Les parents ont toujours tort (jusqu’à ce qu’ils aient raison)

Maman, j’ai décidé de prendre soin de moi. Je bois plus d’eau, je bouge plus, je mange mieux. Je veux être en santé et bien dans ma peau.

─ Super! Et qu’est-ce qui t’a décidé?

─ Dans les cours à l’école, les profs nous ont parlé de l’importance d’avoir une bonne hygiène de vie et d’avoir de bonnes habitudes alimentaires.

─ Et en quoi c’est différent de ce que tes parents essaient de t’enseigner depuis treize ans?

─ Ben… euh… ça ne vient pas de vous autres, faque c’est comme plus vrai?

 

Au moins, ma fille a l’honnêteté d’admettre le non-sens de cette maladie qui attaque tous les enfants, peu importe leur âge : la vérité est toujours plus difficile à accepter quand elle vient des parents. Bah, je me dis que l’important, c’est que ma fille mette finalement en pratique les habitudes qu’on essaie de lui inculquer depuis sa naissance. Le plus beau, c’est qu’elle dort mieux maintenant (combien de fois lui ai-je dit qu’en bougeant plus et en s’hydratant suffisamment, elle se donnerait des chances de vaincre son insomnie chronique?), qu’elle est d’humeur plus stable, qu’elle trouve l’énergie qu’elle cherchait pour faire progresser ses projets. Du renforcement positif naturel.

 

Quand les enfants étaient plus jeunes, il m’arrivait de cuisiner avec ma mère pour congeler des repas faits d’avance. Si je disais aux enfants que j’avais préparé le pâté au poulet, c’était bof. Ils levaient le nez sur le repas, voulaient manger autre chose. Mais si je disais que c’était grand-maman qui l’avait fait, ah! Ben! Là! Ça devenait le meilleur pâté au poulet du monde! Ils ont fini par comprendre que maman ne mettait pas de poison dans les repas et je mérite maintenant le titre de meilleure cuisinière du monde, mais ça a pris du temps! Tout est question de perception…

 

─ Maman, ce livre-là est vraiment le meilleur de la Terre! J’aurais tellement aimé le découvrir plus tôt!

─ Euh… c’est pas le livre dont je t’ai parlé l’année dernière? Et tu m’avais dit que ça avait l’air poche.

─ Ouin… mais là, c’est ma meilleure amie qui me l’a conseillé, c’est pas pareil!

─ En effet, c’est pas pareil. Ça change complètement l’histoire et la façon dont le livre est écrit.

─ C’est pas ce que je veux dire… Tu comprends, là…

Ben oui, je comprends. Je comprends que quand ça vient de maman ou de papa, c’est moins crédible. C’est confrontant. C’est automatiquement poche. Tandis que tu n’as pas à défier l’autorité de ton amie pour couper le cordon avec ta mère et affirmer ton identité.

 

À la longue, à force de laisser mes enfants libres de leurs choix et de leurs découvertes « autonomes », j’entends leur discours changer :

─ Maman, j’aimerais vraiment que tu me conseilles pour le livre que j’écris. J’aurais besoin de ton œil critique, parce que je sais que tu vas me dire la vérité.

Ou encore :

─ Maman, quand tu me dis qu’une amie a une influence positive sur moi, je te crois. Je le sais que tu me dis ça pour me faire du bien et parce que tu me connais.

Voilà! Les parents n’ont pas de raisons de mentir à leurs enfants (sauf quand il est question de fée des dents ou de père Noël) ni de les orienter vers des choix qui leur feraient du mal. Ça se peut qu’ils se trompent, mais ce n’est pas intentionnel. Ça se peut qu’ils disent le contraire de ce que leurs enfants pensent ou désirent, mais ce n’est pas pour les faire suer. Ça se peut qu’ils leur conseillent des façons de faire qui les dérangent, mais ça vaut souvent la peine de les écouter. Comme ça vaut la peine de parfois faire à sa tête pour expérimenter la vie par soi‑même.

Et nous, ben, on continuera à dire à nos enfants ce qu’on pense et ce qu’on ressent. On continuera à les guider vers ce qui est bien et bon pour eux, et à accepter qu’ils prennent leurs propres décisions. On les aime assez pour ça!

 

Nathalie Courcy



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