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À la poursuite de mes rêves – Texte : Arianne Bouchard

Cette année, j’ai pris une résolution : croquer dans la vie à pleines dents et saisir toutes l

Cette année, j’ai pris une résolution : croquer dans la vie à pleines dents et saisir toutes les opportunités qui se présentent à moi. Je suis jeune, encore pétillante et sans enfant, et j’ai encore beaucoup de temps devant moi. J’ai donc pris la décision que je voulais vivre plein de nouvelles expériences, m’impliquer davantage et faire toujours plus de choses.

Pourquoi ? Quand j’étais plus jeune, je voulais devenir une actrice célèbre. Je voulais être riche. Bien sûr, je voulais faire les tapis rouges, faire ma Drama Queen sur les planches de Broadway et « m’amuser » toute la journée devant les caméras. Néanmoins, ce que je voulais plus que tout, c’était d’être partout à la fois. Avoir le pouvoir de le faire. Avoir la richesse et le pouvoir de m’impliquer dans la société. J’avais même commencé un projet de loi en me disant que ma notoriété m’aiderait à changer la face du monde. Oui, oui, à 10 ans, je rédigeais des projets de loi. Je me trouvais ben intelligente avec le projet que j’appelais : P.A.C.E., acronyme de Protection Animale et Conservation Environnementale. Projet que j’ai commencé en m’inspirant de la charmante Elle Woods dans Legally Blonde ! Je me disais qu’en devenant célèbre, je pourrais protéger tout et tout le monde.

Finalement, j’ai grandi, mes perspectives de carrières ont changé. Je ne suis pas devenue actrice et pour autant que je sache, je suis encore loin de la richesse ! Ce qui n’a pourtant pas changé, c’est la personne que j’étais. Je souhaite toujours faire la différence. Je souhaite toujours aider les autres.

Ironiquement, je suis devenue parajuriste ou autrement dit, le larbin des véritables juristes. Je voulais vraiment devenir avocate moi-même, mais mon parcours scolaire parsemé d’embûches pour des raisons de santé a mis un frein à mes rêves de justice. Je suis donc devenue une « presque », comme un client me l’a si gentiment rappelé une fois…

Après un an et demi à exercer dans le domaine, j’ai finalement décidé de prendre une pause. Les conditions d’emploi et l’environnement de travail ne me plaisaient plus. Je voulais un travail pour lequel j’étais appréciée à ma juste valeur. Et comme je suis arrivée par accident à mon ancien emploi, je suis arrivée par accident en assurances, pensant postuler pour un poste juridique dans la compagnie !

Les conditions de travail sont bien et pour l’heure, étonnamment, je m’y plais ! Le travail est moins stressant, les horaires sont plus flexibles et du coup : plus de temps pour moi, pour mes rêves.

Et donc, c’est comme ça que sans vraiment m’en rendre compte, je me suis mise à la poursuite de la vie dont je rêvais enfant. Les projets ont commencé à s’accumuler : essai bébé, première maison, écrire un roman, implication auprès des victimes d’agressions sexuelles et maintenant, retour aux sources : implication dans le domaine juridique.

Bref, ce que je veux dire, c’est que peu importe les chemins qu’on prend, même si des fois on a l’impression de s’égarer et que la vie n’a pas de sens : tous les chemins mènent à Rome. Il nous appartient seulement de garder en tête nos objectifs et de nous donner tous les moyens pour les atteindre.

Je ne serai jamais actrice. Je ne serai peut-être jamais riche. Je ne serai jamais partout à la fois. Cependant, je serai toujours cette jeune fille ambitieuse qui veut faire une différence et qui se donnera tous les moyens pour y parvenir.

Arianne Bouchard

Le cheminement de l’écriture d’un livre

Il y a presque quatre ans, j’ai écrit un livre après avoir fait

Il y a presque quatre ans, j’ai écrit un livre après avoir fait un rêve. Je l’ai écrit d’un seul coup. Puis, j’ai travaillé sur mon livre jusqu’à ce qu’il soit à la hauteur de mes attentes. J’ai envoyé mon manuscrit à plusieurs maisons d’édition, j’ai reçu beaucoup de commentaires positifs, mais malheureusement, ce n’était pas ce que les maisons d’édition recherchaient à ce moment. Une maison d’édition m’a fait une offre de publication, mais je devais débourser 3 000 $ et je serais remboursée par la vente de mes livres. Il est certain que je voulais accepter, mais j’étais en congé de maternité et j’allais ensuite être en congé maladie pour soigner ma dépression post-partum. Mon conjoint m’a fait comprendre que ce n’était pas le bon moment et surtout que d’après lui, nous ne devrions pas à avoir à payer pour publier un livre. J’ai refusé l’offre. Ça m’a brisé le cœur, parce que j’avais l’impression que mon rêve d’écrivain venait de s’envoler.

Pendant un an et demi, je l’ai laissé de côté, mais sans jamais l’oublier. Il était toujours dans mon cœur, comme un être cher qu’on a perdu. Puis, j’ai recommencé à relire mon livre, à corriger des fautes, à ajouter des détails ici et là. Mais ça me faisait mal de travailler sur un projet qui n’allait jamais voir le jour. Je l’ai remis de côté.

En février 2020, j’ai rencontré pour la dernière fois mon psychiatre qui m’a annoncé la nouvelle que j’attendais depuis trois ans et demi. J’ÉTAIS GUÉRIE. Je débordais d’énergie, je faisais du sport, j’étais heureuse comme jamais, je profitais de la vie. En mars, j’ai vu ma tante qui habite loin et que je n’avais pas vue depuis longtemps. Durant la soirée, nous nous sommes mises à parler de mon livre. Elle m’a demandé si elle pouvait le lire, alors je lui ai envoyé une copie. Puis la COVID a envahi nos vies. Comme je travaille dans le milieu de la santé, mon niveau de stress, d’angoisse et de peur a monté en flèche. J’ai recommencé à écrire des textes ici sur le blogue pour évacuer un peu. Puis, je me suis dit « Pourquoi ne pas profiter de ce moment à la maison pour travailler sur mon livre sérieusement ? » C’est ce que je fais depuis juin.

Je repasse chaque chapitre, chaque phrase et je modifie, j’ajoute des détails. Mais je n’ai aucune formation en littérature. Alors j’ai cherché des ateliers d’écriture, des cours pour la syntaxe et la grammaire. Rien. À cause de la COVID, tout est arrêté. Je dois avouer que je commençais à être découragée. Puis, à ma fête en octobre, ma tante m’appelle.

« Hey, va dans ton email d’auteur. » Moi, je me dis OK, pourquoi, il sert juste à envoyer mes textes au blogue Maïka. J’ouvre mon courriel et boom !

« Félicitations, vous êtes inscrite aux Masterclass de Monsieur Éric-Emmanuel Schmitt. Ce cours d’une durée d’un an vous permettra de développer votre écriture et d’écrire votre livre. »

Je crois que j’ai dû lire vingt fois le courriel avant de comprendre. Je pleurais de joie. J’ai remercié ma tante un millier de fois. Elle m’a dit :

« Lorsque tu auras gagné ton premier million, tu me rembourseras. » Nous avons ri. J’ai répondu :

« Oh non, je t’amène en voyage. »

Si ce n’est pas une marque de confiance, je ne sais pas ce que c’est.

Donc, depuis trois semaines, j’ai débuté mes cours d’écriture. Premier exercice, pfff bébé fafa. Deuxième exercice, oups un peu plus difficile. Troisième exercice, j’étais déjà prête à abandonner. Damn que ça été dur. Mais j’ai réussi. Quatrième exercice, rigolo, mais difficile. Je suis rendue là, à suivre le cinquième cours.

Mais je réalise que l’écriture est complexe. Émotionnellement difficile, autant en bonheur qu’en tristesse. Puiser au le plus profond de soi peut paraître facile pour certains et pour d’autres, c’est épeurant. L’écriture est une thérapie en soi. Je recommence mon livre à zéro et je sens qu’il sera vraiment à la hauteur de mes espérances.

D’ici là, je pourrai partager mes expériences avec mes cours et l’évolution du livre.

Cindy LB

Papa… ce papillon jaune

Il est 2 h du matin et je me réveille en sursaut parce que je viens d

Il est 2 h du matin et je me réveille en sursaut parce que je viens de te voir, papa.

À travers un rêve qui me semble si réel, je vois ton visage illuminé, ta main levée au ciel pour me saluer et un immense sourire, ce sourire si doux et communicatif.

Tu es là papa, tellement réel que je prends le temps de m’asseoir dans mon lit et d’analyser ce qui vient de se passer.

Tu es là et par la façon dont tu me regardes et me souris, j’ai l’impression que tu es bien où tu es.

J’ai l’impression que ton doux visage est encore plus serein qu’il l’était déjà dans la vie de tous les jours.

Ce sourire si sincère est encore et toujours plus présent que jamais.

Ta main levée au ciel, le même mouvement que tu me faisais avant de partir — avant de me dire au revoir… à tantôt… à bientôt…

Tu es là, papa. Mais je me réveille petit à petit et je comprends que c’était un rêve!

Parce que tu es parti, il y a deux mois jour pour jour aujourd’hui.

Parce que, il y a deux mois, j’ai perdu une partie de moi… TOI.

Il est maintenant 2 h 15, je reprends mes esprits et j’essaie de comprendre ce que tu es venu me dire, papa. Mais chose certaine, je crois que tu es venu m’apaiser.

Peut-être parce que tu sais, j’ai une grande difficulté à accepter ton départ et tu te doutes que je rumine sans cesse cette décision que nous avons prise avec les médecins, celle de te laisser partir.

Peut-être aussi parce que tu avais envie de me rassurer et de me dire que cette voie était la bonne. Que tu es bien là où tu es.

Ce sourire que tu avais dans mon imaginaire, il y a quelques minutes de cela, c’est le sourire que j’ai connu et avec qui j’ai grandi, papa. Et ce sourire ne trahit pas. Tu sembles bien et heureux.

Le lendemain, alors que j’ai raconté ce rêve, quelqu’un m’a dit que tu as choisi de passer par moi pour livrer l’annonce de ton bien‑être. Tu as décidé de me rendre visite dans mes rêves, pour nous rassurer et nous dire que tu es bien là où tu es maintenant. Et tu sais quoi, papa?!

Je n’ai aucune difficulté à croire que tu m’as choisie pour faire véhiculer le message.

Tu le sais que je suis forte, papa.

Et tu m’as choisie pour cette raison.

Tu as vécu la maladie avec nous, ta famille, mais particulièrement avec moi. Et je me souviens que malgré les journées de chimio plus difficiles, les annonces plus ardues de la part de ton oncologue ou simplement les décisions plus posées que tu avais à prendre — on réussissait toujours à rire ensemble.

Tu te souviens quand la vieille dame à côté de nous en chimio pensait que nous étions un couple?!

Je lui avais répondu « Chère madame, à moins que monsieur soit milliardaire, aucune chance qu’on soit ensemble »!

On avait ri à en « pisser dans nos shorts »!

Maintenant papa, je comprends pourquoi tu es venu me voir cette nuit.

Parce que tu sais que je peux rassurer tes proches en leur racontant notre rencontre.

Parce que j’ai été et je suis encore là pour toi.

Parce que oui papa, je suis forte.

Je le suis parce que tu me l’as enseigné.

Aujourd’hui, il y a deux mois que tu es parti, papa.

Cette nuit, tu es venu mettre un baume sur ma douleur et je t’en remercie.

Papa, continue de venir me voir.

Que ce soit le papillon jaune qui me suit quand je suis à vélo ou le vent qui caresse mon visage.

Que ce soit lorsque j’ai des choix importants à faire et que soudainement, ça devient plus clair.

Ou simplement quand je cherche mes clés le matin, en retard dans ma routine du matin et que soudainement, elles apparaissent par magie… ou par tes énergies.

Continue d’être près de moi, papa.

Tu me manques, mais je sais que tu vis à travers moi… à travers nous et surtout, à travers tous ces petits bonheurs de la vie! Cette vie qui continue.

Isabelle Nadeau

J’ai peur de me réveiller

Quand j’y repense, depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai tou

Quand j’y repense, depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours eu les mêmes buts dans la vie. Être enseignante, avoir une grande famille, vivre avec l’homme de ma vie, et par-dessus tout, être heureuse… Et chaque matin, je me réveille dans cette vie. Je comprends maintenant, plus que jamais, l’expression « être sur son X ». Parce je me tiens justement sur le mien, à deux pieds joints.

Je n’ai jamais dit que c’était facile non plus. La vie est faite de montagnes russes… Parfois, j’ai l’impression de me lancer dans le vide pour descendre au plus bas. Et d’autres fois, j’ai l’impression d’être au sommet de l’Everest, le cœur léger et la fierté au ventre. Et ces temps‑ci, c’est comme ça que je me sens…

J’ai l’impression d’avoir coché les points les plus importants sur la liste de ma vie. Et tout à coup, j’ai peur. J’ai vraiment peur. J’ai peur de me réveiller. Mon plus grand cauchemar, c’est de me réveiller dans mon lit d’adolescente, avec la peur au ventre de ne pas y arriver. Je me souviens de ces années, où la jeune femme insécure et ternie tentait de suivre le troupeau, sans faire de vagues… Aujourd’hui, je sais que je ne suis plus cette femme‑là. J’ai confiance en moi, je suis fière de ce que j’accomplis chaque jour et je suis sincèrement heureuse. Mais parfois, au fond de mon lit, j’ai peur de m’endormir et de me réveiller en arrière. Peur que tout ceci ne soit qu’un rêve. Peur que je ne sois en fait que cette adolescente qui a le mal de vivre. Peur de ne jamais vivre ce que je suis déjà en train de vivre…

Je berce mon nouveau-né dans mes bras, mon tout dernier bébé… Et j’ai peur de me réveiller demain matin, avec le sentiment que tout cela n’existait pas en fait. Je m’imagine raconter à mon mari ce rêve, dans lequel nous avions fondé une magnifique et grande famille. Je nous imagine en rire au petit matin, de ce rêve.

Parce que c’est exactement ça en fait, je vis mon propre rêve. Et j’ai peur que tout s’écroule. Peur de tout perdre. Je ne dis pas que je passe ma vie à en avoir peur non plus. Je sais bien rationnellement que tout ceci est réel et je ne vais pas vivre dans la peur chaque jour. Mais aujourd’hui, juste un instant, je vous parle de cette peur. Cette petite voix au fond de moi qui me chuchote de profiter de chaque seconde, parce que personne ne sait quand tout cela va s’arrêter.

Puis, si par malchance, un jour tout doit s’effondrer, je veux me souvenir de cet instant de perfection. L’instant présent. Celui où je suis comblée par la vie. Parce que je sais que bien des gens n’auront même jamais la chance d’effleurer ce bonheur.

Alors, je profite de chaque câlin d’enfant, de chaque berceuse, de chaque éclat de rire, de chaque matin où nous sommes enlacés… Parce qu’un jour, on ne sait pas trop quand, la fragilité de la vie nous ramènera à la réalité. Et peut-être que quand on meurt, on ne s’endort pas. Au contraire, on se réveille. La mort, au fond, ce n’est que le réveil du rêve de sa vie… Alors, aussi bien faire en sorte que ce soit le plus beau des rêves…

Joanie Fournier


On y arrive

La vie est souvent remplie de bien des doutes… Je me rappelle ma premièr

La vie est souvent remplie de bien des doutes… Je me rappelle ma première grossesse. Je flattais mon ventre arrondi en faisant tellement de promesses à ce petit être en moi. Je lui promettais qu’un jour, il/elle grandirait dans une grande maison, avec une piscine et un chien. Je lui disais qu’on prendrait le temps de mettre nos vies sur pause pour jouer et rire ensemble. J’affirmais qu’il/elle aurait la chance de vivre une enfance heureuse, avec des parents présents et aimants. Je lui promettais de toujours lui offrir le nécessaire pour combler ses besoins. À l’époque, nous étions un couple d’étudiants qui vivait dans un minuscule appartement et qui n’avait pas un sou en poche…

Puis, les années ont passé. J’aimerais dire que les diplômes se sont accrochés au mur sans effort, mais ce serait un énorme mensonge. Parce qu’obtenir son diplôme quand on est un jeune parent, c’est comme une immense course à obstacles… sur l’Everest… sans équipement… et sans préparation. On est essoufflés, fatigués, et on se demande si on va arriver au sommet. On fait des pauses souvent, on est découragés. Mais on continue d’avancer, même si on manque de souffle et que les poumons nous brûlent. Mais moi, je continuais de faire de belles promesses d’espoir à ce petit être qui grandissait en moi.

Les années ont encore passé. J’aimerais dire que ça a toujours été le bonheur parfait, mais ce serait un autre mensonge. Parce que pour arriver au bonheur, il faut obligatoirement passer par des zones grises, puis très grises, puis parfois noires. Des disputes, des dépressions, beaucoup de pression, des défaites, des échecs… et beaucoup d’apprentissages. L’avantage, quand on met le genou à terre, c’est que lorsqu’on arrive à se relever, on a les jambes plus fortes après. Et plus les jambes sont fortes, plus elles nous permettent d’aller loin.

Et puis, quand les années ont passé, on prend un moment pour regarder où on en est. Malgré les heures supplémentaires, on a réussi à se trouver des emplois qui nous rendent heureux. Et à la fin de la journée, on prend le temps de jouer et de rire ensemble. On prend le temps de voir que derrière la poussière qui s’accumule et les tas de linge qui ne finissent jamais, on a réussi à l’avoir, notre belle maison. On sait bien que malgré les courtes nuits et les longues marches, on a la chance d’avoir un gros toutou et une piscine pour se rafraîchir. On l’a tenue, cette promesse‑là.

Et puis il y a ces moments où j’entends mes enfants rire ensemble. Où l’une de mes filles vient me faire un câlin et me dit : « Je voulais juste te dire que je t’aime. » Où une autre m’offre un dessin de notre famille, où j’aperçois notre maison, le chien, chaque membre de la famille et des cœurs partout autour. Ces moments qui me confirment que nos enfants sont heureux et qu’ils savent à quel point on les aime. Je me dis que cette promesse-là aussi, on l’a tenue.

Et je sais que même si on ne roule pas sur l’or, nos enfants ne manquent de rien. Parce que même si on refuse de répondre à tous leurs petits caprices, on leur offre toujours l’essentiel. Parce qu’on sait en tant que parents, que pour rendre un enfant heureux, il ne faut pas lui donner ce qu’il demande, mais bien plus ce dont il a réellement besoin. Et pour ça, je pense qu’on y arrive.

Malgré le ménage qui est toujours à recommencer, malgré les conflits entre sœurs, malgré les horaires chargés, malgré le train-train de la vie qui va trop vite… je me dis que les promesses que j’ai faites à ce petit être il y a plus de dix ans, je suis arrivée à les tenir. Et je veux me rappeler que même si on trouve ça dur parfois, même si on manque de patience et de beaucoup de sommeil, au fond, on y arrive. Et c’est tout ce qui compte.

Joanie Fournier


Mes rêves de petite fille

Je me revois, petite fille, mes cheveux châtains tressés derrière

Je me revois, petite fille, mes cheveux châtains tressés derrière mes oreilles et mon habit de jogging rose. Déjà, j’avais trois désirs dans la vie : devenir enseignante, me marier et devenir maman. Après tout, c’est ce que je connaissais des femmes que j’admirais : ma maman, ma grand-maman, mes tantes, mes cousines plus âgées, mes enseignantes. Des femmes que je voulais imiter.

Comment aurais-je pu vouloir devenir quelque chose d’autre? C’est ce que je connaissais. C’était un rêve rassurant. Dans ce temps-là, les femmes avaient encore des choix de carrière limités et des choix de vie encore plus restreints. Rester célibataire et sans enfants n’était presque pas pensable. Je me voyais donc devant une classe pendant le jour, puis le soir, au milieu de mes nombreux enfants avec mon gentil mari.

J’ai étudié et je suis devenue enseignante. Je me suis mariée et… j’ai appris après plusieurs années d’essais que j’étais infertile. Allo la déception! J’avais l’impression que la vie se moquait de mon rêve, alors j’ai invité cette vie dans le ring de lutte. Je l’ai prise à bras le corps et je lui ai fait comprendre que ce n’était pas elle, la boss de mes rêves. Et à ceux qui m’ont dit : « Peut-être que tu n’es pas due? », j’ai répondu : « Regardez-moi bien aller ».

Examens médicaux, prisesssss de sang, échographies, prise de température tous les matins, innombrables mois d’attente. Jusqu’à une première insémination qui a fonctionné. Un bébé! Puis un autre, et encore, et encore! Quatre enfants (cinq en comptant mon bébé-jumeau-décédé-dans-mon-bedon), pour une femme infertile : on peut dire que j’ai déjoué les pronostics! J’ai gagné mon pari et mon rêve.

Notre mariage faisait des envieux, j’enseignais à l’université, et j’avais mes bébés.

Le temps passait et rendait évident le fait que mon emploi entrait en compétition avec mon choix d’être maman. Vous savez ce que c’est : on enseigne toute la journée et les seize heures restantes, on prépare les cours suivants ou on corrige suite aux cours précédents. Mes enfants étaient exigeants, dormaient peu, crisaient beaucoup. J’ai décidé de mettre de côté l’enseignement pour pouvoir avoir une vie. Pour moi, pour mon couple et pour ma famille. J’ai opté pour un emploi que j’aime tout autant, mais qui me permet de laisser ma pile de dossiers au bureau le soir. Ma décision a été payante, mes enfants sont heureux et moi aussi.

Éventuellement, j’ai aussi décidé de rompre mon mariage. J’ai vécu le rêve du p’tit-couple-bungalow-deux-voitures-dans-l’entrée, mais j’ai aussi vécu l’anti-rêve du couple qui se désintègre. J’ai préféré tourner le dos à cette union après des années à essayer d’y faire face. J’ai vécu mon rêve de petite fille, mais j’ai aussi su faire évoluer mon rêve et re-choisir le bonheur.

Par contre, mon rêve d’être entourée d’enfants, de les voir grandir, de les accompagner, de les soutenir et de les aimer contre vents et marées, ça, personne ne me l’enlèvera. Si j’avais eu à abandonner le navire, je l’aurais fait quand le quotidien avait des airs de tsunami. Et je ne l’ai pas fait. Capitaine Nathalie a gardé le gouvernail en main, et jamais je ne le lâcherai. Jamais je ne les lâcherai. Mes enfants grandissent, ils s’éloigneront au fil de leurs propres rêves et reviendront vers moi au fil de la vie qui va. Et je suis là, je serai là, et ils le savent.

Mon rôle de maman n’est ni facultatif, ni transférable, ni temporaire. C’est le rôle d’une vie, de ma vie. Ce n’est pas qu’un rêve, c’est une réalité. Merveilleuse.

Nathalie Courcy

 

Ce soir, sur le bord du feu!

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Nous sommes tous les trois sur le bord du feu. Mon beau garçon entend la belle voisine de 17 ans d’en face jouer au basket avec son frère de 15 ans. Et c’est là que la discussion sur les regrets de ma vie a commencé avec ma fille!

 

Je lui ai expliqué que dans la vie, si on ne demande pas, on n’aura jamais la vérité ou la bonne réponse. Je lui ai confié mon amour inavoué pour ce garçon au secondaire qui était dans mon autobus. Un joueur de hockey. Toutes les fois qu’il embarquait dans l’autobus, j’espérais tellement qu’il viendrait s’asseoir avec moi… Je suis même allée jusqu’à me faire acheter un manteau d’hiver pareil comme le sien en espérant qu’il me remarque. Cinq ans à prendre le même autobus. Cinq ans à espérer qu’il me regarde, me sourie.


À 15 ans, je me suis jointe à un groupe de ma ville appelé Comité Jeunesse. Ce groupe avait pour but d’organiser des activités pour les jeunes de la ville. Nous organisions entre autres des soirées 14‑18 dans le gymnase du centre communautaire. Et là, à chacune de ces soirées, comme dans l’autobus, j’espérais. J’espérais qu’il y vienne. Une fois qu’il était arrivé, j’espérais qu’il me regarde, me sourie, ou mieux, qu’il vienne me parler.


J’ai donc passé mon secondaire à espérer. À rêver chaque soir qu’un jour, il viendrait enfin vers moi. Qu’un jour, il poserait son regard sur moi. Je n’ai jamais eu l’audace de faire les premiers pas. Je n’ai jamais osé. J’ai préféré espérer. J’ai donc expliqué à mes enfants que dans la vie, quand on veut vraiment quelque chose, il faut oser et non espérer, car rien n’arrive seul. On doit foncer et accepter le refus, car des refus, ils vont en avoir dans leur vie. Je ne suis pas une fonceuse, mais une rêveuse; je voudrais donc pour mes enfants qu’ils soient fonceurs. Qu’ils aient confiance en eux. Qu’ils croient en leurs capacités. Je leur souhaite de vivre leur vie au lieu de la rêver ou de l’espérer.

 

Annie Corriveau

Ne jamais perdre espoir

Je ne sais pas c’est quoi, vraiment de faire une dépression, mais

Je ne sais pas c’est quoi, vraiment de faire une dépression, mais je pense qu’il y a quelques mois, je commençais à foncer tout droit dans le mur. Moi qui disais que ça ne pouvait jamais m’arriver et que j’étais forte, je me suis rendu compte que je perdais tous mes moyens parce que je n’avais pas le contrôle de ma vie.

Pour la première fois de ma vie, je n’avais pas le contrôle. Et ça, c’est la pire chose qu’il pouvait m’arriver. J’étais retournée aux études en rêvant d’un métier depuis tellement longtemps. Je me disais, tout le long de mon parcours, que j’allais avoir un travail en sortant de l’école. Être positif, qu’ils disaient. Et je dois avouer que je suis une fille très positive dans la vie, donc c’était facile, voire naïf, de croire que j’allais réussir rapidement et facilement.

Le diplôme obtenu, j’ai passé trois mois sans emploi. Trois mois à paniquer complètement, mais à essayer de ne pas le montrer, pour ne pas déranger.

Je n’ai jamais été aussi angoissée de toute ma vie. Le cœur qui ne coopérait plus, la tête qui ne voulait pas dormir, mais le corps qui s’épuisait, ça me faisait peur. Je me levais le matin avec l’envie de dormir. Je sortais à l’épicerie et je revenais brûlée comme si j’avais couru un marathon. Je sentais que j’étais sur le bord du précipice, mais je ne devais pas le montrer pour ne pas me faire dire : « Ben voyons Tan, t’es forte! » Je me suis rendu compte que je ne l’étais peut-être plus tant que ça et ça, ça me faisait peur.

Moi qui avais rêvé d’un métier, j’étais rendue à penser que je ne pourrais jamais le faire. Tout ça parce que ça faisait trois mois que je n’avais pas l’emploi de mes rêves… T’sais à force de tout vouloir tout de suite… C’était quoi l’idée d’aller étudier dans les médias, aussi? Je n’arrêtais pas de me demander ce que j’allais faire de ma vie. Je regardais sur les sites d’emplois et rien ne m’intéressait. Je paniquais. Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie? Plus je me posais la question, plus je sombrais dans la panique, mais je n’en parlais pas trop parce qu’encore aujourd’hui, je ne suis pas capable de mettre des mots sur ce que je ressentais.

J’étais sur le bord du précipice, pas parce que j’en faisais trop, mais parce que je ne faisais rien! C’est un peu ironique, mais j’étais la fille aux mille et un projets et là, trois mois sans rien. Vous allez me dire que ce n’est pas long trois mois, mais c’est long dans la tête d’une fille hyperactive qui doit bouger sans arrêt!

Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie? LA phrase qui m’a le plus angoissée parmi toutes celles qui existent. Mais j’ai continué à me battre, à chercher des solutions et à persévérer.

Et puis, un jour, le téléphone a sonné. J’avais une entrevue pour un emploi. Puis, deux semaines plus tard, le téléphone a sonné à nouveau et j’avais une deuxième entrevue pour un deuxième emploi!

Eh bien, j’ai accepté les deux! Et je peux vous dire maintenant que mon rêve, il se réalise pour vrai.

C’est drôle, parfois, de voir comment la vie est faite. Moi qui n’ai jamais cru au destin et à ces choses-là, je me rends compte que parfois, je n’ai pas le choix de croire que c’est bien fait, d’une certaine façon. Je me serais bien passé de l’angoisse, mais à travers tout ça, j’ai appris qu’on ne peut pas tout avoir tout de suite et qu’il faut être patient. Il faut travailler fort pour obtenir des résultats et surtout, surtout, il ne faut jamais perdre espoir. J’ai failli tout perdre, mais une petite voix me disait de ne pas abandonner.

Tania Di Sei

 

Salon du livre, salon des rêves

En Outaouais, la relâche scolaire commence toujours avec le Salon d

En Outaouais, la relâche scolaire commence toujours avec le Salon du livre. Grande fête des auteurs et des lecteurs souvent critiquée pour son aspect ouvertement commercial. Oui, mais. C’est bien plus que ça. Et cette année, le comité organisateur s’est donné à fond en planifiant un nombre record d’événements pour célébrer la culture écrite et lue.

Mais au-delà de ce débat, le Salon du livre, c’est une expérience. Intense. Un bain de foule au milieu de laquelle il faut savoir naviguer d’un kiosque à l’autre. Sans canard en caoutchouc. Foule de laquelle il faut s’enfuir avant que tous les enfants présents se passent le mot pour éclater à cause de la surstimulation sensorielle. Par contre, si vous aimez le bacon, c’est le bon moment.

Le Salon du livre m’émeut. D’abord parce que depuis deux ans, j’y ai ma place comme auteure et éditrice, comme membre d’un groupe d’écrivains (l’Association des Auteurs et Auteures de l’Outaouais) qui me donne le sentiment d’appartenir à une communauté de rêve et d’action. J’ai ma chaise, ma séance de dédicace, ma chance de parler de littérature et de ma Zoé douée au public. L’an dernier, je recevais encore des regards de jugement de la part de gens qui ne connaissaient pas la douance dont mon livre parle. Cette année, complètement différent : les lecteurs sont sensibilisés, ils comprennent que ce livre parle de vrais enfants qui sont vraiment doués intellectuellement, qui sont vraiment différents. Une victoire.

Le Salon m’émeut aussi parce que je trouve ça beau : les jeunes auteurs, à peine sortis du cégep, qui ont trouvé éditeur à leur plume; les retraités qui ont attendu toute leur vie avant de se donner le temps de réaliser leur rêve de publier et qui tiennent leur livre en chair et en papier; les lecteurs en quête d’une découverte littéraire, d’un livre inspirant à traîner en vacances, d’une signature personnalisée de leur auteur préféré. Je trouve ça beau, les parents qui bravent la foule en délire pour plonger leur progéniture dans un monde culturel, dans une langue qui veut tout dire.

Et le Salon, c’est une marée de rencontres passionnantes, de discussions qui nous entraînent jusque dans les fonds marins de nos motivations d’écrire. Parmi ces rencontres, j’ai pu discuter avec la fondatrice de l’Alliance québécoise des Éditeurs indépendants, qui m’avait accompagnée dans le démarrage de ma maison. L’inspiration faite femme, tout orientée vers la bibliodiversité. J’ai revu Tristan Demers, que j’avais interviewé quand on avait tous les deux onze ans et qu’il venait de créer Gargouille…

J’ai aussi eu la chance de revoir une des collaboratrices de Ma Famille Mon Chaos, Linda Cusson. L’automne dernier, Linda a publié le livre 6 règles d’or pour parents branchés. Une belle réussite pour elle, un outil aidant pour les parents et les éducateurs! Il fallait nous voir, plantées au milieu du Centre des Congrès, incapables de se dire au revoir. On aurait pu passer deux semaines à jaser sans épuiser la liste de sujets : nos projets d’écriture, notre vision de la parentalité, nos parcours, notre implication dans MFMC… Un coup de cœur! Je me sentais non seulement acceptée, mais surtout comprise. Soutenue.

Quand on écrit pour un blogue comme MFMC, c’est qu’à la base, on aime écrire et qu’on a des choses à partager. On n’a pas tous le rêve d’être publiés, mais on a tous des rêves. Je suis repartie du Salon du livre avec mon rêve qui criait : « GO! T’es capable! » Et aussi avec quelques livres dédicacés…

www.4etdemi.ca

http://www.parentsbranches.com/

Nathalie Courcy

À toi, l’adolescent qui rêve de devenir enseignant

Depuis que tu as mis les pieds dans une école, c’est clair pour t

Depuis que tu as mis les pieds dans une école, c’est clair pour toi : tu veux devenir enseignant. Tu rêves de transmettre ton savoir, de pallier les manques de certains élèves, de leur donner beaucoup d’amour, de sentir que tu fais la différence dans leur vie.

Certains te diront que tu choisis ce métier pour les vacances qu’il permet. Savoir que tous les étés, tu seras disponible pour tes enfants (quand tu en auras) est un avantage, assurément ! Pas de tracas aux fêtes ni à la relâche.

Tu rêves qu’un ancien élève, après quelques années, vienne frapper à ta porte pour te saluer, te remercier, te donner des nouvelles.

Des idées, tu en as pour des années d’enseignement ? Si c’est le cas, ce métier, il est pour toi ! Crois-moi, tu n’arriveras jamais à tout mettre en place. Il n’est pas rare de croiser un enseignant tout près de la retraite et qui essaie un nouveau projet dans sa classe.

Laisse-moi te parler ouvertement de cette profession qui, bien qu’elle me comble de bonheur, m’a poussée au bord du gouffre à quelques reprises. Je ne suis pas tombée, contrairement à plusieurs de mes collègues. Ça, tu dois le savoir.

Les côtés sombres

En cette semaine de relâche, je corrige. Pendant que mes filles s’amusent. C’est mon choix, le métier d’enseignant a cela d’ingrat que bien souvent, il faut empiéter sur le temps de famille.

Tu dois donc savoir et accepter que sur une base régulière, tu devras planifier, corriger, plastifier à la maison, en dehors de tes heures de travail. Si tu as de la chance, ton conjoint ou ta conjointe mettra souvent la main à la pâte ; il fera des courses pour dénicher du matériel pour ta classe, t’aidera à découper et à plastifier et parfois, te dictera les résultats de tes élèves pour te faciliter la tâche au moment de préparer les bulletins.

Les attentes envers toi seront élevées. On te confiera des enfants qui sont tous des trésors pour leurs parents, est un trésor, un être unique à part entière avec son tempérament et ses besoins. Tu n’auras pas droit à l’erreur. Il te faudra souvent justifier tes actions, parfois tes paroles.

Marcher sur des œufs devra être pour toi une seconde nature. Tu devras user de ruse pour détecter les humeurs de tes élèves et ainsi, adapter tes interventions. Pendant leur passage dans ta classe, dis-toi qu’ils vivront peut-être des épreuves dont on ne t’aura pas parlé : une séparation, le deuil d’un grand-parent, la maladie d’un proche, la perte d’un animal de compagnie… Il te faudra trouver des trucs pour que tes élèves se confient à toi, ce qui rendra tes interventions auprès d’eux plus justes et efficaces.

Malgré tout ce que tu mettras en place pour certains élèves, sache qu’il arrivera que des parents collaborent moins que tu le souhaiterais. Ne les juge pas. Tu ignores ce qu’ils traversent. Là aussi, il te faudra faire preuve d’empathie.

Il pourra t’arriver de vouloir trop en faire. Reste à l’écoute pour ne pas sombrer. Rappelle-toi qu’un enseignant sur quatre quitte la profession au cours des premières années…

Les côtés lumineux

Non seulement tu transmettras TON savoir, mais tu recevras bien plus que tu ne peux l’imaginer… Laisse-toi porter par tes élèves, par ce qu’ils te proposent. N’aie pas peur de déroger de ta planification ; il se réalisera de petits miracles.

Peu importe le milieu dans lequel tu œuvreras, il t’arrivera de devoir pallier aux manques de certains enfants. C’est ce qui rendra ton métier signifiant.

Parfois, tu offriras ta collation, ton écoute ou ton temps. Quand cela surviendra, tu auras le sentiment du devoir accompli.

Tu feras la différence dans la vie de nombreux enfants. Par ta façon d’enseigner, par ta façon de les écouter, par les valeurs que tu partageras avec eux. Parce que souvent, tu seras un modèle à leurs yeux et surtout, parce qu’ils sentiront que tu leur fais confiance, que tu crois en eux.

Parfois, un parent t’écrira un doux message de reconnaissance. Place-le précieusement dans ton tiroir et relis-le lorsque tu doutes.

Avec les années, tu feras ta place et on frappera à ta porte. Tu regarderas avec admiration cet élève devenu grand ! Tu auras des papillons à l’idée que cet élève a pris de son temps pour venir te saluer.

À cet instant, tu auras la certitude que tu AS FAIT la différence dans sa vie…

Karine Lamarche

 

À toi l’adolescent(e) qui rêve d’être policier ou policière

Premièrement, laisse-moi te dire d’entrée de jeu que c’est, selon

Premièrement, laisse-moi te dire d’entrée de jeu que c’est, selon moi, le plus beau métier du monde. J’ai la chance et le privilège de le faire depuis vingt ans. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu devenir policier. Très jeune, dès que j’avais réussi à me ramasser un gros 2 $, je courais au dépanneur pas loin de la maison pour m’acheter un faux fusil avec clé et menottes d’une qualité questionnable. Comme j’ai eu du plaisir avec ces articles qui brisaient dans les jours suivants. Aucune importance, je m’en achetais d’autres dès que j’avais un 2 $.

J’ai commencé ma carrière à l’âge de vingt-quatre ans. Quelle journée incroyable! Cette première journée à revêtir l’uniforme et à servir la population restera gravée dans ma tête toute ma vie. D’ailleurs, ma première partenaire de travail vous confirmerait que cette journée n’en était pas une habituelle. Je me suis même dit : dire qu’on me paye pour faire ce métier!

Je ne sais pas pour quelle raison tu souhaites devenir policier. Pour changer le monde, sauver des vies, porter l’uniforme, arrêter des voleurs, pour le salaire… Bref, de nombreuses raisons peuvent t’emmener à vouloir faire ce métier. Laisse-moi donc te donner un aperçu de ce qui t’attend. Et toi qui ne désires pas être policier, prends quand même le temps de voir ce que signifie être policier en 2017.

Faire le plus beau métier du monde comporte beaucoup d’avantages, mais également beaucoup de… appelons ça des défis à relever.

Commençons par les avantages :

Tu auras la chance d’aider les gens de tout plein de manières. Tu pourras même avoir la chance de pratiquer pour quelques heures d’autres métiers du genre psychologue, infirmier, médiateur, garagiste, conciliateur et j’en passe. Tu auras peut-être la chance de sauver une ou des vies. Tu seras un exemple pour les enfants qui te regarderont avec des yeux brillants. Oui, tu auras un bon salaire, mais tu verras tantôt dans les défis à relever pourquoi ton métier mérite un tel salaire. Tu aideras la société à avoir un meilleur monde plus sécuritaire. Tu pourras faire la différence dans la vie de certaines personnes. Tu feras partie d’une belle grande famille très solidaire et attachante. Tu développeras dans cette famille des amitiés qui resteront à vie. Tu auras des congés dans la semaine, ce qui te permettra de faire tes courses quand les magasins sont moins fréquentés (hahaha! oui oui, avec le temps, on s’arrange pour trouver des avantages à nos horaires). Tes vêtements de travail te seront fournis, ce qui n’est pas à négliger. La fierté de porter l’uniforme! Tu pourras prendre ta retraite un peu plus jeune que la majeure partie de la population, mais ton fonds de pension, tu ne l’auras pas volé. Oui, il arrivera même qu’un commerce t’offre un café gratuit!

Tu feras donc le plus beau métier de ce monde.

Maintenant, voici les désavantages défis à relever qui sont malheureusement nombreux :

Tu auras de grandes responsabilités et la société aura donc de très grandes attentes envers toi. Les remerciements seront très rares, mais les insultes et reproches feront partie de ton quotidien. Insulter un policier est devenu acceptable pour la société. Tu auras à travailler sur des horaires qui hypothéqueront ta santé. Jour, soir, nuit, fin de semaine, Noël, Jour de l’an, Pâques… Bref, tu travailleras souvent pendant que les autres sont en congé et en famille. À cause de cet horaire, ta vie de couple sera difficile et il faudra trouver une conjointe TRÈS compréhensive. Ce n’est pas pour rien qu’il y a beaucoup de couples de policiers. Tu manqueras quelquefois des journées importantes pour tes enfants, car tu ne pourras pas prendre congé comme tu veux. Tu devras faire des heures supplémentaires qui ne seront pas prévues et tu n’auras pas le choix. Pensez-vous qu’on peut dire à une dame qui fait le 9-1-1 parce qu’elle a été attaquée : « Désolé madame, je comprends que vous avez été victime de voies de fait, mais moi je finis dans vingt minutes et j’ai un souper important avec ma femme et mes enfants, alors pouvez-vous nous rappeler demain? »

Tu mettras ta vie en danger quotidiennement. Tu verras des horreurs que d’autres êtres humains ne pourraient supporter. Tu seras confronté à la misère humaine, à des scènes difficiles, à des gens agressifs, à des gens qui veulent mourir et à des morts, bien évidemment.

Tu devras faire appliquer les lois, dont le code de la sécurité routière. Oui oui, des contraventions, tu devras en donner, car ça fait partie de la job. Tu te développeras un genre de protection pour ne pas te laisser atteindre, car tu en entendras de toutes les couleurs en donnant des tickets. Si tu es souriant, tu es considéré comme arrogant. Si tu ne souris pas, tu es considéré comme un air bête. Tu seras considéré comme un sans-cœur, un sans-génie, et on te souhaitera les pires choses en n’hésitant pas à te traiter de cochon, porc, chien sale, trou du cul, cave, imbécile… Je vais arrêter là, car il n’y a pas beaucoup d’insultes qu’un policier n’entend pas. Tu finiras par en rire, mais pas trop, sinon tu seras considéré comme baveux.

Tu auras des heures de repas irrégulières et souvent coupées par un appel. Tu devras alors foutre ton repas aux poubelles. Quand tu voudras prendre une pause, car ton heure de repas a été annulée, attends-toi à te faire dire qu’on ne te paye pas pour prendre un café.

Tu devras prendre des décisions dans une fraction de seconde lors de certaines interventions. Par la suite, des gens prendront des semaines voire des mois pour vérifier si tu as fait la bonne chose.

OK! OK! Je vais arrêter sur les défis à relever, car quand vous regarderez ma conclusion, vous allez penser que je suis complètement fou puisque j’ai envie de vous dire que jamais, je ne changerais de métier. J’ai eu la chance de choisir le meilleur métier du monde et le mérite de réussir ce qu’il fallait pour m’y rendre. Ce métier est incomparable et l’adrénaline que certaines situations te procureront n’a pas de prix. Quelle fierté d’aider ton prochain!

Malgré tous les défis que je t’ai énumérés et les autres que tu aurais pu entendre depuis que tu rêves de devenir policier, moi je te dis : VAS-Y, FONCE. Ne te laisse pas influencer par tout ce que tu peux voir dans les médias. C’est un métier honorable et ne t’inquiète pas, il y aura aussi une petite partie de la population qui n’hésitera pas à te remercier. Il y a même une page Facebook (Soutien aux policiers Qc/Support Cops Canada) qui existe pour soutenir les policiers. De plus en plus de citoyens rejoignent ces pages et je crois qu’on s’en va dans le bon sens. Alors voilà, continue à faire ce qu’il faut pour atteindre ton but.

Au plaisir de travailler avec toi! N’hésite pas à me contacter pour me poser des questions en cas de besoin!