Cette maman qui pleurait — Texte : Audrey Léger
Est-ce que tu as pris le temps de regarder cette maman qui pleurait ?
Est-ce que tu l’as vraiment vue ? Est-ce que tu l’as vraiment comprise ?
Est-ce que tu l’as jugée ? Est-ce que tu l’as méprisée ?
Cette maman n’a pas pu assister au premier spectacle de danse de son fils de 6 ans.
Il a bien compris que sa maman n’avait pas le droit d’entrer dans la salle, qu’elle ne le verrait pas danser… Elle ne lui enverrait pas le bisou de la chance et ne l’applaudirait pas. Pas ce soir en tout cas…
Ton cœur a compris, ce soir-là ? Cette maman était aussi aimante que les autres. Elle devrait pouvoir assister au spectacle de son enfant. Il devrait y avoir un moyen. Il y avait tellement d’espace et de bancs vides.
Vous l’avez laissée pleurer ce soir-là. En sachant, au plus profond de vos entrailles, que ce n’était pas bien, que ce n’était pas normal. Qu’elle méritait autant que tout le monde de voir son enfant ce soir-là. Que son enfant méritait de voir sa maman le regarder.
Tu as compris que les dommages étaient bien plus grands que les risques.
Cette maman était bien seule. Elle était en sanglots. Parce que les gens ont perdu leur humanité. Parce que rien n’a de sens. Parce qu’après le spectacle, elle était là. Dans le corridor, derrière les grandes portes.
La foule s’est mise à l’encercler, à l’effleurer, à la bousculer. Elle avait le droit d’être parmi eux. Mais elle avait perdu le privilège de voir les étoiles dans les yeux de son petit à son premier spectacle.
À toutes les personnes qui souffrent en silence : vous n’êtes pas seules.
Audrey Léger