La maudite suce

Depuis mon entrée dans le monde de la parentalité, j’ai pu, comme plusieurs d’entre vous, constater que certains sujets causent bien des émois. Allaitement, co‑dodo, 5‑10‑15 : salut les blogues de mamans et les nombreux commentaires enflammés !

Par contre, rien comme la suce n’a fait autant réagir les inconnus croisés un peu partout et n’a attiré de commentaires désobligeants. J’insiste ici sur le terme « désobligeant ». Certains font des commentaires et donnent des conseils en étant bien intentionnés. Bien que ça puisse être lourd parfois, je ne mettrais pas ces gens dans le même panier que ceux qui se permettent le petit ton hautain, comme s’ils savaient tellement mieux que nous comment éduquer nos enfants.

« Ah! Tu as encore une suce toi? », dégoulinant de dédain.

« Une suce? Je ne vois pas ton beau visage! », tout en se permettant de la lui retirer!

De quoi je me mêle, illustre inconnu qui ose toucher mon enfant sans mon consentement?

J’ouvre une parenthèse personnelle ici : comme pour plusieurs aspects de la grossesse, de l’accouchement et de la maternité, j’ai mes idéaux, mais je reste ouverte à m’ajuster à la réalité. On aurait aimé ne pas donner de suce à notre bébé, mais la vraie vie nous a fait revoir nos plans. À sa naissance, notre fils avait le poignet droit (ou le gauche… fichue mémoire de maman!) bleu marin à force de l’avoir tété dans mon ventre. En 38 heures à l’hôpital, il a eu les doigts ou le poignet dans la bouche sans arrêt quand je n’étais pas en train de l’allaiter. Nous avons discuté, chéri et moi, et avons fait le choix de lui donner une suce. Nous considérons qu’il est plus facile de faire disparaître ce fameux objet du diable que de faire disparaître ses doigts. Choix tout à fait assumé, soit dit en passant.

La suce est donc devenue l’objet de réconfort numéro un de notre fils. Nous avons bien tenté le chandail avec l’odeur de maman dans son lit, les couvertures, peluches et autres doudous. Rien à faire. Quand il est triste ou anxieux, c’est la suce qui le réconforte. Il allait même jusqu’à en avoir une dans la bouche et les autres (celles qui traînent dans le lit la nuit pour nous éviter de nous lever pour lui redonner) dans les mains quand il pleurait. Malgré la grande valeur sentimentale de son objet de réconfort buccal (il fallait bien trouver un autre nom, il reconnaît très bien le mot « suce »!), on trouve qu’il évolue bien. À dix‑huit mois, la suce est utilisée la nuit et dans la voiture seulement. Il y a encore quelques exceptions quand il est très fatigué ou très fâché, mais ces moments s’espacent doucement. Nous, on le trouve ben bon, notre grand bébé d’amour!

Fin de ma parenthèse.

Est-ce que ça justifie les jugements de ceux que je croise? Absolument pas. C’est simplement pour illustrer le fait que derrière une simple suce, il y a un petit être humain et ses parents qui font les choix qui leur semblent les plus appropriés pour leur famille.

Je n’entends plus de commentaires du genre, car comme mentionné plus haut, il n’utilise plus vraiment sa suce le jour.

Par contre, il y a quelques mois, choquée par une de ces situations, j’ai annoncé à chéri que le prochain qui me disait, en passant par mon bébé, quelque chose comme : « Ah! Quand vas-tu arrêter d’avoir une suce, toi? », je lui répondrais : « La journée où vous aurez du savoir-vivre et où vous vous mêlerez de vos affaires. »

J’étais sérieuse. Je suis presque déçue de ne pas en avoir eu l’occasion.

Je garde ma réplique pour bébé 2, si jamais c’est un autre grand téteux!

 

Jessica Archambault

 

 



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