À nos souvenirs d’été — Texte : Audrey Boissonneault

Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais enfilé une légère robe noire, accompagnée de mes sandales sans talon. Mon vernis de couleur fluorescente ressortait à cause de mon bronzage qui s’installait, au fil des jours. J’allais rejoindre mon groupe qui m’attendait à la table du restaurant, juste avant qu’on lève nos verres à une énième soirée qui commençait. Nos rires se faisaient entendre à travers la salle, un souper qui s’éternisait, à travers les conversations et souvenirs qui se créaient.

Il y en a eu plein des soirées comme celle-là, celle où je surveillais mon téléphone, afin de recevoir un de tes messages ou appels. Finalement, il était inexistant, un peu comme toi à ce moment-là. À des milliers de kilomètres, j’espérais encore. Je ne voulais rien d’énorme, un petit : « Tu es très belle ce soir, passe une belle soirée. Je pense à toi. » m’aurait suffi. Malheureusement, jamais rien, malgré toutes ces promesses que tu m’avais murmurées. En fait, je courais dans le vide, en te croyant sur parole.

On marchait afin de se rendre à ce petit club qui nous faisait danser jusqu’aux petites heures du matin. Au courant de la soirée, après quelques verres ingurgités, mais rien de catastrophique, je me suis remise à penser à cette soirée où je t’ai appelé, plus d’une fois. Celle où tu as préféré fermer complètement ton téléphone au lieu de t’assurer que j’allais bien. Ça résonnait dans ma tête, si fort ; je t’ai écrit, je t’ai avoué que j’arrêtais tout ça. Certains diront impulsivité ou même sans respect. Puis, moi, je te chuchoterais, tout simplement, que tu n’as jamais pris le temps de m’appeler et que je te renvoie la pareille. À ce moment précis, j’ai fait comme à ton habitude. J’ai arrêté de m’en faire. Je t’ai laissé de côté, j’ai pris une respiration en ouvrant les deux portes et je suis allée retrouver ceux qui me l’ont fait réaliser.

Shooter, comme on a dit. On les a enchaînés, on a dansé comme des fous. Pour une des rares fois, aucun regret, seulement ma tête qui s’est fermée à chaque aspect négatif, mon sourire qui s’agrandissait à chaque chanson qui commençait, avant d’attraper la main qu’on me tendait et d’aller bouger mes hanches, sur la piste de danse, de droite à gauche. D’un point de vue externe, on voyait plusieurs adultes et jeunes adultes sauter au son de la musique comme s’ils avaient retrouvé leur cœur d’enfant. Les rires et les paroles de chansons quelque peu criées résonnaient entre les murs. Alors que d’autres essayaient de parler plus fort pour se commander un verre ou plusieurs culs secs à partager. De l’extérieur, on pouvait entendre le bourdonnement de ce qui s’y trouvait.

Près de trois mois avaient dégringolé devant nos yeux, sans qu’on n’arrive à arrêter le temps. Les soirées assis face au feu qui scintille, les conversations et les confidences, les chansons et même les danses, par moment. Les journées chaudes à courir sur la plage. Les baignades à s’éclabousser, les cheveux plus pâles et le teint plus foncé (ou rouge pour quelques-uns). À tous ces moments à se remémorer, tous ces passe-temps qui auront été authentiques. Le contact humain avec chacun qui nous aura fait grandir. Même ceux avec qui les fils auront été coupés. Les décisions, les leçons, mais surtout, les étoiles qui brillent aux creux de nos yeux. Les regards qui se font aller pour une autre soirée, avant que l’automne pointe le bout de son nez, la musique qui joue en arrière-plan, sans oublier nos cellulaires tous fermés et regroupés. Pour une dernière fois, nos verres qui se lèvent en même temps et nos voix résonnantes :

« À nos souvenirs d’été. »

Audrey Boissonneault



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