La tête pleine de projets
D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours eu la tête remplie de projets. Même enfant, j’aimais me créer de petits projets personnels ou simplement me projeter dans l’avenir en pensant à ce que je voudrais faire de ma vie. Je voyais mes projets comme une façon de m’encourager à travailler fort et à foncer face aux défis.
En grandissant, mes projets personnels se sont précisés. Je voulais devenir enseignante, avoir mon chez-moi et ma famille. Je suis chanceuse, tous mes grands objectifs de vie ont été atteints. Bien entendu, ça n’a pas été parfait à tous moments, mais j’ai réussi. J’enseigne au primaire depuis douze ans, j’ai une belle grande maison et trois enfants que j’adore. J’ai même déniché un amoureux merveilleux en prime. Bien entendu, au fil du temps, plusieurs petits projets ont également fait leur chemin dans mon esprit. C’est normal et sain de vouloir s’accomplir et se développer dans la vie. On se fixe des objectifs et on fonce pour les atteindre.
Par contre, depuis quelque temps, je réfléchis beaucoup à mes projets. Je me demande si c’est sain d’en avoir autant et si c’est possible dans la vie de faire une pause. Je m’explique : accomplir des projets, ça demande beaucoup d’investissement. Je ne parle pas ici nécessairement d’un investissement financier, mais plutôt de s’investir en tant que personne. On s’est emballés mon chum et moi depuis qu’on habite ensemble. On s’investit beaucoup dans nos projets communs. Je sais qu’ils en valent la peine, mais on court comme deux fous depuis deux ans. Je pense que c’est trop. Le problème, c’est qu’on dirait que c’est plus fort que nous. On aime la sensation d’accomplissement face à un défi relevé, parfois au détriment de notre bien-être. J’ai l’impression qu’on passe parfois à côté de l’essentiel à force d’avoir des choses en tête. Encore la semaine passée, j’essayais de choisir mentalement mon luminaire de cuisine à 5 h du matin alors que j’allaitais mon bébé. J’étais fatiguée, mais je ne dormais pas ; j’étais trop impliquée mentalement dans notre dernier projet de rénovation.
C’est décidé : mon prochain projet se concentrera sur mon bien-être physique et mental. Je retourne au travail et je ne veux pas m’écrouler en pleurs, morte de fatigue après seulement un mois d’école. Et si mon prochain projet était d’essayer de prendre du temps pour moi ? C’est difficile, mais sans doute pas impossible.
Je suis contente, je viens de demander à mon chum ce qu’il projette de faire pour les prochaines semaines. Il m’a répondu « Relaxer et me reposer ». Là tu parles, chéri. J’embarque !
Caroline Girard