Section “sans enfant” : j’ai mon voyage !

Surpris. Déçu. Choqué.

C’est la suite des émotions qui m’ont traversé quand j’ai entendu qu’une compagnie aérienne indienne allait bientôt proposer une section « sans enfant » …

Pourquoi avons-nous besoin de séparer les familles des autres? En fait, je pense que le problème n’est pas là. Il est plus grand et plus grave que ça. De nos jours, on ne tolère plus rien. On critique, on chiale, on cri, on marche dans la rue, on frappe des casseroles… mon Dieu que la vie est dure avec nous! On ne veut plus voir de croix nulle part, on n’accepte pas les turbans, on boude les voiles… on joue à l’autruche. Plutôt que d’assumer nos différences, on les glisse sous le tapis en se cachant lâchement derrière des lois et des règlements.

Personnellement, j’ai appris (merci à mes parents) à assumer mes intolérances plutôt qu’à vouloir cacher ce qui me rend intolérant. Pourquoi serais-je plus important que le gars qui ronfle dans un avion? Pourquoi c’est lui qui devrait se faire réveiller par l’agent de bord et non pas moi qui devrait prévoir le coup et m’apporter des bouchons? Pourtant, celui qui dort trop fort me dérange autant qu’un flot qui frappe dans mon banc. Je réclame donc une section « ronfleurs compulsifs » dans chaque avion! Une section « enfants », une section « ronfleurs », une section « gens sur le party », une section « épais », une section « alcool », une section « tranquille » et une section « gens qui puent le vieux parfum cheap ». Comme ça, personne ne dérangera personne. Bon voyage!

Faut faire attention à ça. On devient de plus en plus fermés aux autres et l’on pense que la solution est très simple : on propose une section « famille » et tout le monde est content. FAUX! Moi, si mes héritiers sont calmes en avion, pourquoi devrais-je m’asseoir obligatoirement avec les morveux des autres? J’ai pas le droit, moi aussi, à un vol tranquille… AVEC mes enfants? Le problème, c’est le principe erroné voulant que si un bébé pleure en avion, TOUS les bébés pleurent en avion. Y’a rien de plus faux. On croise aussi des parents qui pensent que parce que leurs enfants sont des enfants, ils ont tous les droits. Y’a rien de plus faux également. Si mon gars frappe dans le banc du voisin, c’est sûr que je vais tout faire pour que ça arrête. C’est ma job de parent et je ne me permets jamais de répit. Je suis là pour lui apprendre les bonnes manières, peu importe où nous sommes, peu importe avec qui nous sommes. C’est pas toujours facile, c’est pas toujours élégant, mais on doit le faire.

Ce qui me fait peur également dans ça, c’est l’effet d’entrainement que ça pourrait avoir. Là, on parle d’avion, mais Dieu sait qu’y’a ben des chialeux au restaurant aussi; plusieurs clients soupirent à la vue d’enfants dans les environs. Si l’aviation trouve un filon, la restauration emboîtera le pas dans un avenir plus ou moins rapproché. Regardez bien… d’ici quelques années, quelques bonnes tables s’annonceront comme des lieux où l’on garantit la tranquillité aux gens qui veulent relaxer autour d’un délicieux repas. Les enfants ne seront acceptés que sur leur terrasse… et quelques années après, ils seront complètement exclus de ces restaurants. Oh, je sais que j’ai l’air démagogue, mais partagez ce texte et surtout mettez-le dans vos favoris. Un jour, vous le relirez et vous direz que le papa madelinot avait bien raison.

La vie, ce n’est pas que son petit nombril. Y’a des gens autour de nous; des gens qui respirent mal, qui puent, qui mangent bruyamment, qui se rongent les ongles, qui parlent trop fort, qui sacrent… et ce n’est pas en les regroupant ensemble et en les séparant des autres qu’on règle le problème. On connait les racistes, les sexistes… eh bien on devient de plus en plus « autristes ». Et ça, ça me fait peur parce qu’à trop vouloir accommoder tout le monde, on finit par s’en mettre à dos.

Oui, ce sont nos enfants qui pleurent parfois, mais entre eux et les adultes qui chialent parce qu’ils ne jouissent pas de leur petite tranquillité, je me demande bien qui est le plus bébé des deux…



Commentaires