Ta vie, c’est de la marde ?

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’ai vue quitter le corps de mon frère.

Comprends‑moi, ton malaise, ton mal‑être, ta souffrance, je ne les renie pas.

Crois-moi, je sais ce que c’est de souffrir chaque seconde de chaque journée.

De ne pas savoir quand cette vie va arrêter de faire mal.

Quand je vais finir par voir un peu de soleil, car chaque jour et chaque nuit ne m’offrent que la noirceur.

Que chaque seconde m’attire encore plus dans un tourbillon négatif.

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est comment tu peux vouloir te faire souffrir autant.

Vouloir mourir, je crois qu’on le vit tous.

Vouloir qu’enfin, ce qui nous ronge, ce qui nous détruit puisse enfin être chose du passé.

Mais c’est ça l’affaire.

Quand on souffre, c’est toujours temporaire.

Je ne te cacherai pas que très souvent, cela fait mal en cr*& ? % $ !

Mais c’est ça l’affaire.

Vouloir se donner la mort, c’est quelque chose de permanent.

Crois-moi, je l’ai vue… c’est laid, à mort.

On se fait souvent une idée préconçue de notre mort par suicide.

On va mourir comme Juliette et son Roméo.

Mais non, pardon de briser ta bulle.

Un corps sans âme, c’est laid.

Tellement laid, car tu n’y es plus.

Ta souffrance, tu vas la transmettre à quelqu’un d’autre.

Souvent, tu vas la transmettre à la personne qui va te trouver.

Parce que la souffrance ne va pas s’arrêter là où tu l’as laissée.

Plus jamais la personne qui va te trouver ne va pouvoir vivre comme elle l’a déjà fait.

Plus jamais ses yeux ne vont se fermer sans l’image de ton dernier acte de vie.

Plus jamais elle ne pourra passer une journée sans se rappeler l’image de ta dernière scène.

Cette image qui va hanter cette personne, elle va contaminer ses proches.

Elle ne sera plus jamais la même, cette personne qui va te trouver.

Elle n’arrivera plus à aimer.

Elle n’arrivera plus à s’aimer.

Les statistiques sont là, les proches d’un suicidé ont davantage de risque de recourir eux‑mêmes au suicide.

Est-ce qu’on peut appeler cela l’effet papillon, je ne le sais pas…

Une chose est certaine par contre : chaque jour où j’ai pu voir un papillon après le décès de mon frère, pas une fois cela ne m’a offert de réconfort.

Quand je regarde le visage de ma mère, je vois la souffrance qu’aucun parent ne devrait vivre.

Quand je vois ma mère sourire, je vois une mère qui sent qu’elle ne mérite pas le bonheur, car son enfant ne le trouvait pas.

Quand je vois mes enfants qui ne connaîtront pas leur oncle, je sais qu’elles voient la mère qui a été brisée par le choix de leur sang.

J’ai pardonné.

J’ai fait la paix aujourd’hui pour toute cette souffrance qui m’a été transmise.

Mais ce serait faux de nier tout le chemin, la souffrance que j’ai dû libérer pour me permettre de vivre, sans me dire que ma vie, c’est de la marde.

Si tu as vécu un moment de ce genre, sache que je t’envoie du gros (immense) love.

Viens me retrouver dans mon monde lumineux, j’ai un cadeau bonheur pour toi : http://www.martinewilky.ca/

Martine Wilky

 



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