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Viens que j’te serre dans mes bras, ti-gars ! Texte : Sophie Barnabé

J’suis assise devant ta copie d’examen, crayon rouge à la main. J’essaie de me concentrer, ma

J’suis assise devant ta copie d’examen, crayon rouge à la main. J’essaie de me concentrer, mais dans ma tête, ta voix retentit. Cette question que tu m’as posée à la fin du cours de mercredi… « Madame, depuis que j’suis plus sur le bord adulte, c’est tough… la pandémie, la guerre… y’a-tu toujours quelque chose du genre qui se passe, mais je ne le réalisais tout simplement pas avant aujourd’hui parce que j’étais trop petit pour m’en rendre compte ? »

Ti-gars, depuis dix-huit ans, tu grimpes l’échelle un barreau à la fois, sans jamais regarder en bas ni derrière toi. Il y a deux ans, on t’a obligé à ralentir la cadence. T’avais pas ton permis, jamais pris de brosse ni fait l’amour… Bon… peut-être que oui, mais ces aventures d’adolescence ne sont qu’un sursis sans souci… Il te restait encore un bout de pied dans l’enfance et tu vivais tout ça avec insouciance.

Pendant ces deux ans, encabané, t’as vieilli. T’as pris conscience que la vie ne se limite pas à ton nombril. Il y a deux ans à peine, pour l’ado invincible que tu étais, un virus était un simple prétexte pour manquer une journée d’école. Tu réalises maintenant que l’ennemi est parfois sournois. Qu’il y a plus fort que toi. À l’école, on t’apprend à écrire des textes pour partager ton opinion et pourtant, même bien exprimée, elle amène à la division. Tu réalises qu’il y a deux ans à peine, tu rêvais de vieillir pour gagner en liberté, mais que parfois, plus t’es vieux, plus le déploiement de tes ailes devient périlleux. Et puis, comme si ce n’était pas assez, à l’aube du retour à la liberté, tu découvres que « poutine », ça donne des brûlements d’estomac, ça goûte moins le bonheur qu’avant… Le jaune et le bleu ne te font plus simplement penser aux couleurs de la marque de tes jouets Pokemon, non… tu les perçois différemment maintenant…

Ti-gars, depuis deux ans, t’es passé de l’adolescent insouciant au jeune adulte de plus en plus conscient. Entre l’actualité fracassante, les réseaux sociaux et leurs images choquantes, tu te demandes aujourd’hui si c’est toujours comme ça la vie. Tu réalises que lorsqu’on est petit, on enrobe les mauvaises nouvelles de sucre d’orge, on nous rassure en nous berçant tendrement… Plus tu vieillis, plus tu deviens conscient… Tu te poses des questions à répétition.

Et là, t’es venu me voir… Habituellement, à la fin d’un cours, tu me demandes à quand la remise de tel ou tel travail, si je suis dispo pour une période de récup… J’ai toujours réponse à tes questions… Pourtant, même si habituellement, je suis bonne pour t’expliquer les choses, je ne trouve pas les mots pour t’en convaincre. Le secret d’une belle vie ? Qu’elle soit remplie, je crois. Juste de beau ? La vie c’est comme un gâteau… Il y a de bons ingrédients et de très mauvais. Parfois, on le savoure et parfois il nous écœure… Peu importe, c’est ça un gâteau ! Pareil pour la vie. Parfois elle est bonne, parfois elle nous écœure. Peu importe, c’est ça la vie ! La vraie vie, c’est rempli de beau et de laid, c’est doux et c’est rough. C’est triste et c’est heureux… C’est tout ça, une vie !

La vie c’est parfois s’attendrir devant le rire d’un bébé, c’est avoir le goût de vomir devant certaines injustices. La vie, c’est aussi se sentir bien après avoir fait le ménage de sa chambre, se sentir beau après s’être fait couper les cheveux et pogner les nerfs après ces p’tits cheveux qui restent collés et nous piquent dans le cou. La vie, c’est se questionner à savoir si on mange des toasts ou des céréales le matin, c’est rêver de se marier même après la rupture qui nous a tant fait pleurer. La vie, c’est perdre son temps sur TikTok et c’est goûter à des huîtres pour la première fois. La vie c’est perdre espoir à la vue d’un hôpital bombardé pour ensuite se raccrocher au masque qu’on pourra bientôt enlever. La vie, c’est se faire friend zone par la p’tite brunette d’à côté et choisir un prof pour se confier…

La vie, c’est accueillir chaque événement, chaque émotion et se coucher le soir en disant que t’as appris quelque chose, que t’as été choqué devant une nouvelle, que t’as vibré au son d’une chanson. Si tu te couches le soir heureux, c’est que tu vis. Si tu te réveilles anxieux, c’est que tu vis. Si tu pognes un fou rire dans un salon funéraire, c’est que tu vis. Si tu trembles en faisant l’amour, c’est que tu vis. C’est comme ça la vie !

Je n’ai peut-être pas les bons mots pour te rassurer, j’aurais envie de te serrer dans mes bras, mais j’peux pas. Si je te dessine un bonhomme sourire à l’encre rouge, tu comprendras… Assure-toi que ta vie soit remplie et fais-lui confiance comme tu l’as fait avec moi mercredi… Merci de me faire confiance ti-gars, tu contribues à ma belle vie remplie…

Sophie Barnabé

L’éducation, une priorité! Texte : Annie Corriveau

Ça fait un bout que je n’ai pas écrit car je me suis lancé de t

Ça fait un bout que je n’ai pas écrit car je me suis lancé de très gros défis depuis l’an passé. En fait, d’énormes défis et surtout en temps de pandémie. J’ai 47 ans, maman de deux magnifiques et adorables (et non, ce n’est pas sarcastique) ados. Des ados résilients, agréables et tellement beaux ! Donc, maman à temps plein puisque papa est décédé il y a 9 ans. J’ai travaillé pendant 25 ans comme croupière au Casino de Montréal. Un travail qui paraît facile et agréable, mais qui est très difficile sur le corps, surtout le cou et les membres supérieurs. Étant blessée, j’ai cherché à me réorienter, à me trouver une nouvelle carrière.

C’est sous les conseils de plusieurs amis proches que j’ai décidé de retourner à l’université en enseignement. Comme j’ai un baccalauréat en Études françaises, je n’ai pas eu de difficultés à me trouver de la suppléance. Au début de l’année scolaire, alors que je distribuais de CV dans le but de faire de la suppléance à nouveau, on m’a offert un contrat en enseignement du français au secondaire. J’avais d’ailleurs fait un cours en français langue d’enseignement, et c’est vraiment vers cette avenue que je voulais me tourner. J’ai donc accepté le contrat sans même savoir dans quel bateau je sautais… et laissez-moi vous dire que c’est tout un bateau ! Un bateau qui n’arrête jamais. La planification, la correction, la gestion de conflits, de classe, le matériel, les messages TEAMS à 21 heures. Ça n’arrête jamais. J’ai accepté le contrat sans même connaître le salaire. Et je peux vous dire que pour la charge de travail, je suis du cheap labour pour notre beau gouvernement.

J’adore ce que je fais maintenant, j’adore mes élèves, la matière, ma merveilleuse équipe-école qui m’a encadrée et soutenue. J’aspire même à être acceptée à la maîtrise qualifiante en enseignement du français au secondaire dans le but de parfaire mes connaissances, mes techniques, ma pédagogie. Mais sérieusement, l’enseignement est vraiment malade au Québec.

Oui, c’est vrai, ils engagent des personnes comme moi qui ne sont pas qualifiées. Des personnes qui partent de zéro et qui doivent s’adapter, apprendre à gérer les élèves, leurs nombreux plans d’intervention, leurs particularités. Qui doivent communiquer avec des parents qui les blâment pour les problèmes de leurs enfants, qui trouvent que l’école n’offre pas assez de services, qui ne s’impliquent pas, qui ne répondent pas à leurs nombreux courriels. Mais en ce moment, les directions d’école ne peuvent pas faire autrement. Le manque de personnel est tellement grand et ceux qui restent sont à bout de souffle.

Aujourd’hui, les profs réclament haut et fort de l’aide. De l’aide pour offrir plus de ressources à nos enfants, à VOS enfants. Pour avoir plus de soutien, plus de services car sérieusement, je ne savais pas qu’un élève pouvait nécessiter à lui seul autant de ressources et d’attention. Les profs réclament le même salaire que dans les autres provinces canadiennes. Si vraiment vous saviez combien gagne un prof en début de carrière, vous comprendriez probablement chaque minute de revendication des professeurs.

Ah oui, c’est vrai, je vais avoir deux mois de vacances cet été. Oui, deux mois à me refaire une santé, à me reposer de mon année mouvementée, sans pause, sans congé et en temps de COVID en plus ! Je veux continuer dans ce domaine car je réalise que j’y suis vraiment à ma place. J’ai l’avenir d’une soixantaine d’ados entre mes mains et je trouve ça stimulant, captivant, enrichissant. Quand j’entends les parents se plaindre parce que les profs font un débrayage de nuit ou de fin de journée afin de se faire entendre auprès du gouvernement pour l’avenir de LEUR enfant, ça vient me chercher. L’école est un endroit où l’on enseigne, où l’on encadre, où l’on dirige, et non où l’on garde les jeunes. Les profs essaient, en ce moment, de se faire entendre par tous les moyens avec le moins d’impact sur l’année scolaire de leurs élèves. Non, ce n’est pas un geste égoïste de la part de profs et oui, les élèves ont manqué une moitié d’année scolaire l’an passé, mais s’il vous plaît, appuyez-nous ! C’est pour le bien de VOS enfants !

Annie Corriveau

L’injustice d’être une fille

Élever des filles en 2020, c’est… comment dire? Stressant! Oui, oui, j

Élever des filles en 2020, c’est… comment dire? Stressant! Oui, oui, j’avoue, je trouve ça angoissant. L’accès à l’information de toutes sortes, la facilité de communication et les médias sociaux sont très souvent utiles dans nos vies. Mais quand on élève des ados, ça rend parfois la tâche plus difficile.

J’ai souvenir d’un moment précis qui s’est déroulé il y a plusieurs années. J’étais une belle jeune ado de quinze ans qui se promenait sur le camping en maillot de bain. Banal, jusqu’à ce que mon père me demande de m’habiller. Sur le coup, j’étais en colère. Tout le monde pouvait se promener en bikini sauf moi. Injustice! 

Avec mes yeux d’adulte, je comprends. Il me protégeait de la gang de gars en moto qui étaient venus camper chez le voisin. Ils me regardaient intensément, ce qui énervait mon père. Cependant, si les gars ne venaient pas me parler, ça finissait là. Mais aujourd’hui, ce serait plus compliqué.

En 2020, c’est facile de trouver quelqu’un. Alors, la même situation serait bien différente. La gang de gars aurait pu me localiser sur Snapchat, me trouver sur Instagram ou m’envoyer un message avec Messenger. Facile! Donc, comme parents, nous devons outiller nos filles pour qu’elles puissent se protéger, pour qu’elles ne soient pas naïves, pour qu’elles apprennent à se méfier.

Mais pourquoi avons-nous besoin de nous protéger? Pourquoi, comme femme, j’ai dû apprendre à m’habiller pour ne pas attirer les mains baladeuses? Pourquoi j’ai appris à éviter les situations qui pourraient me mettre dans l’embarras? Pourquoi je me méfie des inconnus qui me parlent?

La réponse est simple : mon père avait raison. Il y a des gens qui ont de mauvaises intentions et la naïveté est souvent mauvaise conseillère. Les statistiques parlent d’elles-mêmes.  

Pour mes deux belles ados que j’élève aujourd’hui, je fais un vœu : je souhaite qu’elles puissent s’épanouir et vivre leur vie, sans avoir besoin de se protéger, en étant libres. Que toutes les dénonciations qui ont lieu en ce moment amènent un questionnement et des changements de mentalité.

Un jour, j’espère, les jeunes filles pourront se promener en maillot en ne se protégeant que du soleil.

Nancy Pedneault

Mon sport national déchu

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Je suis l’une de ses mères qui courent les arénas sans arrêt. Lamentable vous me direz, certes, mais j’assume. J’aime ce sport, je suis une passionnée et quant à moi, rien ne vaut une bonne partie de hockey.

Je me fais sauter des vaisseaux sanguins dès que le pointage d’une partie est serré. Je m’époumone à chaque bras levé par les arbitres (rien de négatif, juste de la belle grosse passion!). Les larmes me montent aux yeux à chaque victoire par un trop-plein de fierté.

Et pourtant…

Le hockey mineur est malade.

Hockey Québec est déchu.

Écrire et vanter le bon développement des enfants sans même s’assurer que l’objectif est atteint dans les arénas de leur belle capitale est littéralement dérisoire. Le cas des « papas coachs » de régions qui créent les équipes dans le but de mettre leur fils en valeur est beaucoup trop récurrent. Prévaloir les amitiés au-delà du niveau de hockey des enfants lors des sélections est encore une fois beaucoup trop récurrent. Le hockey est devenu la mafia des sports.

Les parents bénévoles n’en font qu’à leur tête. Dans bien des cas, lorsqu’un enfant est une menace pour leur enfant, au lieu d’en faire une arme secrète afin d’élever le niveau de jeu de leur équipe, ils le tassent du revers de la main (l’autre équipe le prendra, il ne fera pas ombre à mon fils!).

Ce ne sont que des enfants…

Ils ne feront pas la Ligue nationale. Désolée de vous l’annoncer, mais c’est ainsi. Alors, pourquoi pénaliser des enfants ainsi, simplement pour élever leur progéniture?

Je suis de la Rive-Sud de Montréal et notre ville est hockey. Pourtant, année après année, les équipes ne sont clairement pas de calibre face aux autres villes. Pourquoi? Un bassin trop vaste. Des pommes pourries qui se sont placées en haut de la chaîne et tout en découle. Parmi les coachs, plusieurs priorisent leur enfant face à l’intégralité de l’équipe. Résultat : des joueurs qui n’atteignent pas le calibre de la catégorie dans laquelle ils ont été placés.

Malheureux? Vraiment! Allez demander aux parents ainsi qu’aux joueurs comment ils se sentent après plusieurs défaites de 11 à 0. L’important est bien sûr de participer, mais lorsque vous vivez défaite par-dessus défaite, il n’y a plus rien d’agréable là-dedans! Et ce, autant pour les enfants que pour les parents.

Ils nous chargent des coûts afin que nos enfants puissent jouer un niveau de hockey compétitif lorsqu’il n’y a clairement pas de compétition. Nos jeunes autrefois passionnés en deviennent littéralement écœurés. Voir nos enfants pleurer après chaque partie n’est pas normal. Ce qui est censé être amusant devient déception et découragement.

On ne devrait pas devoir se tourner vers les associations des villes avoisinantes.

Hockey Québec devrait changer ses politiques d’évaluation ou bien ajuster le calibre de l’équipe selon le niveau des joueurs. Ils disent engager des firmes indépendantes afin de faire les évaluations et pourtant, ce sont les entraîneurs qui ont le dernier mot. Lorsque votre enfant vous demande pourquoi il a été placé dans telle catégorie et que l’on demande des explications, l’association se cache derrière la firme. Pour ce qui est des plus jeunes, les dirigeants disent que c’est le choix des bénévoles tout simplement. Jamais d’explication afin que les jeunes puissent s’améliorer. Des décisions sans justifications.

Pourquoi des représentants d’Hockey Québec n’iraient pas voir ce qui se passe réellement lors des évaluations? Allez voir si les classements ne sont pas que jalousie et ambition. Bien des enfants en sont pénalisés et AUCUN enfant ne devrait être puni par l’ambition d’un papa inaccompli. Allez voir si les équipes sont assez fortes pour affronter les autres villes. Mais de grâce, n’abandonnez pas vos jeunes et ne laissez pas vivre des défaites de 10 à 0 match après match.

Le hockey devrait simplement créer de merveilleux souvenirs pour les enfants et pour les parents. Tout simplement.

 

Eva Staire

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