Salon du livre, salon des rêves
En Outaouais, la relâche scolaire commence toujours avec le Salon du livre. Grande fête des auteurs et des lecteurs souvent critiquée pour son aspect ouvertement commercial. Oui, mais. C’est bien plus que ça. Et cette année, le comité organisateur s’est donné à fond en planifiant un nombre record d’événements pour célébrer la culture écrite et lue.
Mais au-delà de ce débat, le Salon du livre, c’est une expérience. Intense. Un bain de foule au milieu de laquelle il faut savoir naviguer d’un kiosque à l’autre. Sans canard en caoutchouc. Foule de laquelle il faut s’enfuir avant que tous les enfants présents se passent le mot pour éclater à cause de la surstimulation sensorielle. Par contre, si vous aimez le bacon, c’est le bon moment.
Le Salon du livre m’émeut. D’abord parce que depuis deux ans, j’y ai ma place comme auteure et éditrice, comme membre d’un groupe d’écrivains (l’Association des Auteurs et Auteures de l’Outaouais) qui me donne le sentiment d’appartenir à une communauté de rêve et d’action. J’ai ma chaise, ma séance de dédicace, ma chance de parler de littérature et de ma Zoé douée au public. L’an dernier, je recevais encore des regards de jugement de la part de gens qui ne connaissaient pas la douance dont mon livre parle. Cette année, complètement différent : les lecteurs sont sensibilisés, ils comprennent que ce livre parle de vrais enfants qui sont vraiment doués intellectuellement, qui sont vraiment différents. Une victoire.
Le Salon m’émeut aussi parce que je trouve ça beau : les jeunes auteurs, à peine sortis du cégep, qui ont trouvé éditeur à leur plume; les retraités qui ont attendu toute leur vie avant de se donner le temps de réaliser leur rêve de publier et qui tiennent leur livre en chair et en papier; les lecteurs en quête d’une découverte littéraire, d’un livre inspirant à traîner en vacances, d’une signature personnalisée de leur auteur préféré. Je trouve ça beau, les parents qui bravent la foule en délire pour plonger leur progéniture dans un monde culturel, dans une langue qui veut tout dire.
Et le Salon, c’est une marée de rencontres passionnantes, de discussions qui nous entraînent jusque dans les fonds marins de nos motivations d’écrire. Parmi ces rencontres, j’ai pu discuter avec la fondatrice de l’Alliance québécoise des Éditeurs indépendants, qui m’avait accompagnée dans le démarrage de ma maison. L’inspiration faite femme, tout orientée vers la bibliodiversité. J’ai revu Tristan Demers, que j’avais interviewé quand on avait tous les deux onze ans et qu’il venait de créer Gargouille…
J’ai aussi eu la chance de revoir une des collaboratrices de Ma Famille Mon Chaos, Linda Cusson. L’automne dernier, Linda a publié le livre 6 règles d’or pour parents branchés. Une belle réussite pour elle, un outil aidant pour les parents et les éducateurs! Il fallait nous voir, plantées au milieu du Centre des Congrès, incapables de se dire au revoir. On aurait pu passer deux semaines à jaser sans épuiser la liste de sujets : nos projets d’écriture, notre vision de la parentalité, nos parcours, notre implication dans MFMC… Un coup de cœur! Je me sentais non seulement acceptée, mais surtout comprise. Soutenue.
Quand on écrit pour un blogue comme MFMC, c’est qu’à la base, on aime écrire et qu’on a des choses à partager. On n’a pas tous le rêve d’être publiés, mais on a tous des rêves. Je suis repartie du Salon du livre avec mon rêve qui criait : « GO! T’es capable! » Et aussi avec quelques livres dédicacés…
http://www.parentsbranches.com/
Nathalie Courcy