Party et ébriété riment avec nausée!

Je reçois un message texte, il est 23 h 43…

C’est l’amie avec laquelle ma fille est allée à un party. Le lift de retour était pourtant convenu vers minuit et quart. « Je pense qu’il serait temps que vous veniez la chercher! » Avec quelques détails, qui donnent tout leur sens au mot « relâche ». Heureusement, c’est à moins de dix minutes de la maison.

Papiers essuie-tout, grand bol en inox. Je pars…

Je stationne devant l’entrée. Une maison de banlieue des plus anodines. Il y a quelques jeunes qui sont sortis prendre l’air. Un party d’adolescents, comme bien d’autres. Ma fille me dira que la grande sœur, adulte, était responsable. Mais qu’elle a plutôt décidé de faire la fête avec eux. Je texte l’amie, en lui demandant si elle veut également un lift. « Merci! Je dois aussi prendre soin d’un autre ami. »

Au bout d’un certain temps, trois filles arrivent. La mienne, bien encadrée de deux béquilles. Ma fille est comme un pantin euphorique. La bouche molle et le langage vague. L’œil qui vacille. Elle doit se croire sur le pont d’un navire, en pleine tempête. Je leur souris.

Ses amies ont dû me trouver pas mal cool.

On la glisse sur le siège arrière, côté passager. Elle serait à ma portée, s’il le faut. Surtout pas comme passager à l’avant. Malgré l’heure tardive, je ne suis pas complètement imbécile. Elle est incapable de boucler sa ceinture. Ça empeste l’alcool. J’ai entrouvert les fenêtres. Je roule quelques secondes. Sa tête, sans retenue, tombe dans le bol en inox. Premier tournant, la marée de son corps inerte suit lentement le mouvement. Je souris.

Nous arrivons à la maison. Je dois la réveiller et l’aider à sortir. À marcher. Elle tente d’enlever ses espadrilles seule. Impossible. Elle n’a pas de bas, son pied adhère. Il faut tirer fort. Je laisse son bras, pour ôter le deuxième soulier. À deux mains. Elle tombe, au ralenti. Je l’aide à monter à l’étage. Bang, la brique dans son lit! J’imagine déjà sa gueule de bois. Je souris.

Tout ce temps, je repense à mon adolescence. Quand, comme elle, j’avais seize ans et demi. Je revois toutes mes entrées titubantes à la maison. Il me fallait tenir les murs, de chaque côté du corridor, pour me rendre à ma chambre. Vous savez bien, ce navire en pleine mer… Et ma mère qui me demandait, avec le sourire dans la voix, si j’étais OK. Ma réponse, la bouche molle et le langage vague.

Elle va aux toilettes vers 3 h 30. Évidemment, avec toute la subtilité d’un éléphant. Je tends l’oreille, au cas où. Tout est OK, la brique retourne à l’horizontale par elle-même. Je souris.

Le lendemain, j’apprends quelques éléments de sa soirée. Du moins de ce dont elle se souvient. C’était de la vodka, agrémentée aux agrumes. L’alcool, c’est un des pères qui l’a acheté. Son ivresse, c’est qu’elles sont arrivées trop tard et qu’il ne restait plus rien à grignoter en même temps. J’entends l’armée défiler dans sa tête. Elle en paye le prix fort. Je tente de garder mon sérieux.

Plus tard, dans la journée, ça sera l’occasion des messages. Que certains garçons n’attendent que cet état. Pour en profiter. Et tout le reste du discours parental. Mais dans sa version légère. J’ai peine à m’empêcher de sourire. Surtout quand, là, depuis et fréquemment, je lui souligne son état.

En détails…

michel



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