Mon sport national déchu

Je suis l’une de ses mères qui courent les arénas sans arrêt. Lamentable vous me direz, certes, mais j’assume. J’aime ce sport, je suis une passionnée et quant à moi, rien ne vaut une bonne partie de hockey.

Je me fais sauter des vaisseaux sanguins dès que le pointage d’une partie est serré. Je m’époumone à chaque bras levé par les arbitres (rien de négatif, juste de la belle grosse passion!). Les larmes me montent aux yeux à chaque victoire par un trop-plein de fierté.

Et pourtant…

Le hockey mineur est malade.

Hockey Québec est déchu.

Écrire et vanter le bon développement des enfants sans même s’assurer que l’objectif est atteint dans les arénas de leur belle capitale est littéralement dérisoire. Le cas des « papas coachs » de régions qui créent les équipes dans le but de mettre leur fils en valeur est beaucoup trop récurrent. Prévaloir les amitiés au-delà du niveau de hockey des enfants lors des sélections est encore une fois beaucoup trop récurrent. Le hockey est devenu la mafia des sports.

Les parents bénévoles n’en font qu’à leur tête. Dans bien des cas, lorsqu’un enfant est une menace pour leur enfant, au lieu d’en faire une arme secrète afin d’élever le niveau de jeu de leur équipe, ils le tassent du revers de la main (l’autre équipe le prendra, il ne fera pas ombre à mon fils!).

Ce ne sont que des enfants…

Ils ne feront pas la Ligue nationale. Désolée de vous l’annoncer, mais c’est ainsi. Alors, pourquoi pénaliser des enfants ainsi, simplement pour élever leur progéniture?

Je suis de la Rive-Sud de Montréal et notre ville est hockey. Pourtant, année après année, les équipes ne sont clairement pas de calibre face aux autres villes. Pourquoi? Un bassin trop vaste. Des pommes pourries qui se sont placées en haut de la chaîne et tout en découle. Parmi les coachs, plusieurs priorisent leur enfant face à l’intégralité de l’équipe. Résultat : des joueurs qui n’atteignent pas le calibre de la catégorie dans laquelle ils ont été placés.

Malheureux? Vraiment! Allez demander aux parents ainsi qu’aux joueurs comment ils se sentent après plusieurs défaites de 11 à 0. L’important est bien sûr de participer, mais lorsque vous vivez défaite par-dessus défaite, il n’y a plus rien d’agréable là-dedans! Et ce, autant pour les enfants que pour les parents.

Ils nous chargent des coûts afin que nos enfants puissent jouer un niveau de hockey compétitif lorsqu’il n’y a clairement pas de compétition. Nos jeunes autrefois passionnés en deviennent littéralement écœurés. Voir nos enfants pleurer après chaque partie n’est pas normal. Ce qui est censé être amusant devient déception et découragement.

On ne devrait pas devoir se tourner vers les associations des villes avoisinantes.

Hockey Québec devrait changer ses politiques d’évaluation ou bien ajuster le calibre de l’équipe selon le niveau des joueurs. Ils disent engager des firmes indépendantes afin de faire les évaluations et pourtant, ce sont les entraîneurs qui ont le dernier mot. Lorsque votre enfant vous demande pourquoi il a été placé dans telle catégorie et que l’on demande des explications, l’association se cache derrière la firme. Pour ce qui est des plus jeunes, les dirigeants disent que c’est le choix des bénévoles tout simplement. Jamais d’explication afin que les jeunes puissent s’améliorer. Des décisions sans justifications.

Pourquoi des représentants d’Hockey Québec n’iraient pas voir ce qui se passe réellement lors des évaluations? Allez voir si les classements ne sont pas que jalousie et ambition. Bien des enfants en sont pénalisés et AUCUN enfant ne devrait être puni par l’ambition d’un papa inaccompli. Allez voir si les équipes sont assez fortes pour affronter les autres villes. Mais de grâce, n’abandonnez pas vos jeunes et ne laissez pas vivre des défaites de 10 à 0 match après match.

Le hockey devrait simplement créer de merveilleux souvenirs pour les enfants et pour les parents. Tout simplement.

 

Eva Staire

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