Cours Forrest, cours!

C’est enfin le printemps…

Le signal pour ceux qui veulent renouer avec l’activité physique. Le retour massif des coureurs. De tout acabit. De tout style. Chacun à son rythme. Chacun ses motivations. Surtout quand le soleil est là.

Très peu semblent apprécier pleinement l’instant présent.

Je les vois. Je les croise. Je les salue. Parfois sans réponse. Pour ceux qui m’ignorent, c’est un code de coureurs. Comme les motocyclistes. Une sorte de respect. Quand on sait ce qui est demandé. À notre corps, mais surtout à notre esprit. La lutte constante contre toutes les raisons de ne pas sortir. Mañana, comme on dit dans le sud.

Dans ma banlieue, ça reste une activité essentiellement solitaire. Parfois, quelques couples s’y risquent. Un autre bon test. Comme ce premier voyage à deux. Comme avoir des enfants ensemble. Ça me fait sourire. Je m’imagine tout le non-dit. Exprimé si clairement par l’attitude.

Moi, c’est aussi une amoureuse qui m’a initié. Je la revois. M’attendre au sommet d’une côte abrupte dans le Vieux. Tout en sourire. Fraîche comme une rose. Elle avait touché juste. En plein dans mon orgueil. Ça ne m’a pas pris beaucoup de temps pour la rattraper.

Puis, la vie de parent. Où on se laisse aller…

Comme la majorité, j’ai pris des kilos. Je suis resté actif, mais toutes les excuses étaient valables pour ne pas user les runnings. Le poids des années s’est fait voir. Surtout sur les photos familiales à la plage. Le gros bébé dodu n’était pas que la descendance. Je me réconfortais auprès de mes amis. Qui vivaient la même réalité de père. Quand on se compare.

Puis, le déclic. Forcé. Ce cancer qui allait tuer celle que j’aime. Qui ferait de moi l’unique responsable de nos enfants. Ce stress de me voir, ensuite, victime d’une attaque cardiaque. La réalité de ceux qui adoptent la forme du muffin. Nos enfants qui seraient orphelins. Si je ne faisais rien.

Ça, c’est ma motivation de base.

Ceux qui courent savent tout ce que ça procure. Bien au-delà. Quand notre corps nous dit merci. Quand on est dans la zone. Lorsque seuls les premiers 100 mètres sont exigeants. Que le pilote automatique fait rapidement le reste. Les kilomètres s’enfilent. La cadence suivie au pas. Technologie oblige. On songe même au marathon.

J’ai une compagne, la musique. Une liste de lecture consacrée. Avec quelques pièces de rock pesant. Ozzy! Il ne pensait sans doute pas à cet usage en chantant. Des Colocs. Du vieil Aznavour. Quelques chansons récentes. On m’a conseillé d’écouter plutôt le son de mes enjambées. De courir léger.

Trop difficile.

Évidemment, j’ai parfois des douleurs. Un genou droit récalcitrant. Comme si la vis était toujours trop serrée. Un rappel qu’on n’a rien, sans rien. Mais ça va beaucoup mieux cette année. J’ai au moins suivi l’autre conseil. Augmenter la cadence. Merci à la technologie.

Merci aussi à tous ces vêtements techniques. À mes souliers qui semblent faire tout le travail, même au repos. J’étais jadis du type Rocky. Du gros coton et un look négligé. Mon conseil du jour, ne passez pas à côté. Le gros coton, c’est pour ceux qui sont sur leur divan. Avec comme seule motivation de finir… la rangée de biscuits.

Allez, mañana est arrivé…

michel

 



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