Je ne survivrai pas à votre adolescence
Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.
Je les ai regardés. Un par un.
Et j’ai seulement prononcé ces mots :
– Je ne survivrai pas à votre adolescence…
La tête dans mes mains, je n’avais alors même plus de questions, plus d’espoir. Je ne peux pas. C’était trop pour un cœur de parent. Je démissionne. Je n’y arrive plus.
Le découragement, la fatigue, le stress de ce quotidien si pesant… Je suis rentrée dans le mur de l’adolescence et je me suis effondrée.
Cette période est terriblement difficile pour les enfants, je le sais bien… mais parle‑t‑on de la détresse des parents?
Je me sens inutile, dépassée, incompétente, chiante… j’ai l’impression d’être une police en permanence.
J’essaie de lâcher prise, mais chaque semaine, un de mes enfants invente une nouvelle bêtise, un nouvel échec scolaire, un nouveau problème de santé, une nouvelle peine d’amour, un nouveau party, une nouvelle consommation, un nouveau manque de respect, de nouveaux cris… Le tourbillon d’émotions ne s’arrête jamais…
Je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Je ne pensais pas que mon cœur tremblerait autant. Mais surtout, je ne pensais pas qu’un jour, ceux que j’aime le plus sur cette planète allaient me faire mal comme ça…
Je ne sais pas comment je vais survivre à votre adolescence…
Gwendoline Duchaine