Ce soir, sur le bord du feu!
Nous sommes tous les trois sur le bord du feu. Mon beau garçon entend la belle voisine de 17 ans d’en face jouer au basket avec son frère de 15 ans. Et c’est là que la discussion sur les regrets de ma vie a commencé avec ma fille!
Je lui ai expliqué que dans la vie, si on ne demande pas, on n’aura jamais la vérité ou la bonne réponse. Je lui ai confié mon amour inavoué pour ce garçon au secondaire qui était dans mon autobus. Un joueur de hockey. Toutes les fois qu’il embarquait dans l’autobus, j’espérais tellement qu’il viendrait s’asseoir avec moi… Je suis même allée jusqu’à me faire acheter un manteau d’hiver pareil comme le sien en espérant qu’il me remarque. Cinq ans à prendre le même autobus. Cinq ans à espérer qu’il me regarde, me sourie.
À 15 ans, je me suis jointe à un groupe de ma ville appelé Comité Jeunesse. Ce groupe avait pour but d’organiser des activités pour les jeunes de la ville. Nous organisions entre autres des soirées 14‑18 dans le gymnase du centre communautaire. Et là, à chacune de ces soirées, comme dans l’autobus, j’espérais. J’espérais qu’il y vienne. Une fois qu’il était arrivé, j’espérais qu’il me regarde, me sourie, ou mieux, qu’il vienne me parler.
J’ai donc passé mon secondaire à espérer. À rêver chaque soir qu’un jour, il viendrait enfin vers moi. Qu’un jour, il poserait son regard sur moi. Je n’ai jamais eu l’audace de faire les premiers pas. Je n’ai jamais osé. J’ai préféré espérer. J’ai donc expliqué à mes enfants que dans la vie, quand on veut vraiment quelque chose, il faut oser et non espérer, car rien n’arrive seul. On doit foncer et accepter le refus, car des refus, ils vont en avoir dans leur vie. Je ne suis pas une fonceuse, mais une rêveuse; je voudrais donc pour mes enfants qu’ils soient fonceurs. Qu’ils aient confiance en eux. Qu’ils croient en leurs capacités. Je leur souhaite de vivre leur vie au lieu de la rêver ou de l’espérer.
Annie Corriveau