Mère au foyer 2.0

Ma profession : mère au foyer.

Était-ce mon rêve? Pas du tout, mais je m’y plais et je fais de mon mieux! Est-ce que je suis assise devant la télé à longueur de journée? Oh non! Loin de là! La seule chose que je me permets de regarder du coin de l’œil est la fameuse Pat Patrouille.

Mon conjoint et moi avons fait ce choix lorsque je suis tombée enceinte de notre troisième enfant. Nous avons choisi ce « luxe » pour offrir du temps de qualité à nos enfants. Moins de temps avec une gardienne et plus de temps avec maman. Plus d’activités sportives pour les enfants également, puisque « Jo le taxi » est toujours présente!

C’est bien un luxe de nos jours de vivre aisément d’un seul salaire pour une famille de cinq. Est-ce qu’on roule sur l’or? Pas du tout. Il y a des moments plus durs que d’autres, mais nous savons que tout est une question de temps. Lorsque les enfants iront tous à l’école, je me trouverai un nouvel emploi.

Est-ce si évident d’être une femme au foyer de nos jours? Non. Si mes enfants sont impolis, c’est de ma faute. S’ils sont mal élevés, c’est de ma faute. S’ils ne sont pas assez instruits, c’est de ma faute. Ce que je veux dire par là est qu’il est facile de rejeter le blâme sur la gardienne ou l’éducatrice, mais dans mon cas, si mes enfants ont une lacune, c’est clairement de ma faute. Une pression que je me suis mise sur les épaules le jour où j’ai décidé d’être mère au foyer. Je souhaite le meilleur pour mes enfants et j’espère de tout cœur être le juste choix pour eux.

Quel est mon plus gros manque depuis que je suis à la maison? Vous savez, ce sentiment lorsque vous avez une semaine de vacances du bureau et que vous êtes simplement heureux de rester à la maison? Et bien moi, c’est tout le contraire : il faudrait littéralement que je me sauve pour avoir un break! Je rêve sans cesse à la prochaine petite sortie loin de la maison, à ma prochaine évasion. Lorsque je travaillais, je chérissais la route en voiture le matin. Vous savez pourquoi? Parce que j’étais seule. Sans enfants, sans collègues de travail. Cela peut paraître égoïste de ma part, mais c’était mon petit moment à moi.

Loin de moi l’idée de me plaindre parce que je suis consciente de la chance que j’ai, mais les enfants en bas âges ne comprennent pas que parfois, maman a besoin d’une petite pause. Le lavage non plus ne comprend pas que je mérite un répit. J’ai bien tenté de lui parler, mais il ne cesse de s’accumuler.

J’aime l’idée d’être une femme au foyer 2.0. JE peins la maison. JE fais le ménage du garage. JE pellette. JE ne fais PAS de repassage. Oups, ben non! Si mon homme a besoin d’une chemise, il le fait lui-même. L’histoire veut que je n’aie pas mis les plis aux bons endroits à plusieurs reprises. Était-ce voulu? Qui sait…

Je trouve frustrant de voir dans le regard des autres le malaise lorsque je leur dis ce que je fais comme travail. Oui, mon travail. Les gens paient une gardienne ou une ménagère. Moi, j’ai pris la décision de ne pas payer autrui. J’ai accepté le fait de perdre la totalité de mon salaire pour être présente pour mes enfants. Est-ce la meilleure décision? Je n’en ai aucune idée! Mais je ne juge pas les mères qui travaillent, alors ne me jugez pas non plus. J’ai fait le choix de mettre ma carrière de côté pour mes enfants et ce n’était pas un choix évident. Alors de grâce, respectez ce choix.

Je suis une mère qui, un jour, travaillera pour être rémunérée. Pour l’instant, je travaille fort à bien élever mes enfants.

Geneviève Dutrisac



Commentaires