Archives mars 2022

La prof qui n’a pas oublié mon enfant – Texte : Joanie Fournier

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on y est, dans ce système oublié par le ministère et amputé dans tous ses services. Les professionnels dévoués peinent à faire descendre les piles de demandes sur leurs bureaux. Ils doivent prioriser tellement d’enfants pour tenter de leur donner un maximum de chance de réussite. Tellement d’enfants qui ont besoin d’accompagnement, d’outils, de temps… Tout le monde le sait que le système actuel est insuffisant pour ces enfants-là. On voit les parents autour de nous courir sans cesse pour obtenir des services supplémentaires pour aider leurs enfants et essayer de contacter tous les professionnels au dossier de leur enfant.

Mais pour une fois, je veux parler des autres enfants. Les z’oubliés. Ceux qui fonctionnent « bien », ceux qui apprennent « vite », ceux qui n’ont « pas besoin » d’accompagnement. J’en ai trois, moi, des z’oubliés. Parce qu’on nous répète qu’on a beaucoup de chance que nos enfants réussissent bien. Mais il y a toujours un revers à la médaille… À chaque fin d’étape, depuis sept ans, on reçoit un petit bout de papier sur lequel il est écrit : « Rien ne semble problématique pour votre enfant jusqu’ici. Il ne sera donc pas nécessaire de vous déplacer pour une rencontre de parents. » La première fois, on était fiers comme parents de lire ce papier. La deuxième fois, on était déçus de ne pas pouvoir rencontrer l’enseignante de notre enfant. La troisième fois, on a commencé à se demander si c’était normal de ne jamais avoir de suivi pour notre enfant. Puis, les années et les enfants se sont accumulés et en sept ans, nous n’avons jamais été conviés en personne à une rencontre de parents…

La plupart du temps, on se répète qu’on est vraiment chanceux. Nos enfants semblent bien fonctionner dans ce système scolaire. Pis une maudite chance, parce que les services seraient insuffisants si ce n’était pas le cas. Mais chaque année, quand l’année se termine, on a un petit sentiment que ce système a oublié nos enfants. On imagine tellement l’enseignante de la classe en sueur en train de se démener pour que tous les enfants devant elle réussissent. Et on a une image en tête de notre enfant derrière la classe, effacé et oublié, parce que lui t’sais, « il va bien ».

Quand mon aînée est entrée en 5e année, elle a eu pour la première fois de sa vie une prof qui ne l’a jamais oubliée. Et aujourd’hui, je veux parler de cette enseignante qui a refusé de l’oublier. Elle l’a motivée, écoutée, interpellée. Elle l’a vue. Vue pour de vrai. Elle a fait ressentir à ma fille qu’elle aussi, elle avait sa place dans une classe. Elle l’a fait se sentir importante. Elle lui a donné des lectures supplémentaires, des exercices de plus, des devoirs plus difficiles. Elle s’est assurée de la pousser au maximum de ses capacités et pour la première fois de son primaire, ma fille a eu des défis. Des vraies montagnes à gravir. Ces grandes tâches où on sent que l’adulte nous fait confiance et qu’on est fier d’avoir accompli à la fin. Pour la première fois de son primaire, elle ne faisait plus ses devoirs en cinq minutes en clamant que c’était trop facile pour elle.

Miss Émilie, je veux vous remercier. Je veux vous remercier d’avoir vu ma fille. De l’avoir considérée. De ne pas avoir tenu pour acquis que « parce qu’elle allait bien », elle n’avait pas besoin de vous. Votre présence durant cette année a été salutaire pour ma grande fille. Avant de vous rencontrer, j’ai eu peur que cette enfant termine son primaire sans avoir eu la chance d’avoir un adulte significatif pour elle. Un adulte qui fait la différence. Vous avez été cet adulte-là. Vous lui avez fait goûter à quelque chose d’inestimable : le sentiment d’exister et d’être importante. Je ne vous remercierai pas assez.

Peut-être même que vous lisez ces lignes et que vous vous dites : « Ben voyons donc… ? Pourtant je n’ai rien fait de différent avec cette enfant-là… ? » Je vous assure que oui. Vous avez fait ce qu’aucun autre enseignant n’a fait pour elle.

Attention, je ne blâme personne ici. Tous les autres enseignants ont fait de leur mieux et j’en suis consciente. Ils sont tous débordés, essoufflés et ensevelis sous les demandes. Ce n’est aucunement un reproche.

Je veux simplement, Miss Émilie, que vous sachiez que vous avez fait une grande différence. Vous avez redonné envie aux enfants d’apprendre et de relever des défis. Des vrais défis. Vous avez été à l’écoute, chaleureuse, humaine. Vous connaissiez les intérêts de chacun des enfants de la classe… parce que vous vous y intéressiez sincèrement. Peut-être que c’est banal pour vous comme approche, mais encore une fois, sachez que ça a fait toute la différence. Au-delà de ne pas avoir oublié ma fille, je pense surtout que vous avez refusé de le faire.

Merci encore pour tout.

Joanie Fournier

Vivre dans un manège — Texte : Geneviève Toueg

Cette première grossesse était bien voulue, mais cette maladie est arrivée dans ma vie sans que j

Cette première grossesse était bien voulue, mais cette maladie est arrivée dans ma vie sans que je l’aie demandé. Elle s’est invitée chez nous et s’y est trouvé une place particulière. Avec la grossesse, la femme enceinte est plus sujette à développer une maladie mentale, et ce, surtout si elle est prédisposée. Cette maladie s’installait de plus en plus en moi et moi, je me perdais davantage.

Puis, je suis tombée sur la psychiatre, celle qu’on appelle « la crème de la crème », celle en qui on pourrait faire confiance les yeux fermés, le diagnostic est tombé, bipolarité ! Pourquoi moi, pourquoi m’a-t-elle choisie ? Tant de pourquoi !

Dans mon cas, je suis tombée sur le tout inclus de la bipolarité. J’étais dans une montagne russe d’émotions, passant de la dépression à l’hospitalisation et de la manie aux achats compulsifs, à une énergie plus débordante qu’à l’habitude. Le jugement n’y était plus. Les dettes s’accumulaient et mon état mental n’était toujours pas stable. Puis vient la médication, les remises en question et tenter de trouver un équilibre.

Ensuite, cette deuxième grossesse surprise est arrivée ! Cette nouvelle, vous savez celle qu’on attend le moins, celle qui fait rimer le mot bonheur avec le mot angoisse. L’angoisse que bébé se forme anormalement à cause de la médication, l’inquiétude que la maladie se détériore parce que oui, c’est une grossesse plus à risque. À la fin de la grossesse, cette montagne russe refait surface, vous savez ce genre de manège qui nous étourdit, celui qui fait en sorte que nous perdons nos points de repère. Ces symptômes que je tentais de retenir mais qui étaient plus forts que moi, qui étaient au-devant de moi.

J’aurais envie de te dire à toi, ma bipolarité, que j’apprends à vivre avec toi avec tes hauts et tes bas ; je t’apprivoise peu à peu et je commence à te connaître un peu mieux. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, elle nous a mis sur le même chemin. Pourquoi ne pas cohabiter ensemble afin d’avoir ce respect mutuel ? Pourquoi ne pas trouver cet équilibre entre nous ? Puis arrive l’acceptation. Cette volonté d’accueillir la réalité telle qu’elle est et de faire le deuil de la réalité qui a changé.

L’acceptation libère, allège et nous remet en contact avec nos ressources, notre pouvoir d’action, elle nous permet de faire avec la réalité, de lâcher prise et de nous créer. Parce que tu es entrée dans ma vie, je suis maintenant plus consciente de ce qu’est la résilience, le lâcher-prise et surtout de reprendre le pouvoir de ma propre vie, d’être la femme que je suis !

Le 30 mars est la journée de la bipolarité. Cette maladie qui s’exprime différemment d’une personne à l’autre est encore très peu connue et stigmatisée. Profitons de cette journée pour s’ouvrir aux problèmes de santé mentale qui peuvent toucher chacun de nous à un moment de nos vies.

 

Geneviève Toueg

 

Je m’ennuie de vos petits doigts enroulés autour des miens ! Texte : Marie-Nancy T

Trop souvent, on ne se rend pas compte de la valeur d’un moment avant qu’il ne devienne un souve

Trop souvent, on ne se rend pas compte de la valeur d’un moment avant qu’il ne devienne un souvenir. Il y a quelques années, j’étais loin de me douter que les laborieuses nuits blanches passées avec mes bébés deviendraient des beaux souvenirs de ma vie de maman. C’est fou comment la vie défile à vitesse grand V. C’est fou comment les années se dissipent, sans crier gare. C’est tellement cliché de dire cela mais c’est avant tout tellement vrai.

Est-ce qu’il vous arrive parfois de faire un petit bilan de votre parcours personnel et de réaliser que le temps s’est écoulé, sans vous donner d’avertissement ? J’ai parfois cette relation amour/haine avec le temps. Lors des périodes difficiles, le temps est mon allié car grâce à lui, mes douleurs se dissipent et s’estompent. À d’autres occasions, le temps est mon ennemi. Comme lorsqu’il décide de filer, comme un voleur, en emportant avec lui des moments précieux de ma vie. Des moments qui ne reviendront jamais.

Récemment, j’étais affairée à regarder des photos récentes de mes filles. J’ai réalisé, abruptement, qu’elles étaient devenues des petites ados. Deux belles jeunes filles en devenir. Je le savais, évidemment, mais cette journée-là, j’en ai pris pleinement conscience et j’ai reçu une gifle en plein visage. Comme un coup de massue. J’ai eu un choc. Mais où sont mes bébés ? J’ai vécu par la suite un moment de nostalgie et de réflexion. Est-ce que j’ai assez profité de tous les moments avec mes filles, depuis leur naissance ? Est-ce que j’ai réussi à créer de beaux souvenirs pour elles, du temps de leur petite enfance ? Qui plus est, je me suis remémoré des périodes plus difficiles de ma vie, des soirées où j’étais plus fatiguée et moins disponible pour elles. J’ai vécu de la culpabilité à leur égard. Malencontreusement, la fameuse culpabilité de maman, on n’y échappera jamais. Mais ça, c’est un autre sujet.

Je suis nostalgique quand je repense à tous les beaux moments qui ne reviendront guère. Je suis mélancolique quand je fouille dans mes souvenirs et que je revois les petits doigts de mes bébés filles, enroulés autour des miens. Mais où sont rendus leurs petits doigts délicats qui s’enroulaient autour des miens, lorsqu’elles avaient besoin de réconfort ? Ils ont été emportés par le temps. En même temps, je suis heureuse lorsque je repense à tous les moments doux passés avec mes filles. Je suis remplie de gratitude de les voir évoluer chaque jour. Je suis fière des deux petits humains que nous avons créés, mon conjoint et moi. C’est paradoxal comme sentiment quand on y pense. La nostalgie et la mélancolie affrontent la fierté et la joie. Je sais qu’il y a encore plein de beaux moments à venir et que nous devons en profiter au maximum. Nonobstant, je demeure nostalgique quand je repense aux moments qui ne reviendront jamais.

Au fond, c’est probablement cela être parent, vivre des émotions parfois contradictoires. Être parent c’est aussi tenter de guider nos enfants, au meilleur de nos capacités, vers leur autonomie et vers leur vie adulte. C’est accepter de les voir vieillir et de les laisser faire leurs propres choix. Être parent c’est également permettre à nos enfants de prendre leur envol, même si ce n’est pas toujours facile, pour une maman. Quel privilège au fond que d’être parent. Quel privilège que de voir grandir et évoluer nos enfants, de les voir se forger leur propre personnalité, à travers les valeurs que nous tentons de leur inculquer.

Je m’ennuie de vos petits doigts, enroulés autour des miens, les filles. Mais en parallèle, je suis immensément privilégiée et fière de vous voir devenir les adultes qui vont constituer la société de demain. Prenons le temps d’analyser chaque moment passé auprès de nos enfants, peu importe leur âge. Prenons le temps de contempler leurs petits doigts de bébés enroulés autour des nôtres, lors des nuits blanches. Car qui sait, peut-être que ces moments deviendront des souvenirs de nostalgie ou encore de joie. Des souvenirs pour la vie.

Nancy Tremblay

 

Éloge funèbre 2.0 — Texte : Audrey Boissonneault

Il y a, déjà, huit ans, je lisais mon texte d’adieu devant chaque personne qui pleurait ta mort.

Il y a, déjà, huit ans, je lisais mon texte d’adieu devant chaque personne qui pleurait ta mort. Je repense souvent à ce moment et parfois, j’aimerais pouvoir réécrire ce discours. Je m’assurerais que chacun des mots soit démêlé, que les images ne soient plus floues et que mes émotions soient apparentes. J’aurais aimé pouvoir mettre ma maturité ainsi que ma naïveté sur papier, pouvoir décrire tout l’amour que j’ai envers toi. Jamais tu n’auras, réellement, conscience de ce texte, mais je le placerais tout près de mon cœur, à tes côtés. Au creux de celui-ci, je continuerais de souhaiter que cet éloge funèbre arrive sur ton chemin.
Papa, les mots qui suivront te seront entièrement dédiés.

Lorsque nous sommes jeunes, on nous apprend à marcher, à boire, à manger, à parler, à nager, à apprécier le contact humain, à nous attacher aux personnes qui nous entourent, mais personne ne nous enseigne à vivre sans les personnes les plus importantes à nos yeux. On nous partage une vie commune, sans nous faire prendre conscience que rien n’est permanent. On m’a appris à faire du vélo à trois et à deux roues par la suite, on m’a avertie de mettre un casque et des protège-coudes, mais personne ne m’a expliqué comment faire lorsqu’on perd la deuxième roue. La naïveté des générations se décrit en un mot : INVINCIBLE. Nous croyons que nous sommes inatteignables, que rien ne peut nous arriver. Peu de personnes nous font prendre conscience qu’un jour, tout peut s’écrouler. Il suffit d’un léger geste, d’une inattention et sans le réaliser, le tout défile.

On m’a souvent dit que j’étais trop jeune pour perdre mon père. En réalité, c’est lui qui était trop jeune pour partir. On m’a arraché mon modèle paternel. On m’a enlevé chaque moment père et fille qui aurait eu lieu. Je n’aurai, jamais, la chance de revoir les yeux brillants de fierté de mon papa. Il ne pourra plus me féliciter pour mes diplômes, il n’aura pas la chance de voir sa fille à son bal de finissants, à sa graduation ou même à son mariage. Bien que la communication verbale n’a peut-être pas été le meilleur aspect t’entourant, j’arrivais à comprendre les messages derrière chaque phrase superflue. Je n’arriverais pas à me faire à l’idée que jamais, je ne recroiserais ton mauvais caractère, mais aussi, ton sourire qui ne se trouvait pas loin de là.

La colère surgit en moi, lorsque j’entends quiconque se plaindre de ses parents. La vérité c’est que je donnerais n’importe quoi pour ressentir tes bras qui m’entourent et ta voix qui me chuchote : « Je t’aime ma cocotte. »
Mon géniteur n’était pas parfait, comme personne d’autre, mais mon papa, lui, savait me démontrer l’amour, le bonheur, le courage, la volonté et bien évidemment, l’espoir. De mes yeux de petite fille, j’ai su voir un modèle, un héros et de mes yeux de jeune femme, j’arrive encore à m’imaginer la force et la fierté dans ses yeux souffrants. Papa, tu m’avais préparée à beaucoup de choses, y compris ton départ, mais accepter que nous n’ayons plus de conversations, d’activités, de fous rires, de moments chaleureux est, littéralement, impossible.

Je ne te dirai pas adieu, papa, je vais te dire à la prochaine. Nos chemins se recroiseront, je te le promets. Dans mes rêves ou même au paradis, j’aurai la chance de te dire qu’il n’y a aucun mot pour décrire à quel point tu me manques et que je t’aime.

Tu es merveilleux papa, merci d’avoir été l’homme que tu étais, n’oublie pas que je t’aime et veille sur moi, d’accord ?
Essaie de me protéger du mieux que tu peux et fais-moi signe de temps en temps s’il te plait.
Au revoir, papa, on se voit bientôt. Je t’aime.

Audrey Boissonneault

Ça sent les impôts ! Texte : Nathalie Courcy

La neige fond, les petits oiseaux font cui-cui, on ouvre les fenêtres pour entendre la joie des enf

La neige fond, les petits oiseaux font cui-cui, on ouvre les fenêtres pour entendre la joie des enfants qui jouent dehors sans être écrasés par mille couches de manteaux… Ça sent la gadoue bien fraîche, le trou d’eau qui dégèle et le nid de poule qui apparaît pour notre plus grand bonheur (nope ! )…

Et qu’est-ce qu’on voit qui trône fièrement sur notre comptoir de cuisine ? Nos papiers d’impôts.

Le post-it nous rappelant de prendre notre rendez-vous chez le comptable ou d’acheter le logiciel de déclaration de revenus.

Non mais, est-ce que ça tente à quelqu’un, ça, de passer des heures à rassembler des tonnes de papiers datant de plusieurs mois, de rentrer des chiffres dans des colonnes, de stresser parce qu’il manque un formulaire ou parce que les calculs ne balancent pas ?

Est-ce que quelqu’un trouve ça plaisant de voir ses revenus fondre au soleil au fil des tranches d’imposition ?

Bien sûr, on a des services qui viennent avec, qu’on soit d’accord ou non. Mais quand même, ça fait mal au compte en banque quand on voit une partie de son salaire partir dans les poches de la société (je ne dis pas « dans les poches du gouvernement », c’est voulu, parce qu’après tout, l’argent est redistribué dans la communauté, merci de ne pas partir de débat politique, ce n’est pas le but de l’article. Et si vous voulez vraiment en partir un, go ! Je ne m’embarquerai pas dedans).

Bien sûr, si on a payé des impôts toute l’année, ça se peut qu’on reçoive un remboursement d’impôt qui fait du bien au moral. Mais c’est toujours ben juste parce qu’on en avait trop donné ! Et ça n’enlève pas le « pas de fun » qu’on a eu à faire notre déclaration de revenus.

La mauvaise nouvelle : qu’on aime ou pas, ça revient chaque année. Chaque fois, ça me prend six mois pour me remettre de cette période de platitude et c’est déjà presque le temps de recommencer. Si on a plein d’enfants ou une entreprise, des logements, un travail autonome, c’est pire. Ça nous prendrait un entrepôt juste pour stocker la paperasse. (Remerciement sincère aux entrepôts de données en ligne qui permettent de classer de façon plus écologique nos nombreuses factures !)

La bonne nouvelle : on peut s’aider en mettant un système en place. Je vous le dis tout de suite, je suis curieuse de connaître vos trucs et astuces.

✏️ Mettre de l’ordre au fur et à mesure dans nos factures. Un système par mois ou par saison, par catégorie, en ligne ou en papier, mais un système. Chaque année, je teste de nouvelles méthodes, j’améliore ma façon de faire, je note les do’s and don’t. Je m’en viens pas pire pantoute.

✏️ S’y prendre d’avance. Vous le savez que rendus au 15 avril, les comptables ont de la broue dans le toupet. Prenez votre rendez-vous d’avance et honorez-le ! À bas la procrastination, ça ne vous tentera pas plus dans deux semaines. À minuit moins une le 30 avril, si le bouton ENVOYER n’envoie pas, vous risquez de renvoyer à force de stresser.

✏️ Se donner le temps. Ce n’est pas l’activité la plus palpitante à faire un samedi matin, mais c’est mieux qu’un vendredi soir quand on a le cerveau magané et le corps épuisé. Une petite coupe de vin (une… pas trois! Faut que vos chiffres balancent!), de la bonne musique, de la place pour étendre toutes nos feuilles et pas d’oreilles chastes et pures autour. Comme ça, si vous sacrez, vous ne ruinerez pas l’éducation de vos enfants.

✏️ S’entourer de personnes de confiance. Les logiciels de comptabilité et de déclaration de revenus peuvent être vos amis, mais le moindrement que votre dossier est complexe, allez chercher de l’aide. C’est rassurant pour vous, ça vous évite des erreurs qui pourraient coûter cher, vous recevrez probablement plus à votre retour d’impôt, et en plus, une fois que vos papiers sont en ordre, vous déléguez le reste du travail. Un excellent investissement qui enlève de la pression et vous redonne du temps libre pour profiter du printemps.

✏️ Respirer. Faire sa déclaration de revenus, ça fait partie des choses qu’on ne contrôle pas. Par contre, on peut choisir notre attitude quand on la fait.

✏️ Se récompenser. Célébrer l’envoi de notre déclaration de revenus, célébrer le remboursement d’impôts, célébrer le fait qu’on a un emploi et un salaire, célébrer le fait qu’on vit dans un pays et dans une province où il y a des services et de la liberté, célébrer le printemps…

Un truc : plus on fait sa déclaration tôt, plus on a de mois pour célébrer avant le retour de cette période satanique!

On se revoit le 1er juin, quand tout le monde aura appuyé sur le bouton ENVOYER!

Nathalie Courcy

J’ai mal pour elle et j’ai les mains liées — Texte : Eva Staire

Il y a quelque temps, quelques semaines, quelques mois, j’ai appris que tu devais te faire hospita

Il y a quelque temps, quelques semaines, quelques mois, j’ai appris que tu devais te faire hospitaliser pour troubles alimentaires. Surprise, oui ! Mais lorsque l’on y réfléchit. Est-ce que c’était vraiment une surprise ?!
J’avais remarqué ton anxiété… à l’adolescence, c’est commun non ?!
J’avais remarqué tes questionnements… à l’adolescence, c’est commun non ?!
J’avais remarqué tes complexes… à l’adolescence, c’est commun non ?!

Il a fallu que tu te rendes à un stade de faiblesse physique pour que l’on remarque tout. Tu n’allais pas, nous étions perdus !

J’aimerais être la petite toi, qui regardes son reflet dans le miroir et te dit juste…. rien ! Pourquoi émettre un commentaire ou autre ? Je suis habillée ? Confortable ? That’s it, je débute ma journée !

J’aurais aimé modifier ta manière de te voir pour que tu sois bien avec le corps que tu as.
J’aurais aimé te donner la confiance en toi que tu penses ne pas avoir.
J’aurais aimé que ton anxiété se verbalise autrement que par des gestes destructeurs envers toi.

Avec l’âge vient un lâcher-prise sur bien des choses dont le physique, j’aurais aimé te transmettre plus jeune que si j’ai un pli de bedaine en maillot… eh ! Bien, on s’en fout.

Ça ne part pas juste de moi, de nous. Les troubles alimentaires sont très complexes, je le sais, mais en écrivant ces lignes, je souhaite te dire que je t’aime et que tu es importante.

Tu es importante, ce sont ces mots auxquels j’aurais dû accorder plus d’importance.

Tu es importante et je t’aime.
Je serai là, même si c’est moins beau même si c’est laid, je serai là !
Après on fera les folles et s’amusera.

Eva Staire

Alerte au viol – Texte : Arianne Bouchard

Tu te dis sûrement : oh non, pas encore un autre texte qui parle d’agression sexuelle. Ben oui,

Tu te dis sûrement : oh non, pas encore un autre texte qui parle d’agression sexuelle. Ben oui, encore un autre. Tant qu’il y aura des imbéciles, il y aura toujours des agressions sexuelles et tant qu’il y en aura, il y aura toujours du monde pour en parler, alors me voici.

Ce texte s’adresse essentiellement aux filles et aux femmes, car les agressions sexuelles sont majoritairement subies par elles. Les gars, je ne vous oublie pas pour autant et votre douleur n’en est pas moins réelle non plus.

Alors, fille, voilà ce que j’aimerais te dire.

Même si t’as une jupe courte. Même si t’as des vêtements moulants. Même si t’as un décolleté plongeant. Même si TOUTE, un habillement, ce n’est pas un consentement. T’as le droit de te sentir belle, t’as le droit de te sentir femme, sans toujours te demander si tu es habillée comme une alerte au viol. J’ai une amie qui, sur son lieu de travail, dans un bureau respecté, s’est fait dire de changer de tenue, que sa jupe, de longueur bien respectable et pas trop moulante non plus, lui donnait l’air d’une alerte au viol. Excusez-moi, pardon, mais ce genre de phrase, c’est NON !

Pis ç’a l’air de quoi une alerte au viol de toute façon ? D’une femme forte et indépendante, qui a le courage de sortir de chez elle en portant des vêtements qu’elle aime en faisant fi du regard de la société ? Parce que si c’est ça, l’alerte doit crier fort, tout le temps ! En 2022, je pense qu’on devrait pouvoir porter ce qu’on veut. Ce n’est pas à nous comme femmes de nous habiller autrement, mais à vous, très chers hommes, de ne pas nous regarder comme le ferait un charognard devant un morceau de viande fraîche. On est plus que de la chair cachée sous quelques vêtements. On est des personnes et on mérite le respect et la considération qui va avec !

Ce qui inclut notamment le droit de choisir et de dire non quand ça ne nous tente pas. Même si c’est ton chum, même si le gars est sexy, même si tu t’es déjà dit que « tu lui ferais pas mal à celui-là », même si c’est ton ami et que tu lui fais confiance ; si ça te tente pas et que tu dis non, c’est non. Tu n’as pas à te sentir mal de pas avoir envie non plus. C’est correct, ça arrive quelquefois.

Et même si tu as dit oui au départ, même si vous aviez commencé, t’as le droit de changer d’idée. J’ai vu sur Internet la fameuse allégorie de la tasse de thé et c’est vraiment ça. Pour vrai, je pense vraiment que cette vidéo devrait faire le tour du monde et être partagée dans les écoles. Ça dit tout. Alors je t’invite à aller voir cette vidéo et à la partager autour de toi pour sensibiliser les gens au consentement.

En attendant d’aller voir cette fameuse vidéo, continuez d’être toi-même, de porter les vêtements que tu aimes et de ne pas te soucier de ce quoi t’as l’air dans le regard des hommes. Ce n’est pas à toi de changer de look, c’est à eux de changer de perception.

Arianne Bouchard

Ma promesse – Texte : Klaude Laflamme

La crainte de t’échapper, de te laisser glisser sans pouvoir te retenir. Cette peur au fond de mo

La crainte de t’échapper, de te laisser glisser sans pouvoir te retenir. Cette peur au fond de mon âme qui me hante depuis ton premier souffle. Celle de manquer de vigilance, de ne pas savoir te lire. Quand tu es dans ta tête, que tu soupires devant l’avenir, que tu es là, mais si loin, laisse-moi te rejoindre. Je connais le vide, je connais la peur, je connais la détresse… je veux connaître ton vide, tes peurs et tes détresses.

Lorsque la lumière s’éteint dans tes rêves, que tes yeux ne sourient plus, que ton cœur ne bat qu’un coup sur deux, dis-le-moi. J’espère percevoir ce qui ne se voit pas, sentir ce qui ne se ressent plus, comprendre le silence.

Mon être a ce qu’il faut pour accueillir tes angoisses et tes incertitudes. Mon cœur a de la place pour tes silences et tes chagrins. Si ton avenir te semble terne et que tous tes scénarios se terminent dans la noirceur, permets-moi d’être ta lumière.

Sache que je saurai me taire si tel est ton besoin, je me battrai si tu n’en as plus le courage, je pardonnerai si tu me le demandes. Il n’y a pas de barricades assez hautes ou de puits assez profonds pour m’empêcher de te sauver.

Je t’ai donné la vie, même si elle ne brille pas toujours, elle m’est précieuse. Quand tu traverseras l’incertitude, j’espère que tu verras la lueur de ma promesse que mon amour inconditionnel te donnera l’étincelle pour rallumer ta flamme.

 

Klaude Laflamme

 

 

 

 

 

 

 

C’est la semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux du Québec. Texte : Marie-Nancy T

Du 20 au 26 mars 2022, c’est la semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux du

Du 20 au 26 mars 2022, c’est la semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux du Québec. On en parle peu comparativement à la semaine des enseignants ou des autres professions. Donc, je vais prêcher pour ma paroisse, comme on dit.

La profession de travail social est souvent mal connue. C’est tout à fait légitime puisqu’il y a tellement de domaines d’expertises dans le service social. La santé mentale, la gériatrie, les soins palliatifs, l’intervention auprès des familles et des enfants. Le travail dans les écoles, dans les organismes communautaires, dans les maisons d’hébergement pour femmes, dans les CSSS en première ligne, dans les hôpitaux, en protection de la jeunesse et j’en passe. C’est une profession passionnante qui offre un éventail de possibilités.

Les services sociaux sont souvent oubliés dans le réseau de la santé. Pourtant, les professionnels en relation d’aide sont aussi essentiels que les professionnels qui dispensent des soins physiques. Ce n’est pas une question de qui est plus important que qui. Tout le monde est essentiel. Tous les métiers, sans exception, sont nécessaires au fonctionnement de notre société et sont nobles. Je dis simplement que les services sociaux sont souvent aux oubliettes.

Pourtant, on dit bien : « santé et services sociaux » et non simplement « santé ».

Pourtant, la santé mentale devrait être considérée au même titre que la physique.

Pourtant, il y a aussi des gens qui meurent en raison de leurs difficultés sur le plan de la santé mentale. Le suicide et la dépression, c’est bien réel et c’est fréquent.

Pourtant, il y a aussi des enfants qui vivent de la négligence, des abus de toutes sortes, des mauvais traitements psychologiques et qui ont besoin de protection.

Pourtant, il y a aussi des parents qui ont besoin d’être guidés dans leur rôle parental ou d’être soutenus pendant des moments plus difficiles de leur vie.

Pourtant, il y a aussi des humains qui ont besoin d’une aide professionnelle, car ils vivent des deuils épouvantables ou parce qu’ils sont en fin de vie.

Pourtant, il y a bel et bien des femmes qui vivent de la violence conjugale et qui ont besoin d’aide et de protection, pour elles et pour leurs enfants.

Pourtant, pourtant, pourtant et encore pourtant. Je pourrais en ajouter à l’infini des « pourtant » avec sujet, verbe et complément.

Quand on y réfléchit, si tu es en pleine santé sur le plan physique et que ta santé mentale n’est pas en équilibre, ça peut être aussi dommageable pour toi. Pendant la pandémie, on a souvent parlé des anges gardiens. De ceux qui ont mis leur santé en péril pour soigner des malades. C’est exceptionnel le travail qui a été accompli pour sauver des vies et pour soigner les patients, malgré le manque de ressources.

Par ailleurs, on a souvent oublié de parler du travail essentiel des travailleurs sociaux et des autres domaines en relation d’aide. Pourtant, il y a des enfants qui ont été négligés, car les écoles étaient fermées. Il y a aussi des enfants qui ont manqué de nourriture, car le seul repas complet de la journée se prenait en garderie. Il y a des enfants qui ont manqué de stimulation et qui cumulent des retards de développement. Il y a des femmes qui ont été battues et même tuées, il y a des hommes qui ont croulé sous la pression et qui ont perdu leur équilibre. Il y a aussi des gens qui sont morts des dommages collatéraux de la pandémie, des gens qui ont eu besoin de l’aide professionnelle des intervenants psychosociaux pour demeurer fonctionnels et pour ne pas s’effondrer. Je pourrais, encore une fois, continuer cette énumération à l’infini.

Les services sociaux aussi rencontrent des gens en décomposition, au sens figuré, et doivent leur porter secours. Les intervenants psychosociaux aussi tiennent le système à bout de bras et sont dépassés par le contexte de la pénurie de main d’œuvre, le manque de ressources, l’accumulation des dossiers et des tâches administratives qui empiètent sur le temps qui devrait être offert à la clientèle. Et oui, encore une fois, je pourrais poursuivre en donnant des milliers d’exemples de la sorte, mais je vais me concentrer sur l’essentiel du message.

En somme, en cette semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux, je tiens à vous dire, collègues et amis, que même si la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous (une chance qu’on n’en a pas besoin pour exercer notre profession au mieux de nos capacités), vous faites un travail remarquable, exceptionnel, fondamental et exemplaire.

J’ai vu des êtres humains reprendre le contrôle de leur vie, grâce à vos interventions.

J’ai vu des femmes se sortir du cycle de la violence conjugale, grâce à votre professionnalisme.

J’ai vu des enfants épargnés de futurs gestes d’abus, grâce à votre vigilance.

J’ai vu des vies sauvées, grâce à vos prouesses et à votre dévouement.

Encore une fois, j’ai vu encore bien plus et je pourrais en énumérer jusqu’à demain, des phrases qui débutent par « j’ai vu » avec sujet, verbe et complément.

La santé, ça inclut aussi les services sociaux. Dans le fond, ça doit être pour cela qu’on dit : « santé et services sociaux ». Bonne semaine des T.S à vous tous, collègues extraordinaires. J’inclus également tous mes collègues des autres professions en relation d’aide. Vous êtes essentiels, peu importe l’endroit où vous exercez votre profession.

Nancy Tremblay

Procrastination, quand tu nous tiens — Texte : Nancy Pedneault

Bon, ça y est, aujourd’hui, j’écris. Il y a vraiment longtemps que je n’ai pas publié de te

Bon, ça y est, aujourd’hui, j’écris. Il y a vraiment longtemps que je n’ai pas publié de texte. Alors, je prends le temps. Oh ! Il fait soleil dehors. J’écrirai après ma promenade extérieure.

Quelques jours plus tard, je m’assois confortablement. J’ai fait infuser mon thé préféré. Je suis prête à écrire. Si je commençais par un bon bain ? Avec mon thé, il me semble que l’inspiration sera au rendez-vous.

Le lendemain matin, je me rappelle que j’avais commencé un texte. Je devrais bien m’y remettre. Je suis sérieuse, je prends mon stylo et mon cahier. J’écris, pour vrai cette fois‑ci. Zut ! Mon stylo est à sec. Dans le tiroir de crayons, je cherche un stylo digne de ce nom. Au cours de ma recherche, je tombe sur mes crayons de couleur. Je me mets donc au dessin.

Finalement, dans ma voiture, en direction du travail, je repense à ce texte que je remets sans cesse à plus tard. C’est à ce moment que l’inspiration arrive (et je n’ai pas de crayon !) Mon texte portera sur mon pire défaut : la procrastination.

À toi qui te reconnais dans ce texte, je te souhaite une très bonne journée de la procrastination.

Nancy Pedneault

Ma crise existentielle — Texte : Audrey Léger

Il aura fallu une crise planétaire pour me faire réaliser qui j’étais, mais surtout qui je n’

Il aura fallu une crise planétaire pour me faire réaliser qui j’étais, mais surtout qui je n’étais pas. Je ne suis pas la fille gênée et hypocondriaque que je croyais. Je suis une fille solide, fière, qui veut vivre sans crainte et sans retenue. Une fille sociable qui carbure à l’émotion. Une fille qui peut shiner dans le noir et qui peut réunir une foule avec conviction. Je suis la mère de, la blonde de, la fille de et la sœur de, mais je suis surtout une fille dans la trentaine qui veut vivre à tout prix, peu importe ce qu’il en coûte. Si je veux quelque chose, je l’obtiens. Si je désire le changement, je l’exprime et si je pense le contraire j’argumente !

J’ai envie de m’ouvrir à plus et à plus grand. Je ne peux plus me contenter d’aussi peu. À quel point on vit sur les brakes par peur de se tromper ou de déplaire ? À quel point on est remplis de préjugés et de tabous ? Ça sert à quoi ? Ça sert à qui ? Quand il y a un problème, il y a une solution. Je veux devenir la personne qui fait une différence dans la vie d’une autre personne. Il est plus que temps de contaminer les autres d’un sourire, d’un fou rire, d’une douce folie.

La vie est un cycle. Les oiseaux ont recommencé à chanter. Chaque fibre, chaque cellule de mon corps me crie GO ! C’est le moment où jamais de vivre ! C’est urgent, vital et nécessaire. Ça fait deux ans que j’étouffe moi-même mes cris, ma douleur. On m’a volé du temps, je vais le récupérer sans peur et sans reproche. Tassez-vous, j’arrive !

Qui m’aime me suive… On s’en va changer le monde, c’est trop important, pour nous, pour nos enfants. Nous sommes notre dernière chance et on va la saisir.

GO. FOR. IT! Be the change you need!

Audrey Léger