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De la relâche au chantier – Texte : Nancy Pedneault

Je pense qu’il faut qu’on se parle. J’ai lu tes commentaires s

Je pense qu’il faut qu’on se parle. J’ai lu tes commentaires sur les médias sociaux. J’avoue, je suis blessée. Depuis vingt ans déjà, je prends soin des enfants, je leur enseigne. Chaque jour, je fais de mon mieux pour qu’ils apprennent, qu’ils développent leur estime et leur autonomie et surtout, qu’ils soient heureux. Mais quand je lis le mépris et la hargne, mon moral en prend pour son rhume.

Alors là, je pense qu’on ne se comprend pas. Je vais te faire une petite analogie.

Parlons construction.

Imaginons que tu as un contrat de rénovation. C’est une maison récente mais bâtie toute croche. Les fondations sont fissurées et le chantier a été laissé en plan pendant plusieurs mois. C’est vraiment une grosse job. Tu te dis qu’avec ton équipe, vous allez y arriver. Alors tu planifies, tu achètes les matériaux et tu décolles le projet, plein d’espoir.

Cependant, il y a une pandémie mondiale (ben oui, c’est pour tout le monde cette patente‑là !). Ton chantier doit fermer. Quand tes gars sont à la maison, tu leur donnes des petites jobs, mais ce n’est pas vraiment efficace. Tu leur envoies des vidéos en espérant qu’ils apprennent de nouvelles techniques mais leur motivation est au plus bas. Enfin, ton chantier ouvre. Tes gars travaillent d’arrache-pied pour reprendre le temps perdu, puis toi, tu ne comptes plus tes heures depuis longtemps.

Et comble de malheur, ton chantier ferme encore. Tes clients mettent de la pression, veulent que la maison soit prête à la date prévue. Tu n’as aucun contrôle sur la situation.

Ton chantier ouvre enfin. C’est maintenant complètement fou. Tu motives tes gars comme tu peux. Tu vois qu’ils travaillent vraiment fort. Il faut remettre ça en ordre ce chantier‑là ! Tes gars travaillent en double mais le client ne le voit pas. Tu es brûlé, les gars aussi. Heureusement, les semaines de la construction s’en viennent. Ça va vous faire du bien, car depuis que le chantier est rouvert, tu travailles sans compter. Cependant, ton client n’est pas content. Il veut que le chantier avance pendant les vacances. Toi, tu le sais que tes gars n’ont plus de jus, que c’est même dangereux pour les blessures. Finalement, les clients comprennent et les semaines de repos si attendues seront là, comme d’habitude.

Un soir, alors que tu relaxes enfin à la maison, tu regardes les médias sociaux. Tu lis plein de commentaires à propos de ton métier. Et ce n’est vraiment pas réjouissant. Les gens vous traitent de lâches, de paresseux, de chialeux. Ils disent que vous vous plaignez le ventre plein car vous avez de bons salaires et que vous êtes en chômage une partie de l’hiver (en passant, ce n’est pas ce que je pense, c’est un parallèle avec ma job). Ta famille voit les cernes à tes yeux, l’énergie qui baisse, le moral qui vacille. Mais les gens sur les médias sociaux ne voient pas le chantier de l’intérieur. Les gens qui commentent n’ont jamais vraiment fait ta job, mais puisqu’ils ont déjà construit un patio, ils pensent tout savoir.

Maintenant, change les mots de mon histoire :

Chantier = classe

Gars = enfants (entre 5 et 16 ans)

Clients = gouvernement, parents, contribuables, monsieur-madame tout le monde

Je ne me plains pas, j’adore mon métier. C’est juste que des fois, j’aurais le goût de t’inviter dans ma classe et de te laisser seul avec mes élèves avec l’objectif de leur enseigner quelque chose (d’ailleurs, on cherche des profs, si ça te tente).

Nous sommes des professionnels de l’éducation. Si on dit que nos élèves ont besoin de repos, ce n’est pas pour nos vacances. On travaille avec des petits êtres humains, on les connaît mieux que quiconque. Alors, appuie-nous ou du moins, fais-nous confiance. Ce sera beaucoup mieux pour tout le monde.

Nancy Pedneault

Les rénos éternelles

Dites-moi, est-ce qu’il n’y a que chez nous que les rénovations de la

Dites-moi, est-ce qu’il n’y a que chez nous que les rénovations de la maison ne finissent jamais ? J’ai l’impression que dès qu’on finit une pièce, on a le don de se trouver un nouveau projet. Pis chaque fois qu’on voit l’aboutissement d’un projet, on est tellement fiers de nous ! Mais on dirait qu’on rechute à chaque fois…

On devait changer la clôture extérieure qui contourne notre terrain. Mais t’sais, pendant qu’il n’y a plus de clôture, juste avant de poser la nouvelle, ce serait comme le temps idéal pour installer une piscine familiale… Go ! Mais là, une nouvelle piscine, ça prend aussi un patio pour sauter dedans… Pis tant qu’à se faire un patio, on va en construire un gros, comme ça on pourra aussi souper dessus… Ouin… ça va aussi nous prendre des meubles de patio.

Youpi. La piscine est là, la clôture est installée, le patio est presque fini. Pis on réalise que tous ces tracteurs‑là et les allers-retours sur le terrain, ça a tué le gazon ! Faque faut reposer de la tourbe. Mais t’sais, tant qu’à faire, on va mettre de la meilleure terre en dessous. Pis là, tant qu’à faire venir de la terre en vrac, on va s’aménager un beau jardin, avec des légumes pis des fines herbes…

Si vous êtes déjà étourdis, arrêtez de lire maintenant. Parce que je ne parle pas encore de notre projet de construire un parc pour les enfants ou d’aménager un poulailler en arrière de tout ça…

Dites-moi que ce n’est pas que chez nous que les projets s’enlignent comme ça ! Dites-moi qu’on n’est pas seuls… Et je ne veux pas entendre de commentaires poches du genre : « Pfffff… Ben là ! Fallait pas acheter de maison si tu ne voulais pas l’entretenir ! », ou encore « Ben, vous aviez juste à acheter une maison neuve ! ». Parce que premièrement, on n’a pas les moyens d’acheter une maison neuve. Pis deuxièmement, oui on le savait qu’une maison aurait toujours besoin d’entretien… mais pas qu’on se trouverait des projets à faire à longueur d’année…

On s’entend là… On construit tout de nos mains, on magasine des matériaux en spécial, on achète des meubles usagers… On économise gros. On dépense aussi beaucoup… Mais c’est surtout en énergie et en temps que ça nous coûte le plus !

On se console en se disant qu’on donne de la valeur à la maison à chaque rénovation. On se répète qu’un jour, on va s’assoir sur notre patio et qu’on va en rire, en se rappelant toutes nos anecdotes de rénos. On aime se dire qu’à notre retraite, il n’y aura plus rien à faire dans la maison. On le sait qu’on se ment juste un peu à nous-mêmes quand on se dit ça… parce que t’sais, dans une maison, il y a toujours quelque chose à faire !

Mais bon, à travers toutes ces rénovations, on construit aussi de beaux moments en famille et de grands apprentissages pour les enfants. Pis on se répète qu’on se construit une maudite belle vie.

Grâce aux rénovations, ma plus grande a appris à mesurer des planches de bois avec un ruban à mesurer. Ma deuxième a appris à visser des vis à bois avec une visseuse électrique. Ma plus jeune a appris à courir à travers des outils comme un parcours à obstacles… Faut bien en rire !

Le pire, c’est que ces projets‑là prennent souvent des années à finir… Ça fait deux ans qu’on travaille sur la cour extérieure dès qu’on a un peu de temps. Et je pense bien qu’il nous en reste pour une ou deux années encore avant qu’on la trouve parfaite… Imaginez à quel point on va s’amuser à rénover à l’intérieur après ça !

Et vous ? Quels sont vos projets en cours ? Êtes-vous aussi découragés que moi parfois ? Ou si ça vous allume et vous nourrit, tous ces projets ?

Joanie Fournier


Des travaux en couple : pour ou contre ?

Les visions masculine et féminine des travaux sont diamétralement

Les visions masculine et féminine des travaux sont diamétralement opposées. Avez-vous déjà fait des travaux avec votre homme ? Savez-vous que c’est une des sources de conflit dans un couple? Pourquoi, pourquoi est-ce si difficile de tenir un marteau à côté de notre tendre moitié ? On se croirait en plein milieu d’une émission d’Amour et Marteaux, les regards menaçants, les répliques assassines, les scènes rocambolesques… Même monter un meuble Ikea est prétexte à un affrontement digne d’un ring de boxe. Avons-nous tous les mêmes prédispositions en matière de bricolage ? Entre l’envie de faire et la capacité ? Je me suis posé toutes ces questions après et seulement après avoir faire quelques petits travaux avec ma douce moitié !

Première observation : les femmes sont remisées directement aux tâches annexes (couvrir avec des bâches, tenir l’échelle, aller chercher les outils qui manquent, laver les pinceaux…) Pourtant, on a tellement envie de s’impliquer, d’aider, mais les travaux, c’est comme une affaire de gars. Les tâches à accomplir sont proportionnelles à la grosseur des muscles. On voudrait bien mettre la main au gyproc, et on s’imagine déjà devenir l’as de la scie ronde, le bran de scie dans les cheveux, parées de nos lunettes de protection. Au lieu de quoi, nous sommes attitrées aux découpes de la peinture, avec comme seul outil un mini pinceau. C’est tellement long et ennuyant! Je sais il faut bien que quelqu’un s’y colle.

Deuxièmement, les hommes et les femmes ne parlent pas le même langage. Bon ça, on le sait tous, mais c’est plus flagrant quand on fait des travaux. Quand vous dites que vous voulez des armoires rustiques, ça ne veut pas forcément dire qu’on doit aller prendre des vieilles portes dévorées par les termites. C’est vrai, ce n’est pas très clair, nous on aime ça faire des faux finis et des effets. Quand on parle couleurs, on est aussi plus complexes : un bleu ciel, ce n’est pas la même chose qu’un bleu royal. Donc, en décoration, mesdames, il faut être patientes. La même chose est vraie pour les hommes quand ils nous parlent de construction. Ils se sentent toujours obligés de sortir des grands mots compliqués. Un chanfrein, ce n’est pas la même chose qu’un pan coupé, et quand mon mari me demande de mettre des entretoises, je reste juste stoïque et immobile. Ou à l’inverse, quand il n’est pas assez précis, du genre, passe-moi la clé. Mais quelle clé : à molette, à pipe, à tube ?!

Et que dire encore concernant les outils ? C’est comme si nous les femmes, on ne pouvait pas s’approcher de la boîte à outils. C’est comme la boîte de pandore. C’est vrai que si je l’ouvre pour chercher une vis à tête hexagonale, je vais passer deux heures à trier, ranger, mettre dans des petits sacs, déplacer, étiqueter… C’est plus fort que moi, j’adore que tout soit à la bonne place. Mais pendant ce temps, mon homme est suspendu au lustre en attendant sa ca***** de vis.

Tout ça pour dire, que finalement, malgré nos différents, rénover ou construire quelque chose de matériel, c’est aussi comme bâtir quelque chose dans notre couple. Avec beaucoup de patience, de bienveillance et de complicité, on peut arriver à des résultats assez intéressants. C’est aussi un bon temps pour apprendre, enseigner, partager… N’oubliez pas, vos travaux seront le témoin de votre vie à deux !

 

Gabie Demers

J’suis un homme « pas » manuel!

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Dans la vie, tu as les hommes manuels et les « pas » manuels. Je suis clairement de la deuxième catégorie et c’est devenu « la » blague autour de moi. Je suis un cérébral, c’est comme ça! Par contre, j’aime beaucoup entretenir mon image d’homme « pas » manuel, ça fait toujours rire l’auditoire et ça m’enlève la pression de réussir. Et ça met en lumière mes petites réussites de travaux manuels. Lorsqu’il y en a!

Mais ne pensez pas que je suis complètement idiot avec un marteau, un tournevis ou un pinceau… Ce n’est simplement pas ma tasse de thé! Parlant de thé et de lien douteux avec l’alimentation, je suis un as dans une cuisine. Pas de gêne à vous dire que je suis un chef de formation et maintenant de passion. C’est cette passion qui me stimule, me relaxe, me fait vibrer et qui me sert de courroie de partage avec les gens que j’aime. C’est quand même très bien comme talent et aptitudes; il y a beaucoup d’avantages à avoir un homme qui brille au fourneau. Par contre, t’as beau faire le « presque » meilleur macaroni au fromage, quand c’est le temps d’entreprendre un projet de réparation, de construction ou de rénovation, ça ne pèse pas fort dans le coffre à outils.

Le pire pour un homme comme moi, c’est que dans ma tête, les idées sont bien présentes. Je vous l’ai dit, je suis un cérébral. Mon problème, c’est le :

« Comment qu’on fait ça? »

« Avec quoi qu’on fait ça? »

« Est-ce que j’ai les outils pour ça? » 

Ma blonde me parle d’une idée pour fermer le dessous du balcon depuis deux ans. Elle me répète et me dit que c’est une tâche facile. Mets du bois ici, une vis là et une porte par là et tu vas voir, ça va être propre. Dans ma tête, c’est pareil comme si elle me parlait en mandarin. Je le sais, c’est probablement un petit projet idéal pour un débutant. Je le vois très bien dans ma tête, mais ça s’arrête là. Mon meilleur ami qui est surdoué de ses mains et vrai manuel pourrait me faire ça assez facilement. Vous devriez voir le nouveau « patio » qu’il s’est construit. « Le patio! » Je ne vous parle pas du plus beau de la rue, mais de la ville en entier… On pourrait appeler ça une terrasse ou un 3 ½ sur trois niveaux. Faudrait que vous le voyiez pour comprendre, c’est à faire rêver! Par contre, pour être bien honnête, il n’a aucune chance dans une compétition de macaroni au fromage. J’pense qu’il ne sait même pas faire ça, un macaroni au fromage. D’ailleurs, il est où quand j’ai besoin de lui pour me sauver la face avec mon projet de dessous de balcon?

Je dois vous dire que j’ai quand même quelques bonnes forces dans les travaux manuels. En fait, je pense avoir certaines forces que mon père m’a transmises. Des forces transmises de génération en génération. Dans la famille, nous sommes forts dans les gradateurs de lumières. Je maîtrise très bien l’art d’installer des gradateurs pour vous créer des ambiances parfaites, peu importe la pièce. Pour savourer un succulent macaroni au fromage, avouez que sans le gradateur, ce n’est pas aussi bon!

Tout ce qui est installation au mur comme des cadres, des toiles, des tablettes ou encore des pôles à rideaux, je suis un champion. Un champion des vis et des chevilles. Jamais je n’installe une vis sans sa cheville. Une ne va pas sans l’autre, ça, je l’ai compris. Je suis aussi assez habile avec le pinceau et le rouleau. Je ne découpe pas encore à main levée, mais ça viendra un jour.

Ça tombe bien parce qu’en ce moment, vous le savez déjà, la mode est aux projets Pinterest. Au partage des idées et des projets sur les réseaux sociaux. Sérieusement, ma blonde est une experte de ce type de passe-temps. Des projets, il n’en manque pas. Le seul bémol : ils ne donnent jamais le mode d’emploi, sur ce site-là!

Pour un gars comme moi, c’est la partie la plus importante!

« Ne m’aidez surtout pas, svp! »

Mon dernier succès, un magnifique mur de photos avec cadres de différentes grosseurs inspiré de Pinterest. J’en suis bien fier puisque le défi était grand. Aucun mode d’emploi, aucune idée de mesure, un grand nombre de cadres de différentes grosseurs et de différentes épaisseurs, mais j’ai réussi. Le résultat est magnifique. Ce n’est pas le projet qui fait que je m’imposerai dans le « monde du patio » comme mon ami, mais ma blonde est heureuse et fière, c’est ça l’important!

J’ai bien l’intention de continuer à apprendre, à évoluer et à m’améliorer en tant qu’homme manuel à la maison. Mais faut être réaliste, mon intention n’est pas de devenir un expert de la rénovation. Si je ne parviens qu’à réaliser les petits projets de mon amoureuse, je serai un homme fier!

Je préfère confier le reste à des amis de grands talents. J’suis un homme « pas » manuel et je l’assume très bien! Pour vous remercier, je m’occuperai de vous fournir le festin en fin de journée. Parce qu’au-delà du talent et des efforts, il faut savoir reconnaître nos forces et surtout, il faut faire vivre nos vraies passions.

 

Marc-Antoine Lavallée