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La covid n’a pas anéanti le rhume ! Texte : Marina Desrosiers

Vous vous souvenez de ce temps lointain, avant mars 2020, quand le virus du rhume circulait allégre

Vous vous souvenez de ce temps lointain, avant mars 2020, quand le virus du rhume circulait allégrement dans les garderies, les écoles, les milieux de travail, les hôpitaux… ? On n’en faisait pas de cas, tant que ça ne se transformait pas en « grosse grippe d’homme » (d’ailleurs, il faudrait penser à trouver une expression moins sexiste pour ça…).

Levez la main, ceux qui continuaient de se rendre au travail, qui envoyaient leurs enfants à l’école ou dans leurs activités parascolaires, qui prenaient les transports en commun, qui passaient chercher du lait ou du pain à l’épicerie… N’ayez pas honte, on l’a tous fait !

C’était la « belle époque », l’ère de l’invincibilité. Pourquoi un rhume nous aurait-il arrêtés ? Pourquoi aurait-on donné le pouvoir à un virus de gâcher notre routine métro-boulot-dodo ? On ajoutait une boîte de mouchoirs à notre boîte à lunch, un paquet de pastilles et hop ! À pieds joints dans notre quotidien inchangé. Même si ça voulait dire qu’on laissait traîner le virus partout dans les lieux publics, autour de nos collègues, autour des amis de nos enfants et de leurs enseignants, à plein d’endroits qui attendaient juste de contaminer d’autres mains et d’autres corps. Même si ça voulait dire qu’on étirait la période de symptômes parce qu’on empilait les manques d’énergie.

C’était la belle époque, non ?

Celle où la santé était prioritaire deux fois par année : au Jour de l’An (« de la santé pis ben du bonheur ! ») et quand on se retrouvait fiévreux au lit avec l’impression de mourir. L’époque où on était con‑vain‑cus que la Terre arrêterait de tourner si on manquait une journée de travail ou si nos enfants manquaient une journée de garderie ou d’école. Vous imaginez le drame ??!! Toute une journée de bricolage ou de calculs 2 +2=4 de moins dans une vie ! Une journée de repos sur les 2160 journées consacrées à l’école entre 5 et 17 ans…

Entre vous et moi, c’était surtout la belle époque pour les virus, microbes et autres bibittes du même genre. Ils n’ont pas dû nous trouver rigolos avec nos confinements et notre désinfectant à mains… Ils ont vécu cachés pendant plus de deux ans dans l’attente de leur grand retour.

Les revoici !

En force à part ça !

Parce que notre système immunitaire à nous, celui de nos enfants, de nos bébés, de nos parents, il s’est affaibli à force d’être moins stimulé. Nos anticorps ont pris une pause (bien qu’ils aient été chatouillés par les vaccins entretemps). Et maintenant, tout de suite, immédiatement, c’est le temps de les réveiller ! Les virus automnaux débarquent et ils ont faim ! Ce n’est pas parce qu’on a mis toute notre attention sur le coronavirus que le rhinovirus est mort !

Nous verrons dans les prochains mois et les prochaines années à quel point la leçon a été comprise : on est malade, on reste chez soi. On tousse, on mouche, on atchoume, on se sent comme de la m…, on a la tête dans le bol : on reste chez soi. Nos cocos coulent du nez, sont bougons, ont vomi leur déjeuner : on les garde avec soi ! Pas indéfiniment… juste le temps que le gros des symptômes et des tousse-mouche-atchoum passe. Même si les maladies bénignes ne sont pas mortelles, ce n’est quand même pas agréable, alors on laisse faire pour partager en « cadeau » d’échange.

Une journée de vrai repos permet souvent de mieux guérir et de guérir plus vite qu’une tête dans le sable qui essaie de se faire croire que « c’est pas si pire… je suis encore capable de marcher ! »

Levez la main, ceux qui ont des souvenirs d’une journée d’enfance où ils étaient malades et où ils sont restés à la maison avec papa, maman, grand-papa, grand-maman, la gentille voisine, peut-être… Les câlins en pyjama, la collation spéciale mangée dans le salon dans une grosse doudou, l’émission de petits bonhommes regardée à une heure pas rapport, la soupe fumante délayée avec de l’eau froide pour pas se brûler… Vous vous souvenez à quel point vous vous êtes sentis importants pour la personne qui a pris toute une journée pour être aux petits soins avec vous ?

Manquer une journée de travail ou d’école quand on est malades, c’est une façon d’aider la santé collective, mais c’est aussi une façon de se forger des souvenirs. Et ça, il n’y a aucun médicament qui bat ça.

Marina Desrosiers

À la poursuite de mes rêves – Texte : Arianne Bouchard

Cette année, j’ai pris une résolution : croquer dans la vie à pleines dents et saisir toutes l

Cette année, j’ai pris une résolution : croquer dans la vie à pleines dents et saisir toutes les opportunités qui se présentent à moi. Je suis jeune, encore pétillante et sans enfant, et j’ai encore beaucoup de temps devant moi. J’ai donc pris la décision que je voulais vivre plein de nouvelles expériences, m’impliquer davantage et faire toujours plus de choses.

Pourquoi ? Quand j’étais plus jeune, je voulais devenir une actrice célèbre. Je voulais être riche. Bien sûr, je voulais faire les tapis rouges, faire ma Drama Queen sur les planches de Broadway et « m’amuser » toute la journée devant les caméras. Néanmoins, ce que je voulais plus que tout, c’était d’être partout à la fois. Avoir le pouvoir de le faire. Avoir la richesse et le pouvoir de m’impliquer dans la société. J’avais même commencé un projet de loi en me disant que ma notoriété m’aiderait à changer la face du monde. Oui, oui, à 10 ans, je rédigeais des projets de loi. Je me trouvais ben intelligente avec le projet que j’appelais : P.A.C.E., acronyme de Protection Animale et Conservation Environnementale. Projet que j’ai commencé en m’inspirant de la charmante Elle Woods dans Legally Blonde ! Je me disais qu’en devenant célèbre, je pourrais protéger tout et tout le monde.

Finalement, j’ai grandi, mes perspectives de carrières ont changé. Je ne suis pas devenue actrice et pour autant que je sache, je suis encore loin de la richesse ! Ce qui n’a pourtant pas changé, c’est la personne que j’étais. Je souhaite toujours faire la différence. Je souhaite toujours aider les autres.

Ironiquement, je suis devenue parajuriste ou autrement dit, le larbin des véritables juristes. Je voulais vraiment devenir avocate moi-même, mais mon parcours scolaire parsemé d’embûches pour des raisons de santé a mis un frein à mes rêves de justice. Je suis donc devenue une « presque », comme un client me l’a si gentiment rappelé une fois…

Après un an et demi à exercer dans le domaine, j’ai finalement décidé de prendre une pause. Les conditions d’emploi et l’environnement de travail ne me plaisaient plus. Je voulais un travail pour lequel j’étais appréciée à ma juste valeur. Et comme je suis arrivée par accident à mon ancien emploi, je suis arrivée par accident en assurances, pensant postuler pour un poste juridique dans la compagnie !

Les conditions de travail sont bien et pour l’heure, étonnamment, je m’y plais ! Le travail est moins stressant, les horaires sont plus flexibles et du coup : plus de temps pour moi, pour mes rêves.

Et donc, c’est comme ça que sans vraiment m’en rendre compte, je me suis mise à la poursuite de la vie dont je rêvais enfant. Les projets ont commencé à s’accumuler : essai bébé, première maison, écrire un roman, implication auprès des victimes d’agressions sexuelles et maintenant, retour aux sources : implication dans le domaine juridique.

Bref, ce que je veux dire, c’est que peu importe les chemins qu’on prend, même si des fois on a l’impression de s’égarer et que la vie n’a pas de sens : tous les chemins mènent à Rome. Il nous appartient seulement de garder en tête nos objectifs et de nous donner tous les moyens pour les atteindre.

Je ne serai jamais actrice. Je ne serai peut-être jamais riche. Je ne serai jamais partout à la fois. Cependant, je serai toujours cette jeune fille ambitieuse qui veut faire une différence et qui se donnera tous les moyens pour y parvenir.

Arianne Bouchard

Papa, maman : j’ai réussi ! Texte : Ghislaine Bernard

Bonjour papa, bonjour maman. Vous m’avez donné la vie et bien plus encore. Nous n’avons pas

Bonjour papa, bonjour maman.

Vous m’avez donné la vie et bien plus encore. Nous n’avons pas toujours été en bons termes. Nous avons vécu des bons et des très mauvais moments, mais nous avons vécu ! Aujourd’hui, j’ai quarante-deux ans. Vous n’êtes plus là ni l’un ni l’autre pour le vivre avec moi. J’aime à penser que vous êtes là, quelque part. Que vous avez appris qui je suis, ce que je suis. Mes peines, mes combats et mes joies, mes victoires.

Vous n’êtes plus là pour que je puisse vous crier haut et fort ma fierté, pour que je reçoive la vôtre.

Papa, on s’est très peu connus, pratiquement pas. Mais je crois que si les choses avaient été différentes, nous aurions pu avoir une relation père-fille vraiment épanouissante. Je ne peux pas refaire le passé, je l’ai accepté maintenant, papa. Toute ma vie, tu as manqué à celle-ci, mais aujourd’hui j’ai envie de te parler.

Maman, il n’y a pas si longtemps, je pouvais encore entendre ta voix. Je pouvais te voir, te serrer dans mes bras. Notre relation a été tumultueuse par moment, ne sachant pas trop laquelle de nous deux était le parent… Mais maman, tu es partie l’été passé et j’aurais voulu te partager ce que je viens de réaliser.

Mes parents, vous deux, qui chacun à votre façon avez fait du mieux que vous pouviez avec la personne que vous étiez. Vous aviez vos démons, vos propres combats. Je n’ai pas toujours compris ceux-ci et j’ai encore moins accepté certains. Mais je sais, autant dans mon cœur d’enfant que j’étais que dans celui de la mère, de la femme que je suis aujourd’hui, je sais que vous m’aimiez. Vous pour moi, vous souhaitiez le meilleur.

Alors voilà, aujourd’hui, je vous écris, à tous les deux, en même temps ! Même si je n’ai aucun souvenir d’un tel moment. Même si aucune photo en ce monde n’existe de nous trois réunis : je ressens le besoin de vous parler, ensemble.

Papa, maman : j’ai réussi !

Je suis une maman comblée, amoureuse d’un homme merveilleux en tout point de vue. Mais surtout, la fillette, l’adolescente révoltée, blessée et colérique que j’ai été est du passé. Je suis une femme qui s’accomplit jour après jour. Malgré tous nos déboires, vous avez contribué à développer de la femme qui vous écrit cette lettre et dont je suis fière !

Aujourd’hui, j’ai été diplômée !

Je suis une professionnelle dans le domaine qui a géré toute ma vie : la santé mentale.

Je comprends tellement de choses maintenant, j’ai fait la paix avec beaucoup d’autres. Oh, il me reste du chemin à faire, mais j’y suis !

Tous les deux, vous m’avez donné une valeur inestimable, qui aura toujours été ma plus grande force, pour laquelle je vous remercie : celle de ne jamais abandonner.

 

Simplement, Ghislaine

Nouvelle étape, la suite — Texte : Annick Gosselin

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Le premier soir, lorsque je suis arrivée de travailler, je me suis penchée pour lui donner un bisou et il a attrapé le balai, oui ! Oui ! Le balai ! Il m’a donné un bon coup avec le manche dans le front ! Tout un accueil !

Il était habitué que j’aille le chercher chaque soir. Non seulement je n’étais pas allée le chercher, mais en plus, je n’étais pas à la maison. Ça n’avait plus aucun sens dans sa petite tête de petit bonhomme de trois ans.

Depuis, il s’est écoulé trois semaines. Je réussis à l’approcher, à lui voler un bisou à la sauvette. Mais il me repousse la majorité du temps. Rien ne m’avait préparée à cela.

Je sais que c’est passager, mais c’est plus difficile que je ne le croyais, surtout que ça faisait trois ans que je le cajolais chaque jour. J’étais sa source de réconfort. Maintenant, il me repousse.

Ça va passer, il va s’adapter. Mais pour l’instant, mon réservoir de câlins de mon petit homme est complètement à sec et mon cœur de maman trouve cela difficile.

Je sais que pour lui, c’est tout un changement. Et c’est sa manière de me dire qu’il proteste. Mais nous allons doucement nous adapter à cette nouvelle vie. Qui, j’espère, ne laissera pas trop de cicatrices.

Une chance, il a un excellent papa. J’adore mon nouveau travail où je m’épanouis vraiment. Je rentre le soir en ayant hâte de voir ma famille, je suis calme et heureuse. Cela fait en sorte que je culpabilise moins de rendre mon petit bout de chou triste. Je sais que le temps arrange tout. Il en sera ainsi pour mon petit homme et moi.

Annick Gosselin

Merci à nos pharmaciens! Texte: Nancy Pedneault

Depuis le début de la pandémie, ils sont là. Ils nous accompagnent, s’adaptant aux mesures, inn

Depuis le début de la pandémie, ils sont là. Ils nous accompagnent, s’adaptant aux mesures, innovant pour s’assurer que tous leurs clients soient en santé et le mieux soignés possible. Je parle ici de nos pharmaciens.

Dès le premier confinement, ils ont usé d’imagination pour permettre la livraison des médicaments et autres produits essentiels. Ils se sont assurés que chacun ait accès à la pharmacie de façon sécuritaire.

L’arrivée des tests rapides est devenue un véritable casse-tête pour eux. Jonglant avec les consignes sanitaires, les clients impatients et la volonté de permettre au plus grand nombre de gens possible d’y avoir accès, ils continuent de servir leurs clients avec professionnalisme.

En ces temps de festivités, prenons le temps de remercier chaleureusement nos pharmaciens de famille pour leur travail plus qu’essentiel.

Nancy Pedneault

Et l’ombre sera derrière… Texte : Solène Dussault

Tourne-toi vers la lumière et l’ombre sera derrière. La lumière,

Tourne-toi vers la lumière et l’ombre sera derrière. La lumière, ma vérité, mon authenticité. Ce qu’il y a de plus précieux dans l’instant présent.

Je suis partie du travail il y a plusieurs jours. Pour me réchapper, me protéger. J’ai déposé les armes pour mieux me choisir. Parce que je m’aime assez, que j’ai assez de respect pour moi. Je n’aurais sans doute pas pris cette décision il y a de cela dix ans. Avant, je n’aurais pas pu laisser les autres poursuivre la mission sans moi. Je me trouvais irremplaçable et indispensable… Il n’y avait qu’une seule MOI, et c’est encore le cas. Sauf que… la vie m’apprend, tous les jours. Ils sont mieux sans moi. Ils ont besoin d’une moi qui est là, présente, à part entière. Pas une grise ni une beige, une asphyxiée ou une engourdie.

Depuis que je suis partie, je suis ici et maintenant. Je suis dans la lenteur, dans les siestes. Je suis assise au soleil, dans la maison, un livre à la main. Je décide. Je me laisse porter au gré de mes envies. Il y a des moments, enfin, pour ma créativité, celle qui réchauffe mon âme, me comble. Je me tourne vers ma lumière, comme le tournesol. Ma nouvelle vie est riche de tout ce que je mets dedans.

Ma lumière, c’est mon essence, ce qui me définit, ce qui n’est pas dicté par les autres. Mon courage, celui de prendre des décisions difficiles. Ma force, celle qui est de m’accompagner, avec bienveillance et bonté. Mon autonomie, qui me permet de me prendre dans mes bras, de me serrer fort, de me redire encore et encore que tout est parfaitement imparfait. Ma vulnérabilité aussi, c’est ma lumière. M’ouvrir à ce que mes amies veulent m’apprendre sur moi. À ce qu’elles me rappellent, souvent, que je suis une battante qui a l’humilité de s’écouter. Elles me touchent au plus profond de mon cœur, par leur présence. Une lumière pour moi. Et c’est aussi de demander de l’aide, de recevoir, d’être accompagnée par une perle, qui me remet sur ma route avec amour et humour.

Et les journées passent… Depuis que je prends du temps pour moi, je sors faire des anges dans la neige, comme lorsque j’étais enfant. J’allume des bougies sparkle, que je plante dans ma rôtie. Je regarde l’étincelle qui jaillit et elle me rappelle que je suis bien en vie, dans mon instant présent. Je me prélasse dans un bain mousse, pendant que la vie se poursuit autour de moi. Je m’assois dans un cinéma en plein après-midi. J’ai pris le temps de mettre mes bras autour d’un arbre, oui, oui ! Comme pour l’embrasser, le cajoler. J’ai attendu, le souffle arrêté. Je me suis sentie pleine, pleine de vie. J’ai regardé un écureuil aussi. Il était posé sur sa branche, me fixant de son regard nerveux. Il m’a fait penser à moi, à la recherche de son équilibre.

Et l’ombre sera derrière… Le renoncement. Dire non. Refuser. M’éloigner. Ne plus accepter. L’ombre c’est tout ce je dois laisser aller, qui ne m’est plus utile. C’est ce qui s’accroche à moi, comme un boulet. L’ombre c’est la peur qui m’empêche d’avancer, d’aller vers de nouveaux élans. Je n’ai pas besoin de cette noirceur. Je la laisse partir. Je m’appartiens.

Solène Dussault

Frapper le mur — Texte : Gwendoline Duchaine

Je me souviens précisément de cet instant. Seule dans une petite chambre du sud de la France, m

Je me souviens précisément de cet instant.

Seule dans une petite chambre du sud de la France, mon esprit a bloqué là. J’ai frappé le mur. J’ai crié en silence « PLUS CAPABLE ». « Je ne suis plus capable, je n’en peux plus ».

Le virus de la Covid-19 avait déjà commencé à m’épuiser mentalement depuis plusieurs mois, et j’avais vraiment besoin d’un break pandémique pendant mes vacances. Sauf qu’arrivée dans mon pays natal, tous mes proches ont testé positif au variant Delta. Le virus a volé les retrouvailles que l’on attendait depuis deux ans.

Alors que j’étais si seule dans cette petite chambre, j’ai reçu un courriel du travail. La goutte d’eau qui a fait déborder mon âme…

C’est à cet instant que j’ai frappé le mur. Je l’ai frappé tellement violemment qu’il m’a garrochée à terre.

À cet instant précis, l’espoir s’est éteint dans mon ciel : « Tout ne fait qu’empirer, je n’en peux plus, je n’ai plus envie »… Je ne verse aucune larme. Je suis juste en état de choc, je me sens prise au piège par cette pandémie. Je n’y arrive plus.

Par miracle, je n’ai pas contracté la Covid-19. Mais elle m’a frappée d’une manière…

De retour chez moi, chaque jour je pleure, mais je pense que c’est normal et que ça va passer.

Mais ça ne passe pas. Et mon ciel s’assombrit un peu plus chaque journée qui me rapproche de mon retour au travail.

Je suis infirmière. Ma job, c’est de composer chaque seconde avec la pandémie. Mais je n’ai plus cette force. Je pleure presque tout le temps.

Poussée par deux humains qui me connaissent bien, je contacte mon médecin. « Aide-moi, je ne suis plus capable, je n’en peux plus ». Au pied du mur, j’ai appelé au secours. Incapable de continuer à avancer. Clouée au sol.

J’ai eu l’immense chance d’être prise en charge très rapidement. Et d’être très entourée.

Depuis, j’essaie chaque jour de remettre du bleu dans mon ciel. Il y a des hauts et des bas. Il y a beaucoup de moments sombres. Il y a aussi des rires et du bonheur. Je me sens comme dans un océan en pleine tempête. Mon humeur ressemble aux vagues. Des fois, ça va pis, des fois ça va pas. Je suis ballotée dans cette eau tumultueuse. Je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas comment je vais.

Je crois que j’ai retrouvé un peu d’espoir parce que, poussée par mes proches, j’ai recommencé à vivre, à sortir. Je ne veux plus jamais perdre cette liberté. Je ne veux plus jamais qu’on m’interdise de prendre des humains dans mes bras… L’être si social que je suis reprend vie doucement. Je marche dans la nature, je cours, j’essaie fort…

Pourtant l’étincelle en moi est fragile. Pourtant l’envie, « la drive » que j’ai toujours eue, n’est pas revenue.

Je me sens perdue dans l’océan.

Je me sens éteinte.

Et je ne sais pas comment rallumer la lumière.

 

Gwendoline Duchaine

 

Moniteur de camp de jour… tout un job ! Texte : Annie Corriveau

La période estivale est une période de casse-tête pour tous les parents. Quoi faire avec nos enfa

La période estivale est une période de casse-tête pour tous les parents. Quoi faire avec nos enfants pour ne pas qu’ils passent leurs journées écrasés à regarder la télé ou à jouer à des jeux vidéo ?

 

Étant solo, j’ai vécu ce casse-tête pendant plusieurs années. Ma porte de sortie, le camp de jour de notre ville. Mes enfants y ont passé leurs étés, ont vécu des moments inoubliables, tout ça grâce à des ados qui travaillent très fort pendant huit semaines à jouer les G.O. pour les jeunes de 5 à 12 ans.

 

Depuis l’été passé, ma grande n’est plus une jeune du camp de jour mais une monitrice. Elle a tellement aimé son expérience comme jeune qu’elle a décidé de consacrer son été à divertir elle aussi les jeunes. Un travail à temps plein qui est très exigeant, mais très valorisant pour elle. Elle passe énormément de temps à préparer des activités, des défis, des jeux pour divertir son groupe et s’assurer que tout le monde passe du bon temps. Lire ici que le temps qu’elle passe à tout préparer, elle n’est pas payée ! Même que des fois, elle débourse elle-même quelques dollars pour des activités ou des petits cadeaux pour son groupe.

 

Je ne vous le cacherai pas, j’ai beaucoup d’admiration pour le travail qu’elle accomplit. D’autant plus que dans notre magnifique ville, nous n’avons pas de piscine municipale. Ici, que quelques parcs avec des jeux d’eau. Mais tout le site ne peut y aller en même temps… À ne pas oublier non plus, nous sommes en temps de pandémie ! Avec une année scolaire hors du commun qui a laissé tout le monde épuisé, ces jeunes doivent planifier leurs activités et tenir compte des mesures sanitaires. Ils travaillent avec des masques, ne peuvent mélanger les groupes entre eux. Doivent respecter la distanciation.

 

Maintenant, j’en appelle au gros bon sens des parents envers ces jeunes. Première question : feriez-vous ce travail, vous ? Deuxième question : est-ce que toutes les activités que vous demandez aux moniteurs de camps de jour de faire avec vos enfants, vous les faites, vous, à la maison ? Troisième question : est-ce que vous croyez toutes les histoires de vos enfants ? Est-ce que votre enfant a la vérité absolue sans vérification ?

 

Je m’explique… Depuis la semaine dernière, une maman se plaint que les enfants ne vont pas jouer assez avec l’eau. Est-ce que cette maman-là est certaine que son enfant aime vraiment jouer avec l’eau ? La maman se plaint, mais l’enfant ne veut pas car il n’aime pas ça être mouillé… Une maman se plaint que son enfant ne boit pas d’eau… Est-ce que cette maman envoie une gourde à son enfant ? Ben non ! Une maman se plaint que les enfants passent trop de temps au soleil. Est-ce que vous croyez que les moniteurs eux-mêmes resteraient des heures au soleil ? Ils mettent tout en œuvre pour protéger les jeunes de leur groupe, car ils passent tellement de temps ensemble, aussi bien que ça en soit du bon. Une maman se plaint que son enfant a un coup de soleil… L’enfant n’a pas de crème solaire dans son sac. Ce ne sont que quelques exemples d’histoires dont ma fille et ses amis discutent ensemble.

 

Ces moniteurs sont responsables oui, mais encore faut-il que le parent fasse aussi sa part de travail de parent. On ne peut pas demander l’impossible à quelqu’un si on ne peut le réaliser soi-même. Toutes ces histoires m’ont empêchée de dormir une nuit complète. J’ai écrit ce texte pendant une course de 5 km tellement ça m’occupait l’esprit.

 

Pourquoi ? Parce que ces jeunes s’investissent corps et âmes pour divertir des enfants de parents qui ne font que critiquer, que se plaindre. Les moniteurs font leur possible. Ils essaient de faire passer un été inoubliable à ces jeunes. Pourquoi ne pas les remercier à la place ? Pourquoi ne pas leur dire MERCI ? Alors je le fais ici et si vous connaissez un ado qui consacre son été à s’occuper des plus jeunes, faites comme moi et dites-lui MERCI ! Identifiez-le ou identifiez-la ici pour qu’on puisse nous aussi lui dire MERCI !

 

Annie Corriveau

 

Le prix de la liberté (ou : Mais pourquoi donc travailler?) – Texte : Nathalie Courcy

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? P

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? Pas nécessaire, t’sais ! Tu es logée, nourrie, habillée, transportée, éduquée. Tu as même des REEE engrangés pour payer tes prochaines années d’études, don généreux de tes parents si aimants (et si parfaits… awèye, avoue !) Qu’est-ce qui pourrait bien te motiver à utiliser tes précieux temps libres pour travailler au salaire minimum et te faire possiblement suer à répondre à la caisse à des clients pas tout le temps fins-fins ?

Tu as un bon point. Mais moi j’en ai sept ! Pis 7, ben, c’est un chiffre parfait. Faque, j’ai raison.

  1. Tu as le goût de t’acheter (cocher les cases appropriées):

a) Des bonbons trop sucrés, pas full recommandés par ton dentiste et ta mère grano.

b) Des vêtements à la mode qui coûtent un bras pis la peau des deux.

c) Du maquillage, de la teinture, tout ce qui ne rentre pas officiellement dans la catégorie « Essentiels de l’hygiène corporelle ou mentale ».

d) Un voyage quelque part (ça c’est cool, parce que la pandémie te donne plus de temps pour économiser !)

e) Un ordinateur ou une machine à coudre ou un char ou… n’importe quelle bébelle électrique ou à moteur qui ne fait pas partie du budget familial.

   2. Tu as des ambitions d’études, de carrière ou de vie qui t’amèneront (trop vite à mon goût) à vivre loin du cocon familial. Je veux bien t’aider, mais je ne suis pas prête à payer deux hypothèques pendant vingt ans.

   3. Ton vécu dans la famille et à l’école t’a permis de prendre beaucoup de maturité et d’autonomie depuis près de 18 ans. Mais là, c’est le temps de passer au niveau suivant d’un jeu nommé Reality Check. Ça se joue comme Mario Bross, sauf que les pièces de monnaie ne s’attrapent pas en faisant des acrobaties dans les airs (et tu ne peux pas t’amuser à perdre des vies… tu tomberais direct Game Over si tu sautais dans le vide, faque essaye pas). Et je te jure que quand tu TE trouveras, tu crieras VICTOIRE ben plus fort que quand Mario trouve la princesse.

   4. Je me doute que ton but dans la vie n’est pas de passer des codes-barres au-dessus d’une machine qui fait des BIP stridents mille fois par jour ou de faire des crèmes glacées enrobées dans le chocolat à l’érable version cabane à sucre saupoudré de sparkles Il n’y a pas de sots métiers, c’est ce que ma prof d’Éducation au Choix de Carrière (ECC, pour les vieux de ma trempe) disait, et je suis d’accord. Mais je te connais, tu as une vision plus… visionnaire ? Pendant que tu fais tes heures, un, tu ne te mets pas dans le trouble (dans une ancienne vie dans la capitale québécoise, on disait que le travail et les cadets sortaient les jeunes du Carré d’Youville et les empêchaient de devenir des poteux… dire que maintenant, c’est légal !!) et deux, tu apprends. Mais ma foi du bon Dieu, qu’est-ce que tu apprends donc ? Deux ou trois notions pertinentes, du genre la politesse, l’effort, la ponctualité, l’esprit d’équipe, l’adaptation aux imprévus, le respect, la valeur des choses et du temps, l’organisation. Et plein d’autres belles valeurs quétaines dont tu découvriras l’importance à un âge vénérable comme le mien.

   5. Que dire des lignes que tu ajoutes dans ton CV ! À 16 ans, on peut se permettre de n’avoir que des expériences de gardiennage et de bénévolat dans son CV. Mais à 26, c’est moins hot. Ça prend des références. Ça prend des compétences en plus des diplômes. Ça prend des preuves que tu peux être une bonne employée, ou une bonne employeuse. Ou une bonne ce que tu voudras être. Ça prend aussi de l’expérience d’entretien d’embauche, parce qu’entre toi et moi, se présenter en entrevue peut être aussi agréable que d’essayer des maillots de bain dans une boutique où tous les miroirs sont en dehors des cabines d’essayage.

   6. Et puis oui, ça prend de l’argent. Mauvaise nouvelle, hein ! Les choses ont un prix. Je ne veux pas t’écœurer, mais la vie coûte cher, même pour ceux qui font du 0 déchet minimaliste tirant sur la simplicité volontaire. C’est en gérant ton propre budget que tu apprendras que le montant qui sort de ton compte doit toujours être moins élevé que ce qui y entre. Maths de base, 1reannée du primaire. Avec le temps, tu continueras à comprendre les mystères des taxes, des rabais, des factures et des T4, la joie de faire tes impôts et la nécessité de payer tes cartes de crédit avant la date limite.

   7. Un jour, tu verras dans ton compte le nombre magique que tu attendais depuis un bon bout. Celui dont tu rêvais, celui pour lequel tu travaillais si fort. Tu verras le montant qui te permettra de t’acheter ce qui te donnera encore plus l’impression d’être une jeune femme autonome. Ce sera à toi, comme aucun vêtement ni aucun objet que j’ai pu t’acheter depuis ta naissance. (Je me souviens encore de la radiocassette avec deux haut-parleurs intégrés que je m’étais achetée « dans le temps »… 130 beaux dollars bien économisés. Ihhhh ! Que je me sentais grande !) Cette journée-là, peut-être que tu seras reconnaissante que je t’aie un peu botté les fesses pour que tu te trouves un emploi.

Mais ma grande, j’y pense. Je t’ai souvent dit que nos enfants ne nous appartiennent pas et que la plus belle valeur que je peux vous transmettre, c’est la liberté. Mais pas n’importe laquelle. Une liberté responsable et assumée. L’argent n’achète pas tout, bien sûr. Mais l’argent bien géré aide à atteindre ce type de liberté. Et c’est ce que je te souhaite.

P.S. Tu te souviens, hein, de ce qui est écrit en mini caractères dans notre contrat mère-fille ? Quand tu seras riche, tu m’amèneras faire un tour de machine au soleil et tu me payeras la crème glacée. Je vais prendre celle aux mangues avec enrobage de chocolat blanc. S’il te plaît.

Nathalie Courcy

Tu es le petit peuple – Texte: Gwendoline Duchaine

Tu es le petit peuple. Tu n’as pas ça toi, du cash pour acheter des loisirs, des maisons, des

Tu es le petit peuple.

Tu n’as pas ça toi, du cash pour acheter des loisirs, des maisons, des chalets, des voyages ou des objets divers et variés. Tu n’as pas ça toi, un fonds de pension, une retraite ou des placements financiers. Tu essaies juste de vivre, et les fins de mois sont toujours un peu plus pénibles.

 

Tu es le petit peuple.

Celui qui se lève tôt le matin et dont l’unique richesse est de regarder le soleil embraser doucement le ciel.

 

Tu es le petit peuple.

Celui qui travaille chaque jour, de ton mieux, avec ton petit sourire et ta gentillesse. Au service des autres. Chaque journée si routinière, avec courage et passion, tu es cette petite fourmi qui fait tourner leur monde.

 

Tu es le petit peuple.

Tu es ce service essentiel qui sort affronter les tempêtes au plus intense d’une pandémie, celui qui n’arrête jamais et qui pourtant est si fatigué. Tu es devenu ce peuple qui travaille d’arrache-pied dans l’indifférence la plus totale.

 

Tu es le petit peuple.

 

Tu es leur petit peuple.

 

Tu es celui qui trouve des petits bonheurs dans beaucoup de petites choses et qui s’émerveille avec presque rien.

 

Tu es le petit peuple.

Tu es celui qui toute sa vie se lèvera et regardera s’enflammer le soleil.

 

Tu es le petit peuple.

 

Gwendoline Duchaine

 

Arrête, fille : Texte : Kim Boisvert

Arrête.

Arrête, fille, de vou

Arrête.

Arrête, fille, de vouloir montrer que tu vas y arriver. Parce que tu vas y arriver, mais clairement pas là. Pas si tu continues comme ça. Tu brûles la chandelle par les deux bouts.

Arrête, fille, de penser que tu vas tout perdre. Parce que même si tu perds tout, tu vas gagner bien mieux. Who cares de ton CV parfait si t’as le cœur à la mauvaise place ? Écoute‑toi. Si tu fais des recherches d’emploi pour un salaire et non une qualité de vie, c’est que t’es définitivement pas centrée sur l’important : TOI. Ton bonheur. Je t’entends me dire que tu as des p’tits à faire manger. Mais le salaire que t’as n’est rien si tu leur lances leur assiette par la tête le soir parce que t’es frustrée. Si le 8 à 5, ce n’est pas pour toi, y’a plein d’options possibles ! Arrête de douter de toi pis fonce.

Arrête, fille, avec ta fierté de fier pet. On s’en claque que tu aies à mettre les deux genoux à terre. Ça t’va bien d’être sur le stop un peu. T’es étourdissante quand tu tournes en rond dans les bulles.

Arrête, fille, de penser que les gens vont penser X alors que tu penses Y, pis laisse-les donc penser ce qu’ils veulent bien. T’as déjà ta tête à gérer. Toi, tu penses à quoi, là maintenant ? C’est ça qui faut que tu changes. Maurice peut ben penser ce qu’il veut. Ça lui appartient et il n’est pas dans tes bottines.

Arrête, fille, de pas t’arrêter. Laisse ton orgueil de côté pis vas-y dans le freestyle.

Allez, arrête.

Kim Boisvert