Maman est en peine d’amour!
Je suis une maman. Je suis une femme. Séparée du père de mes enfants depuis cinq ans, je ne pourrai jamais affirmer que j’accepte le fait d’être avec mes enfants une semaine sur deux. Si vous préférez, passer du temps avec eux la moitié de l’année. Je ne suis pas un Nobel de mathématique, mais vite de même, c’est le calcul. Je suis aussi obligée de dire que la semaine sur deux en solo me permet de m’épanouir de plusieurs façons pour être une meilleure maman, une meilleure personne et pour avoir de l’espace pour un nouvel amour.
Être une maman séparée, c’est aussi, pour moi, vouloir trouver une personne pour partager ma vie amoureuse. Que les enfants soient bien avec lui et vice versa.
J’avais trouvé cette personne, celui avec qui je désirais me bercer à 90 ans. On a passé beaucoup de bon temps en couple et avec les enfants. Les siens, les miens. J’étais heureuse dans ce contexte familial. Je l’ai aimé et un bon matin, comme si tout cela n’avait que peu d’importance, il m’a dit ne plus vouloir continuer sa route avec moi. Un grand choc dans mon cœur, un tsunami dans ma vie. Comme si tous mes repères s’étaient effacés.
Dans cette tempête d’émotions, je continuais d’être une maman, une maman en peine d’amour. En plus de vivre mes propres émotions, j’ai vu à quel point, dans cette situation, les enfants ressentent tout, saisissent tout. Ils sont excellents pour remettre les idées en perspective, pour nous soutenir à leur façon. Je suis restée l’adulte et eux, les enfants; dans cette période, ils m’ont démontré tout l’amour inconditionnel qu’ils me portent et ce fut réciproque. On était déjà proches les enfants et moi; maintenant on est très proches tous les trois. Je me suis tant inquiétée de leurs réactions, tant inquiétée de la façon dont je serais encore une bonne maman dans cette tourmente. Je suis rassurée!
Comment leur parler de ma peine, pourquoi maman a envie de se rouler en boule dans un coin, pourquoi maman a la larme à l’œil aux cinq minutes. Vivre une peine d’amour avec mes enfants lorsque ce n’est pas avec leur père m’a fait peur, peur de les blesser. Vite envolée grâce à ces deux êtres si bien faits dans leur cœur. Dans les faits, je n’ai rien eu à expliquer. J’ai été totalement vraie à chaque instant. Je ne me suis pas excusée d’être triste comme on ne s’excuse pas d’être joyeux. Toutes les émotions méritent d’être vécues, c’est une valeur primordiale à transmettre pour moi et c’est ce que j’ai fait. Mes enfants seront un jour en amour, ils vivront des ruptures, mais sauront que la lumière revient toujours, que l’on reste entier avec ou sans la personne qu’on a aimée. Quelques mois sont passés depuis; tranquillement, je me retrouve, la maman, la femme, et je continue ma route.
Éventuellement, je trouverai cet homme pour me bercer à 90 ans et je sais que mes enfants auront reçu un message très important : l’amour fait parfois mal, mais l’amour nous rend surtout incroyablement bien. Être bien avec soi pour être doublement bien à deux! L’amour de mes enfants et envers mes enfants demeure ma priorité numéro un et il y a une belle place pour l’amour d’un homme pour la femme que je suis. Le soleil revient doucement, tout retrouve de merveilleuses couleurs.
Marie-Josée Gauthier