Faire le deuil d’un troisième enfant…
Il y a deux ans, je m’apprêtais à devenir mère, pour une troisième fois : quel bonheur!
Il y a deux ans, on m’annonçait que l’enfant que je pensais porter n’en était pas un : j’avais gagné à la loto. J’étais LA femme sur 200 000 qui aurait à traverser cette pénible épreuve. Une épreuve qui m’aura profondément marquée. Une épreuve que j’ai vécue toute seule.
Je portais en moi une môle hydatiforme. Mon foetus, dès la conception, avait muté en une sorte de tumeur. Restait à la retirer. Puis à faire des tests. Des tests oncologiques. Pour la première fois, dans ma vie, j’ai eu peur d’être confrontée à la maladie. J’ai pensé que peut-être, je n’allais pas voir grandir mes filles. Que j’allais laisser mon complice du quotidien poursuivre sa route tout seul.
Lorsqu’on t’annonce, dans un cubicule, que dans ton ventre, ce n’est pas l’enfant que tu aimes déjà qui s’y trouve; c’est une tumeur. Lorsqu’on t’annonce que dans tes organes, il peut s’y trouver un début de cancer; ça fait peur.
Et il faut avaler toutes ces nouvelles one shot. Ça fait beaucoup pour un petit cœur.
Je me souviendrai toujours du moment où je suis rentrée chez moi, un vendredi soir. Plutôt que d’avoir un beau relevé d’échographie en main, j’avais une prescription pour arrêt immédiat de travail et j’étais en attente d’un appel du bloc opératoire.
Dans ma vie, il y a eu l’annonce du décès de ma mère et il y a eu cette soirée-là. Sentiment inexplicable.
Il y a eu la chirurgie. Puis, les semaines d’attente pour connaître la nature de cette tumeur.
Et il y a eu tous ces mardis, pendant près d’un an, où on m’a fait une prise de sang pour s’assurer que cette môle ne se régénérait pas.
C’est long en titi.
Peu de gens savent combien cette année fut douloureuse pour moi. J’ai vécu une immense solitude. Parce que cette pathologie est méconnue, parce qu’on en entend peu parler.
Si j’écris enfin à ce sujet, c’est pour faire connaître cette maladie. Parce qu’il y a deux ans, je pleurais dans ma voiture à TOUS les mardis. Parce que je me suis sentie incomprise. Parce qu’on a banalisé ce que j’ai vécu. Par simple méconnaissance. Vraiment, sans méchanceté.
Et par-dessus tout, parce que je souhaite éveiller les gens à la grossesse molaire (on appelle cela ainsi également).
Par chance, j’ai déjà deux belles filles en santé et j’y trouve ma consolation. Mais mon deuil à moi, il trouve sa place où? Le deuil d’un enfant que je ne portais finalement pas?!?
Vous n’avez pas idée combien ça fait mal.
En cette soirée froide du mois de décembre, je repense à cette étape et j’aime penser qu’il y a, quelque part, une petite étoile qui veille sur ma famille 🌟…
***Merci à Karine Latulipe; la douceur qui se dégage de ta photo m’a donné envie de m’ouvrir…
Crédit photo Élie Bédard 💕 Merci!