Google, ce serveur qui te rend hypocondriaque
Nos enfants sont la prunelle de nos yeux. Jamais je n’ai eu peur des maladies, jamais je n’ai eu peur de la mort. Jamais, jusqu’à ce que je donne la vie. Cette petite vie si fragile et si frêle. Notre deuxième souffle. Celle qui donne un sens différent à notre vie.
Des petits maux surviennent chez nos enfants, à tout âge. Leur première fièvre, leurs premiers petits boutons. Écrit comme ça ici, tout semble banal, mais je sais que toi, en tant que parent, tu ne trouvais rien de banal dans ces symptômes. Tu paniques vite, tu essaies de chercher ce que ton enfant peut bien avoir avant d’aller consulter. Tu penses souvent aux petites maladies infantiles, sans danger. Mais les jours passent et ton enfant ne va toujours pas mieux. C’est à ce moment que tu décides de googler tes premiers mots : petits boutons rouges chez l’enfant accompagné de fièvre. Puis tu commences à lire un article, puis un autre. Tu décides d’aller dans l’onglet Images, au cas où tu trouverais la même photo de boutons que ceux de ton enfant. Ce n’est pas très long avant d’être rendue à la fiche de la rougeole et que tu te mettes à paniquer. Il faut aller à l’urgence là. Pas demain. LÀ. Google le dit.
Arrivé à l’urgence, ton enfant n’est pas un cas prioritaire malgré la grande priorité que toi, tu lui attribues. Tu berces ton enfant dans tes bras, lui redonnes un analgésique pour sa douleur et sa fièvre. Les heures passent et tu entends enfin le nom de ton enfant à l’interphone. Ton cœur de parent bat à tout rompre, malgré ton soulagement d’être enfin appelé. Tu ne veux pas de piqûres sur ton mini, tu ne veux pas d’hospitalisation. Tu te dis que ça va bien aller, mais tu revois les caractères gras de la fiche santé que tu as lue quelques heures auparavant sur les Internet. Le médecin examine ton enfant en deux temps, trois mouvements pour te dire que ce n’est rien de grave, que ça va partir tout seul d’ici quelques jours. Dans le pire des cas, si dans quarante-huit heures, il n’y a aucune amélioration, il faudra revenir. Intérieurement, tu ne le sais plus si tu es content, soulagé, ou en beau fusil d’avoir eu cette réponse en deux minutes et demie dans la cabine.
Tu doutes. Qui a raison? Google ou le médecin? Finalement, il n’a pas trop ausculté ton enfant et tu as oublié de lui mentionner un ou deux trucs importants. Les plus hypocondriaques vont retourner voir la fiche et vont soit relativiser la chose ou l’accentuer. « Le médecin ne devait pas être bon. Après tout, il a seulement un doctorat cumulant cinq années de résidence. »
Laisse-moi te dire que Google est ton pire ennemi. Que ce soit toi ou tes enfants qui sont malades, il vous trouvera toujours un bobo plus grave. Je te le dis. Google m’a diagnostiqué au moins quatre cancers, une thrombose veineuse avec laquelle je risquais de faire une embolie pulmonaire si le caillot se détachait, un accident potentiellement fatal. J’étais prête pour mes préarrangements funéraires.
Sois prudent. Très prudent. Je me suis tellement inquiétée pour des riens! Juge à l’aide de ta bonne conscience. Mes enfants ont tous les trois eu des problèmes de santé, des plus graves et des moins graves. J’ai commencé à être hypocondriaque après la méningite bactérienne de mon deuxième garçon. Nous avons côtoyé la bête plusieurs semaines à l’hôpital avec un bébé à peine naissant. Lorsque nous côtoyons la mort de notre propre enfant de si près, nous pouvons évidemment virer de l’autre côté au moindre symptôme.
L’hypocondrie m’a rendue anxieuse. Très anxieuse. J’ai travaillé fort sur moi-même et j’y travaille toujours. Les médecins sont compétents. Google l’est moins. Il n’a pas fait des années d’études et ses textes généralistes et souvent dramatiques le rendent encore moins fiable. C’est bien de demander des conseils à d’autres parents sur des forums, des blogues, mais personne ne peut diagnostiquer la maladie d’un enfant avec une simple photo. Une alternative intéressante en cas de doute est de consulter ton pharmacien. Il peut très bien te guider dans tes démarches selon l’état de santé de tes enfants.
La ligne Info-Santé 811 est également disponible 24 h/24, et ce, 7 jours sur 7.
Maggy Dupuis