Il y a deux mois

C’était il y a un peu plus de huit semaines. Dans un élan d’impulsivité, tu as dit ces mots. C’est si difficile de comprendre pourquoi ils sont sortis de ta bouche, toi qui peux être si à cheval sur la langue française. Ces mots, tu les as dits à mon avis huit semaines plus tard sans penser qu’ils étaient pour faire résonner quelque chose de complètement clair en dedans de moi : c’est terminé.

 

À la suite de ces paroles, nous avions un événement familial dans ta famille. J’y suis allée avec toi, mais je me souviens de deux choses pour cette soirée. Il faisait chaud à l’extérieur, c’était agréable, mais j’ai été d’une grande froideur avec toi et encore à ce jour, je ne sais pas comment j’ai fait pour que rien n’y paraisse.

 

Nous sommes revenus à la maison et dans la nuit, alors que je m’étais couchée dans une autre chambre, je suis allée te voir et je t’ai clairement dit que ces propos n’avaient pas leur place, que je ne les acceptais pas et que c’était terminé. J’ai offert dès cet instant à ce que tu rachètes ma part de notre maison.

 

Il y a eu depuis ce jour une cassure, une cassure nette. Je ne pouvais plus à ce moment précis penser que je pouvais continuer ma vie avec toi. Ce n’était pas la première crise que nous vivions, mais cette fois-là, c’était autre chose ; une conviction profonde a jailli de cet événement.

 

Là où ça accroche depuis un peu plus de huit semaines, c’est toi. Au début, tu m’as confirmé que tu voulais racheter ma part de la maison. Tu as débuté les démarches à ton rythme, c’est-à-dire très lentement. Puis il y a quelques semaines, tu m’as annoncé que tu avais interrompu les démarches, car un enfant ne vit pas dans deux maisons. Tu as décidé à ce moment de me mettre en cage. Depuis, oui j’ai l’impression d’être prise, mais en même temps, je pense que c’est davantage toi qui te mets en cage.

 

Moi, de mon côté, je reconnecte avec moi, je reconnecte avec mes passions, mes valeurs, mon amour-propre. Ça fait du bien. Nous avons encore des discussions parfois, ce n’est pas toujours simple, ce n’est pas toujours beau. Mais c’est clair pour moi : le chapitre qu’était notre relation est terminé pour moi.

 

J’ai compris que chaque séparation est unique et amène son lot de défis (y compris des cassures et des déchirures). La mienne se déroule à la vitesse leeente et oui, je voudrais parfois que ça aille plus rapidement. Cependant, à chaque discussion ou accrochage, je comprends que j’en ai beaucoup vécu, parfois de manière trop silencieuse. Mais savoir que j’avance me permet de me sentir plus légère. Noël s’en vient, on me dit que ce ne sera pas facile. En faisant une petite introspection, je me suis rendu compte que cela fait quelques Noëls que rien n’est simple, alors je ne crois pas que ce sera pire.

 

Je sais que le nouveau chapitre qui s’ouvre me permettra de me redécouvrir et je fais confiance à la vie. Pour le reste, elle s’en occupera adéquatement.

 

Eva Staire



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