Tag larmes

Je m’excuse de pleurer… pourquoi, donc? Texte : Nathalie Courcy

Tes larmes montent aux yeux. Ta gorge se transforme en nœud coulant. Ta voix se tord et fond. Les p

Tes larmes montent aux yeux. Ta gorge se transforme en nœud coulant. Ta voix se tord et fond. Les pleurs creusent une rigole sur tes joues.

« Je m’excuse… »

 

Pourquoi t’excuses-tu? En quoi c’est important pour toi, de t’excuser? Parce qu’il faudrait donnnnncccc garder le contrôle sur ton visage, tes yeux et le regard des autres? Parce que tu veux prendre soin des autres avant de prendre soin de toi? Parce que les autres te jugent sûrement autant que tu te juges toi-même?

Tu t’excuses de quoi au juste? De pleurer? De te montrer vulnérable? Te laisser monter tes émotions? D’oser être toi-même? De prendre du temps pour vivre ce que tu as à vivre? De peut-être faire vivre des émotions aux autres? Et si tout ça avait sa raison d’être?

À qui t’excuses-tu? À ceux qui te regardent? À ceux qui t’entendent? À ceux qui peuvent t’écouter? À ceux qui t’ont fait pleurer?

Est-ce que quelqu’un t’a dit que tes larmes le dérangeaient? Ou peut-être que c’est toi, que tes larmes dérangent… Ou peut-être qu’elles te démangent depuis longtemps?

Et si ce dérangement était positif? Ben oui… voir quelqu’un s’émouvoir, ça peut rendre mal à l’aise, mais ça peut aussi donner l’exemple. Prouver que pleurer n’est pas dangereux. Montrer que pleurer, ça fait souvent du bien, peut-être sur le coup, peut-être après. Ça libère, n’est-ce pas… Ça dégage ce qui était pris en dedans. Ça désemprisonne. Ça crée de l’espace.

 

Combien de fois ai-je entendu des personnes, des femmes surtout, avouons-le, s’excuser parce qu’elles pleuraient devant une autre personne, devant un groupe? Ces temps-ci, parce que je suis en démarche de développement personnel, chaque semaine. Ça arrive systématiquement. Une personne s’exprime et pleure : « Je m’excuse ». Comme si c’était péché. Comme si on faisait du tort à l’autre en pleurant. C’est plutôt à soi qu’on fait du tort en ne se donnant pas la permission de pleurer. Ou en s’excusant de pleurer.

« Je m’excuse »… Ben non, vas-y, pleure si tu en ressens le besoin! Si ça monte, c’est que c’est là! Ça veut sortir, laisse aller! Si c’est devant d’autres personnes, c’est une bonne chose : tu n’es pas seule à porter ces larmes. Elles sont accueillies, guéries.

Quand tu pleures devant ton miroir, t’excuses-tu à la glace? T’excuses-tu à toi-même?

Quand tu pleures dans le bois ou dans la nuit, t’excuses-tu aux arbres, aux écureuils ou aux étoiles?

Et quand tu réprimes tes pleurs, t’excuses-tu à tes larmes de les garder pour toi? Leur dis-tu à quel point tu aimerais les laisser sortir, mais que tu ne t’en sens pas la force? Et si c’était plus facile que tu le penses… laisse aller, juste laisse aller.

 

Je suis loin d’être la plus grande Madeleine du monde. Mes larmes me surprennent parfois, au coin d’un œil, ou dans un racoin de mon cœur. Je les laisse être ce qu’elles ont le goût d’être : petites et humides, grandes et mouillantes, silencieuses ou bruyantes. Et j’essaie de les laisser être sans me sentir désolée qu’elles soient. Comme moi, elles ont le droit d’exister.

Et je ne m’en excuse pas.

Nathalie Courcy

La pluie dans les yeux – Texte : Nancy Pedneault

Elles sont là, tout près. Elles attendent sagement le bon moment (ou le mauvais) pour éclore. Dou

Elles sont là, tout près. Elles attendent sagement le bon moment (ou le mauvais) pour éclore. Doucement, on les sent monter, s’accumuler à la base de nos cils, jusqu’à couler sur nos joues : les larmes.

Il y a ces larmes de rien. Celles qui arrivent sans crier gare, lors d’un film ou d’un spectacle d’enfants. On n’a pas l’impression d’être si ému, pourtant. Mais elles sont là et ne veulent pas rester sagement d’où elles viennent. Elles coulent doucement, comme une chaude pluie d’été.

Il y a ensuite ces larmes que l’on déteste. Celles que l’on ne veut pas voir. Celles qui auraient mieux fait de rester : les larmes de colère. On dirait qu’elles n’ont pas le même goût. Elles sont âcres et désagréables. Elles suivent les sillons de nos traits tirés pour couler jusqu’au cou.

À l’opposé, il y a les larmes de joie qui arrivent et qui font du bien. Elles mouillent délicatement le coin de l’œil et glissent tout en douceur sur nos pommettes saillantes. Elles se font rares et sont tellement précieuses. Elles scellent les moments marquants, démontrant la puissance de l’instant.

Évidemment, il y a ces larmes les plus connues : les larmes de tristesse. Elles arrivent comme un déluge. Elles montent, inondent, coulent et coulent encore. Elles finissent par se calmer jusqu’à disparaître et elles reviennent sans avertissement. Souvent, elles soulagent et font sortir la douleur qui nous envahit.

Finalement, il y a les larmes de la famille. Celles-ci accompagnent plusieurs sentiments ou événements marquants de la vie familiale : amour inconditionnel, inquiétude, fierté, déception, rires, fatigue… Elles sont parfois discrètes, d’autres fois torrentielles.

Et vous, laissez-vous aller vos larmes ?

Nancy Pedneault

 

Cette maman qui pleurait — Texte : Audrey Léger

Est-ce que tu as pris le temps de regarder cette maman qui pleurait ? Est-ce que tu l’as vrai

Est-ce que tu as pris le temps de regarder cette maman qui pleurait ?

Est-ce que tu l’as vraiment vue ? Est-ce que tu l’as vraiment comprise ?

Est-ce que tu l’as jugée ? Est-ce que tu l’as méprisée ?

Cette maman n’a pas pu assister au premier spectacle de danse de son fils de 6 ans.

Il a bien compris que sa maman n’avait pas le droit d’entrer dans la salle, qu’elle ne le verrait pas danser… Elle ne lui enverrait pas le bisou de la chance et ne l’applaudirait pas. Pas ce soir en tout cas…

Ton cœur a compris, ce soir-là ? Cette maman était aussi aimante que les autres. Elle devrait pouvoir assister au spectacle de son enfant. Il devrait y avoir un moyen. Il y avait tellement d’espace et de bancs vides.

Vous l’avez laissée pleurer ce soir-là. En sachant, au plus profond de vos entrailles, que ce n’était pas bien, que ce n’était pas normal. Qu’elle méritait autant que tout le monde de voir son enfant ce soir-là. Que son enfant méritait de voir sa maman le regarder.

Tu as compris que les dommages étaient bien plus grands que les risques.

Cette maman était bien seule. Elle était en sanglots. Parce que les gens ont perdu leur humanité. Parce que rien n’a de sens. Parce qu’après le spectacle, elle était là. Dans le corridor, derrière les grandes portes.

La foule s’est mise à l’encercler, à l’effleurer, à la bousculer. Elle avait le droit d’être parmi eux. Mais elle avait perdu le privilège de voir les étoiles dans les yeux de son petit à son premier spectacle.

À toutes les personnes qui souffrent en silence : vous n’êtes pas seules.

Audrey Léger

 

À ma jeune moi — Texte : Ghislaine Bernard

Pourquoi tu pleures ? En fait, pourquoi ne pleurerais-tu pas ? Tu es une enfant, les enfants, ç

Pourquoi tu pleures ? En fait, pourquoi ne pleurerais-tu pas ? Tu es une enfant, les enfants, ça vit leurs sentiments spontanément. Pourquoi pas toi ? Tu sais, les grands aussi ça pleure. Beaucoup plus que tu ne le crois. Les larmes, c’est comme la pluie dans la nature, ça nettoie. Tu te rappelles ce gros chaudron que ta maman avait qui avait un bouchon qui vibrait et sifflait en laissant échapper la vapeur pour pas que ça explose ? Eh bien, pleurer c’est la même chose, c’est le bouchon qui laisse passer le trop-plein ; tes paupières laissent passer ton trop-plein à toi pour pas que tu exploses par en dedans. Oh ne t’inquiète pas : tu n’exploseras pas pour vrai ! Au lieu de ça, tu vas voir, ton cœur va aller plus vite, tu vas avoir mal au ventre, à la tête et tu auras peut-être envie d’être en colère pour des petits détails. Ton explosion, ça va être de ne plus avoir envie de rire ni de sourire. Ne plus jouer avec tes jouets. Te priver des plaisirs que tu aimes vraiment.

Je sais bien que parfois, les grands ils comprennent pas qu’un détail peut te faire de la peine. Ils te disent souvent « Y’a rien là ». Ta maman, elle entend souvent sans écouter ce dont tu voudrais lui parler, alors tu te tais de plus en plus. Tu deviens moins bruyante, plus agressive lorsque tu joues au ballon. Même si pour toi, tes peines sont énormes, tu te fais dire qu’il y a pire. Puis, tu écoutes ses histoires qui effectivement sont bien pires que d’avoir brisé un jouet, que ton amie te boude ou que ce garçon qui te plaît ne s’intéresse pas à toi. Il y a effectivement pire que les moqueries qu’on te dit à l’école et dans le parc. Mais je t’en prie, il faut que tu saches que tes peines, elles existent pour vrai dans ton cœur à toi. Puisqu’elles existent, elles sont aussi importantes que la faim dans le monde !

D’ailleurs c’est justement un de tes besoins ça, hein ? Ta faim et ta soif. Tu es avide que ta maman te regarde, te félicite, soit fière de toi et te le dise… qu’elle ne prenne que deux secondes pour te dire qu’elle t’aime. Tu as toujours voulu lui montrer que tu étais là, que tu étais importante. Mais c’est pas à toi de lui prouver, tu sais. C’est à elle de s’en apercevoir. Elle le fait pas, alors tu as envie de pleurer. Alors pleure. Surtout, n’aie pas honte, sois pas gênée de pleurer. Tu laves tes yeux qui ont vu des choses qui t’ont fait de la peine.

Puis, l’amoureux de ta maman, ben il fait de son mieux. Il t’aime comme sa propre fille, mais c’est pas pareil comme l’amour que tu aurais voulu avoir de ton vrai papa. Cet amour te manque, même si tu refuses de même te l’avouer à toi-même.

J’aurais voulu être là pour te prendre dans mes bras, comme je prends mes enfants aujourd’hui. Pour leurs petites et grosses peines. T’aider à comprendre la douleur qui pince ton cœur quand tu vois qu’à toi, certains ne s’intéressent pas. Alors tu crois que tu en vaux pas la peine, tu fonctionnes comme une automate. Tu grandis. Quand tu étais plus jeune, tu arrivais à faire semblant que ça te touchait pas, tu t’occupais et tu te disais que tôt ou tard, ça marcherait. Mais au fil du temps, tes émotions grandissent autant que ton corps.

Tu as bien vu les regards changer quand ils glissent sur toi. Tu as aimé cette nouvelle attention que ça t’a procurée. Même si au fond de toi, tu sais bien que certains sont malsains. Tu as accepté des caresses en te disant que c’est tout ce à quoi tu avais droit. Que c’est tout ce que tu méritais. Tu as souri, tu en as redemandé, tu les as eues. Mais en même temps, la colère grondait en toi. La haine prenait la place que l’absence d’amour avait laissée vide. Ce dédain de l’humain, mais surtout de toi-même. Tu as vu des choses que certaines personnes pensent que ça existe juste dans les films. Tu as subi, non pas le pire dans le monde, mais le pire dans TON monde. Dans TA bulle. Mais tu as toujours nié la souffrance qui pesait toujours plus lourd en toi.

Au fil des ans, tu as cumulé ces souffrances à oublier qu’elles existent. Comme l’hiver lorsque tes doigts gèlent au froid… vient un moment où, dépassant l’engourdissement, tu ne les sens plus. Les peines, les colères, les douleurs ont continué à te marteler, mais tu ne les sentais juste plus. Tu t’es dit que si au minimum, tu pouvais aider d’autres personnes à ne pas devenir comme toi, peut-être que ça t’apporterait une satisfaction. Un sentiment d’avoir une raison d’être là… d’avoir survécu. Alors depuis ce moment fatidique où tu as retiré le couteau de ta chair, tu t’es donnée à fond pour y arriver. Tu t’es trompée bien des fois depuis.

Tu sais, si je pouvais aller te parler cette journée-là où tu refusais de jouer avec ta poupée parce que tu avais pleuré, je ne sais pas réellement ce que je te dirais. Pour être franche, j’aurais peur. J’aurais peur d’intervenir, car ça t’a bâtie. Je ne sais pas ce que tu serais, qui tu serais aujourd’hui si j’avais pu t’aider à vivre tes émotions. Aujourd’hui, à fleur de peau, fatiguée, épuisée d’avoir tant combattu des démons en chair et en sang que ceux de tes souvenirs… que ceux que tu aurais pu éviter, ou qui t’auraient pas approchée si j’avais pu intervenir. Est-ce que tu serais celle que tu es aujourd’hui ? Est-ce que tu saurais aimer de toute ton âme et te battre pour eux ? Est-ce que tu serais cette maman que tu es ? Peut-être que oui. Peut-être que non. Nous ne le saurons jamais, car même si aujourd’hui tu es saturée et déboussolée, tes « je t’aime » n’ont jamais été aussi profonds et sincères. Ceux que tu reçois valent tous tes combats… mille fois !

Je pense que la seule chose que j’aurais changée, c’est que je t’aurais prise cœur contre cœur, pour qu’ils battent à l’unisson. Je t’aurais dit de pleurer, car parfois, je t’assure, sans te changer, ces pleurs t’auraient quelque peu soulagée. La lourdeur en toi serait moindre. Mais encore là… qui sait ?

Je crois que la vie nous envoie les obstacles selon ce que l’ont peut combattre. Mais il est certain que gravir une montagne rocheuse est toujours plus facile bien chaussé. Alors, je t’aurais assurément aidée à apprendre à faire des boucles bien solides, pour avoir les pieds bien ancrés.

 

Simplement Ghislaine

Vidée

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

« Chérie, qu’est-ce que t’as? T’es sûr que ça va? T’avais pas l’air de feeler tantôt? »

Au téléphone, je réponds simplement : « Mais oui. Je suis fatiguée comme d’habitude, c’est tout. »

Je voudrais tant lui dire à quel point ça ne va pas. Que mes pensées sont souvent en guerre et que mes larmes en sont le sang versé. Que mon corps fatigué en est le champ de bataille.

Mais cette belle douleur, je la garde pour moi. Je lui dois d’être forte.

Mais qu’est‑ce que je pourrais bien lui dire alors que je ne connais pas réellement la source de mes douleurs? De quoi vais‑je encore me plaindre?

J’ai la chance d’avoir un homme qui m’aime, trois enfants en santé.

Alors, lorsque je me retrouve seule, pourquoi ai‑je la folle sensation que je vais tomber? Que j’ai fait le dernier pas possible, que mes genoux vont enfin lâcher afin que je puisse m’avouer vaincue… vidée.

Ce point dans ma poitrine qui s’est pointé le bout du nez il y a plus d’un mois maintenant m’a fait réaliser que je ne suis pas faite d’acier. Un jour, je tomberai.

Je suis si douée pour prendre soin des autres… pourquoi suis‑je incapable de prendre soin de moi? Ou est‑ce un laisser‑aller inconsciemment volontaire?

Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Maman est vidée. Littéralement vide. J’avance sur le pilote automatique en espérant de toute mon âme croiser la station d’essence très bientôt. J’ai besoin de faire le plein ou de me brancher dans une source d’énergie. De sentir cette belle énergie me submerger à nouveau.

Pour l’instant, mes pleurs se font discrets sous la chaleur réconfortante de la douche. Le jet arrive directement sur mon visage, la chaleur apaise ma douleur. Mes larmes se font transporter par le courant de l’eau jusqu’aux égouts, pour aller directement à l’usine d’épuration d’eau. On y enlève tous les déchets afin que mes larmes soient déversées dans la rivière.

À partir de ce jour, chaque fois que je contemplerai une rivière, la mer… peu importe le courant d’eau, je penserai à toutes ces femmes qui ont su maintenir le niveau de l’eau. La mer est faite de larmes. Vos larmes sont maintenant nettoyées de toute tristesse afin de se transformer en vraie beauté.

 

Ben oui je pleure !

Jusqu’à cette année, les larmes et moi, ça faisait deux. Deux e

Jusqu’à cette année, les larmes et moi, ça faisait deux. Deux entités dans une relation à la limite de la guerre froide. Sauf que si on s’était rendues là, elles auraient gelé.

Enfant, aux dires de ma mère, je n’étais pas une pleureuse. Mes frères aînés n’ont probablement pas la même opinion. Devant eux, j’avais peu de mots, mais beaucoup de cris et de larmes. On s’exprime comme on peut.

Quand mon père est décédé, j’aurais pu pleurer. T’sais, j’avais sept ans. Ça aurait juste été « normal ». Au salon funéraire, je m’empêchais de regarder son visage dans le cercueil pour ne pas fondre en larmes (au sens propre du terme : me liquéfier entièrement sous l’emprise d’une peine trop vaste pour mon corps d’enfant). Lorsque mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes cousins et cousines sont décédés, l’envie de pleurer n’y était juste pas. Je ressentais une tristesse, parfois une incompréhension ou un désir de lutter contre l’injustice de leur départ et de notre souffrance. Mais polluer mes joues avec du H2O mélangé de NaCl ? Bof. Pas nécessaire. Ça n’aurait ramené personne. Ça n’aurait consolé personne. Même pas moi.

En fait, je me souviens d’avoir pleuré pour un oncle, mon choucou. Mort soudaine. La corde. Le choc. Quelque temps avant mon mariage. J’aurais tant voulu qu’il y soit. Je me suis laissée aller. Je me suis laissé consoler. Aucune surprise, ça n’a rien réglé, mais au moins, c’était exprimé (comme dans « extériorisé »).

Je n’ai pas pleuré, non plus, quand j’ai quitté mes cadets après quatre ans à les accompagner et, vraiment, à les aimer. J’ai accepté l’immense bouquet de fleurs qu’ils m’ont offert, mais j’ai refusé de faire un discours. Le motton se faisait sentir dans ma gorge serrée et me faisait mal. Physiquement. À l’idée de m’effondrer, de ne plus savoir m’arrêter, de me transformer en sanglot gigantesque qui ne trouve plus de vallée pour se calmer, j’ai préféré cacher mon visage et respirer jusqu’à tant que ça passe. Afuuu afuuu.

À mon mariage ? Pourquoi pleurer ? C’était joyeux, non ? À mes accouchements ? J’avais si mal que je n’avais plus de larmes. Même la joie de tenir mes bébés dans mes bras ne portait pas de larmes, qu’un sourire béat. Quand j’ai perdu le fœtus jumeau de mon fils ? Je me suis ressaisie rapidement : il y avait cet autre être qui avait besoin d’une maman forte pour rester accroché. Mon cerveau cherchait déjà comment l’expliquer à mes filles, comment les protéger d’une trop grande peine. Et pourtant, une partie de moi s’en était allée…

J’ai pleuré dans l’intimité devant ma difficulté d’enfanter. Devant l’évidence grandissante d’une vie de couple qui frôlait le bord de la falaise sans que je puisse la retenir. Pleuré, aussi, embourbée que j’étais au milieu des dédales d’une parentalité qui ne trouve plus de solutions ni d’aide. Je me souviens même d’avoir osé pleurer devant mes enfants. Ça les avait ramollis, convaincus (temporairement) qu’ils devaient se calmer le pompon.

Si j’avais plus pleuré dans le passé, j’aurais probablement moins souffert de rétention d’eau et j’aurais évité la pourriture intérieure des souvenirs.

Garder le contrôle… c’est bien beau, mais ce n’est pas ça, la vie. En tout cas, ce n’est plus la vie que je veux. J’ai choisi de me laisser aller. D’ouvrir les robinets quand le besoin se fait sentir. Depuis la séparation, je passe plus de temps en tête à tête avoir moi‑même. J’enlève des couches de passé non réglé. J’apprends à me sentir en sécurité dans le spectre de mes émotions et de mes pensées.

Parfois, je me fais surprendre par des larmes, même par des sanglots. Au travail, devant une publicité d’autos, en regardant la beauté d’un oiseau, sur l’autoroute 20 (t’sais, les tounes qui font brailler ?), en chantant une berceuse à mes enfants ou entre le repas principal et le dessert. Plus besoin de faire passer ça sur le dos des oignons à couper. C’est mon cœur à moi que j’accepte d’éplucher pour atteindre son centre et lui laisser de la place.

Je ne suis pas nécessairement prête à faire confiance à quelqu’un d’autre pour le laisser prendre mon cœur, mais je commence (finalement !) à me faire assez confiance pour laisser parler mon cœur. Comme m’a dit une amie (qui m’a fait pleurer !) :

Le principe même du lâcher-prise.

Nathalie Courcy

Mes larmes de mère

Elles coulent sur mes joues, salées et amères… mes larmes de mè

Elles coulent sur mes joues, salées et amères… mes larmes de mère. Mes yeux se noient. Me souffle est saccadé. Mon cœur est déchiré. Ton détachement me fait mal, mon enfant. Ta désinvolture me rentre dans le corps. Ton dégoût de moi assombrit mon âme.

Je pleure. Je pleure ton indifférence, je pleure ton ingratitude, je pleure mon échec. Je me sens si mauvaise mère. Bien loin de la maman bienveillante et sereine, je suis dévastée. Je te regarde grandir et t’éloigner. Je suis fatiguée d’avoir l’impression de te déranger dès que je t’adresse la parole, d’avoir peur de me brûler dès que je te frôle…

Je me souviens de mon adolescence tumultueuse et de la haine que je ressentais envers mes parents. Je suis si triste, car je pensais que toi et moi, nous serions au-dessus de ça.

Je ne peux m’empêcher de te répondre et les hurlements fusent dans la maison. Je fuis ce domicile où je me sens de trop. J’ai de la misère à respirer dans ma propre demeure. J’étouffe.

On parle sans arrêt de la détresse des ados, mais le désarroi des parents, on le cache. Je souffre chaque jour en silence. Alors parfois, j’explose. Je laisse les cris et les larmes sortir de moi. Mon corps est secoué par cette colère. Je ne suis pas faite pour ça. Je ne suis pas bonne. Ma confiance en moi est ébranlée. Quel exemple suis-je pour toi? Comment peux-tu te sentir entouré et accompagné avec une mère comme ça?

Que de culpabilité je porte en moi…

Puis, doucement, sans faire de bruit, m’entourant de tes bras réconfortants, tu viens coller mon visage sur ton cœur. Je le sens cogner fort dans ta poitrine. Ta main caresse mes cheveux. Mes larmes coulent de plus belle. Mon esprit devient un peu plus léger.

Nous restons ainsi en silence. Nous savons que nous allons parler. Mais pour l’instant, nous avons besoin de pleurer. Pleurer notre détresse. Pleurer notre amour. Pleurer cette trêve. Vider ce mal.

Je ne suis pas la maman parfaite que j’aurais aimé être, mon enfant. Je suis humaine. Je fais de mon mieux et mon cœur explose d’amour pour toi. Je nous souhaite des tonnes de merveilleux moments avant que tu t’en ailles mener ta barque. Je nous souhaite de nous comprendre et de nous respecter. Je nous souhaite de nous haïr encore pour mieux nous aimer. Je nous souhaite d’apprendre à nous comprendre et d’arriver à vivre encore un peu ensemble.

Je te berçais quand tu étais bébé. Maintenant, c’est à mon tour de me laisser réconforter.

Je suis là, tu sais.

Je serai toujours là pour toi.

 

Gwendoline Duchaine

Les hormones de grossesse pis les larmes…

Si vous avez déjà porté la vie ou si votre conjointe a déjà eu

Si vous avez déjà porté la vie ou si votre conjointe a déjà eu ses entrailles envahies par la présence d’un fœtus, vous savez fort probablement que parfois (souvent), les émotions causées par les hormones de grossesse peuvent être incontrôlables, vraiment surprenantes et… pas justifiables pour deux cents. J’ai fait le tour de nos collabos et de mes amies, pis je vous jure qu’il y a des bijoux d’histoires!

  • Karine explique qu’elle regardait un film d’horreur style « ado » et que ses larmes n’étaient pu arrêtables lorsque la brunette et l’intello sont morts dès le début du film…
  • Mélanie avoue avoir pleuré sa vie lorsque Rich dans Top Model a laissé Brooke pour la xfois! (Notre question est plutôt : « Est pas morte, Brooke?! »)
  • En pleine tempête de neige, un dimanche soir avant que l’épicerie ferme, Marie France a envoyé son chum lui acheter de la crème glacée menthe et chocolat… qu’elle a vomie quelques minutes après avoir mangé la presque totalité du pot. Son chum lui a promis de ne plus jamais céder à ses pulsions de femme enceinte et Marie France elle, pleurait la « perte » de sa crème glacée dans le fond du bol!
  • Cette même Marie France a pleuré en cachette lorsque son chum s’est fait vasectomiser. Elle venait d’accoucher de leur quatrième!
  • Iris et son chum regardaient un documentaire sur la nourriture et le traitement fait aux animaux que l’on mange. Rendue au bout où ils expliquaient le pauvre sort des porcs, elle a éclaté en sanglots en répétant sans cesse « Les p’tits cochons, les p’tits cochons, les p’tits cochons… » La fille était IN‑CON‑SO‑LA‑BLE.
  • Mélanie voulait manger des pickels pour déjeuner (!!), mais le méga pot lui a glissé des mains quand elle a tenté de le sortir du frigo et il a fini sa route éclaté par terre. On ne vous cache pas que Mélanie a BEAUCOUP pleuré…
  • Annie fait dire que les rénos durant la grossesse = terrible mauvaise idée! Brailler parce qu’il y a trop de poussière pour une femme enceinte, brailler parce que c’est trop bruyant pour le bébé (!?!) brailler parce que c’est le bordel, parce qu’elle angoisse sur ses choix de couvre-plancher, brailler parce que son chum fait pitié parce qu’elle veut qu’il arrache la céramique qu’il est en train d’installer parce qu’elle la trouve trop bleue (c’était gris finalement!)… Bref, criseS existentielleS, tellement superficielles avec du recul post-hormonal!

Pour ma part, j’ai deux anecdotes :

  • En route pour le travail, mon mari au volant de la voiture a écrasé un écureuil. J’étais tellement en larmes que j’ai rebroussé chemin et j’ai callé malade, incapable de revenir à moi-même.
  • Remarquant qu’il y avait une araignée dans le lavabo de la cuisine, j’ai pris un mouchoir et je l’ai semi-écrasée. Je dis « semi » parce qu’au milieu de ma tentative, j’ai eu pitié d’elle… Je l’ai donc mise dehors dans un tas de feuilles, en m’excusant auprès de sa famille et de ses amies araignées. J’pense que mon chandail était mouillé par mes larmes…

Si je résume, la bouffe, les animaux pis les rénos, ça fait pleurer les madames enceintes.

À votre tour! Est-ce que les hormones de femme enceinte vous ont rendue ou ont rendu votre conjointe pleurnicharde, ou colérique (douce, mais violente — contraste, allo!), ou douce, ou déchaînée…?! Allez! Racontez-nous!

 

Papa est revenu! Youpi!

<span style="margin: 0px; font-family: 'Times New Roman',serif; font

On pourrait croire que tout le monde a cette réaction quand leur père revient à la maison après six mois d’absence, que l’émotion que tout le monde ressent est la joie, mais non. Moi, j’ai éclaté en sanglots dès que j’ai vu mon père à l’aéroport. Et avant qu’il arrive, alors que mes frères et ma sœur discutaient avec leur nouvelle « amie » (et j’ai nommé : la petite puce de quatre ans rencontrée dans la foule des familles qui attendent que leurs proches passent la douane internationale) et qu’ils étaient heureux de retrouver papa bientôt, moi, j’étais sur le bord de m’évanouir tellement mes jambes étaient tremblantes et ma respiration rapide.

Aussi, j’étais en compétition intense avec ma mère. Pour moi, ce n’était même pas un jeu et j’avais l’impression que si je ne voyais pas mon père la première, j’allais perdre un gros quelque chose. Et bonne nouvelle, j’ai gagné! Mais au lieu de crier « Papa! », j’ai juste murmuré qu’il était arrivé. Et je dois vous dire que déjà, pleurer en public, c’est gênant (surtout si comme moi, on ressemble à un radis desséché lorsqu’on pleure), mais en plus, c’est juste la plus vieille des quatre enfants qui a pleuré. Et qui est restée derrière la barrière de sécurité sans bouger, alors que les autres ont sauté sur leur papa chéri. Mais même si c’est extrêmement gênant d’exposer nos émotions en public, c’est normal de réagir intensément après un gros choc!

 

Alexane Bellemare

Quand les larmes sonnent l’alarme

Dans deux semaines, mon militaire de mari reviendra de sa troisième

Dans deux semaines, mon militaire de mari reviendra de sa troisième mission à l’étranger. Six mois au Kosovo. Je ne suis pas une ennuyeuse de nature, alors je savais que l’éloignement ne serait pas trop souffrant pour moi. Mais l’épuisement parental, lui, devient rapidement douloureux quand on est seul pour gérer une marmaille intense qui, elle, réagit à l’absence.

Les premiers temps, la vie se gérait bien. L’adaptation à la vie monoparentale s’est déroulée bien mieux que je l’imaginais. Entre la rentrée scolaire, l’entrée en maternelle et au secondaire et les préparatifs d’Halloween, les journées se déroulaient dans la joie et la facilité. J’étais fière de moi, j’étais soulagée, et j’étais tellement fière de mes enfants! Ils semblaient plus stables, peut-être parce que l’autorité émanait d’une seule personne.

Puis, le party a commencé. Pas dans le sens de party où on se fait du fun et qu’on n’a pas le goût de quitter. Plutôt le genre « open house » : tu sais quand ça commence, mais tu ne sais plus comment y mettre fin. Tu sais que tu es la personne qui a lancé le OK pour faire le party, mais ça devient trop, trop vite. Tu perds le contrôle, tu perds les pédales, tu vois les dégâts qui s’accumulent et tu ne sais plus comment mettre un stop à tout ça. Et tu penses à appeler la police ou à t’auto-amener à l’urgence psychiatrique avant que ça ressemble à Hiroshima.

L’hiver a été pénible. Pas pour le pelletage, ça, j’aime ça et mon gentil voisin s’est occupé de la bordure de glace que je n’étais pas capable de pelleter. L’hiver a été pénible parce que les voitures ont brisé à tour de rôle (mille mercis, CAA! Je vous dois ma santé mentale!) Mais surtout parce que certains de nos enfants ont complètement dérapé malgré les filets de sécurité qu’on avait mis en place : psy, communication avec les profs, horaire dégagé de tout ce qui n’était pas nécessaire, Skype régulier avec papa.

Souvent, j’avais l’impression de me tenir sur le bout d’un seul orteil au bord du Grand Canyon. La respiration, les massages et quelques bons amis m’ont empêchée de tomber malgré toutes les fois où mes enfants me poussaient vers le précipice à grands coups de « T’es folle » et de « Je vais te tuer ». Chaque nouvelle obstination inutile (« Ça sert à rien de ranger mes vêtements, il va falloir que je recommence la semaine prochaine »; « Il est 9 : 02, pas 9 : 00 ») me mettait dans tous mes états. Ma carapace était usée, élimée. Je marchais sur le fil auquel ma famille s’accrochait en le brassant de tous les côtés. Chaque refus de collaborer m’amenait plus près du trou noir dans lequel le stress, la fatigue physique et mentale et l’absence de soutien m’entraînaient. Je ne compte pas les fois où j’ai eu le goût de mourir pour tout arrêter. Mais quand on est le seul soutien pour ses enfants, on ne peut pas mourir. On doit rester fort pour garder le fort.

La semaine dernière, j’ai éclaté. Ce n’était pas la première fois. Mais c’était la première fois devant les enfants. J’avais beau mettre toutes les chances de notre côté, tout faire pour intervenir de la bonne façon, prendre soin de moi pour prendre soin d’eux (ajuster mon masque à oxygène en premier pour ensuite ajuster celui des autres…), la situation familiale se dégradait. La mission était trop avancée pour exiger que mon mari soit rapatrié. Il restait un mois et je n’étais pas certaine de survivre.

À bout de ressources et de souffle, je me suis mise en time-out. Je me suis assise en position fœtale dans le coin du divan, une doudou douce autour des épaules, un coussin dans les bras. Et j’ai pleuré. Non. Sangloté. Je me suis vidée du trop-plein d’émotions sombres que je contenais. Je l’écris et le nez me pique tellement le souvenir est émotif.

Ma grande fille est venue me prendre dans ses bras, flatter mon dos, me répéter des « Je t’aime, maman ». Ma deuxième cocotte me parlait comme si de rien n’était. « Pourquoi tu ne réponds pas? Maman, je te parle! » Jusqu’à ce qu’elle voie que je pleurais. Si je ne répondais plus, c’est que j’en étais incapable. Toute mon énergie était réservée pour survivre à ces minutes de panique intérieure où tout en moi était à bout d’espoir. « Maman, pleure pas! Sois pas triste comme ça! », ce à quoi ma plus vieille a répondu : « Laisse-la pleurer. Elle a toutes les raisons de pleurer, et elle a le droit de pleurer. Ça fait tellement longtemps qu’elle se retient! »

Puis, mes deux garçons se sont approchés. « Pourquoi tu pleures, maman? »; « Tu as mal, maman? » Ma grande fille a trouvé les mots pour leur expliquer que maman était épuisée. Que maman n’était plus capable d’endurer les chicanes constantes, les « non » incessants et les menaces. Que maman avait besoin que chacun collabore à l’harmonie familiale. Que maman avait tout donné depuis des mois et que là, il était plus que temps qu’elle reçoive, elle aussi. Que maman avait besoin de ses enfants.

« On est là, maman. On a fait beaucoup d’erreurs. On aurait dû t’écouter depuis longtemps. Ça fait longtemps que tu nous demandes de faire notre part dans la maison et d’arrêter de se chicaner. On s’excuse. Ça va changer. Maintenant. On t’aime, maman! »

Ce soir-là, mes filles ont raconté l’histoire du dodo aux plus jeunes. Elles les ont bordés. « Maman, les garçons aimeraient que tu ailles leur donner un bisou. Mais ils comprennent que tu le feras juste quand tu auras repris des forces. Nous aussi, on va se coucher. On espère que tu dormiras vraiment bien même si tu as beaucoup de peine. Tu as raison d’être épuisée et de nous le montrer. On aurait dû comprendre plus tôt. Bonne nuit, maman. »

J’ai pris du temps pour moi, comme je le fais chaque soir. Mais ce soir-là, quelque chose en moi s’est reconstruit. Des briques qui s’effritaient de jour en jour depuis l’automne se sont recollées. Un peu. Quand je suis allée me coucher, j’ai trouvé sur mon oreiller un pendentif en forme de cœur que ma fille avait confectionné. Et une note : « Ma chère maman, j’avais pensé te donner ce collier pour la fête des Mères, mais je pense que c’est maintenant que tu en as besoin. Je t’aime. »

Depuis ce soir-là, je n’ai presque plus à répéter, à gérer de conflits, à empêcher la troisième guerre mondiale d’éclater sous mon toit. Je n’ai plus entendu de « Tu es la pire mère de la Terre » ni de « C’est de ta faute! » Je n’ai plus entendu mes enfants dire « Je veux mourir ». Ni moi.

Il arrive que les larmes qui dévalent lavent les traces de désespoir et de colère. Il arrive que les larmes sonnent l’alarme.

Nathalie Courcy

Nos enfants, éternels insatisfaits

Enfin, Dame Nature nous a dernièrement gâtés avec ses vagues de chaleur et sa lumière dans toute

Enfin, Dame Nature nous a dernièrement gâtés avec ses vagues de chaleur et sa lumière dans toute sa splendeur. Elle nous rappelle que la fin des classes et les vacances arrivent à grands pas.

Sorties au zoo, à La Ronde, aux glissades d’eau, barbecue chez des amis, soirées tardives et fêtes d’enfant, le programme est souvent fort chargé.

Du bonheur en condensé pour nos petits et nos plus grands. On se réjouit à l’avance à l’idée de voir leur joli minois s’illuminer de joie lors de chacune de ces journées bien planifiées. Notre but premier? Leur faire plaisir!

Quel découragement alors de constater que malgré toutes nos bonnes intentions, dans l’auto en revenant du zoo, notre enfant a le visage inondé de larmes de crocodile et ses cris stridents enterrent la musique de la radio. C’est la crise!

On constate alors qu’à la moindre peccadille, son bonheur fond, tout comme la boule de crème glacée au bout de son cornet, laissant des traces collantes partout sur le siège arrière.

« Mais que faudra-t-il faire pour les rendre heureux ! », se dit-on !

Afin de vous éviter ce découragement, je tenais à vous expliquer ceci : les crises de nos enfants sont nécessaires et n’ont rien à voir avec leur degré d’appréciation de la journée.

La crise et le sommeil sont leurs moyens de vider leur trop-plein afin de mieux récupérer après une journée haute en couleur et en émotions fortes. C’est de cette manière qu’ils rechargent leurs batteries.

Même chose pour les disputes au retour de l’école. Toute la journée, ils retiennent les émotions qu’ils ont vécues, les petits conflits, la pression, le stress. Une fois dans la voiture, ils ont souvent des comportements dérangeants (la chicane éclate entre frère et sœur) qui engendrent la réprimande de leur parent. Et hop, les valves s’ouvrent et les tensions sortent! Nos enfants pleurent. C’est le moyen efficace auquel ils ont recours, sans en être conscients, pour se libérer du négatif et retrouver l’équilibre.

En bref, nous ne devrions jamais réprimer les émotions négatives de nos enfants ou les culpabiliser. C’est un mécanisme sain pour ventiler et compte tenu de la maturité de leur cerveau, ils ne peuvent réfréner l’expression souvent explosive de celles-ci.

Que pouvons-nous faire alors ?

Développer l’écoute et la compassion. Laisser passer la tempête et accueillir l’enfant en reconnaissant ce qu’il vit, en le nommant. Lui enseigner, petit à petit, comment exprimer plus calmement ses émotions. Et surtout, l’aider à prendre conscience de ce qu’elles génèrent dans son corps afin qu’il puisse apprendre à les reconnaître et mieux les gérer. On peut aussi lui donner des moyens de se défouler de manière plus acceptable (souffler par la bouche, crier dans un oreiller, gonfler un ballon, déchirer des feuilles de papier, etc).

Tel qu’expliqué par Joël Monzé, docteur en neurosciences, les parents sont le récipient dans lequel l’enfant (et même l’adolescent) vide son trop plein. Voilà une de nos fonctions de parent. Et les crises font partie intégrante de la vie mais se vivent différemment selon notre évolution : la crise d’adolescence, de la trentaine, de la quarantaine… Bien que souvent désagréables, elles sont nécessaires afin de voir plus clair, d’évoluer et de retrouver l’équilibre.

Par ailleurs, en tant qu’adulte, nous sommes capables d’en prendre davantage. Notre récipient est plus grand et peut maintenant accueillir bien des torrents. N’oublions donc pas de régulièrement vider nos trop-pleins à nous afin de mieux accueillir ceux de nos enfants. Pouvoir partager ce que l’on vit à quelqu’un qui sait écouter, apprendre à rire de nos vies parfois sans dessus dessous, faire du sport, prendre du temps pour soi, c’est essentiel pour nous et cela ne fait que nous rendre plus disponible pour nos enfants.

La crise, contribuant certes au chaos quotidien, n’est donc pas un fléau.

Une double dose de patience et un soupçon de compréhension feront de nous des parents plus forts pour traverser ces petites tempêtes quotidiennes sans lesquelles on ne pourrait jouir du calme qui s’en suit.