Mes enfants ne vont plus à l’école

Vos enfants viennent de retourner sur les bancs d’école? Les miens, six et neuf ans, viennent de débuter leur troisième année d’instruction en famille.

Mon aîné a fréquenté l’école en maternelle et en première année. Élève modèle : bon comportement en classe, bonnes notes, bons amis. Pour reprendre les mots de son enseignante : « S’ils étaient tous comme lui, ce serait le bonheur. » Et pourtant, ces deux années de fréquentation scolaire nous ont fait vivre un réel enfer. Le bonheur s’était éclipsé de nos vies.

En classe, mon coco filait doux. À la maison, ça ruait dans les brancards. Ce petit bonhomme de six ans n’avait que deux phrases à la bouche et l’humeur qui allait avec : « Je ne peux pas croire que ma vie est rendue juste ça » et « Je veux retrouver ma vie d’avant. » On s’est entêtés longtemps et de bien des manières. Puis, on a commencé à se demander s’il ne faisait pas tout simplement preuve de lucidité. Existait-il une autre voie qui lui conviendrait mieux? Est-ce que l’école ne serait pas comme le bon vieux cliché de la relation insatisfaisante dans laquelle tu restes beaucoup trop longtemps parce que tu as peur de l’inconnu? T’sais, quand tu n’es pas bien, mais que tu manques de courage pour te risquer à essayer autre chose…

Nous nous sommes donc mis à considérer une option qu’on avait rejetée d’emblée au départ : l’école à la maison. Et curieusement, en lisant le Programme de formation de l’école québécoise, j’ai vite réalisé que nous ne quittions pas l’école pour nous rebeller contre une institution, mais plutôt parce que nous croyions sincèrement aux principes du Programme. Étrange non? Voici cinq objectifs (accompagnés d’extraits du Programme de formation de l’école québécoise ) que je peux atteindre encore plus facilement depuis que j’ai pris en charge l’éducation de mes enfants :

  1. Respecter les intérêts et aptitudes de nos enfants

 

Voici ce que le Ministère a à dire à ce sujet : « Dans cette perspective, les apprentissages seront nécessairement différenciés afin de répondre aux besoins de formation dans le respect des différences individuelles. Une attention particulière sera portée à chaque élève, de façon à prendre appui sur ses ressources personnelles de tous ordres et à tenir compte de ses acquis et de ses intérêts. » (PFEQ, 2006)

  1. Apprendre dans le plaisir et valoriser le jeu

« Par le jeu et l’activité spontanée, l’enfant s’exprime, expérimente, construit ses connaissances, structure sa pensée et élabore sa vision du monde. Il apprend à être lui-même, à interagir avec les autres et à résoudre des problèmes. Il développe également son imagination et sa créativité. L’activité spontanée et le jeu sont les moyens que l’enfant privilégie pour s’approprier la réalité. » (PFEQ, 2006)

  1. Vivre des expériences concrètes et sortir des cahiers

« Aussi, l’école est-elle conviée à dépasser les cloisonnements entre les disciplines afin d’amener l’élève à mieux saisir et intégrer les liens entre ses divers apprentissages. » (PFEQ, 2006)

  1. Limiter les examens

« Différents outils et moyens, n’ayant pas tous nécessairement un caractère officiel, peuvent être utilisés pour évaluer les apprentissages et porter un jugement sur le développement des compétences de l’élève. Grilles d’observation, productions annotées d’élèves et portfolios sont autant de supports qui s’inscrivent dans une pédagogie centrée sur l’apprentissage et qui permettent à l’élève et à l’enseignant d’évaluer les démarches d’apprentissage, le développement des compétences et l’acquisition de connaissances. » (PFEQ, 2006)

  1. Bien socialiser nos enfants

« Ce qui est alors visé, c’est l’émergence chez les élèves d’une compétence sociale qui soit en accord avec des valeurs telles que l’affirmation de soi dans le respect de l’autre, la présence sensible à l’autre, l’ouverture constructive au pluralisme et à la non-violence. » (PFEQ, 2006)

Honnêtement, j’étais totalement contre l’idée de faire l’école à la maison au départ. Je n’étais même pas certaine que ce soit réellement légal. Après m’être bien informée auprès de l’Association québécoise pour l’éducation à domicile, j’ai réalisé que, non seulement c’était légal mais qu’en plus, c’était moi qui avais le droit et le devoir d’éduquer mes enfants. Que c’était à moi de décider si je déléguais mon autorité parentale en matière d’éducation à une école. C’était une révélation : j’avais la liberté de choisir. J’ai décidé de l’essayer… et j’ai adoré! Le résumé de mon histoire avec l’instruction en famille, c’est un peu comme une comédie romantique hollywoodienne… T’sais, la fille qui déteste quelqu’un au début du film et qui finit par tomber en amour avec à la fin. Ben ça, c’est moi avec l’école à la maison.

Elizabeth Gobeil Tremblay



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