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Kaléidoscope : ou celle que je n’ai pas encore été… Texte : Solène Dussault

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Je me revois, petite, sous un soleil magnifique. L’exploration d’un nouvel univers se révélant à chaque tour de poignet. La découverte d’un jouet fascinant : le kaléidoscope. Une création de l’esprit ou une image véritable ? Un pur ravissement produit par un mélange de couleurs vives, de motifs flous ou définis.

Celle que j’ai toujours été : une femme formatée pour une seule mission, une seule profession. Au sortir des bancs d’école, mon diplôme fièrement acquis, le sourire accroché aux lèvres à l’entrée de ce tunnel professionnel. N’imaginant alors aucune porte de sortie, avançant d’un pas sûr et confiant vers une destination ultime, la sortie de ce long corridor : la retraite. Comme une roue qui tourne, me laisser entraîner, ne jamais remettre en question cette profession, si chère à mon cœur. Me lever, tous les matins, pour relever ce défi. Participer à de nombreux comités, partager des idées, élaborer des projets, rire, sourire, être fière. Devenir un mentor, un phare, un pilier. Celle sur qui on peut toujours compter.

Et un jour, ressentir un sentiment de lassitude, comme si ma mission avait perdu son essence, sa raison d’être. Chercher des moyens, des idées, des stratégies pour me relancer, insuffler une nouvelle énergie à ma carrière, à mes jours. Me demandant si c’est normal de me sentir comme je me sens. D’être inconfortable, de sentir que j’ai fait le tour du jardin. Un doute s’insinue dans mon esprit, comme une vipère sournoise : si c’était le début de la fin ? Impossible, ma carrière n’est pas terminée. La retraite n’a pas encore sonné pour moi !

Me fermer les yeux et mettre un cadenas sur mes envies, mon cœur. Repousser le tout sous le tapis et continuer le marathon. Espérer que le temps fera son œuvre et me redonnera des ailes. Faire de nouveaux choix, des tentatives inexplorées pour me maintenir dans ce milieu que j’ai tant souhaité. Que pourrais-je faire d’autre, après tout ? Mon baccalauréat est mon seul ancrage, ma seule espérance… Je suis devenue la somme de motifs flous, dilués, sans éclat. Je me sens éteinte, celle qui n’est plus traversée par une lumière porteuse d’espoir.

Et les pages du calendrier qui volent dans le vent déchaîné. Et cette voix, qui commence à crier plus fort. Le hurlement de celle que je ne veux plus être. Je ne veux plus revenir du travail épuisée et passer mes soirées à travailler. Je ne veux plus être celle qui fait des siestes la fin de semaine et qui n’a pas d’énergie pour partir en p’tit week-end à Québec. Je ne veux plus être celle qui poursuit ses jours parce qu’une retraite confortable l’attend au bout de sa route. Je ne veux plus être prisonnière d’une profession.

Et l’image du kaléidoscope se reflète sur ma rétine. Je dois me tracer un sillon qui m’appartient. Je dois devenir celle que je n’ai jamais été. Et la route de tous les possibles se dessine alors devant moi. Lorsqu’on ne veut plus être celle qu’on a été et que l’on veut devenir celle qui veut naître, il faut tenir le deuil par la main et l’embrasser. Oui, il y a du renoncement. Il y a tellement, tellement de vertiges aussi. La peur de ne pas y arriver. Et il y a de l’humilité qui demande à tendre la main vers de l’aide pour tracer une future voie. Découvrir en soi des trésors insoupçonnés, des ressources qui dorment, qui ne demandent qu’à jaillir dans toute leur splendeur. Rencontrer des personnes nouvelles, inspirantes, qui nourrissent des étincelles.

Je vois des images plus nettes de celle que je deviens : une femme courageuse qui s’engage vers des horizons encore inexplorés. Une femme qui tient sa boussole pour ne plus jamais perdre son nord. Avec bienveillance, j’honore les parties de moi qui sont dans l’enthousiasme total de chérir toutes ces opportunités. Je rencontre celle que je n’ai jamais été et j’ai vraiment hâte de faire un bout de chemin avec elle. Je me fais la promesse de rester bien en cohérence avec mes valeurs. Elles me permettront de voir ma vie en couleurs, sous toutes ses facettes, avec une grande fierté pour celle que je n’ai pas encore été. Droit devant !

 

Solène Dussault

À la poursuite de mes rêves – Texte : Arianne Bouchard

Cette année, j’ai pris une résolution : croquer dans la vie à pleines dents et saisir toutes l

Cette année, j’ai pris une résolution : croquer dans la vie à pleines dents et saisir toutes les opportunités qui se présentent à moi. Je suis jeune, encore pétillante et sans enfant, et j’ai encore beaucoup de temps devant moi. J’ai donc pris la décision que je voulais vivre plein de nouvelles expériences, m’impliquer davantage et faire toujours plus de choses.

Pourquoi ? Quand j’étais plus jeune, je voulais devenir une actrice célèbre. Je voulais être riche. Bien sûr, je voulais faire les tapis rouges, faire ma Drama Queen sur les planches de Broadway et « m’amuser » toute la journée devant les caméras. Néanmoins, ce que je voulais plus que tout, c’était d’être partout à la fois. Avoir le pouvoir de le faire. Avoir la richesse et le pouvoir de m’impliquer dans la société. J’avais même commencé un projet de loi en me disant que ma notoriété m’aiderait à changer la face du monde. Oui, oui, à 10 ans, je rédigeais des projets de loi. Je me trouvais ben intelligente avec le projet que j’appelais : P.A.C.E., acronyme de Protection Animale et Conservation Environnementale. Projet que j’ai commencé en m’inspirant de la charmante Elle Woods dans Legally Blonde ! Je me disais qu’en devenant célèbre, je pourrais protéger tout et tout le monde.

Finalement, j’ai grandi, mes perspectives de carrières ont changé. Je ne suis pas devenue actrice et pour autant que je sache, je suis encore loin de la richesse ! Ce qui n’a pourtant pas changé, c’est la personne que j’étais. Je souhaite toujours faire la différence. Je souhaite toujours aider les autres.

Ironiquement, je suis devenue parajuriste ou autrement dit, le larbin des véritables juristes. Je voulais vraiment devenir avocate moi-même, mais mon parcours scolaire parsemé d’embûches pour des raisons de santé a mis un frein à mes rêves de justice. Je suis donc devenue une « presque », comme un client me l’a si gentiment rappelé une fois…

Après un an et demi à exercer dans le domaine, j’ai finalement décidé de prendre une pause. Les conditions d’emploi et l’environnement de travail ne me plaisaient plus. Je voulais un travail pour lequel j’étais appréciée à ma juste valeur. Et comme je suis arrivée par accident à mon ancien emploi, je suis arrivée par accident en assurances, pensant postuler pour un poste juridique dans la compagnie !

Les conditions de travail sont bien et pour l’heure, étonnamment, je m’y plais ! Le travail est moins stressant, les horaires sont plus flexibles et du coup : plus de temps pour moi, pour mes rêves.

Et donc, c’est comme ça que sans vraiment m’en rendre compte, je me suis mise à la poursuite de la vie dont je rêvais enfant. Les projets ont commencé à s’accumuler : essai bébé, première maison, écrire un roman, implication auprès des victimes d’agressions sexuelles et maintenant, retour aux sources : implication dans le domaine juridique.

Bref, ce que je veux dire, c’est que peu importe les chemins qu’on prend, même si des fois on a l’impression de s’égarer et que la vie n’a pas de sens : tous les chemins mènent à Rome. Il nous appartient seulement de garder en tête nos objectifs et de nous donner tous les moyens pour les atteindre.

Je ne serai jamais actrice. Je ne serai peut-être jamais riche. Je ne serai jamais partout à la fois. Cependant, je serai toujours cette jeune fille ambitieuse qui veut faire une différence et qui se donnera tous les moyens pour y parvenir.

Arianne Bouchard

Nouvelle étape, la suite — Texte : Annick Gosselin

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Le premier soir, lorsque je suis arrivée de travailler, je me suis penchée pour lui donner un bisou et il a attrapé le balai, oui ! Oui ! Le balai ! Il m’a donné un bon coup avec le manche dans le front ! Tout un accueil !

Il était habitué que j’aille le chercher chaque soir. Non seulement je n’étais pas allée le chercher, mais en plus, je n’étais pas à la maison. Ça n’avait plus aucun sens dans sa petite tête de petit bonhomme de trois ans.

Depuis, il s’est écoulé trois semaines. Je réussis à l’approcher, à lui voler un bisou à la sauvette. Mais il me repousse la majorité du temps. Rien ne m’avait préparée à cela.

Je sais que c’est passager, mais c’est plus difficile que je ne le croyais, surtout que ça faisait trois ans que je le cajolais chaque jour. J’étais sa source de réconfort. Maintenant, il me repousse.

Ça va passer, il va s’adapter. Mais pour l’instant, mon réservoir de câlins de mon petit homme est complètement à sec et mon cœur de maman trouve cela difficile.

Je sais que pour lui, c’est tout un changement. Et c’est sa manière de me dire qu’il proteste. Mais nous allons doucement nous adapter à cette nouvelle vie. Qui, j’espère, ne laissera pas trop de cicatrices.

Une chance, il a un excellent papa. J’adore mon nouveau travail où je m’épanouis vraiment. Je rentre le soir en ayant hâte de voir ma famille, je suis calme et heureuse. Cela fait en sorte que je culpabilise moins de rendre mon petit bout de chou triste. Je sais que le temps arrange tout. Il en sera ainsi pour mon petit homme et moi.

Annick Gosselin

Une nouvelle étape — Texte : Annick Gosselin

Quelle mère ne s’est pas sentie déchirée à l’idée de retourner au travail après son congé

Quelle mère ne s’est pas sentie déchirée à l’idée de retourner au travail après son congé de maternité ? C’est la quatrième fois que cela m’arrive et c’est chaque fois le même sentiment : mi-nostalgique/mi-heureuse.

Ce retour est différent des autres. J’ai eu l’immense privilège de rester avec mon petit homme trois ans. Trois magnifiques années à pouvoir lui donner un bisou, un câlin, sentir son odeur quand j’en avais envie ou à pouvoir remplir son petit réservoir d’amour lorsqu’il me tendait les bras. Je suis pleinement reconnaissante d’avoir été celle qui était témoin de ses grandes premières.

Malgré ces grands bonheurs, j’avoue que le travail m’a manqué, surtout ces derniers mois. Le besoin d’échanger avec des adultes, de m’accomplir professionnellement et d’être stimulée intellectuellement s’est fait sentir. Je suis donc très heureuse de reprendre le travail, surtout que cette pause m’a permis de réorienter ma carrière.

Fiston a quant à lui débuté la garderie depuis quelques mois déjà. Il a une éducatrice extraordinaire qui s’occupe de lui et l’aime autant que moi. Son petit réservoir continuera de se remplir d’amour. Il adore jouer avec ses amis et il fait de belles activités chaque jour, et cela me remplit de bonheur. Sa vie de petit homme en dehors de sa famille est bien débutée.

L’adaptation sera probablement plus difficile pour moi que pour lui. Généralement, les enfants s’adaptent beaucoup mieux que les adultes. Mais le fait d’occuper un emploi que j’aime et de savoir que mon fils est heureux aidera grandement à ce que la transition se fasse en douceur.

Comme toute maman qui retourne travailler avec un enfant en plus à sa charge, j’appréhende un peu ce retour et je me demande comment j’arriverai à tout faire. Certes, il faudra une période d’ajustement pour toute la famille, mais au bout d’un mois, ça ne paraîtra plus. Nous aurons une nouvelle routine, dans laquelle chacun naviguera avec aisance.

Annick Gosselin

Encore la « maudite » grève des CPE – Texte: Kim Boisvert

Oui. Encore. Mais je ne suis pas tannée de devoir avoir mes minis avec moi pendant qu’éducateurs

Oui. Encore. Mais je ne suis pas tannée de devoir avoir mes minis avec moi pendant qu’éducateurs-trices crient haut et fort leurs demandes pour de meilleures conditions.

Nope, ça m’tanne pas, ça. Ce qui me tanne, c’est d’entendre ou de lire les commentaires de gens qui disent des horreurs du genre : « Elles le savaient quand elles ont donné leur CV. »

Ou bien le dernier qui m’a fait perdre des cheveux : « T’es gardienne, tu pensais gagner quoi ? Fais comme tout le monde et change de métier si ça te va pas ou garde en d’sourrrr d’la table pis mets-toi sur le B.S. » Oui, un vrai commentaire déposé sous une publication Facebook. J’pense que j’ai roulé les yeux tellement fort que mon cerveau a voulu m’quitter.

Le mouvement « Valorisons ma profession » est plus qu’important.

Si t’as des enfants qui vont au service de garde, tu dois appuyer ce mouvement.

Si t’as des enfants qui sont allés au service de garde, tu dois appuyer ce mouvement.

Si t’as des enfants, tu dois appuyer ce mouvement.

Si tu connais mes enfants, tu dois appuyer ce mouvement.

Si t’es humain, tu dois appuyer ce mouvement.

Parce que 40 h+ par semaine, ces éducateurs. trices élèvent et forgent la relève, la société de demain.

J’ai la chance d’avoir des éducatrices exceptionnelles pour mes jumelles et un milieu de garde carrément incroyable. Y’a pas une journée où je ne remercie pas le ciel pour ces humains et humaines en qui j’ai 100 % confiance. On dit qu’être parent ça s’apprend. On ne naît pas parents, on le devient à grands coups de pleurs et d’échecs et de remise en question. Constamment. Et on a de la chance d’avoir des gens pour qui ÇA, ces moments, c’est leur quotidien. En fait, ce n’est pas de la chance, ces professionnels de l’éducation à l’enfance sont formés pour s’occuper de nos minis. Mais aussi ils font un soutien parental supra-chiant. Et ça, c’est le bout où leur patience doit être mise à l’épreuve.

Ils et elles gèrent des conflits, des étapes de vie, des émotions, des séparations, des gastros et d’autres bobos, et surtout, sans eux, personne ne pourrait travailler.

Elles/ils ne sont pas là QUE pour nos enfants. Leur présence nous est toute aussi essentielle, pour tous les parents qui ne peuvent pas ou ne font pas le choix de rester à la maison.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais jamais pu passer au travers d’un processus au tribunal pour agression sexuelle. Que j’ai gagné.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais jamais pu passer au travers de ma séparation du papa quand elles étaient bébés.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais jamais pu gagner assez de sous pour vivre.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais pas pu prendre soin de ma santé mentale.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je ne serais jamais passé au travers de l’étape de la propreté avec autant de bienveillance.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais pas entendu les mots « Voyons, Maman, les filles sont bien ici, va te reposer, tout va bien. »

Ces mots qu’on m’a dits alors que je sortais de la garderie en pleurant. Parce que j’étais dépassée. Parce que j’avais pas dormi de la nuit pour mon nombril à moi et que je n’arrivais pas à prendre le dessus. Alors que les idées noires m’envahissaient, on validait que ça irait bien.

Parce qu’avec leur soutien, leur présence et leur travail, on le sait que nos enfants vont bien aller. Et nous aussi.

Si t’es humain, tu dois appuyer ce mouvement. Une bataille à la fois, mais soyons solidaires. Même si on doit jongler. Même si on manque du boulot. Même si, même si. Je comprends, je l’entends, mais c’est le temps qu’eux et elles aussi soient entendu. e. s.

#valorisezleurprofession

#yapasdenoussanseux

**** Mention spéciale aux éducatrices de mes minis, ces femmes d’exception à qui je lève mon chapeau chaque fois que je me couche en me disant que la journée a été longue. Sans vous, je ne serais pas là. Y’a pas assez de bulles sur la terre pour vous célébrer.

 

Kim Boisvert

 

L’éducation, une priorité! Texte : Annie Corriveau

Ça fait un bout que je n’ai pas écrit car je me suis lancé de t

Ça fait un bout que je n’ai pas écrit car je me suis lancé de très gros défis depuis l’an passé. En fait, d’énormes défis et surtout en temps de pandémie. J’ai 47 ans, maman de deux magnifiques et adorables (et non, ce n’est pas sarcastique) ados. Des ados résilients, agréables et tellement beaux ! Donc, maman à temps plein puisque papa est décédé il y a 9 ans. J’ai travaillé pendant 25 ans comme croupière au Casino de Montréal. Un travail qui paraît facile et agréable, mais qui est très difficile sur le corps, surtout le cou et les membres supérieurs. Étant blessée, j’ai cherché à me réorienter, à me trouver une nouvelle carrière.

C’est sous les conseils de plusieurs amis proches que j’ai décidé de retourner à l’université en enseignement. Comme j’ai un baccalauréat en Études françaises, je n’ai pas eu de difficultés à me trouver de la suppléance. Au début de l’année scolaire, alors que je distribuais de CV dans le but de faire de la suppléance à nouveau, on m’a offert un contrat en enseignement du français au secondaire. J’avais d’ailleurs fait un cours en français langue d’enseignement, et c’est vraiment vers cette avenue que je voulais me tourner. J’ai donc accepté le contrat sans même savoir dans quel bateau je sautais… et laissez-moi vous dire que c’est tout un bateau ! Un bateau qui n’arrête jamais. La planification, la correction, la gestion de conflits, de classe, le matériel, les messages TEAMS à 21 heures. Ça n’arrête jamais. J’ai accepté le contrat sans même connaître le salaire. Et je peux vous dire que pour la charge de travail, je suis du cheap labour pour notre beau gouvernement.

J’adore ce que je fais maintenant, j’adore mes élèves, la matière, ma merveilleuse équipe-école qui m’a encadrée et soutenue. J’aspire même à être acceptée à la maîtrise qualifiante en enseignement du français au secondaire dans le but de parfaire mes connaissances, mes techniques, ma pédagogie. Mais sérieusement, l’enseignement est vraiment malade au Québec.

Oui, c’est vrai, ils engagent des personnes comme moi qui ne sont pas qualifiées. Des personnes qui partent de zéro et qui doivent s’adapter, apprendre à gérer les élèves, leurs nombreux plans d’intervention, leurs particularités. Qui doivent communiquer avec des parents qui les blâment pour les problèmes de leurs enfants, qui trouvent que l’école n’offre pas assez de services, qui ne s’impliquent pas, qui ne répondent pas à leurs nombreux courriels. Mais en ce moment, les directions d’école ne peuvent pas faire autrement. Le manque de personnel est tellement grand et ceux qui restent sont à bout de souffle.

Aujourd’hui, les profs réclament haut et fort de l’aide. De l’aide pour offrir plus de ressources à nos enfants, à VOS enfants. Pour avoir plus de soutien, plus de services car sérieusement, je ne savais pas qu’un élève pouvait nécessiter à lui seul autant de ressources et d’attention. Les profs réclament le même salaire que dans les autres provinces canadiennes. Si vraiment vous saviez combien gagne un prof en début de carrière, vous comprendriez probablement chaque minute de revendication des professeurs.

Ah oui, c’est vrai, je vais avoir deux mois de vacances cet été. Oui, deux mois à me refaire une santé, à me reposer de mon année mouvementée, sans pause, sans congé et en temps de COVID en plus ! Je veux continuer dans ce domaine car je réalise que j’y suis vraiment à ma place. J’ai l’avenir d’une soixantaine d’ados entre mes mains et je trouve ça stimulant, captivant, enrichissant. Quand j’entends les parents se plaindre parce que les profs font un débrayage de nuit ou de fin de journée afin de se faire entendre auprès du gouvernement pour l’avenir de LEUR enfant, ça vient me chercher. L’école est un endroit où l’on enseigne, où l’on encadre, où l’on dirige, et non où l’on garde les jeunes. Les profs essaient, en ce moment, de se faire entendre par tous les moyens avec le moins d’impact sur l’année scolaire de leurs élèves. Non, ce n’est pas un geste égoïste de la part de profs et oui, les élèves ont manqué une moitié d’année scolaire l’an passé, mais s’il vous plaît, appuyez-nous ! C’est pour le bien de VOS enfants !

Annie Corriveau

Quand les travailleurs essentiels se rencontrent- Texte : Karine Lamarche

Se sentir privilégiée. De faire partie des travailleurs jugés ess

Se sentir privilégiée. De faire partie des travailleurs jugés essentiels, d’habiter un pays fortuné où la lutte à la pandémie est devenue une priorité.

Franchir les portes d’un centre de vaccination le cœur rempli d’espoir et de gratitude.

S’entretenir avec des dizaines de travailleurs de la santé. Savoir que depuis des mois, ils sont à bout de souffle.

Ressentir une joie immense en m’assoyant près de l’infirmière. Échanger un regard brillant, entendre toute sa reconnaissance envers les gens du milieu scolaire. 💕 Oublier la piqûre. 😉

Quitter le centre le cœur léger.

Espérer que rapidement, tous puissent traverser les mêmes étapes que moi et qu’enfin, la vie puisse reprendre son cours. 🙏

Karine Lamarche
Enseignante

Le prix de la liberté (ou : Mais pourquoi donc travailler?) – Texte : Nathalie Courcy

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? P

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? Pas nécessaire, t’sais ! Tu es logée, nourrie, habillée, transportée, éduquée. Tu as même des REEE engrangés pour payer tes prochaines années d’études, don généreux de tes parents si aimants (et si parfaits… awèye, avoue !) Qu’est-ce qui pourrait bien te motiver à utiliser tes précieux temps libres pour travailler au salaire minimum et te faire possiblement suer à répondre à la caisse à des clients pas tout le temps fins-fins ?

Tu as un bon point. Mais moi j’en ai sept ! Pis 7, ben, c’est un chiffre parfait. Faque, j’ai raison.

  1. Tu as le goût de t’acheter (cocher les cases appropriées):

a) Des bonbons trop sucrés, pas full recommandés par ton dentiste et ta mère grano.

b) Des vêtements à la mode qui coûtent un bras pis la peau des deux.

c) Du maquillage, de la teinture, tout ce qui ne rentre pas officiellement dans la catégorie « Essentiels de l’hygiène corporelle ou mentale ».

d) Un voyage quelque part (ça c’est cool, parce que la pandémie te donne plus de temps pour économiser !)

e) Un ordinateur ou une machine à coudre ou un char ou… n’importe quelle bébelle électrique ou à moteur qui ne fait pas partie du budget familial.

   2. Tu as des ambitions d’études, de carrière ou de vie qui t’amèneront (trop vite à mon goût) à vivre loin du cocon familial. Je veux bien t’aider, mais je ne suis pas prête à payer deux hypothèques pendant vingt ans.

   3. Ton vécu dans la famille et à l’école t’a permis de prendre beaucoup de maturité et d’autonomie depuis près de 18 ans. Mais là, c’est le temps de passer au niveau suivant d’un jeu nommé Reality Check. Ça se joue comme Mario Bross, sauf que les pièces de monnaie ne s’attrapent pas en faisant des acrobaties dans les airs (et tu ne peux pas t’amuser à perdre des vies… tu tomberais direct Game Over si tu sautais dans le vide, faque essaye pas). Et je te jure que quand tu TE trouveras, tu crieras VICTOIRE ben plus fort que quand Mario trouve la princesse.

   4. Je me doute que ton but dans la vie n’est pas de passer des codes-barres au-dessus d’une machine qui fait des BIP stridents mille fois par jour ou de faire des crèmes glacées enrobées dans le chocolat à l’érable version cabane à sucre saupoudré de sparkles Il n’y a pas de sots métiers, c’est ce que ma prof d’Éducation au Choix de Carrière (ECC, pour les vieux de ma trempe) disait, et je suis d’accord. Mais je te connais, tu as une vision plus… visionnaire ? Pendant que tu fais tes heures, un, tu ne te mets pas dans le trouble (dans une ancienne vie dans la capitale québécoise, on disait que le travail et les cadets sortaient les jeunes du Carré d’Youville et les empêchaient de devenir des poteux… dire que maintenant, c’est légal !!) et deux, tu apprends. Mais ma foi du bon Dieu, qu’est-ce que tu apprends donc ? Deux ou trois notions pertinentes, du genre la politesse, l’effort, la ponctualité, l’esprit d’équipe, l’adaptation aux imprévus, le respect, la valeur des choses et du temps, l’organisation. Et plein d’autres belles valeurs quétaines dont tu découvriras l’importance à un âge vénérable comme le mien.

   5. Que dire des lignes que tu ajoutes dans ton CV ! À 16 ans, on peut se permettre de n’avoir que des expériences de gardiennage et de bénévolat dans son CV. Mais à 26, c’est moins hot. Ça prend des références. Ça prend des compétences en plus des diplômes. Ça prend des preuves que tu peux être une bonne employée, ou une bonne employeuse. Ou une bonne ce que tu voudras être. Ça prend aussi de l’expérience d’entretien d’embauche, parce qu’entre toi et moi, se présenter en entrevue peut être aussi agréable que d’essayer des maillots de bain dans une boutique où tous les miroirs sont en dehors des cabines d’essayage.

   6. Et puis oui, ça prend de l’argent. Mauvaise nouvelle, hein ! Les choses ont un prix. Je ne veux pas t’écœurer, mais la vie coûte cher, même pour ceux qui font du 0 déchet minimaliste tirant sur la simplicité volontaire. C’est en gérant ton propre budget que tu apprendras que le montant qui sort de ton compte doit toujours être moins élevé que ce qui y entre. Maths de base, 1reannée du primaire. Avec le temps, tu continueras à comprendre les mystères des taxes, des rabais, des factures et des T4, la joie de faire tes impôts et la nécessité de payer tes cartes de crédit avant la date limite.

   7. Un jour, tu verras dans ton compte le nombre magique que tu attendais depuis un bon bout. Celui dont tu rêvais, celui pour lequel tu travaillais si fort. Tu verras le montant qui te permettra de t’acheter ce qui te donnera encore plus l’impression d’être une jeune femme autonome. Ce sera à toi, comme aucun vêtement ni aucun objet que j’ai pu t’acheter depuis ta naissance. (Je me souviens encore de la radiocassette avec deux haut-parleurs intégrés que je m’étais achetée « dans le temps »… 130 beaux dollars bien économisés. Ihhhh ! Que je me sentais grande !) Cette journée-là, peut-être que tu seras reconnaissante que je t’aie un peu botté les fesses pour que tu te trouves un emploi.

Mais ma grande, j’y pense. Je t’ai souvent dit que nos enfants ne nous appartiennent pas et que la plus belle valeur que je peux vous transmettre, c’est la liberté. Mais pas n’importe laquelle. Une liberté responsable et assumée. L’argent n’achète pas tout, bien sûr. Mais l’argent bien géré aide à atteindre ce type de liberté. Et c’est ce que je te souhaite.

P.S. Tu te souviens, hein, de ce qui est écrit en mini caractères dans notre contrat mère-fille ? Quand tu seras riche, tu m’amèneras faire un tour de machine au soleil et tu me payeras la crème glacée. Je vais prendre celle aux mangues avec enrobage de chocolat blanc. S’il te plaît.

Nathalie Courcy

Arrête, fille : Texte : Kim Boisvert

Arrête.

Arrête, fille, de vou

Arrête.

Arrête, fille, de vouloir montrer que tu vas y arriver. Parce que tu vas y arriver, mais clairement pas là. Pas si tu continues comme ça. Tu brûles la chandelle par les deux bouts.

Arrête, fille, de penser que tu vas tout perdre. Parce que même si tu perds tout, tu vas gagner bien mieux. Who cares de ton CV parfait si t’as le cœur à la mauvaise place ? Écoute‑toi. Si tu fais des recherches d’emploi pour un salaire et non une qualité de vie, c’est que t’es définitivement pas centrée sur l’important : TOI. Ton bonheur. Je t’entends me dire que tu as des p’tits à faire manger. Mais le salaire que t’as n’est rien si tu leur lances leur assiette par la tête le soir parce que t’es frustrée. Si le 8 à 5, ce n’est pas pour toi, y’a plein d’options possibles ! Arrête de douter de toi pis fonce.

Arrête, fille, avec ta fierté de fier pet. On s’en claque que tu aies à mettre les deux genoux à terre. Ça t’va bien d’être sur le stop un peu. T’es étourdissante quand tu tournes en rond dans les bulles.

Arrête, fille, de penser que les gens vont penser X alors que tu penses Y, pis laisse-les donc penser ce qu’ils veulent bien. T’as déjà ta tête à gérer. Toi, tu penses à quoi, là maintenant ? C’est ça qui faut que tu changes. Maurice peut ben penser ce qu’il veut. Ça lui appartient et il n’est pas dans tes bottines.

Arrête, fille, de pas t’arrêter. Laisse ton orgueil de côté pis vas-y dans le freestyle.

Allez, arrête.

Kim Boisvert

Nouveau départ

J’ai toujours voulu tout lâcher, recommencer à zéro. Pourtant,

J’ai toujours voulu tout lâcher, recommencer à zéro. Pourtant, chaque fois, je redescendais sur terre. Je ne peux pas faire ça, j’ai un loyer et des comptes à payer. J’ai un bon emploi, je suis syndiquée et j’ai un bon fonds de pension en plus.

Non, non, non. Suffit les rêveries et retour à la routine.

Un jour, mon conjoint se fait offrir un poste pour une ville en Abitibi à plus de sept heures de route de ma famille, de ma ville et de mes amis. C’est maintenant ou jamais. Est-ce que j’ose tout lâcher pour tenter la grande aventure ? Let’s go.

Le lendemain, je donne mes deux semaines de préavis et la fin de semaine d’après, nous descendons en Abitibi pour visiter des logements. Ç’a beau être une ville, ce n’est vraiment pas comme Montréal. La semaine d’après, nous déménagions. Parfois pour oser faire face au changement, il vaut mieux appliquer la méthode du pansement et tout arracher d’un coup.

J’ai pleuré souvent, je me suis sentie loin. Quand on fonce, c’est normal d’avoir la chienne. Seule avec mon amoureux dans une nouvelle ville, pas d’amis, sans repères, sans emploi et avec les comptes qui s’accumulaient. J’ai postulé à quelques endroits, rencontré quelques personnes. Je ne vous cacherai pas que les débuts ont été durs.

Malgré tout, je ne regrette rien. J’ai moins d’amis qu’à Montréal mais ici, la communauté est ton amie. J’ai pu progresser dans ma carrière et j’ai pu obtenir des emplois que je n’aurais jamais eu l’occasion d’avoir à Montréal. J’ai enfin réussi à faire pousser mes tournesols, que je plante chaque été en faisant un souhait avec chaque graine.

Ici, la nature est partout et mon niveau d’anxiété a diminué significativement. Parfois, ça vaut la peine de se faire peur, d’oser tout quitter et de recommencer ailleurs. Il faut croire en ses projets et ne pas arrêter pendant les phases difficiles. C’est le plus beau cadeau que j’ai pu me faire. J’ai peut-être perdu mon ancienneté dans un emploi bien rémunéré, mais j’ai investi dans ma santé, mon bonheur et dans mon fonds de pension spirituel.

Ce n’est pas tous les jours facile. J’apprends encore un peu plus sur moi avec le temps qui passe.

À toi qui penses souvent à tout lâcher. À toi qui es tanné de ton quotidien. À toi qui veux voir du pays ou revoir tes priorités. À toi qui veux commencer un nouveau projet.

Je te dis : FONCE ! Tu ne regretteras pas. Fais de toi et de tes rêves une priorité. Que ce soit de partir un blogue, écrire un livre, faire un album, déménager ou bien changer de carrière, tu n’as rien à perdre et tout à gagner.

Tu ne perds jamais au change quand tu décides de miser sur toi.

Et toi, à quoi rêves-tu ? Quel est ton plan ?

Et surtout, comme dirait Yan Thériault du Daily Buffer Podcast, qu’avez‑vous fait aujourd’hui pour faire avancer votre projet ?

Anouk Carmel-Pelosse

 

Parce qu’on ne vous le dit pas assez !

On est en plein cœur de la tempête. Les pires jours restent à ven

On est en plein cœur de la tempête. Les pires jours restent à venir et nous ne savons vraiment pas quand tout ça va se terminer. Plus les jours avancent et plus le nombre de cas grandit. Ça nous angoisse tous. Chaque jour, nous sommes tous rivés sur nos téléviseurs à 13 heures pour écouter notre premier ministre nous peindre le portrait des dernières 24 heures. M. Legault le dit régulièrement, mais aujourd’hui, c’est à notre tour de vous le dire.

MERCI, MERCI, MERCI ! Merci à tous ceux qui sont là pour veiller sur nous, pour nous protéger, pour nous nourrir et nous ravitailler, pour s’occuper des enfants de nos travailleurs des services essentiels. Merci à vous travailleurs de la santé qui risquez vos vies chaque jour pour vous occuper de nos malades. Vous qui voyez la bibitte nous attaquer de très près. Vous qui voyez l’ampleur de la situation. Sur les réseaux sociaux, je vois plein de statuts de médecins et d’infirmières à bout de souffle, qui donnent tous le meilleur d’eux-mêmes pour vaincre ce danger qui nous guette et qui se propage à une vitesse fulgurante.

Merci à vous qui travaillez dans les épiceries, pharmacies, SAQ, restos, stations-services et dépanneurs et qui devez composer avec le mauvais côté humain du « Ouin, mais moé, j’ai le dwa ! ». Se chicaner avec les gens pour qu’ils respectent la quantité limitée des denrées qu’ils veulent se procurer. Devoir expliquer aux gens que les paiements ne se font que par carte contact et non en comptant. Qui voient des gens se lécher les doigts pour sortir un billet de leur porte-monnaie et qui doivent encore et encore expliquer. J’ai même vu sur les réseaux sociaux un monsieur qui a craché sur ses billets avant de les donner à la caissière. Quand on vous dit dans les épiceries de ne pas trop manipuler les emballages, les fruits et légumes, ce n’est pas pour vous faire la leçon, mais pour vous PROTÉGER. Ce virus se transmet à une vitesse folle et survit pendant des heures et des jours sur les emballages et surfaces.

Et que dire de nos camionneurs ! Merci à nos camionneurs qui en voient eux aussi de toutes les couleurs. Saviez-vous qu’il y a des autopatrouilles à chaque sortie d’autoroute sur les grands axes en ce moment pour s’assurer qu’aucun de nos camions ne subit des attaques ? Ben oui, on en est rendus là ! C’est tellement rendu pathétique.

À vous, policiers, pompiers, ambulanciers, répartiteurs des services d’urgence. Vous qui intervenez en première ligne. Vous qui devez aller expliquer aux gens que les rassemblements sont interdits, qu’il faut se plier aux lois. Vous qui devez manipuler les gens atteints, les gens malades sans savoir quel mal les a atteints. Vous qui voyez le pire chez l’humain. MERCI, MERCI, MERCI.

À vous éducateurs, éducatrices qui prennent soin des petits loups qui ne comprennent pas que papa et maman doivent aller travailler, qu’ils reviennent épuisés, fatigués, irrités alors que la majeure partie de la population est confinée à la maison. Vous qui devez occuper ces petits loups qui vivent avec l’angoisse des parents de ramener cette bibitte à la maison. Qui voient maman ou papa pleurer tellement ils sont épuisés.

Alors à vous tous qui devez sortir tous les jours pour vous occuper du bien de notre société, à vous tous qui voyez et qui entendez ces gens se plaindre qu’ils doivent rester confinés dans la sécurité et le confort de leur foyer alors que vous-mêmes préféreriez probablement faire la même chose avec votre famille, nous vous disons tous un GROS MERCI !

Je ne sors pas beaucoup de chez moi, je vais faire les emplettes nécessaires pour ma famille, mais à chaque sortie, je n’oublie surtout pas de remercier chaque travailleur que je croise sur mon chemin et de lui offrir le plus beau des cadeaux, UN SOURIRE ! N’oubliez pas que s’il ne reste plus votre sorte de pain ou de lait à l’épicerie, ce n’est pas de la faute de la caissière. Si elle vous dit que c’est une caisse de bouteilles d’eau par personne, ce n’est pas de la faute de la caissière ; s’il ne reste plus votre sorte de vin favori à la SAQ, ce n’est pas la faute de la personne à la caisse. Au lieu de sortir votre mauvais caractère, sortez votre plus beau sourire et dites-leur MERCI, car eux aussi préféreraient sûrement rester en sécurité avec leur famille.

En travaillant en société, on va s’en sortir sans sortir… ÇA VA BIEN ALLER ! 🌈

Annie Corriveau