La collègue

Une journée plus tranquille au bureau…

Vous savez, un vendredi de formation. Pour apprendre à mieux se connaître. À connaître ses collègues. Les ressources humaines fixant fermement l’objectif commun. Une présentation, un questionnaire, des ateliers. Tout s’enchaîne rapidement. Il y aura un cocktail plus tard. Pour enfin compléter la journée avec le repas de groupe. La farandole des trois services, dans le style cafétéria de luxe au menu limité.

Une formation sur la communication. D’emblée on identifie votre boîte, votre style. Vos tendances. Votre étiquette d’être. Puis on vous demande d’interagir avec les autres. En arrière-plan, votre cerveau qui les juge. Du moins, veut leur mettre la bonne étiquette. Cette boîte, ce style. Maintenant qu’on sait.

Une journée très agréable, dans mon cas. Surtout que je suis un des petits nouveaux. J’ai l’occasion de pouvoir briser la glace. De rencontrer plusieurs collègues. Sans stress, sans performance. Je suis aussi joueur. J’aime l’interaction avec les gens. Les défis, seul ou en groupe.

Le temps file. Comme, trop souvent, les beaux moments de la vie. Déjà attablés. Pour agrémenter la soirée, un collègue anime un encan. Au profit d’une bonne cause. Il était dans mon groupe, pour les ateliers. Il n’a jamais communiqué ce côté de lui. On communique bien ce qu’on veut, après tout. Il s’avère excellent pour susciter la surenchère. Avec beaucoup d’humour. Au final, la somme récoltée sera impressionnante.

Puis, au travers de l’encan, il fait l’annonce. L’émotion. La sienne, d’abord. Il peine à compléter ses phrases. Puis l’émotion de ma voisine de gauche, qui est dans les personnes qui vont aussi la visiter. Celle qu’on ressent ensuite, dans toute la salle. Une collègue a pris sa retraite cette année. Au début de la soixantaine, si j’ai bien compris. Quelques mois. Puis, Lou Gehrig. La rapidité de la dégradation. Le fauteuil roulant. L’avenir plutôt sombre…

J’aime le baseball, mais rarement entendre ce nom.

Rien des images qu’on nous montre, pour la retraite. Rien des projets qu’on se fait pour plus tard. Confiants, insouciants. Mais ça, je le sais bien. Trop bien, en fait. Ce qui me fait dire souvent qu’il faut en profiter maintenant. Réaliser nos rêves sans trop attendre. Car, parfois, ça n’arrivera juste pas.

Cette collègue n’est pas là. Elle ne peut sentir tout l’amour et tout le positif que le groupe veut lui donner. C’est ce qui m’a décidé à écrire ce court hommage. Pour qu’elle le lise, à sa guise. En espérant lui faire ressentir ces moments. Les siens.

J’envie un peu cette personne que je ne connais pas. Nous nous demandons tous ce que les autres retiennent de notre manière d’interagir. De communiquer. Surtout, j’envie cette émotion qu’elle a provoquée, bien après avoir quitté l’entreprise.

Si tu permets, chère collègue, je t’envoie ce gros câlin de réconfort…

michel

P.-S. – J’ai eu l’idée de ce texte à la soirée. Le tourbillon de la vie m’a retardé. Je voulais prendre le temps de bien faire. Depuis le 18 novembre dernier, la collègue veille désormais sur ceux qu’elle aime. Cruel rappel du message que je voulais vous communiquer.



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