurs lequel ils choisiraient. Sinon, je dirais mon tout premier, là où tout a commencé :

Le test

4- Est-ce que je peux te lire ailleurs?

Oui, j’ai édité mon premier livre. Pour en savoir plus, je vous invite à visiter mon site Internet :

Simplement Ghislaine

5- Qu’est-ce qui est vraiment difficile pour toi?

L’injustice sous toutes ses formes. En partant d’un tort non mérité jusqu’au favoritisme.

6- Quel est ton dicton préféré?

« Écrire c’est hurler sans bruit » de Marguerite Duras.

7- Es-tu sensible à la critique?

Oui, je crois que tous les artistes, tous arts confondus, sont des êtres sensibles à la base, donc forcément, la critique est parfois difficile à vivre. J’y travaille! Hihi!

8- Si tu pouvais vivre à une autre époque, laquelle choisirais-tu?

Une seule? Aïe! Hum, il y a tellement de belles époques que j’aimerais visiter. Pour le plaisir de revenir écrire à leur propos.

9- À quel personnage de série ou de film ressembles-tu?

Mélinda! Dans le film  Comme elle, je suis intrépide, orgueilleuse, d’esprit libre, mais surtout sensible et survivante.

10- À part l’écriture, qu’est-ce qui te passionne?

La photographie, le dessin, la peinture et le piano. Mais je n’excelle en rien de tout cela! J’aime, mais sans avoir de don.

 

On arrête tout !

La vie de parents d’un enfant anxieux est faite de beaucoup de pau

La vie de parents d’un enfant anxieux est faite de beaucoup de pauses. Oui, oui : des millions de pauses ! Pas qu’on a plus de temps pour relaxer que les autres parents. Mais chaque fois que le service de garde, l’école, le camp de jour, la petite gardienne appellent, on entend : « PAUSE ! On arrête tout ! Vous devez venir chercher votre fille, elle est verte, a la nausée, mal au ventre, est étourdie, ne sent plus ses pieds. »

Bien sûr, devant la menace du vomissement tant redouté ou de l’évanouissement, j’accours ! C’est mon rôle de parent, n’est‑ce pas, de protéger mon enfant (et les autres de l’école en cas de gastro en devenir) ? C’est normal, hein, de quitter mon travail en trombe pour aller chercher mon enfant malade ? Ça fait partie de la définition de tâches de tout parent qui se respecte. Ma mère l’a fait pour moi (bon, j’avais la moitié du visage en sang et je vomissais partout…), je le fais pour mes enfants, ils le feront pour les leurs s’ils en ont. On s’entend, c’est juste normal.

Mais le bogue de l’histoire apparaît quand les maux de ventre, de cœur, etc. reviennent chaque semaine, parfois plusieurs fois par semaine. Quand ils se pointent le nez après ou avant une situation stressante (qui peut varier d’un exposé oral à un examen mal étudié jusqu’à l’idée de voir des gens ou de devoir prendre l’autobus), un petit drapeau rouge se profile à l’horizon.

Rapidement, l’équation s’est faite dans mon esprit. Une fois que la santé physique de mon enfant eut été vérifiée (bedon souple, bonne alimentation, aucun manque de nutriment), j’ai su que c’était le côté émotif qui était touché. Sans pointer du doigt une anxiété généralisée dès ce moment, je savais quand même que la gestion du stress était déficiente. Mais comment sécuriser mon enfant (alors que je pensais déjà le faire) et détecter les « vrais » et les « faux » maux de ventre ? Évidemment, les « faux » sont tout aussi vrais que les vrais, mais leur cause ne met pas en danger ma fille ni la santé communautaire. Ils sont un signe qu’on doit gérer une cause plus subtile qu’un morceau de kiwi mal digéré ou qu’un virus.

Une travailleuse sociale avait établi un plan d’action avec l’école. Quand ma fille demandait à partir à cause des mêmes symptômes typiques, la secrétaire devait la garder pendant vingt minutes dans un endroit tranquille, lui proposer de boire de l’eau, de parler avec un intervenant, de se reposer, de faire ses exercices de respiration. La secrétaire pouvait m’appeler pour m’avertir, mais on devait tous donner du temps à ma fille. Il fallait casser le pattern :

L’apprentissage a été souffrant autant pour ma fille qui se sentait délaissée que pour moi qui m’inquiétais (et si cette fois‑ci, c’était un vrai bobo ?), qui me sentais mauvaise mère (qu’est-ce que le personnel de l’école va dire ?), qui avais l’impression que ses agissements étaient ma faute (j’aurais dû dire non bien avant !)

Toutefois, le plan d’action a donné des résultats positifs. Les appels sont passés d’un par semaine à un par mois. Ils ont continué à se faire de plus en plus rares, permettant à ma fille de reprendre confiance en sa propre capacité de gérer son stress, à l’école d’élaborer des stratégies aidantes et à moi de passer un temps plus normal au travail (physiquement et mentalement).

Par bout, ça revient, ça repart. Tout changement apporte son lot de stress. Chaque minute de la vie de ma fille est une source potentielle d’anxiété multipliée par mille. Chaque stress est aussi une occasion d’apprentissage (ça, c’est l’optimiste en moi qui le dit).

Mais quand je dois tout mettre sur pause, tout arrêter, quitter ce que je faisais et les personnes avec qui j’étais pour voler au secours de mon adolescente de presque quinze ans alors que je sais très, très bien que c’est son stress qui s’exprime, une petite partie de moi est fâchée et inquiète. Je voudrais qu’elle apprenne plus vite à naviguer à travers ses émotions, surtout que les mêmes reviennent souvent ! Je me demande si un jour (mettons, avant ses cinquante ans), elle y arrivera. Je me demande ce qu’elle fera quand elle n’habitera plus chez moi. Je me demande si je fais le mauvais choix en allant la chercher, et si je ferais le mauvais choix si je n’y allais pas. Il n’y a pas de bonne réponse, apparemment.

Dans ce temps‑là, j’applique la stratégie de la travailleuse sociale : je me mets en time‑out pendant vingt minutes, je respire, je bois de l’eau, j’essaie de voir quelles sont mes sources de stress dans cette situation, et je dédramatise. Ben oui, elle apprend de tout ça, et moi aussi. Ben oui, elle pourra gérer son stress quand elle partira de la maison, sinon, elle partira un peu plus tard. Et ben oui, je fais les meilleurs choix parentaux que je peux faire, avec ce que je suis, avec ce qu’elle est.

Nathalie Courcy