Papa… ce papillon jaune
Il est 2 h du matin et je me réveille en sursaut parce que je viens de te voir, papa.
À travers un rêve qui me semble si réel, je vois ton visage illuminé, ta main levée au ciel pour me saluer et un immense sourire, ce sourire si doux et communicatif.
Tu es là papa, tellement réel que je prends le temps de m’asseoir dans mon lit et d’analyser ce qui vient de se passer.
Tu es là et par la façon dont tu me regardes et me souris, j’ai l’impression que tu es bien où tu es.
J’ai l’impression que ton doux visage est encore plus serein qu’il l’était déjà dans la vie de tous les jours.
Ce sourire si sincère est encore et toujours plus présent que jamais.
Ta main levée au ciel, le même mouvement que tu me faisais avant de partir — avant de me dire au revoir… à tantôt… à bientôt…
Tu es là, papa. Mais je me réveille petit à petit et je comprends que c’était un rêve!
Parce que tu es parti, il y a deux mois jour pour jour aujourd’hui.
Parce que, il y a deux mois, j’ai perdu une partie de moi… TOI.
Il est maintenant 2 h 15, je reprends mes esprits et j’essaie de comprendre ce que tu es venu me dire, papa. Mais chose certaine, je crois que tu es venu m’apaiser.
Peut-être parce que tu sais, j’ai une grande difficulté à accepter ton départ et tu te doutes que je rumine sans cesse cette décision que nous avons prise avec les médecins, celle de te laisser partir.
Peut-être aussi parce que tu avais envie de me rassurer et de me dire que cette voie était la bonne. Que tu es bien là où tu es.
Ce sourire que tu avais dans mon imaginaire, il y a quelques minutes de cela, c’est le sourire que j’ai connu et avec qui j’ai grandi, papa. Et ce sourire ne trahit pas. Tu sembles bien et heureux.
Le lendemain, alors que j’ai raconté ce rêve, quelqu’un m’a dit que tu as choisi de passer par moi pour livrer l’annonce de ton bien‑être. Tu as décidé de me rendre visite dans mes rêves, pour nous rassurer et nous dire que tu es bien là où tu es maintenant. Et tu sais quoi, papa?!
Je n’ai aucune difficulté à croire que tu m’as choisie pour faire véhiculer le message.
Tu le sais que je suis forte, papa.
Et tu m’as choisie pour cette raison.
Tu as vécu la maladie avec nous, ta famille, mais particulièrement avec moi. Et je me souviens que malgré les journées de chimio plus difficiles, les annonces plus ardues de la part de ton oncologue ou simplement les décisions plus posées que tu avais à prendre — on réussissait toujours à rire ensemble.
Tu te souviens quand la vieille dame à côté de nous en chimio pensait que nous étions un couple?!
Je lui avais répondu « Chère madame, à moins que monsieur soit milliardaire, aucune chance qu’on soit ensemble »!
On avait ri à en « pisser dans nos shorts »!
Maintenant papa, je comprends pourquoi tu es venu me voir cette nuit.
Parce que tu sais que je peux rassurer tes proches en leur racontant notre rencontre.
Parce que j’ai été et je suis encore là pour toi.
Parce que oui papa, je suis forte.
Je le suis parce que tu me l’as enseigné.
Aujourd’hui, il y a deux mois que tu es parti, papa.
Cette nuit, tu es venu mettre un baume sur ma douleur et je t’en remercie.
Papa, continue de venir me voir.
Que ce soit le papillon jaune qui me suit quand je suis à vélo ou le vent qui caresse mon visage.
Que ce soit lorsque j’ai des choix importants à faire et que soudainement, ça devient plus clair.
Ou simplement quand je cherche mes clés le matin, en retard dans ma routine du matin et que soudainement, elles apparaissent par magie… ou par tes énergies.
Continue d’être près de moi, papa.
Tu me manques, mais je sais que tu vis à travers moi… à travers nous et surtout, à travers tous ces petits bonheurs de la vie! Cette vie qui continue.
Isabelle Nadeau