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La DPJ, mais pour qui?

Je suis bouleversée par les confidences d’une amie…

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Je suis bouleversée par les confidences d’une amie…

Toutes ces heures passées à la réconforter. Elle était démolie. Son adolescent de seize ans et demi venait de faire un signalement à la DPJ. Elle l’aurait un peu « bardassé » (il dit qu’elle l’a aussi giflé), alors qu’il s’était finalement pointé, vers 22 h. Un soir de semaine.

Après avoir promis, une énième fois, d’être à la maison pour le souper. Après l’avoir laissée morte d’inquiétude, sans nouvelles depuis plusieurs heures. Après l’avoir encore narguée.

Son fils est en état de dépression, traité aux antidépresseurs. Mais il continue de faire le party. De boire à s’en saouler solide. Elle croit qu’il prend de la drogue. Elle sait qu’il a de mauvaises fréquentations.

Je comprends ce qu’elle vit. Ce que nous vivons toutes, avec des adolescent(e)s. Les demi-vérités. Les trucs qui disparaissent de la maison. L’alcool qui est parfois dilué, pour garder les niveaux raisonnables à l’œil. La confrontation. Le manque de respect. Le chantage. Les menaces de fugue. Les répliques incisives : « J’ai seize ans, je fais ce que je veux ! » Que, poussé à bout, personne n’est à l’abri d’une perte de contrôle.

Son fils, il est en échec scolaire total. Avec un suivi de son comportement. Je l’entends encore me raconter sa rencontre avec le directeur adjoint et les intervenants. Dépassés, eux aussi. Faut dire que le secondaire et lui, ça n’a pas cliqué depuis le début. Que les manquements à ses « engagements » sont presque aussi fréquents que son rejet de toute autorité à la maison. Que de mentir aux enseignants, c’est son quotidien.

Nous sommes mal faits, les parents. Nous nous inquiétons pour nos enfants. Pour leur santé. Peu importe ce qu’ils nous font vivre. À ne pas en dormir. Morts d’inquiétude.

Depuis le signalement, son fils est placé chez les grands-parents. Je les connais aussi. Les pauvres, ils devront vivre avec lui. Qui se dévoilera tranquillement dans tous ses aspects sombres. Au fur et à mesure qu’il voudra prendre le contrôle.

Je l’écoute me dire qu’elle est tombée — en préparant le linge que la DPJ a demandé de lui apporter — sur une cachette d’alcool. Sous le lit. Pire, sur quelques notes personnelles. Où son fils écrit que ça va mal depuis plus d’un an. Qu’il frappe mur après mur. Qu’il ment à tous les adultes (médecins et psychologues inclus). Elle me fait lire l’extrait, qu’elle a photographié avec son cellulaire. J’ai froid dans le dos. Surtout quand elle me dit que la DPJ préfère toujours, malgré ça, retenir la version de son fils.

Je ne l’excuse pas, mais je la comprends.

Je sais que les ressources sont limitées. Que les intervenants de la DPJ font de leur mieux, au cas par cas. Mais, comme société, devrions-nous réviser les cadres ? Les priorités ? Entre un ado presque adulte, qui cherche et trouve la confrontation, et les enfants en bas âge ; mon choix serait clair.

Qu’elle soit mon amie ou non…

Eva Staire

Les ados et Internet

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«Moi, dans mon temps»… Je ne pensais jamais dire ça une fois dans ma vie. Du haut de mes trente-trois ans, je viens d’avoir une belle claque au visage.

Moi, dans mon temps, Internet à treize ans n’existait pas. On vivait nos expériences, une étape à la fois et surtout, dans l’intimité. Maintenant, à treize ans, les ados ont leur cellulaire. On leur en fournit un en promettant qu’une fois par mois, on va fouiller dedans pour question de sécurité… ce qu’on laisse tomber bien assez vite parce que nos enfants, on leur fait confiance.

Le cellulaire fait partie intégrante de leur vie, il est «scotché» à leur main et c’est la catastrophe si on les sépare.

Moi à treize ans, je voyais mes amies, on dansait, on chantait et on riait. On avait nos petits chums et on jasait dans le sous‑sol, collées sur eux. Sans plus.

Aujourd’hui, à treize ans, elles s’abonnent à des sites de rencontres pour adultes en mettant une fausse date de naissance. Elles voient des profils de garçons qui mentent sur leur âge et surtout, elles voient des vidéos qu’elles ne devraient pas voir, à treize ans…

Moi à treize ans, j’avais un appareil photo, on se prenait en photo lors de nos partys de sous‑sol, on s’arrangeait pour qu’elles soient belles parce qu’on devait attendre quelques jours avant de les voir. Pas question d’avoir des photos ratées ou encore des photos gênantes parce qu’un inconnu s’occupait de les faire développer! On ne voulait pas avoir honte en allant les chercher!

Aujourd’hui, à treize ans, elles font des selfies et des «shooting photos» avec le ventre à l’air à moins trente, dehors. Au début, on pense que c’est inoffensif même si ça nous rend inconfortables par en dedans, mais on les laisse faire, parce qu’on leur fait confiance.

Moi dans mon temps, j’en ai bu de l’alcool, pour essayer. Oui, même à m’en rendre malade, parce qu’à treize ans, on ne sait pas boire! Parce qu’à treize ans, on commence à faire nos expériences. On expérimente, le mot le dit, c’est normal.

Aujourd’hui, à treize ans, il faut boire de l’alcool, sinon on est out

Moi, dans mon temps, on jouait à la bouteille. Ben oui, on l’a tous fait. On embrassait notre voisin de droite pis on trouvait ça drôle. Mais c’était dans l’intimité, entre amis.

Aujourd’hui, les ados se dévoilent sur Internet, à la vue de tout le monde. «Oui, mais on s’en fout, ils ne voient pas notre visage».

Et là, notre monde s’écroule. On réalise que les ados d’aujourd’hui sont loin de ce qu’on était «dans notre temps». Oui, la vie change, elle évolue, parfois beaucoup plus rapidement qu’on le souhaiterait, mais ce n’est pas une raison pour accepter n’importe quoi. On passe pour des méchants ou des vieux dépassés qui ne comprennent rien. Mais mon cœur de maman n’arrive pas à comprendre la naïveté des ados.

On a beau leur donner une confiance aveugle, je réalise qu’il faut quand même faire la police du cellulaire de temps en temps. Juste pour les protéger, avant que ça aille trop loin. Même si nos ados trouvent qu’on exagère, même si nos ados nous disent «c’pas grave m’man», on se doit, en tant que parent, de faire notre boulot, que ça plaise à nos ados ou non.

Faites‑le, même si vous pensez que vos ados n’ont rien à se reprocher : jetez un œil à leur contenu de cellulaire… ça pourrait peut-être sauver bien des catastrophes.

Tania Di Sei

 

 

Ma fille est Cendrillon

Ma fille est Cendrillon. Pas tout à fait mais presque. Il faudrai

Ma fille est Cendrillon. Pas tout à fait mais presque. Il faudrait enlever le passage où la mère meurt et que le père se remarie avec la méchante belle‑mère.

La méchante dans notre histoire, ce n’est pas la belle-mère, mais moi, sa vraie mère. C’est vers l’âge de sept ans qu’elle a commencé à m’attribuer le rôle de tyran. C’était intermittent, je voguais entre le rôle de la meilleure maman du monde et celui de la pire.

Et là, elle a eu huit ans. Je suis de moins en moins cette super maman. Maintenant, je suis méchante presque en tout temps.

Si je ne lui permets pas d’aller chez une amie, si je ne lui permets pas d’inviter une amie, si je lui dis non pour la tablette, etc.

Elle se transforme en Cendrillon. Cette pauvre fille est malheureuse. Je ne comprends rien et je brise son avenir. Je ne fais preuve que d’injustesse (comme elle le dit si bien). Les mères de ses amies sont tellement plus hot et plus cool. Elles n’interdisent rien à leurs filles et moi, j’interdis tout.

Contrairement à Cendrillon qui partait tête baissée pour exécuter la tâche demandée, elle me donne droit à des crises spectaculaires, du boudage interminable, des répliques assassines.

J’ai une mini‑ado à la maison. Je me suis même surprise à lui sentir le t’sou de bras pour voir si elle puait. Ne me demandez pas pourquoi j’ai pensé à ça… je me pose toujours la question à ce jour.

Je me retrouve à faire plus de discipline avec ma huit ans qu’avec ma fucking four. L’argumentation est devenue son sport préféré et ça devient interminable. Elle a toujours raison, connaît tout et sait tout. Du haut de ses huit ans elle croit en savoir beaucoup plus que moi à trente‑neuf ans. Sorry girl! J’ai quelques années d’expérience de plus.

Je ne sais pas si c’est une préparation ou un avertissement pour l’adolescence à venir, mais je me demande si je vais y survivre. J’ai déjà l’envie presque incontrôlable de faire sa valise en lui disant : « Vas­­‑y chez ton amie, on se reparlera au bout d’une semaine! »

Elle s’apercevra bientôt que tout comme la fée des dents, les fées marraines ça n’existe pas et qu’elle devra vivre avec moi, sa marâtre de mère, encore un bon bout de temps.

Dans votre maison, y a‑t‑il aussi des Cendrillon?

Mélanie Paradis

Party et ébriété riment avec nausée!

Je reçois un message texte, il est 23 h 43…

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Je reçois un message texte, il est 23 h 43…

C’est l’amie avec laquelle ma fille est allée à un party. Le lift de retour était pourtant convenu vers minuit et quart. « Je pense qu’il serait temps que vous veniez la chercher! » Avec quelques détails, qui donnent tout leur sens au mot « relâche ». Heureusement, c’est à moins de dix minutes de la maison.

Papiers essuie-tout, grand bol en inox. Je pars…

Je stationne devant l’entrée. Une maison de banlieue des plus anodines. Il y a quelques jeunes qui sont sortis prendre l’air. Un party d’adolescents, comme bien d’autres. Ma fille me dira que la grande sœur, adulte, était responsable. Mais qu’elle a plutôt décidé de faire la fête avec eux. Je texte l’amie, en lui demandant si elle veut également un lift. « Merci! Je dois aussi prendre soin d’un autre ami. »

Au bout d’un certain temps, trois filles arrivent. La mienne, bien encadrée de deux béquilles. Ma fille est comme un pantin euphorique. La bouche molle et le langage vague. L’œil qui vacille. Elle doit se croire sur le pont d’un navire, en pleine tempête. Je leur souris.

Ses amies ont dû me trouver pas mal cool.

On la glisse sur le siège arrière, côté passager. Elle serait à ma portée, s’il le faut. Surtout pas comme passager à l’avant. Malgré l’heure tardive, je ne suis pas complètement imbécile. Elle est incapable de boucler sa ceinture. Ça empeste l’alcool. J’ai entrouvert les fenêtres. Je roule quelques secondes. Sa tête, sans retenue, tombe dans le bol en inox. Premier tournant, la marée de son corps inerte suit lentement le mouvement. Je souris.

Nous arrivons à la maison. Je dois la réveiller et l’aider à sortir. À marcher. Elle tente d’enlever ses espadrilles seule. Impossible. Elle n’a pas de bas, son pied adhère. Il faut tirer fort. Je laisse son bras, pour ôter le deuxième soulier. À deux mains. Elle tombe, au ralenti. Je l’aide à monter à l’étage. Bang, la brique dans son lit! J’imagine déjà sa gueule de bois. Je souris.

Tout ce temps, je repense à mon adolescence. Quand, comme elle, j’avais seize ans et demi. Je revois toutes mes entrées titubantes à la maison. Il me fallait tenir les murs, de chaque côté du corridor, pour me rendre à ma chambre. Vous savez bien, ce navire en pleine mer… Et ma mère qui me demandait, avec le sourire dans la voix, si j’étais OK. Ma réponse, la bouche molle et le langage vague.

Elle va aux toilettes vers 3 h 30. Évidemment, avec toute la subtilité d’un éléphant. Je tends l’oreille, au cas où. Tout est OK, la brique retourne à l’horizontale par elle-même. Je souris.

Le lendemain, j’apprends quelques éléments de sa soirée. Du moins de ce dont elle se souvient. C’était de la vodka, agrémentée aux agrumes. L’alcool, c’est un des pères qui l’a acheté. Son ivresse, c’est qu’elles sont arrivées trop tard et qu’il ne restait plus rien à grignoter en même temps. J’entends l’armée défiler dans sa tête. Elle en paye le prix fort. Je tente de garder mon sérieux.

Plus tard, dans la journée, ça sera l’occasion des messages. Que certains garçons n’attendent que cet état. Pour en profiter. Et tout le reste du discours parental. Mais dans sa version légère. J’ai peine à m’empêcher de sourire. Surtout quand, là, depuis et fréquemment, je lui souligne son état.

En détails…

michel

L’angoisse du choix de carrière

J’ai 14 ans. Je suis en secondaire 3. On me demande de penser à

J’ai 14 ans. Je suis en secondaire 3. On me demande de penser à mon choix de carrière. Certains jeunes savent déjà ce qu’ils veulent faire plus tard, tandis que moi, je n’en sais rien. Je ne sais pas ce que j’ai envie de faire et pourtant, il faut déjà que je m’y prépare. Réfléchir aux différents cours. Les maths fortes? En aurai-je réellement besoin?

Tout va tellement vite! Il y a quelques années, on me disait de penser au présent, que j’aurais en masse le temps de penser à mon futur plus tard. Mais le temps est passé et arrive le jour où on me demande de choisir dans quelle voie j’ai envie de me retrouver.

En fait, le futur m’angoisse. Et si je n’arrivais jamais à me décider? Et si je faisais le mauvais choix? Mon avenir est entre mes mains. Je discute avec mes amies. Elles savent ce qu’elles ont envie de devenir. Certaines ont choisi leur futur métier en fonction de leurs passions et d’autres en fonction de la rémunération. Arrive le moment où la question s’adresse à moi : « Toi Juliette, qu’est-ce que tu vas faire plus tard? » Je me pose moi-même cette question. Est-ce normal que les gens autour sachent ce qu’ils veulent devenir et moi non?

J’y pense. Souvent. Les questions tournent sans cesse dans ma tête. J’en viens étourdie. Je veux faire le bon choix, en être certaine et ne rien regretter. Je veux aimer ce futur métier. Le seul problème, c’est qu’il y en a tellement! Comment en choisir un parmi des milliers? Il y a tant de métiers dont j’ignore l’existence. Peut-être que le métier idéal pour moi ne m’a pas encore traversé l’esprit.

Mais moi, je crois qu’il faut que je prenne le temps d’y réfléchir sans me mettre de pression. Malheureusement, c’est plus difficile que ça en a l’air. Même si les jeunes autour de moi ont fait leurs choix, je vais prendre le temps qu’il faudra. Après tout, je n’ai que 14 ans et toute la vie devant moi. Pourquoi me presser? Seuls le temps et l’expérience sauront répondre à mes questions. Pour l’instant, je vais m’occuper du présent tout en réfléchissant, sans me presser, à mon avenir. Tout cela sans pression, sans angoisse.

Juliette Roy

Quelle intuition féminine?

Un jeudi soir, vers 23 h 10. Je passe la vadrouille…

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Un jeudi soir, vers 23 h 10. Je passe la vadrouille…

Je me sens jugée. Je vous entends : « Une autre qui veut jouer à la supermaman, qui veut que tout soit parfait. Elle fait chier! » Je penserais sans doute la même chose. C’est si facile, de juger les autres. Si rapidement. Entre nous, les filles, nous nous donnons rarement le bénéfice du doute.

Petite fille, ma mère m’a parlé de l’intuition féminine. C’était comme un cadeau que les femmes se transmettaient entre elles. Un autre de nos superpouvoirs.

C’est de la foutaise, je n’ai rien vu venir.

Ce jeudi soir comme bien d’autres. Je dois encore tout faire. Épuisée par le manque de sommeil. L’arrivée de l’école, le repas. Vite, filer à l’aréna, pour une (autre) pratique de hockey de fiston. À perdre mon temps dans les estrades, forcée de socialiser. Garder mon masque du « tout va bien ». Tout le temps.

– Roxanne, nous quittons, nous reviendrons vers 21 h 15!

– OK! (lancé du fond de sa caverne, qu’elle ne partage qu’avec sa tablette).

Le retour. L’habituel « … Dépêche-toi de prendre ta douche, il y a de l’école demain! » Je dois encore me battre avec son équipement. Tout préparer pour sa prochaine activité. Je viens de déposer lourdement la poche dans l’entrée…

– Maman, Roxanne est tombée!

Mon cœur de mère s’arrête. Il s’arrêtera plusieurs fois, cette nuit-là. Je grimpe les escaliers. Je la trouve, comme il l’a trouvée. Un petit paquet tremblotant. Il y a du sang partout. Elle me demande d’appeler l’ambulance.

La femme parfaite, la supermaman, elle perd la carte. Je vois sa tablette, à ses pieds. Je la prends, de rage, je la fracasse dans un coin de la salle de bain. La céramique, ça ne pardonne pas. C’est trop fort, mon cerveau a fait un lien entre la tablette et son état. Comme un mécanisme de protection maternelle. Je reviens vite à moi, ça presse.

C’est dans ces moments qu’on voit toute l’efficacité de notre système de santé. Aucune attente à l’urgence. Elle sera hospitalisée dans la section psychiatrique. L’infirmière m’annonce qu’elle a des marques sur toutes ses jambes, des orteils jusqu’aux parties. Partout sur les bras, des mains jusqu’aux épaules. Des centaines de marques, à la lame d’X-Acto. Elle a écrit sa détresse, à fleur de peau. Un message qui restera.

Ma fille commence son long voyage vers le rétablissement. J’ai confiance en elle.

C’est aussi le début d’autres voyages. Le mien. Le combat contre ma perception d’avoir été une mauvaise mère. Ce soir-là. La veille, le mois dernier. Des centaines de fois. Celui de son frère, qui a des photos, imprégnées dans sa tête. Il est si sensible. Il nous faudra de l’aide extérieure, c’est évident.

Je m’attends à recevoir plein de conseils. Voulus ou non. Des sous-entendus, que je suis responsable. Je les juge à mon tour. Elles sont incapables de me comprendre. Elles sont si parfaites, elles ne peuvent croire que ça pourrait tout aussi bien leur arriver.

L’adolescence, c’est souvent un passage douloureux. Nos enfants décident parfois d’emprunter des chemins qui nous sont inconnus. Elle sait que je l’aime. Je vais continuer de le lui dire. Faire de mon mieux pour lui démontrer. Parfaitement imparfaite.

Je sanglote, aucune mère ne devrait avoir à nettoyer le sang de son enfant…

 

Eva Staire

16 ans: Savoir choisir ce que l’on prend pour la vie devant soi!

J’avais seize ans. Tout comme toi présentement. J’étais devan

J’avais seize ans. Tout comme toi présentement. J’étais devant les mille possibilités que m’offrait ma vie. Les mille possibilités vers lesquelles me tourner. Mais vers laquelle!?

Te voilà à la croisée des mêmes choix vraiment importants.

Tu te sens probablement mélangée. Pas certaine. Et si? Et si?

Te voilà propulsé dans un des plus grands choix de ta vie. Et c’est à toi que revient le droit de choisir, de décider de ce que tu feras de cette vie d’un point de vue professionnel. Quel chemin emprunteras-tu? Le collégial? Le secondaire professionnel? Cela t’amènera-t-il à l’université? Prendras-tu une pause pour bien y penser? Vagabonderas-tu longtemps dans les corridors des établissements avant de savoir où se trouve la sortie de ton labyrinthe?

À mon époque à moi, les professions étaient plus d’ordre général. Maintenant, vous avez la possibilité de vous différencier, de vous perfectionner. Chaque formation peut t’amener à te spécialiser. Jadis, nous avions moins de possibilités de recherches. Sans l’ami Google, on s’en remettait très souvent au conseiller d’orientation de l’école. Les offres étaient moins larges.

Est-ce que c’est ce qui semble tant mélanger ta génération? Trop de choix? Trop de spécialités? En quoi pouvons-nous vous aider et vous offrir une motivation? Une orientation? Un sens à votre futur professionnel?

J’ai un travail qui fait en sorte que j’ai une conciliation FAMIILE-travail hors pair. Un travail de plus de cinquante heures par semaine, par contre. Un travail qui m’a permis d’être à vos côtés depuis votre tendre enfance jusqu’à aujourd’hui. Je suis éducatrice à la maison. Je l’ai fait car mon bonheur passait par vous, et être près de vous me rendait heureuse. Très honnêtement, ça aidait.

Mais toi? Qu’est-ce qui te rendra heureuse? Tu choisiras ta profession en fonction de ta famille? De ce que ton travail t’apportera en termes de reconnaissance? Pour les heures flexibles qu’il t’apportera? Du salaire qu’il t’offrira pour pallier tes dépenses et tes envies? Un travail qui t’offrira la chance de voyager peut-être? Ou encore, te permettra-t-il de rencontrer des gens? De diriger du personnel puisque tu as déjà des facultés de leader? Tu choisiras d’être ton propre patron? Ou, finalement, un travail qui comblera tes envies créatives?

Peu importe vers quoi tu te dirigeras, sache que tu dois prendre le temps de te connaître. Te connaître ne veut pas simplement dire de te regarder dans la glace le matin avant le départ vers l’école. Sache reconnaître ce qui t’anime. Ce qui t’habite. Ce qui te fait vibrer. Fais des recherches sur ce qui sera ton champ de profession selon toi. Demande à faire un stage d’un jour pour valider ce que tu perçois de cette profession. Cela te permettra d’y voir clair.

À mon époque, j’aurai aimé être à la croisée du chemin version 2018. Je serais probablement devenue ce qui me faisait vraiment vibrer à ce moment. Je ne regrette en rien ce que j’ai fait et ce que je fais actuellement. J’ai juste trop élargi mon champ de carrière. Je suis passée de technicienne en petite enfance à designer d’intérieur en passant par la fleuristerie puis par la gestion de services de garde et, finalement, je suis devenue organisatrice événementielle. Sans compter les multiples perfectionnements étalés sur plus de vingt ans. Je m’étourdis moi-même à énumérer mes études!

Il doit bien me rester un bon vingt ans encore à travailler. Maintenant, je me connais mieux. Je sais ce qui me fait vibrer et j’ai rendez-vous avec un conseiller en orientation. Je m’offre ce que j’aurais dû m’offrir à mes seize ans. Le droit de me connaître.

Prends juste le temps de réfléchir à toi, pour toi… Tu as, dorénavant, toute la vie devant toi. Fais-en bon usage!

Mylène Groleau

« Maman, j’aime les filles. »

Ma fille avait d

Ma fille avait demandé à toute la famille de rester à la table après le souper. Elle avait quelque chose à dire. Elle avait besoin d’être écoutée. Entendue. Acceptée. Aimée.

« Maman, j’aime les filles. »

Son frère a répondu : « Hein? Ça veut dire que tu m’aimes pu?! »

Sa sœur a répondu : « C’est correct tu sais, c’est important de suivre ton cœur! »

Et moi, j’ai répondu : « Comment tu te sens d’en avoir pris conscience? »

Pas plus compliqué que ça.

Elle nous aurait annoncé que sa couleur préférée était maintenant le jaune que ça n’aurait pas fait moins de vagues.

Elle nous a expliqué que depuis quelque temps, elle avait réalisé que les garçons ne l’intéressaient pas, qu’elle ne les regardait même pas. Que même si aucune fille en particulier ne l’attirait, c’était vers le sexe féminin qu’elle se sentait appelée. Qu’elle avait pris le temps d’en parler avec sa meilleure amie et qu’elle aussi, elle avait bien réagi.

Tout le monde a quitté la table comme si de rien n’était. Notre journée a continué. Aucun signe de catastrophe nucléaire. Pas de tsunami à l’horizon. Et c’est parfait ainsi.

Plus tard, ma fille est revenue me voir en disant : « Tu le savais, toi, hein, maman? »

          Oui. Je m’en doutais. J’en avais même glissé un mot à ton père.

          Mais comment as-tu su? Même moi, je ne le savais pas!

          Je t’ai portée dans mon ventre, je t’ai portée dans mes bras, et je te porte toujours dans mon cœur. Grand-maman dirait : « Je te connais comme si je t’avais tricotée ». Je le sentais, c’est tout.

          Et tu ne m’en as jamais parlé?

          Non. Je voulais respecter ton rythme à toi. Je ne voulais pas te mettre de pression sur les épaules ni d’idées dans la tête. Je savais que quand tu serais prête, tu serais assez honnête avec toi-même pour prendre conscience de ton attirance pour les filles. Et j’avais confiance, je savais que tu nous ferais assez confiance pour nous en parler. Rien ne pressait.

J’ai pensé, pendant une seconde, que je pourrais ajouter que l’attirance change parfois, qu’on peut être attiré par les gars et les filles, bla bla bla. Je me suis tue.

La théorie, elle la sait. Les nuances du désir, elle les connaît même si elle ne les a pas encore expérimentées. Elle en entend parler régulièrement à l’école secondaire, à la télé, sur YouTube. Elle sait où s’informer. Elle sait qu’elle peut me poser toutes les questions du monde. Alors je me suis tue. Je ne voulais pas lui donner l’impression que je l’orientais vers d’autres options que celle qu’elle venait de choisir ou d’accepter.

Ce que je voulais, c’est qu’elle se sente bien, tout simplement. Qu’elle se sente aimée dans toute son identité. Elle aime les filles, point. Si elle a besoin d’accompagnement, elle l’aura. Si elle a besoin d’information, elle l’aura. Mais elle n’a pas besoin qu’on en fasse tout un plat, qu’on en fasse une publicité au Super Bowl ou qu’on la remette en question.

Ce soir-là, en me mettant au lit, je me suis dit que le Monde a bien évolué. Et que c’est parfait ainsi.

 

Eva Staire

À toi, l’ado qui a hâte de devenir un adulte!

J’ai voulu être une adulte rapidement. La période de l’adolesc

J’ai voulu être une adulte rapidement. La période de l’adolescence, c’était pas mal trop long à mon goût et j’avais hâte que la grande vie commence. Avoir des enfants, une famille. Dans ma tête, c’était clair depuis longtemps, j’allais être une maman.

Maintenant maman depuis dix ans, j’ai eu le réflexe de regarder en arrière et de me demander si j’avais des regrets. J’ai eu des amies, des amoureux de quelques mois, le cégep, la première voiture, un amoureux sérieux, etc. Et j’en suis venue à la conclusion que le seul regret que j’ai, c’est que je n’ai tout simplement pas appris à me connaître, moi. Je n’ai jamais habité seule ou en colocation avec des amis. Et surtout, j’ai trop souvent voulu ressembler à mes amies, à ma « gang », pour plaire. Je n’ai jamais osé être moi même, par peur de ne pas être acceptée.

Ne vous méprenez pas, j’adore mes enfants et ils sont ce que j’ai de plus précieux au monde. J’adore les regarder apprendre et découvrir, et j’adore voir leurs yeux briller. Je ne regrette pas d’avoir eu des enfants, au contraire. J’aurais simplement aimé en profiter un peu plus avant que la routine familiale nous avale.

J’ai donc décidé d’agir, ou plutôt de ralentir, pour pouvoir profiter de la vie sans toujours être dans ce train, vitesse grand V, qui fait passer les années beaucoup trop vite. Ralentir pour apprendre à me connaître, parce que je n’ai malheureusement pas pris le temps lorsque j’étais ado. Je voulais que le temps passe vite pour être une adulte rapidement. Pourtant… aujourd’hui je trouve que le temps passe trop vite. Je veux aussi apprendre à connaître mon couple et connaître mes enfants. Et ce qui est beau dans tout ça, c’est qu’en prime, je vois l’émerveillement dans leurs yeux autant que dans les miens.

À toi, l’ado qui a hâte de devenir un adulte, j’aimerais te dire d’en profiter. N’essaie pas d’être quelqu’un d’autre. Fais ce que tu aimes et fais-toi plaisir. Sois toi-même et les gens qui sauront t’apprécier comme tu es seront tes vrais amis. Il ne faut surtout pas avoir honte de ce qu’on est, c’est ce qui fait qu’on est spécial. Et tout le monde est spécial, à sa façon. Prends le temps de réfléchir à ce que tu es, à ce que tu veux dans la vie. Prends du temps pour toi, prends le temps de te connaître et surtout, de t’aimer.

Valérie Grenier

 

Si tu pouvais parler à ton TOI quand tu avais 16 ans, que lui dirais-tu?

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Avoir 16 ans…


Te souviens-tu comment tu te sentais? Tu avais des boutons plein la face, les cheveux gras, de trop grosses fesses, un trop long cou, une haine sans limites envers tes parents, ton ciel était souvent sombre, tu manquais cruellement de confiance et tu te tenais tout bancal…

Tu avais tant de rêves inaccessibles, trop de passion pour trop de choses, tu aimais si fort et tu n’avais aucune idée de ce que tu voulais faire plus tard…

Je regarde mes ados évoluer et je me demande comment ils se sentent. Que puis‑je leur dire pour les aider? Qu’est‑ce qu’ils ont besoin d’entendre et qu’est‑ce qu’ils ne veulent pas entendre?

Si toi, maintenant, avec ton vécu et ton expérience, tu pouvais remonter le temps et aller dire un truc à ton TOI quand tu avais 16 ans… que lui dirais-tu?

 

Gwendoline Duchaine

 

 

Tristesse de fin du monde

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C’est arrivé tout doucement. Je ne l’ai pas vu venir. Tout doucement, la vie a pris l’éclat de tes yeux et le bleu s’en est allé. Tout doucement, tes yeux ne sont devenus que tristesse. Elle a aussi pris la couleur de ta peau. Tu es devenue blanche. Le rose aux joues s’en est allé lui aussi. Peu à peu, ton corps et ses couleurs te quittaient.

 

Et les rires. Et les rêves. Les petits comme les grands. Les projets pour la fin de semaine ou ceux d’hier, inachevés. La vie était devenue grise, morne et sans intérêt. Aujourd’hui devenait trop difficile à vivre. Il n’y avait plus de demain. Il n’y avait plus d’espoir. La lumière s’était éteinte.

 

Je ne la connaissais pas. Celle qui te prenait à moi. À nous. On en parlait partout, mais on m’avait épargnée jusqu’à maintenant. À tout le moins dans ma vie personnelle. Je la voyais tous les jours dans mon bureau, mais je ne l’avais pas reconnue chez toi. Ou je ne voulais pas la voir. Pas chez ma fille. Ma belle, ma grande, ma rebelle. Tu étais plus forte que ça. Tu en avais vu d’autres. Ton cœur était brisé. Cassé en petits morceaux. Des petits morceaux, ça se recolle, que je me disais. Mais encore une fois, je m’étais trompée. Ce n’était pas que ton petit cœur de quinze ans qui était brisé. C’était toi. Toute cassée par en dedans.

 

La dépression t’a presque tout pris. Ta chambre est devenue ton refuge, ton lit devenait le bateau de ta dérive. Il n’y avait plus d’île où accoster, plus de pays à visiter. Tu ne voyais ni ne sentais plus le soleil. Tout t’indifférait ou te rebutait. Même tes amis ne te faisaient plus rire. Même moi, je ne te dérangeais plus. Tu pleurais. Tu criais. Les mots, les tiens, avaient aussi déserté. Tu ne mangeais plus. Tu ne dormais plus. Tu me regardais sans me regarder.

 

Cette douleur qui t’enveloppait telle une doudou, je l’ai mise sur ta peine d’amour. La première, la vraie, la terrible. Celle qui fait mal et dont on se souvient longtemps. Des fois, dont on se souvient toujours. Seulement, la peine d’amour a duré. Et a duré encore. Et les événements, les coups durs de la vie se sont ajoutés. Ça en fut trop. La digue s’est rompue.

 

Tu criais trop. Tu pleurais trop. Tu te terrais dans ton trou tel un animal blessé. Tu ne parlais plus. Je me suis mise à lire. Tout. En anglais et en français. Je devais comprendre. La dépression se vit différemment chez les adolescents. L’agressivité est souvent le premier symptôme, suivie de la tristesse, de la démotivation, des idées noires, etc. Je t’ai emmenée voir le médecin. Je t’ai presque menacée. Je n’allais pas laisser ma fille de quinze ans se noyer dans ses larmes.

 

Le diagnostic est tombé. C’était bien elle. Cette maudite dépression. Tu as essayé une médication. Que quelques semaines. Car en bonne adolescente, tu voulais les choses pour hier. La médication ne fonctionnait pas suffisamment vite pour toi. Tu as arrêté. Après le médecin, je t’ai trouvé une travailleuse sociale. Je t’ai organisée. J’étais inquiète. Je t’aimais. Je t’aime toujours. Je me sentais impuissante. On allait se battre à deux. J’ai pris ta main et tu l’as laissée dans la mienne.

 

Aujourd’hui, tes journées sont inégales tout comme ton humeur. Pour le moment, le pire semble derrière toi, mais rien n’est gagné. Il faut parfois beaucoup de temps pour rejoindre le port duquel on s’est éloigné. On le prendra le temps, ma fille. Garde ta main dans la mienne. Ça ira. Tout doucement.

Des ressources où trouver de l’aide :

Jeunesse j’écoute : 1-800-668-6868

Centre de prévention du suicide : 1 866 — appelle (1 866-277-3553)

Ordre des psychologues du Québec : 1 800-561-1223

Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec : 1 888-731-9420

 

 Isabelle Bessette