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Sois plus brillant que ton véhicule. Allume tes phares !

(J’ai utilisé le masculin pour ce texte, ne sachant toutefois pas

(J’ai utilisé le masculin pour ce texte, ne sachant toutefois pas s’il s’agissait d’un conducteur ou d’une conductrice. Paraît que le masculin l’emporte !)

C’était un soir de grands vents. J’ai emprunté le rang tant redouté qui me mène à ma petite ville. J’habite un milieu rural. Peu importe le chemin que j’emprunte, il s’agit soit d’un rang, soit d’un chemin de campagne qui traverse les champs.

Il fait noir. La route est un « patchwork » de conditions hivernales. Tantôt asphaltée, tantôt glacée. Parfois enneigée et parfois, un amas de toutes les conditions possibles.

À force d’emprunter cette route, on finit par se faire des repères. Lorsque la poudrerie prend le dessus, les boîtes aux lettres sont notre salut pour nous épargner une petite virée dans les fossés plus profonds qu’une hauteur de voiture. La visibilité étant réduite à ton seul espoir de garder les quatre pneus sur la route, tu fais tout ton possible pour garder le contrôle de la situation.

Les vents parcourent des fois des acres de terres agricoles, prenant ainsi de la vitesse et de l’ampleur, avant de se perdre sur les chemins et d’arriver avec fracas sur nos voitures. Ce vent pousse la neige sur la route, créant des lames de neige perpendiculaires aux chemins.

Je parcourais donc mon rang en ayant baissé le son de ma musique pour me permettre de mieux chercher mon chemin (comme s’il y avait vraiment une corrélation entre le fait de ne rien entendre pour mieux voir), mais bon, j’avais toute ma concentration sur me destination.

Au loin, au travers des bourrasques, je voyais à l’occasion des feux arrière de voiture. Rien de régulier dans cette vision, ce qui me dit qu’il devait y avoir de grands vents entre eux et moi. Je gardais tout de même cette mini vision pour me guider comme l’étoile de Bethléem qui aurait, jadis, guidé les rois mages.

Je suis arrivée à la hauteur de la route que je redoute le plus. Celle-là même où les boisés cessent et où les champs agricoles occupent l’espace environnant. Une bourrasque en avant de moi soulève tout à coup la neige. Je me serais crue dans un blizzard tellement tout autour de moi est rapidement devenu blanc. À la sortie de cette tourmente, ma vision a perçu une voiture à quelques mètres de moi avec ses feux éteints. J’avais pourtant les yeux rivés sur la route. JAMAIS au grand jamais je n’avais vu cette voiture devant moi. J’ai pris mes distances par rapport à ce véhicule. Il ne pouvait tout de même pas être capable de rouler avec ses phares de jour seulement ? Pourtant, si.

Soyez plus brillant que votre véhicule, allumez vos phares ! Plusieurs automobilistes démarrent leur voiture et quittent sans jamais se demander s’ils sont visibles pour autrui. Être visible, c’est pour soi et pour les autres aussi. Cela devrait être un automatisme. Être visible de jour comme de nuit. Être visible en tout temps.

Ce soir‑là où j’ai craint de percuter ce véhicule. Où je perdais rapidement sa trace lorsqu’il passait au travers d’une lame de neige. Où j’ai bien tenté de lui démontrer que ses phares étaient éteints sans qu’il comprenne mes manœuvres. J’ai prié. Je crois bien avoir prié pour qu’il parvienne à se rendre chez lui sans heurt, sans accident. Qu’il arrive chez lui au même titre que tous ceux qui allaient croiser sa route.

Été comme hiver, avant de mettre votre véhicule en marche, demandez-vous donc si vous êtes parfaitement visible. Votre vie est importante et celle de ceux qui vous croisent aussi.

Mylène Groleau

J’ai envie de percuter un enfant

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« J’ai envie de percuter un enfant ». C’est ce que je pense qui traverse l’esprit des gens qui circulent à haute vitesse lorsqu’ils croisent ma route. Moi, l’éducatrice qui marche sur le bord de la rue avec à ma charge six bambins. Moi qu’ils décoiffent avec leurs vitesses excessives qui nous aspirent dans leurs courses folles.

À toi le coureur automobile des quartiers tranquilles. À toi qui ignores qu’un enfant peut être plus rapide que toi et te déjouer dans tes anticipations. Pourquoi ne ralentis‑tu pas ta cadence? Lève‑toi plus tôt si tu es toujours en retard. Achète‑toi une montre. Mets l’alarme sur ton cellulaire. J’ignore la raison qui fait que tu dois circuler aussi rapidement, mais de grâce, ralentis un peu lorsqu’il y a des enfants sur ta route.

Un enfant, c’est soudain. C’est imprévisible. Ça surprend. C’est curieux. C’est tout à la fois sauf ce que tu crois, ce que tu t’imagines lorsque tu roules à nos côtés.

Je ne sais pas ce à quoi tu penses assis dans ton bolide, derrière ton volant à t’imaginer être seul au monde. À t’imaginer sur une piste de course. Tu te crois assurément rebelle. Tu crois me faire peur. Eh bien oui, j’ai peur. Peur que tu percutes un enfant.

J’ai appris depuis belle lurette aux enfants que je garde ainsi qu’à mes propres enfants à être visibles pour les conducteurs. À regarder à gauche et à droite lorsque l’on se balade et que l’on doit sortir de la cour ou traverser la rue. À être attentifs aux bruits des voitures. À jouer à la statue lorsque l’on croise une voiture. Qu’il y a des endroits pour courir et avoir du plaisir et que non, ce n’est pas la rue. Que nous partageons cette voie avec des autos, des camions, des bicyclettes et d’autres marcheurs. Qu’il y a un côté de la rue pour se rendre au parc et le côté des boîtes aux lettres lorsque l’on revient.

Imagine un instant que la main d’un enfant se détache de la mienne pour se retourner vers le vrombissement de ton auto et que cet enfant s’avance de deux petits pas vers toi et… ça pourrait être ce moment. Ce moment où ta vie prendra tout un virement. Un 180 degrés autant sur la chaussée que dans ta vie. Un 180 degrés qui ne pardonnera jamais. Qui te poursuivra. Te talonnera dans le pare‑chocs de ta destinée. Te poussera à ne jamais oublier. À poursuivre ta vie en ayant soustrait celle d’un autre. Qui sait?

C’est vraiment horrible ce que je vais te raconter, mais c’est ce que je crains toutes les fois où tu circules en m’ignorant. En nous ignorant tous et toutes, ceux et celles qui poussent notre progéniture dans une poussette. Qui tiennent par la main de petites vies animées par la curiosité.

Mais toi. Comment te dire? Malgré ton permis de conduire en poche, tu n’as pas compris que ta liberté de conduire pouvait s’arrêter brusquement? Ne pas ralentir lorsqu’il y a des enfants à proximité, c’est un peu comme se donner le droit de tout perdre.

As-tu pensé deux secondes au bruit d’un impact avec un petit bambin sur ta voiture? Ta si jolie bagnole. Un son que tu entendras toute ta vie par la suite, j’en suis convaincue. Un son qui te fera beaucoup moins vibrer que le bruit de ton moteur. La sensation de l’impact dans tes mains sur le volant? Le cœur qui doit certainement s’arrêter le temps que ton esprit assimile ce qui vient de se passer. Le frisson qui te traverse l’échine? La peur de regarder dans le rétroviseur et de voir la torpeur dans les yeux de l’adulte qui tenait la main et qui, maintenant, tient le vide. Le vide de sa vie. Le cri strident qui doit assurément suivre. Tu sais, celui qui vient du cœur, qui vient du ventre, qui vient de l’épouvante d’avoir perdu l’essentiel? La loi à laquelle tu devras faire face. Y as-tu pensé? Poursuis ta route de façon démesurée et peut-être n’auras‑tu pas besoin d’y penser, mais tu le vivras éternellement.

Moi, j’ai peur. Peur que tu croises ma route et que ça nous arrive. Derrière ma poussette, malgré mon expérience d’éducatrice, de maman, je ne suis pas invincible comme toi. J’ai à cœur la vie d’autrui.

Je sais qu’un coureur automobile des quartiers tranquilles ne lira pas cette missive. Mais toi, le parent d’un invincible, le témoin d’une course dans les rues de ton quartier, le voisin d’une Formule 1, c’est aussi un peu de ton devoir d’aviser une inconduite. De sensibiliser lorsqu’une conduite est imprudente. On le dit tous : « Les policiers ne sont jamais là au bon moment ». Ils ne peuvent malheureusement pas être là, tout le temps, au bon moment. Mais nous oui. Veillons tous ensemble sur l’innocence qui peut nous échapper des doigts, en deux secondes. Veillons sur les enfants en bordure de chemins, sur les trottoirs, aux traverses piétonnières.

J’ai écrit ceci pour les enfants, pour nous les adultes, les parents au cœur prudent et bienveillant, ainsi que pour les coureurs des quartiers tranquilles. Si nous pouvions nous épargner un bête accident aux lourdes conséquences résultant d’un manque de jugement…

 

Mylène Groleau

Fatiguée pas à peu près

Selon ma montre intelligente, ma nuit moyenne compte à peine plus d

Selon ma montre intelligente, ma nuit moyenne compte à peine plus de trois heures de sommeil et l’équivalent de sommeil agité. Beau temps, mauvais temps. Avec des somnifères dans le système, je me rends parfois à cinq heures. Si je suis chanceuse.

Ça a quand même des avantages. Je ne me fais jamais réveiller par le beep beep beep agressant du réveil matin. Je souffre assez peu des nuits écourtées par les petits bobos des enfants ou par les insomnies temporaires. Au lieu d’avoir seize heures d’éveil quotidien pour être efficace, j’en ai une vingtaine. Yé! Yé?

Pourtant, je me suis améliorée. Il n’y a pas si longtemps, ma nuit normale commençait systématiquement par trois heures d’insomnie, de virage de bord, de tirage de couvertures, de jambes agitées. Gros party disco de hamsters dans le cerveau. Non-stop. Ça arrive encore, mais c’est rare. Et seulement quand je m’en donne la permission. Parfois, ça fait du bien de perdre le contrôle.

Quand j’étais une petite jeunesse, ça pouvait toujours aller. Le corps suivait, la tête réagissait au quart de tour. Mais à la longue, ça use, des nuits aussi courtes! Ça brise l’énergie, ça fragilise l’humeur, ça nuit à la famille, ça affaiblit le système immunitaire. Exit, la concentration. Ciao bye, les idées claires. Attention! Chute de quotient intellectuel à l’horizon!

Quand je suis devenue maman la première fois, je me souviens avoir pensé que c’était impossible de mourir de fatigue. Donc, le sommeil était LA chose à sacrifier pour survivre. Résultat : je me suis poussée à bout. Ma fille aînée se réveillait à 5 h du matin. Sa petite sœur vivait la nuit. Dans les quelques heures pendant lesquelles elles dormaient en simultané, je préparais mes cours et je corrigeais les travaux de mes étudiants. Et j’essayais de dormir. En réalité, je ne dormais pas : je m’effondrais.

Pendant plusieurs années, j’ai fonctionné sur le pilote automatique. Un robot. Gauche, droite, gauche, droite. J’avais l’impression que je contrôlais ma vie, j’étais efficace, je réussissais, je jonglais avec tellement de projets en même temps! On ne meurt pas de fatigue, n’est-ce pas?

Puis, les maladresses et les erreurs d’inattention se sont mises à s’empiler dans mon quotidien. Je portais mes jeans à l’envers et je m’en rendais compte en les enlevant le soir (merci, pull-up pants!), j’entendais mes collègues me dire : « Euh… ton chandail… les coutures sont en dehors…» Je portais deux souliers différents et je passais la journée à me demander si une de mes jambes avait grandi pendant la nuit. Je faisais des accrochages mineurs en auto…

Un jour, je revenais de chez ma mère. Cinq heures de route. Les quatre enfants endormis dans leur siège. Je venais de traverser le pont entre l’Ontario et le Québec. Il me restait moins de dix minutes de route avant d’arriver à destination. J’avais combattu le sommeil pendant tout le trajet. Je ne pouvais quand même pas louer une chambre d’hôtel en plein jour et y stationner toute la famille pendant que je ronflais! Lumière rouge. Je me suis endormie. Deux fois. La vie de mes enfants et la mienne entre les mains, juste à la place du volant. Je me suis endormie. Contre ma volonté. Contre la loi.

Je suis arrivée tant bien que mal chez moi. J’ai réveillé les enfants pour les faire entrer dans la maison. Et je me suis réveillée pour vrai. Il était plus que temps que je me repose. Que je prenne soin de moi. Que j’enfonce les freins à fond. Avant qu’il soit trop tard.

J’ai pris une pause de conduite automobile pour un bout. J’ai appris à faire des siestes. Je me suis forcée à me coucher un peu plus tôt, progressivement. J’ai regardé dans les yeux ma peur de ne pas m’endormir. Je me suis convaincue que j’avais du pouvoir sur mon sommeil et sur mon niveau de stress.

Je n’aurai probablement jamais besoin de huit heures de sommeil en ligne. Mais rien ne m’empêche de gérer mon repos autrement. Quelques minutes de calme sur l’heure du dîner, cinq minutes de méditation au retour du travail, un câlin de bonne nuit prolongé après l’histoire du dodo : ça maintient mon niveau de repos dans une zone sécuritaire, autant pour ma santé physique et mentale que pour mes enfants. C’est pas mal plus facile d’être heureuse et de prendre de bonnes décisions quand on est reposé!

On ne meurt pas de fatigue. Mais la fatigue peut nous tuer. Et je refuse.

Nathalie Courcy

 

Si c’était mon enfant…

Un jeune homme de dix-sept ans a été pris en flagrant délit de ha

Un jeune homme de dix-sept ans a été pris en flagrant délit de haute vitesse au volant. Il a eu comme conséquence légère une amende suivie de dix-huit points d’inaptitudes à son dossier de conduite.

Si ça avait été mon enfant ?

Mes fils, ma fille. Vous auriez essuyé la colère profonde de votre mère. Je vous adore mes enfants, mais JAMAIS je ne cautionnerai de tels actes, même et quelque part SURTOUT venant de vous. Vous qui avez appris les risques d’une mauvaise conduite automobile. Vous qui connaissez les difficultés que votre maman, moi, j’ai vécues pour réussir à outrepasser mon traumatisme provoqué par un accident dans ma jeunesse.

J’aurais demandé à ce que vous perdiez ce permis qui vous aurait été mal assigné.

J’aurais demandé à ce que vous soyez obligés de faire des travaux communautaires pour vous racheter.

J’aurais été sévère, très. Trop peut-être à l’avis de certains. Mais jamais suffisamment au mien.

En tenant un volant, vous avez une arme mortelle entre les mains. Soyez-en dignes. Si vous n’êtes pas suffisamment matures pour être responsables au volant, tant bien vous fasse, n’y posez pas vos paumes !

POINT BARRE !

Oui, je frapperais et je frapperais fort. (Au sens figuré bien entendu, je ne battrais pas mes enfants !) Je m’arrangerais pour que toute votre vie, vous vous souveniez de l’importance de la prudence au volant. Que vous n’oubliez jamais cet épisode d’irresponsabilité qui aurait pu vous coûter la vie, ainsi que celle de toute personne qui aurait pu croiser votre route. Devenant de ce fait une route funeste assurément.

Le respect de la loi, de la plus élémentaire sécurité, pour vous et pour autrui, ça n’a pas de prix !

Si ça avait été mon enfant, j’aurais eu honte de lui. Honte oui, pas devant les gens… mais devant son propre regard. J’aurais eu cette déception profonde et j’aurais fait le plus possible pour que plus jamais cela ne se reproduise.

À dix-sept ans, mon enfant serait possiblement choqué de ma réaction quelque peu… extrême. Mais aujourd’hui à neuf, huit et cinq ans, ils le savent déjà : la vitesse tue.

J’ose espérer que mes enseignements ne nous mèneront jamais à une situation similaire, mais si c’est le cas, j’assumerai et je leur ferai assumer. Qu’ils apprécient ou pas.

Je préfère vivre avec leurs colères devant mes conséquences plutôt que vivre avec la peine d’une déchéance. Je préfère voir dans leurs yeux la frustration de la conséquence à grande vitesse sur nos routes, c’est un crime. OUI.

À vous mes enfants, cette aventure d’un autre, je vous partagerai en pédagogie.

À vous les parents de ce jeune homme, je compatis. Nous faisons de notre mieux en tant que parents, nous espérons que les valeurs et les apprentissages que nous apportons à nos enfants soient assimilés, compris et respectés. Mais c’est toujours un travail sans garantie.

Malgré tout, je suis soulagée qu’il ne soit rien arrivé de fâcheux dans cette aventure. En espérant que les gens adeptes de vitesse finiront par réaliser que nos routes ne sont pas des circuits fermés.

À bons entendants,

Simplement Ghislaine.