À toi, l’adolescent qui rêve de devenir enseignant
Depuis que tu as mis les pieds dans une école, c’est clair pour toi : tu veux devenir enseignant. Tu rêves de transmettre ton savoir, de pallier les manques de certains élèves, de leur donner beaucoup d’amour, de sentir que tu fais la différence dans leur vie.
Certains te diront que tu choisis ce métier pour les vacances qu’il permet. Savoir que tous les étés, tu seras disponible pour tes enfants (quand tu en auras) est un avantage, assurément ! Pas de tracas aux fêtes ni à la relâche.
Tu rêves qu’un ancien élève, après quelques années, vienne frapper à ta porte pour te saluer, te remercier, te donner des nouvelles.
Des idées, tu en as pour des années d’enseignement ? Si c’est le cas, ce métier, il est pour toi ! Crois-moi, tu n’arriveras jamais à tout mettre en place. Il n’est pas rare de croiser un enseignant tout près de la retraite et qui essaie un nouveau projet dans sa classe.
Laisse-moi te parler ouvertement de cette profession qui, bien qu’elle me comble de bonheur, m’a poussée au bord du gouffre à quelques reprises. Je ne suis pas tombée, contrairement à plusieurs de mes collègues. Ça, tu dois le savoir.
Les côtés sombres
En cette semaine de relâche, je corrige. Pendant que mes filles s’amusent. C’est mon choix, le métier d’enseignant a cela d’ingrat que bien souvent, il faut empiéter sur le temps de famille.
Tu dois donc savoir et accepter que sur une base régulière, tu devras planifier, corriger, plastifier à la maison, en dehors de tes heures de travail. Si tu as de la chance, ton conjoint ou ta conjointe mettra souvent la main à la pâte ; il fera des courses pour dénicher du matériel pour ta classe, t’aidera à découper et à plastifier et parfois, te dictera les résultats de tes élèves pour te faciliter la tâche au moment de préparer les bulletins.
Les attentes envers toi seront élevées. On te confiera des enfants qui sont tous des trésors pour leurs parents, est un trésor, un être unique à part entière avec son tempérament et ses besoins. Tu n’auras pas droit à l’erreur. Il te faudra souvent justifier tes actions, parfois tes paroles.
Marcher sur des œufs devra être pour toi une seconde nature. Tu devras user de ruse pour détecter les humeurs de tes élèves et ainsi, adapter tes interventions. Pendant leur passage dans ta classe, dis-toi qu’ils vivront peut-être des épreuves dont on ne t’aura pas parlé : une séparation, le deuil d’un grand-parent, la maladie d’un proche, la perte d’un animal de compagnie… Il te faudra trouver des trucs pour que tes élèves se confient à toi, ce qui rendra tes interventions auprès d’eux plus justes et efficaces.
Malgré tout ce que tu mettras en place pour certains élèves, sache qu’il arrivera que des parents collaborent moins que tu le souhaiterais. Ne les juge pas. Tu ignores ce qu’ils traversent. Là aussi, il te faudra faire preuve d’empathie.
Il pourra t’arriver de vouloir trop en faire. Reste à l’écoute pour ne pas sombrer. Rappelle-toi qu’un enseignant sur quatre quitte la profession au cours des premières années…
Les côtés lumineux
Non seulement tu transmettras TON savoir, mais tu recevras bien plus que tu ne peux l’imaginer… Laisse-toi porter par tes élèves, par ce qu’ils te proposent. N’aie pas peur de déroger de ta planification ; il se réalisera de petits miracles.
Peu importe le milieu dans lequel tu œuvreras, il t’arrivera de devoir pallier aux manques de certains enfants. C’est ce qui rendra ton métier signifiant.
Parfois, tu offriras ta collation, ton écoute ou ton temps. Quand cela surviendra, tu auras le sentiment du devoir accompli.
Tu feras la différence dans la vie de nombreux enfants. Par ta façon d’enseigner, par ta façon de les écouter, par les valeurs que tu partageras avec eux. Parce que souvent, tu seras un modèle à leurs yeux et surtout, parce qu’ils sentiront que tu leur fais confiance, que tu crois en eux.
Parfois, un parent t’écrira un doux message de reconnaissance. Place-le précieusement dans ton tiroir et relis-le lorsque tu doutes.
Avec les années, tu feras ta place et on frappera à ta porte. Tu regarderas avec admiration cet élève devenu grand ! Tu auras des papillons à l’idée que cet élève a pris de son temps pour venir te saluer.
À cet instant, tu auras la certitude que tu AS FAIT la différence dans sa vie…
Karine Lamarche