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Ode à toi, mon facteur…

Tu en as bravé des tempêtes ! Les intempéries ne t’ont jamais

Tu en as bravé des tempêtes ! Les intempéries ne t’ont jamais fait peur. Cette fois, ton ennemi est microscopique.

Pourtant, depuis le début, tu n’as jamais cessé ton travail. Tu as poursuivi ta mission : faire le pont entre l’émetteur et le destinataire.

Sans te poser de questions. Sans protection.

Ton travail est essentiel ! Au cours des prochaines semaines, il deviendra vital. Tu seras notre unique lien avec le monde.

Tu permettras aux gens de demeurer à la maison, en sécurité.

Tu seras celui (ou celle) qui sera porteur de denrées, de chèques…

Grâce à toi, on pourra garder espoir.

Cher facteur, merci d’être là !

Karine Lamarche

 

Ode à tous les travailleurs

Je le sais…

Mars 2020, vendre

Je le sais…

Mars 2020, vendredi 13. Les écoles ferment. L’état d’alerte est envoyé à travers le Canada. Le monde entier est paralysé. La pandémie a pris le dessus sur nos habitudes de vie.

C’est avec la peur au ventre que toi, tu te lèves tous les jours pour aller travailler. Tu as jugé nécessaire de contribuer au bien-être de la société. Tu t’exposes au danger pour exercer ton devoir de citoyen. Pour subvenir aux besoins de ta famille. Pour aider ton employeur à garder le cap sur son chantier. Pour approvisionner la population. Pour soigner les malades. Pour garder les enfants de ces gens qui s’exposent tous les jours. Pour répondre aux appels d’urgences. Pour reporter tous les rendez-vous planifiés dans divers services. Pour aider, tout simplement.

Je le sais que tous les matins, ça te tiraille par en‑dedans. Que toi aussi, tu aimerais rester chez toi, à l’abri de ce foutu virus. Suivre les nouvelles, profiter du temps de repos exigé avec ton enfant. Respirer. Loin du danger. Mais ta réalité est tout autre. Tu y vas une journée à la fois. Une heure à la fois.

Je le sais que tous les matins où tu déposes ton enfant dans un service de garde d’urgence, tu le fais à contrecœur. Que lorsque tu quittes la maison, tu te fais rassurant, en disant que tu prends toutes les précautions nécessaires. Mais je le sais aussi que tu es inquiet. Je le sais que tu espères croiser des gens consciencieux dans ta journée. Des gens qui, eux aussi, respectent les règles gouvernementales. Mais je le sais que ce ne sont pas tous les gens qui le font. Malheureusement. Pis je le sais que ça te fâche. Avec raison.

Je le sais que ça fait juste commencer et que tu es déjà fatigué. Le stress physique et psychologique est constant. Je le sais que tes mains n’en peuvent déjà plus. Cette surdose de lavage de main te donne la nausée. Tes mains brûlent. Ça fait juste une semaine. Ta tête est pleine. Tu cours pour toi‑même subvenir à tes besoins en fréquentant les lieux publics. C’est toi qui t’exposes constamment pour protéger ta famille. Mais je sais aussi que tu le fais avec tout ton cœur. Que tu n’y changerais rien, dans les circonstances.

Nager dans l’inconnu. Un inconnu si peu rassurant, c’est effrayant.

Je veux que tu saches que nous sommes tous derrière toi. C’est beau de te voir aller malgré cet état d’urgence. C’est beau de voir des gens avec tant de dévouement dans un monde si nombriliste. Tu me donnes espoir. Espoir que cette pandémie fera réaliser beaucoup de choses aux gens. Que l’entraide, l’amour et la résilience dont tu fais preuve donneront envie aux jeunes et aux moins jeunes de s’ouvrir sur le monde.

Pour toi, le caissier, le transporteur, l’adjoint, le journalier… merci. Des métiers souvent peu valorisés. Vous êtes des gens de cœur. Vos emplois se doivent d’être enfin reconnus. Dans cette tragédie, nous réalisons enfin l’importance de chaque emploi. Tous aussi importants les uns que les autres.

À tous les travailleurs acharnés, on vous envoie une grosse dose d’amour et de courage.

Ça va bien aller.

Maggy Dupuis

 

La collègue

Une journée plus tranquille au bureau… Vous savez, un vendredi de formation. Pour apprendre à

Une journée plus tranquille au bureau…

Vous savez, un vendredi de formation. Pour apprendre à mieux se connaître. À connaître ses collègues. Les ressources humaines fixant fermement l’objectif commun. Une présentation, un questionnaire, des ateliers. Tout s’enchaîne rapidement. Il y aura un cocktail plus tard. Pour enfin compléter la journée avec le repas de groupe. La farandole des trois services, dans le style cafétéria de luxe au menu limité.

Une formation sur la communication. D’emblée on identifie votre boîte, votre style. Vos tendances. Votre étiquette d’être. Puis on vous demande d’interagir avec les autres. En arrière-plan, votre cerveau qui les juge. Du moins, veut leur mettre la bonne étiquette. Cette boîte, ce style. Maintenant qu’on sait.

Une journée très agréable, dans mon cas. Surtout que je suis un des petits nouveaux. J’ai l’occasion de pouvoir briser la glace. De rencontrer plusieurs collègues. Sans stress, sans performance. Je suis aussi joueur. J’aime l’interaction avec les gens. Les défis, seul ou en groupe.

Le temps file. Comme, trop souvent, les beaux moments de la vie. Déjà attablés. Pour agrémenter la soirée, un collègue anime un encan. Au profit d’une bonne cause. Il était dans mon groupe, pour les ateliers. Il n’a jamais communiqué ce côté de lui. On communique bien ce qu’on veut, après tout. Il s’avère excellent pour susciter la surenchère. Avec beaucoup d’humour. Au final, la somme récoltée sera impressionnante.

Puis, au travers de l’encan, il fait l’annonce. L’émotion. La sienne, d’abord. Il peine à compléter ses phrases. Puis l’émotion de ma voisine de gauche, qui est dans les personnes qui vont aussi la visiter. Celle qu’on ressent ensuite, dans toute la salle. Une collègue a pris sa retraite cette année. Au début de la soixantaine, si j’ai bien compris. Quelques mois. Puis, Lou Gehrig. La rapidité de la dégradation. Le fauteuil roulant. L’avenir plutôt sombre…

J’aime le baseball, mais rarement entendre ce nom.

Rien des images qu’on nous montre, pour la retraite. Rien des projets qu’on se fait pour plus tard. Confiants, insouciants. Mais ça, je le sais bien. Trop bien, en fait. Ce qui me fait dire souvent qu’il faut en profiter maintenant. Réaliser nos rêves sans trop attendre. Car, parfois, ça n’arrivera juste pas.

Cette collègue n’est pas là. Elle ne peut sentir tout l’amour et tout le positif que le groupe veut lui donner. C’est ce qui m’a décidé à écrire ce court hommage. Pour qu’elle le lise, à sa guise. En espérant lui faire ressentir ces moments. Les siens.

J’envie un peu cette personne que je ne connais pas. Nous nous demandons tous ce que les autres retiennent de notre manière d’interagir. De communiquer. Surtout, j’envie cette émotion qu’elle a provoquée, bien après avoir quitté l’entreprise.

Si tu permets, chère collègue, je t’envoie ce gros câlin de réconfort…

michel

P.-S. – J’ai eu l’idée de ce texte à la soirée. Le tourbillon de la vie m’a retardé. Je voulais prendre le temps de bien faire. Depuis le 18 novembre dernier, la collègue veille désormais sur ceux qu’elle aime. Cruel rappel du message que je voulais vous communiquer.

Ton veston bleu poudre

Ce matin-là, je t’ai déposée devant le centre d’achats. Il é

Ce matin-là, je t’ai déposée devant le centre d’achats. Il était 9 heures. On était pile à l’heure. Je repartais immédiatement pour visiter une amie. Toi, tu reviendrais à la maison en autobus, à temps pour notre séance de bénévolat.

Ce matin-là, tu portais un veston bleu poudre. Tu l’avais toi-même acheté à la Saint-Vincent pour le modifier. Avec tes talents de couturière et ta créativité, tu en as fait un morceau vraiment cool, stylé, parfait pour ton âge et ton originalité. Parfait pour te démarquer pendant une entrevue.

Ce matin-là, tu es allée porter ton curriculum vitae pour un emploi à temps partiel, parce que tu as le goût de t’acheter du matériel d’art, de te payer des cours de guitare, et parfois une crème glacée. Tu avais fait la même chose avec ton CV qu’avec ton veston : tu as pris la version qu’on avait concoctée ensemble et tu l’as transformée pour que le document te ressemble. Tu as même ajouté un dessin de ton cru, pour te faire remarquer parmi tous les candidats.

Ce matin-là, j’ai ressenti une émotion semblable à celle que j’ai ressentie le jour de ta naissance, le jour de ta première rentrée scolaire. Un mélange de saut dans le vide et d’immense fierté. On a marché ensemble jusqu’à ce point de nos vies et peu à peu, ta main s’éloigne de la mienne. Tu t’élances dans le « vrai » monde, on coupe un peu plus le cordon. Je t’ai regardée t’éloigner et je t’ai trouvée belle. Comme toujours.

Ce matin-là, je me suis dit que la vie était belle avec toi.

Ce matin, tu m’as textée pour me dire « Maman! J’ai eu la job! ».

Wow! Ce n’est pas ton veston bleu poudre qui t’a donné ton emploi. Ce n’est pas ton CV ni ton dessin. C’est toi seule qui as atteint ton but. Tu as convaincu l’employeur que tu étais prête à vivre cette nouvelle étape. Tu m’as convaincue moi aussi.

Nathalie Courcy

Abus de pouvoir

Ce n’est pas dur à comprendre, t’es partout. Tu n’as juste pa

Ce n’est pas dur à comprendre, t’es partout. Tu n’as juste pas le même nom, mais tu as le même visage à deux faces. Depuis des années, j’observe, j’écoute et c’est inquiétant de constater que tu n’es pas le seul : tu te trouves dans tous milieux confondus.

Petite parenthèse, je ne te parle pas d’un boss qui se trouve devant de vraies problématiques avec un employé. Ça, c’est le bon boss, apprécié par la majorité de ses employés. Je parle de toi, apprécié par la minorité de tes employés, à qui tu tapes sur la tête comme tu changes de bobettes. Heureusement pour toi et malheureusement pour eux, cela signifie très souvent.

Faire de tes employés tes souffre-douleurs, c’est immonde, boss. Des avis, mesures, sanctions disciplinaires à tout le monde pour des raisons tout aussi farfelues les unes que les autres, leur parler comme s’ils étaient imbéciles et qu’ils ignoraient que t’es en train de leur manquer de respect ou encore de les manipuler… Faire du harcèlement psychologique, ça te donne l’impression d’être supérieur, j’imagine ?

Tu penses peut-être que tes employés sont des êtres inférieurs, mais sache qu’ils sont intelligents et voient clair dans ton jeu. Leur silence ne signifie pas qu’ils sont niais, cela signifie seulement qu’ils te laissent vivre ton power trip en essayant de se protéger le plus possible. On va se dire les vraies affaires, lorsqu’il y en a un d’un petit peu trop téméraire qui ose te tenir tête, tu le lapides sur la place publique. Cette démonstration de force te donne l’impression que tu vas replacer tes petites brebis sur le droit chemin et que ton règne va pouvoir continuer puisque plus personne n’osera te confronter. La réalité, c’est qu’ils vont continuer de se taire par la peur. Par la peur ! C’est inquiétant quand même en 2019 d’en être encore là. J’sais ben pas ce qu’il y a de trippant à inspirer la peur à ses employés. Je trouve ça plutôt déviant.

Ce n’est pas avec de l’abus de pouvoir que tu vas obtenir ni loyauté, ni mobilisation, ni stabilité, ni tout ce qu’il y a de beau à avoir une équipe solide. Tu veux l’avoir à tout prix, mais tu n’en es pas digne. Si tout le monde quitte le navire, ce n’est pas de la faute à Pierre-Jean-Jacques ou encore parce que tout le monde a de nouveaux défis. Ça, c’est juste la formule polie pour partir en douce, afin d’éviter de se faire déchiqueter l’estime. C’est de ta faute à toi, tout ça.

Ce n’est pas avec l’abus de pouvoir que tu vas combler ce vide en toi. Parce qu’on aura beau dire ce qu’on voudra, ce qui fait de toi ce bourreau‑là, c’est clairement quelque chose de plus profond que tu tentes de camoufler en faisant souffrir les autres. Encore une fois, ce n’est pas de leur faute à eux, si personne n’arrive à te satisfaire.

J’te souhaite d’être heureux pour vrai, boss. Mais ce serait bien que tu arrêtes de pourrir l’existence des autres en justifiant « que c’est ça être boss ». Non ce n’est pas ça, pis il y a de sacrés beaux modèles dont tu devrais t’inspirer. L’affaire, c’est que tu ne te remets jamais en question, t’es au‑dessus de ça toi, l’introspection.

Mais je te le dis, ce n’est pas vrai qu’avec l’abus de pouvoir et le règne de la peur, ton équipe va être en santé. Tu les prends pour des numéros et tu te dis que tout le monde est remplaçable, et tu as raison. Mais ta réputation, elle, se fait et personne ne veut travailler pour un tyran. Sans eux pour ramer, tu vas couler. Tu as la chance de jouer un beau rôle dans le quotidien de ces gens‑là, c’est vraiment ce que tu veux, être ce qu’on appelle un boss narcissique ?

Penses‑y, boss !

Eva Staire

Ça ne doit pas être facile dans ta tête.

Je me fais dire, très souvent, que dans ma tête, ça n’a pas lâ€

Je me fais dire, très souvent, que dans ma tête, ça n’a pas l’air facile. Que je suis compliquée, que j’aime ça quand ma vie n’est pas simple, que je suis difficile à suivre. Bref, vous voyez un peu le genre!

Bien vous savez quoi? En effet, ce n’est pas facile. Parfois, j’ai l’impression que je suis atteinte de la maladie du « je suis incapable de me brancher ». J’ai même appelé Hydro‑Québec pour voir si j’étais sur le bon réseau. S’il y a une défectuosité sur ma ligne d’électricité, mais tout est beau. Le problème ne vient pas de là.

J’ai souvent jeté la faute sur « je suis Gémeaux, c’est pour ça que je change d’idées comme de bobettes ». On va se le dire, peu importe le signe astrologique que j’aurais, mon problème serait toujours existant.

Je ne sais pas si je suis la seule de ce monde (bon, au fait, je sais qu’on est au moins deux comme ça) à ne jamais être certaine de son choix, à toujours vouloir changer ce que j’ai (sauf mon chum et mes enfants ouf!)

Je m’explique : mon problème vient souvent des décisions très importantes de ma vie. MAIS surtout de mes emplois. J’ai beaucoup de difficulté à rester en place. Si je pense à long terme, je panique. Soit que je trouve que ce n’est pas assez payant. Soit que j’essaie de concevoir que je pourrais passer ma vie là et que je trouve qu’elle n’évoluera pas si j’y reste à tout jamais. Soit je capote en pensant que ma routine du soir sera épouvantable si j’ai un travail de bureau, que je fais du 8 à 4, que je ne vois pas mes enfants comme bon me semble.

J’ai pensé être maman au foyer, mais je réalise que ce n’est pas pour moi. Les sacrifices qui viennent avec ce métier ne m’intéressent pas. 1— Ne pas avoir de salaire, je panique déjà. 2— Mon cerveau ne toffera pas la run. Je ne juge en aucun cas toutes les mamans à la maison, je vous admire! Mais probablement qu’on devra m’interner si MOI, Karine Larouche, je reste en tout temps chez moi. Imaginez comment le mode spin serait activé!

Donc, me v’là dans mille et un projets. J’embarque dans tout plein de trucs pour faire de l’argent (je rêve grand). Ensuite, je réalise que je ne suis pas bien là-dedans, donc encore une fois j’abandonne. Par après, je me réveille en croyant que je pourrais travailler de la maison, puis quelques heures plus tard, je m’ennuie de mon travail (je suis en congé de maternité) et j’ai hâte d’y retourner.

Tout ça vient avec son lot de questions quotidiennes. Mon cerveau est une grande marmite qui fonctionne en permanence. Le feu est toujours à high. Le pire est que j’adore ce que je fais les deux premiers mois et ensuite, je commence à trouver tous les défauts possibles. On dirait que je ne suis bien nulle part. Peut-être que c’est tout simplement un trop‑plein d’angoisse?

Ouin, j’ai bien mal à la tête à force de me poser trop de questions, qui parfois n’ont même pas lieu d’être.

Je me demande si je suis la seule dont son cerveau ne se met jamais à off? Est-ce qu’un jour, j’arrêterai de me chercher? Est-ce que c’est la peur de l’avenir qui me fait girouetter (je ne crois que ce mot existe, mais je l’aime bien) comme ça? Parce qu’à force de vouloir le mieux, j’ai l’impression que je fais toujours pire.

Maintenant, il ne me reste qu’un conseil à donner à mes proches : ne tentez jamais de me comprendre, vous aurez des migraines!

Karine Larouche

L’armoire en coin

Vous sav

Vous savez, celle qui sert de fourre-tout…

Dans sa partie au-dessus du comptoir. Trois étages de pur fouillis. Ici, le royaume du pêle-mêle. Les plats de plastique, les couvercles – avec le temps, pas nécessairement des couples bien assortis – et, pour la tablette du haut, les trucs rarement utilisés. Utilisés? Il faut dire que l’organisatrice responsable avait les limites de son 1,58 m.

Au moins, elle savait me rendre utile en cuisine.

Je vide le lave-vaisselle. J’ouvre la porte… Ça me tombe dessus en cascade. Des couvercles, surtout. Tôt le matin, un véritable défi pour le Dalaï en moi. J’ai le goût de pester. Pire, de la réveiller. Après tout, c’est bien de partager avec la maisonnée ses états d’âme. Non?

Je sais que c’est elle. Je l’ai vue, hier, se préparer des lunchs. Des pâtes, avec une sauce qu’elle n’aurait jamais aimée si j’avais osé. Résolue. Avec toute l’assurance de sa génération de branchés. Y compris pour utiliser un rond mal adapté au chaudron. Les ados, un conseil… il doit, idéalement, avoir le même diamètre que le chaudron utilisé. Je me doute qu’ils ne doivent pas en parler sur YouTube.

L’évier est rempli de bonnes intentions.

Ses premiers lunchs de travail. Pour son premier vrai travail. Un horaire à respecter, un uniforme à laver. Souvent. Je la trouve si belle en uniforme, elle me rappelle les agents de bord d’Air France. Ses premières payes rapidement flambées. Surtout pour des souliers. Lorsqu’elle a réalisé que la mode ne résiste pas à la douleur de travailler de longues heures debout.

Elle me raconte son quotidien. Comment les clients la félicitent pour son sourire. Un sourire qu’on voit de plus en plus, nous aussi. Qu’elle est appréciée de ses collègues. T’sais, même celles de ton âge, papa. Ouch! Bien sûr, quelques gaffes. Manipuler rapidement des trucs toute la journée, des fois… Dans ce nouveau monde, elle se sent valorisée.

Je reviens à l’armoire.

Ma fille fait des démarches d’autonomie. Pour se prendre en charge, de son mieux. Ça me fait réfléchir à mon rôle de parent. Le temps passe si vite. Je m’entends encore lui chanter « Mon Joe », pour l’endormir. Une dépendance totale. La mienne. Je dois alors accueillir tout aussi tendrement ses essais… et ses erreurs.

Je souris.

Elle me donne l’occasion rêvée de faire un grand ménage. Il est plus que temps. Surtout que, pour ma part, je n’ai rien à craindre. Personne ne me dira quoi faire. Ni ne tentera de m’expliquer la logique de base/armoire 101. Ça me manque, cette complicité imposée. J’apprécie alors davantage la chance de voir ma fille évoluer, sous mes yeux.

Je reste tellement fier de toi, ma fille…

 

michel

 

Cette nouvelle vie…

Il y a quelques mois, nous avons pris la décision de tout quitter p

Il y a quelques mois, nous avons pris la décision de tout quitter pour partir vivre plus près de la grande ville… Pourtant, on adorait notre vie là-bas. Entourés d’arbres gigantesques, d’amis fabuleux et d’une tranquillité incroyable, on était vraiment bien. Mais nous étions arrivés à des moments de nos vies où la grande ville nous promettait de meilleurs emplois, plus d’avancement et de grandes écoles pour les enfants… alors on a tout quitté pour se rapprocher de ces promesses.

On a eu tellement peur de regretter! On a voulu tout arrêter et rebrousser chemin plusieurs fois. On avait tellement peur de se réveiller un beau matin dans un triplex sans cour arrière où on manquerait d’air pour respirer… On avait peur que nos enfants ne s’adaptent pas et soient malheureux à cause de nos choix… On avait peur de se laisser prendre dans cette vie de fous, dans ce métro-boulot-dodo rempli de trafic et de presse… On avait peur de perdre nos valeurs en se fondant dans la masse…

Alors, pour ne pas se perdre, on a orienté nos choix. La Rive-Sud, au lieu de la grande ville directement. Des emplois entre 20 et 40 heures par semaine, jamais plus. Une maison avec de l’espace et une cour pour les enfants. Un quartier résidentiel et familial… Des choix qui nous ressemblaient. On a tout quitté pour se rapprocher de ces promesses. On a lancé les dés et prié pour que la vie nous entende.

Et la vie a tenu sa parole. On a trouvé un petit village pas trop loin. On s’est fait des horaires en dehors des heures de pointe. On a donné de l’espace aux enfants et mis de la verdure dans la cour. Oui, nous sommes trop loin de nos amis. Mais nous sommes plus près de nos familles. On ne gagne pas une fortune, on ne se paye pas de luxe, mais on ne manque de rien.

Hier soir, je revenais de l’épicerie et je contemplais les champs de blé. Pis je me suis trouvée chanceuse en maudit. Je finis de travailler tous les jours à 15 h. Je vais chercher les enfants, on cuisine ensemble notre souper et j’ai le temps en masse de les contempler jouer. L’ancienne moi serait jalouse de ma nouvelle vie. Parce que j’ai travaillé de 50 à 60 heures par semaine pendant plus de dix ans. Parce que j’ai bûché pour obtenir un diplôme universitaire avec des cours de soir et trois jeunes enfants. Parce que j’en ai mangé des pâtes pas chères pendant des années. Pis je continuais, les poings fermés et les dents serrés, persuadée que tout cela aurait un jour un sens.

Ben aujourd’hui, ça prend tout son sens. Pis j’espère passer le reste de ma vie dans cette grande maison, à prendre le temps de cuisiner avec mes enfants, à les contempler jouer et à admirer les champs de blé en revenant de l’épicerie.

Alors je m’adresse à toi qui te plains de la vie. Tu n’aimes pas ta job? Change de job. Tu aimerais une meilleure job? Retourne aux études. Tu travailles trop? Travaille moins. Tu n’aimes pas ta vie? Tu n’aimes pas la personne que tu deviens? Alors, change! Le changement fait peur. Se lancer dans le vide n’a rien de rassurant. Mais en faisant des choix qui te collent à la peau, même si tu bûches pendant des années, sache que la vie t’entend et qu’elle tient toujours ses promesses.

Il est là le bonheur, gang.

Joanie Fournier

 

Ne jamais perdre espoir

Je ne sais pas c’est quoi, vraiment de faire une dépression, mais

Je ne sais pas c’est quoi, vraiment de faire une dépression, mais je pense qu’il y a quelques mois, je commençais à foncer tout droit dans le mur. Moi qui disais que ça ne pouvait jamais m’arriver et que j’étais forte, je me suis rendu compte que je perdais tous mes moyens parce que je n’avais pas le contrôle de ma vie.

Pour la première fois de ma vie, je n’avais pas le contrôle. Et ça, c’est la pire chose qu’il pouvait m’arriver. J’étais retournée aux études en rêvant d’un métier depuis tellement longtemps. Je me disais, tout le long de mon parcours, que j’allais avoir un travail en sortant de l’école. Être positif, qu’ils disaient. Et je dois avouer que je suis une fille très positive dans la vie, donc c’était facile, voire naïf, de croire que j’allais réussir rapidement et facilement.

Le diplôme obtenu, j’ai passé trois mois sans emploi. Trois mois à paniquer complètement, mais à essayer de ne pas le montrer, pour ne pas déranger.

Je n’ai jamais été aussi angoissée de toute ma vie. Le cœur qui ne coopérait plus, la tête qui ne voulait pas dormir, mais le corps qui s’épuisait, ça me faisait peur. Je me levais le matin avec l’envie de dormir. Je sortais à l’épicerie et je revenais brûlée comme si j’avais couru un marathon. Je sentais que j’étais sur le bord du précipice, mais je ne devais pas le montrer pour ne pas me faire dire : « Ben voyons Tan, t’es forte! » Je me suis rendu compte que je ne l’étais peut-être plus tant que ça et ça, ça me faisait peur.

Moi qui avais rêvé d’un métier, j’étais rendue à penser que je ne pourrais jamais le faire. Tout ça parce que ça faisait trois mois que je n’avais pas l’emploi de mes rêves… T’sais à force de tout vouloir tout de suite… C’était quoi l’idée d’aller étudier dans les médias, aussi? Je n’arrêtais pas de me demander ce que j’allais faire de ma vie. Je regardais sur les sites d’emplois et rien ne m’intéressait. Je paniquais. Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie? Plus je me posais la question, plus je sombrais dans la panique, mais je n’en parlais pas trop parce qu’encore aujourd’hui, je ne suis pas capable de mettre des mots sur ce que je ressentais.

J’étais sur le bord du précipice, pas parce que j’en faisais trop, mais parce que je ne faisais rien! C’est un peu ironique, mais j’étais la fille aux mille et un projets et là, trois mois sans rien. Vous allez me dire que ce n’est pas long trois mois, mais c’est long dans la tête d’une fille hyperactive qui doit bouger sans arrêt!

Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie? LA phrase qui m’a le plus angoissée parmi toutes celles qui existent. Mais j’ai continué à me battre, à chercher des solutions et à persévérer.

Et puis, un jour, le téléphone a sonné. J’avais une entrevue pour un emploi. Puis, deux semaines plus tard, le téléphone a sonné à nouveau et j’avais une deuxième entrevue pour un deuxième emploi!

Eh bien, j’ai accepté les deux! Et je peux vous dire maintenant que mon rêve, il se réalise pour vrai.

C’est drôle, parfois, de voir comment la vie est faite. Moi qui n’ai jamais cru au destin et à ces choses-là, je me rends compte que parfois, je n’ai pas le choix de croire que c’est bien fait, d’une certaine façon. Je me serais bien passé de l’angoisse, mais à travers tout ça, j’ai appris qu’on ne peut pas tout avoir tout de suite et qu’il faut être patient. Il faut travailler fort pour obtenir des résultats et surtout, surtout, il ne faut jamais perdre espoir. J’ai failli tout perdre, mais une petite voix me disait de ne pas abandonner.

Tania Di Sei

 

J’ai trois ans et un travail à temps plein

Un jour, je serai grande et j’irai passer mes journées assise en

Un jour, je serai grande et j’irai passer mes journées assise en classe, devant une enseignante qui me remplira de connaissances et d’habiletés pour pouvoir être indépendante et travaillante. Je choisirai une profession qui me correspondra. Mais avant tout ça, je dois travailler. J’ai trois ans et je travaille à temps plein. En milieu de garde. Déjà. Et parfois, au‑delà des quarante heures. Et ce, sans salaire. Sauf la plus belle des occasions d’apprendre et d’évoluer dans un milieu sain et bénéfique pour mon développement.

Toi, du haut de ton âge, tu penses que je joue à longueur de journée. Pourtant, j’acquiers un tas de connaissances qui me permettent de me développer.

On se lève plutôt tôt. Trop tôt même. Comme c’est toi qui m’amènes au boulot, je dois respecter ton horaire. Déjeuner, m’habiller, faire ma toilette et entendre à répétition « GOOOOOO! Je vais être en retard. » Comme s’il n’y avait que toi qui travailles… Puis, direction le service de garde. Je vais t’avouer qu’il y a des jours où j’aimerais mieux rester au lit. Mais tu me ramènes rapidement à la réalité… sécher mes larmes, faire ma grande de trois ans et accepter que la journée soit longue sans toi. Chacun de notre côté, nous travaillerons. Toi pour gagner des sous et moi, pour un jour en gagner aussi.

Tu n’as pas si tort en disant que je vais jouer. Mais sais-tu que jouer me permet de créer une liaison entre toutes mes sphères de développement? Je combine mes idées, mes intuitions, mes déductions. J’apprends à avoir une opinion, à analyser selon les expériences que je vais vivre tout au long de ma journée. Plus je vais grandir, plus cela va évoluer, se complexifier. Mon jugement et mes capacités d’analyse.

Là, je vais te parler de termes que tu ne connais probablement pas. Il s’agit de mots scientifiques pour exprimer ce que je fais comme travail. Je développe :

Mes habiletés motrices. Apprendre par des jeux à développer mes mains, mes doigts. Un jour, je pourrais bien tenir un crayon et me mettre à écrire sans cesse. C’est important de savoir bien tenir les objets dans ses mains. Savoir les diriger pour exécuter les bonnes actions. Tu sais que ça prend une bonne dextérité pour être chirurgien?

Les habiletés intellectuelles : Apprendre à analyser et à déduire. Me construire une logique. Apprendre à gérer mon temps. Planifier. Ça requiert beaucoup, énormément de pratique. De répétition, d’exécution. Rien de moins pour construire une base en mathématique.

Les habiletés sociales : On ne vient pas au monde avec des habiletés sociales. Je dois les apprendre, pour ainsi communiquer facilement. Je dois d’abord être en mesure de bien parler, faire des demandes, comprendre ce que veut dire « à tour de rôle ». Je pourrai ainsi mieux communiquer, mais aussi interagir avec mes collègues de la garderie et avec vous, chers parents.

Les habiletés langagières : Le langage, ce n’est pas qu’émettre des sons. C’est aussi être en mesure d’entendre, de comprendre pour ensuite être en mesure répondre. Mais pour répondre, je me dois de construire un bon vocabulaire diversifié. Pour cela, je dois entendre de nouveaux mots et les associer pour ensuite les mettre en application.

Les habiletés affectives. Ces habiletés qui vont me permettre de mieux me connaître pour ainsi être capable de bien gérer mes émotions. Connaître mes limites. Reconnaître que je suis bonne et aimée, pour ainsi forger mon estime. Tu sais que si j’ai de bonnes habiletés affectives, j’ai plus de chance de persévérer à l’école et de me rendre loin dans mon cheminement scolaire? Je serai en mesure de mieux gérer le stress, la colère. J’aurai plus d’empathie.

L’adulte ou le plus grand que moi m’aide en m’orientant, mais aussi en me laissant deviner. Il me laisse choisir pour que je puisse déduire par moi-même. Lorsque j’explore, c’est moi qui m’amène à mieux comprendre le monde qui m’entoure et dans lequel j’habite. J’assimile plus rapidement. Je bâtis peu à peu mon estime personnelle. Pour cela, j’ai besoin d’encouragements et de patience. Je sais, je sais, je ne suis pas toujours l’employée du mois, mais bon, j’essaie fort.

J’apprends énormément sur des tas de trucs différents en même temps et parfois, cela me fatigue. Je deviens alors moins patiente. Je sais que cela te demande beaucoup de m’expliquer encore et encore. De nommer le sentiment qui m’habite pour que je puisse comprendre ce qui se passe en moi. À la longue, je finis par tout mélanger. C’est l’expérience qui rentre!

Pour mieux m’aider à être une employée efficace, j’ai grandement besoin de toi. Toi l’adulte. J’ai besoin que tu définisses une routine autour de mes journées. Je vais donc ainsi associer plus rapidement avec celles‑ci l’ordre des choses. Mentalement, mon cerveau va se préparer et je pourrai mieux anticiper ce qui m’arrive. Je sais, pour toi c’est acquis et tu ne vois pas l’importance de bien te sentir là‑dedans, mais moi, ça m’aide à devenir autonome. Et qui dit « autonomie » dit « ça va goaler les matins pressés ».

Et le dodo! Si tu savais, j’en ai tellement besoin!! Tu sais que mon cerveau travaille encore lorsque moi je dors? Tout ce que j’ai enregistré durant la journée, mon cerveau profite de ce petit calme pour tout mettre en place pour que dès demain je puisse m’y référer vitement. Je continue de grandir et tout mon système se réinvente, se refait. Ça m’évite d’attraper des petits microbes, car mon système est plus fort. J’ai déjà essayé, mais, lorsque je suis malade, je ne suis pas efficace au travail.

Sais-tu qu’il est prouvé que passer plus de quarante heures en service de garde peut m’amener à être plus agressive? Un peu comme toi, passé tes quarante heures au boulot, tu le dis souvent à la maison que c’est vraiment éreintant. Je te comprends donc! C’est pour cela que j’attends, moi aussi, les vacances pour décrocher de la routine de mon emploi. J’en ai besoin pour faire un arrêt et ensuite reprendre le boulot en forme, remplie d’une bonne et belle énergie. Pour me soustraire du bruit du service de garde. Il paraît que le bruit en garderie équivaut au bruit en décibels d’un marteau piqueur qui fracasse l’asphalte. C’est difficile d’apprendre et d’assimiler dans autant de bruits.

Merci à vous, papa et maman, de considérer mon temps en milieu de garde comme mon milieu de travail. Là où j’apprends, je grandis et j’évolue. Là où ma paye se mesure à grands billets de laissez-passer pour un avenir meilleur.

Mylène Groleau

 

Travailler, c’est trop dur…

(Ce qui suit est une généralisation de la situation. Je suis au fa

(Ce qui suit est une généralisation de la situation. Je suis au fait qu’il y a des jeunes qui ont de l’ambition et sont de bons travailleurs. Je ne fais que nommer ce que je considère comme étant un fléau ou encore la rencontre de deux générations qui, une fois de plus, se confrontent dans leurs valeurs. Chaque génération fait différemment de l’autre. Est-ce bon? Est-ce mauvais? Soulever la question reste, à mon humble avis, un pas vers la compréhension.)

Du plus loin que je me souvienne, je n’ai manqué le boulot que très rarement. Une gastro qui s’était pointée aux aurores et une scarlatine qui m’avait clouée au lit pendant un gros deux jours.

À mes premières expériences de travail, mes parents m’avaient inculqué le respect que je devais à l’entreprise qui m’avait embauchée. J’étais une employée loyale, présente et surtout à l’heure. Je ne refusais jamais de travailler en temps supplémentaire, histoire de me faire un bon nom auprès de mon supérieur. Pour être là, j’étais là. L’avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt et j’étais de ceux-là.

J’ai quitté le nid familial à mes dix-neuf ans. Pour payer mes études et mon loyer, j’ai déjà occupé deux emplois à la fois. J’étais étudiante à temps plein et je travaillais le même nombre d’heures. Une vie démesurée et bien remplie. Je travaillais, j’étudiais et ensuite, je m’organisais pour avoir une vie sociale.

Une fois, j’ai été mise à pied parce qu’un contrat qui me liait à mon employeur pour embaucher des étudiants venait de se terminer. Pas question de me tourner vers le chômage et d’avoir à faire mes deux semaines d’attentes. Mon frigo vide me réclamant de le remplir, je me devais d’être en mode solutions plus qu’au pluriel!

Sans dactylo et sans aucun revenu, j’ai pris ce que j’avais de lousse pour m’acheter du beau papier à lettres. Fleuri. Le plus beau que je n’avais jamais vu. C’était certain qu’il allait me porter chance. De ma plus belle calligraphie, j’ai couché sur cet espoir toutes mes expériences de travail, mais surtout mes objectifs de carrière et toute ma motivation du monde. Je voulais un emploi. J’avais vraiment besoin d’un emploi. Mon solde en banque n’avait pas prévu une perte de revenu.

J’ai pris mon courage à deux mains remplies de mes curriculums vitæ ainsi que ma détermination et je suis allée à la rencontre d’entreprises pour lesquelles je voulais travailler. Sur mes cinq curriculums tous écrits à la main, quatre m’ont servi à passer une entrevue sur-le-champ. Ayant eu le privilège de choisir ce qui était le mieux pour moi, je remerciais ma plume qui avait servi mes efforts. Ma calligraphie, souvent acclamée, m’avait, quant à elle, fait honneur devant les fleuristes de ma région. Je débutais donc mon nouvel emploi deux jours plus tard.

Depuis, j’ai toujours travaillé et je tente du mieux que je peux d’enseigner à mes filles l’importance à accorder à leur travail. C’est toutefois difficilement que je tente de leur expliquer et d’inculquer ces principes puisqu’elles suivent leur génération. La mentalité d’une génération qui entre chez moi sans que je l’aie invité et qui, à mon grand dam, ne semble jamais vouloir quitter.

Travailler, travailler, travailler. Je suis de cette génération-là, moi. Où la quantité de sueur de mon front se détermine par mon ambition, mon acharnement, mon assiduité et j’en passe. Où nous sommes fiers de chaque dollar gagné. (Malgré qu’une hausse de salaire soit toujours appréciée!)

Je suis donc confrontée, actuellement, par ce besoin pressant de nos jeunes de gérer leur horaire de travail en fonction de leur vie sociale. Jadis, nos employeurs nous disaient : « Tiens, v’là ton horaire. » Maintenant, c’est plutôt : « C’est quoi tes disponibilités pour que je puisse faire ton horaire? »

Avant, travaillions-nous uniquement pour faire plaisir à notre employeur? Avions-nous un si grand besoin de plaire à autrui qui s’est maintenant traduit en « likes »? À présent, ne travaillent-ils que pour se faire plaisir? C’est une génération avec tellement de désirs… mais, parfois, avec si peu d’entrain pour parvenir à les obtenir.

Comment les industries ont-elles pu pallier ce revirement de besoins, d’envies sans toutefois avoir des employés qui ont envie de travailler? Comme si tout leur était dû, mais sans le moindre effort.

Que s’est-il passé entre hier et aujourd’hui? Où cette mentalité de vouloir travailler s’en est-elle allée?

Pourquoi autant de décrocheurs aussitôt le diplôme obtenu? Comme si l’atteinte du sommet visé ne se faisait pas sans gravir la montagne. Une étape à la fois. Comme si l’objectif de devenir PDG trouvait son aboutissant à la collation des grades. On ne devient pas haut placé aussitôt l’école terminée! L’expérience, ça s’acquiert. Elle n’est pas que dictée par l’enseignant. Faut la vivre cette expérience pour l’assimiler. Mais pour la vivre, faut toujours bien se lever et aller la chercher!

Et si Zachary Richard avait vu juste avec sa chanson : « Travailler c’est trop dur ». Lui qui avait ainsi soulevé une ère à fredonner son tube… et une autre, beaucoup plus tard, encouragée à la mettre en pratique.

Mylène Groleau