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Pas de bal, pas de trouble ! Texte: Nathalie Courcy

Maintenant que juin est là, on commence à avoir une meilleure idée de ce que nos jeunes vivront c

Maintenant que juin est là, on commence à avoir une meilleure idée de ce que nos jeunes vivront comme fin d’année scolaire. Après quinze mois de yoyo entre l’enseignement virtuel et les cours en classe, personne ne se plaindra d’entendre la dernière cloche de l’année sonner. Vive les vacances !

Comme l’an dernier, nos finissants paient cher le prix de la pandémie. Un peu comme si toutes leurs années d’efforts, d’apprentissages, d’évaluations, d’échecs et de réussites, d’amitiés, de matières plates et de cours trippants, s’apprêtaient à faire un gros flat dans une piscine. Ça fesse, mais on s’en remet.

Quels sont les plans dans l’école de vos enfants du primaire et du secondaire ?

Quelles sont vos idées originales pour célébrer ce passage à la prochaine étape ?

Une parade des finissants sur la rue principale avec concert de klaxons et feux d’artifice ?

L’affichage des photos des finissants sur les pancartes illuminées au centre-ville ?

La livraison d’un déjeuner spécial pour remplacer le souper gastronomique habituellement associé au bal ?

Comment se déroulera la remise des diplômes pour vos grands de 6e année ou pour vos très grands de 5e secondaire ? La tenue chic est-elle de mise pour la dernière journée d’école ? Ou si les jeunes quitteront la salle de leur dernier examen dans le silence et la platitude les plus complets ?

Connaissez-vous des enseignants, des directeurs d’école ou des comités qui ont mis les bouchées doubles pour organiser un semblant de fête extraordinaire malgré toutes les règles changeantes des derniers temps ? On veut en entendre parler !

Des collaboratrices de Maïka m’ont parlé de célébrations à l’auto (un genre de drive-through comme au Parc Omega, sauf qu’à la place d’aller voir les ours, les amis et la parenté circulent devant la maison ou l’école pour admirer les finissants). Si on est crinqués le moindrement, on peut décorer le terrain et les voitures !

On peut aussi offrir à nos jeunes une séance photo, peut-être même avec leurs amis (2 mètres de distance et à l’extérieur, bien entendu) ou en famille, pour immortaliser la fin de ce cycle d’études. Et pour rentabiliser la robe ou l’habit de finissant ! Go les confettis et les bombes de lumières ! Il faut que ça sente la magie !

Ça va de soi, les soupers au resto ou la commande du repas préféré sont au menu. Pourquoi pas une fin de semaine à l’hôtel ou une soirée au spa ? Et ceux qui sont en zone plus jaune que rouge, profitez-en pour regrouper quelques amis. Une boule disco, ça s’installe dans un arbre, t’sais !

Et bien sûr, on n’est pas tous obligés d’être hyperactifs et de se prendre pour des G.O. On peut y aller plus simplement et que ce soit tout aussi touchant. Une boîte remplie de lettres et de cartes des personnes qui ont accompagné notre jeune, une présentation des meilleures photos depuis l’enfance (allez-y, c’est le temps de ressortir des boules à mites toutes les photos compromettantes prises en disant « OMG! Je vais tellement te faire honte avec ça quand tu vas être plus vieux ! »), un discours listant toutes vos raisons d’être fiers de votre protégé(e)… Les possibilités sont infinies, tout comme votre amour pour elle ou pour lui !

À tous les finissants, quel que soit votre parcours jusqu’à présent, on est très, très fiers de vous et on vous salue.

Nathalie Courcy

12 avantages de l’école virtuelle selon mes enfants – Texte : Nathalie Courcy

Ok, ok, on est tous tannés des changements de mesures sanitaires, d

Ok, ok, on est tous tannés des changements de mesures sanitaires, du couvre-feu et de la distance imposée avec ceux qu’on aime. Mais avouez qu’il y a quand même certains avantages à cette période inhabituelle !

Si j’en crois mes enfants et mes ados, voici les points positifs de l’école virtuelle (avec mes propres remarques de maman qui télétravaille) :

1- On peut se lever plus tard (les parents aussi ! Pas de lunchs à préparer, pas de « dépêche-toi, tu vas être en retard », pas de cahiers oubliés ni de manteau perdu.)

2- Pas d’autobus ni de service de garde : après l’école, on est déjà prêts à jouer ! (Pas de message de dernière minute pour annoncer que l’autobus est annulé, pas de stress pour arriver à l’heure au service de garde, pas d’appels de l’école pour nous dire que notre enfant dérange !)

3- Pas de bouffe de thermos et on peut quand même manger des sandwichs. (Pas de thermos à laver, pas de plats oubliés dans le fond du pupitre, et en plus, on peut manger en famille !)

4- Il y a beaucoup moins de bruits, ça fait moins mal aux oreilles et à la tête. (Même si on est six à la maison, ça ne bat pas le nombre de décibels d’une classe ou d’un autobus.)

5- Pas besoin de porter de masque ! (Ça, j’avoue, je les comprends tout à fait !)

6- Presque jamais de devoirs le soir et la fin de semaine si on a bien travaillé pendant nos périodes autonomes. (Yes! Plus de temps en famille et en plein air, sans avoir à s’obstiner sur le bien-fondé des leçons…)

7- Pas besoin d’attendre à 16 h pour avoir des colleux de maman ! (Maman fait dire qu’elle aussi, elle aime ça, des colleux à n’importe quelle heure ! Même parfois en plein milieu d’une réunion sur Teams !)

8- On peut assister à notre cours dehors s’il fait beau. (Merci, mois d’avril ! Tu es magnifique dans notre coin de la province !)

9- On peut faire ce qu’on veut dans nos récréations. On peut faire du vélo, de la planche à roulettes, du dessin, on peut même faire une sieste. (Bon, les parents, eux, n’ont pas full de récréations entre deux séances de soutien technique à la marmaille, mais on atteint plus facilement notre compte de 10 000 pas à force de courir d’un ordinateur à l’autre.)

10- On voit nos frères et sœurs plus longtemps, on s’ennuie moins d’eux. (C’est là que je suis contente en titi d’avoir des enfants qui s’entendent bien, parce que je me doute que cet « avantage » n’en est pas un dans plusieurs foyers !)

11- C’est moins anxiogène parce qu’on a un meilleur équilibre entre les moments seuls, les moments en groupe (quand il y a l’alternance entre les deux), les moments en famille, et les différentes activités. (Moins d’anxiété du côté parental aussi, croyez-moi! Au moins une fois qu’on a trouvé le moyen d’installer tout le monde convenablement pour leurs cours virtuels.)

12- Quand on a compris la matière, on peut écouter d’une oreille et faire quelque chose qu’on aime en même temps comme dessiner ou s’entraîner. (Le rêve!)

De mon côté, le plus grand avantage que je vois, c’est que j’ai plus de temps avec mes amours. Plus de temps pour les voir grandir et apprendre. Ça me permet d’être un tout petit peu dans leur bulle-classe, de voir le style d’enseignement de la prof, d’entendre la voix ou de lire les commentaires (pas toujours pertinents ; o)) des amis de leur classe.

On dit souvent que les enfants grandissent trop vite. Il n’y a rien de drôle dans cette pandémie, mais il faut avouer qu’on a (pour certains, pas pour ceux qui travaillent deux fois plus à cause de la Covid) une pause pour regarder nos enfants grandir et pour ÊTRE avec eux plus souvent et plus longtemps que d’habitude. J’espère que nous retournerons bientôt à un quotidien à peu près normal, mais aussi que nous garderons certains des avantages de cette pause.

Nathalie Courcy

13 mars 2020 – Texte : Marie-Josée Gauthier

J’ai besoin de dire que je vais bien depuis cette date. J’ai bes

J’ai besoin de dire que je vais bien depuis cette date. J’ai besoin, car depuis ce moment, être positif, aller bien, c’est devenu tabou. Attention ! Je ne vis pas sur un long fleuve tranquille du pays des licornes. Non ! J’ai mes Everest à moi. Je suis triste de me rendre compte que je ne peux pas en parler. Même pendant que je vous ouvre mon cœur, j’ai un malaise.

Attention, je suis très empathique et aidante avec mon entourage, avec ceux qui vont moins bien, voire pas bien du tout. Je soutiens moralement et par tous les moyens qui me sont possibles tout ce qui touche la santé mentale. Les derniers mois n’ont pas été de tout repos pour moi non plus : la santé de mon père en a pris un coup et je l’ai beaucoup accompagné. Je continuerai de le faire comme il l’a fait tant de fois pour moi quand j’étais enfant. Son humour dans la maladie me donne le sourire. Mon amie d’enfance a été emportée subitement à 48 ans et j’aime encore croire qu’elle cognera bientôt à ma porte et que l’on rira de sa bonne blague. Mais non, ça n’arrivera pas. La lumière si vivante dans les yeux de ma fille ado qui s’est affaiblie, je n’ai pas vu ma sœur depuis septembre dernier. Je suis triste, fatiguée et touchée par tout, mais je vais bien. Je ne devrais pas être gênée.

Je ne sais plus comment être bien accueillie avec mon positivisme. Je ne sais plus comment ne pas être gênée de m’émerveiller chaque jour du ruisseau près de chez moi, de l’amour inconditionnel de mon chien, de la persévérance de mes enfants. Je suis pleine de gratitude et d’amour pour une série de personnes qui me tiennent à cœur : mon amour toujours présent qui me fait le déjeuner en semaine même s’il est pressé, ma sœur qui me souhaite bonne journée tous les jours sans exception même à 800 km de distance, mon amie d’amour qui mène un combat épique contre la violence conjugale et pour la liberté de toutes les victimes, la petite fleur mauve qui pointe dans la neige dans les derniers jours. Je suis reconnaissante de devenir une fière mamie en juillet qui vient, d’avoir un toit sur la tête, de manger chaque jour. Un grand mélange de tout bien coloré.

Pour moi, on a le devoir de gratitude d’être en santé, d’avoir le privilège d’ouvrir les yeux tous les matins. Avoir une famille merveilleuse… si vous saviez comment je vous aime tous. S’amuser, exploiter nos talents, rendre hommage à tout ce qui nous entoure, incluant nous-mêmes. Prendre soin, tout simplement. Rien n’est permanent autant dans l’ombre que dans la lumière. Gardez espoir.

Ne vous méprenez pas. À travers mon emploi, j’entends tous les jours le découragement et l’agressivité, et il m’arrive à moi aussi de baisser les bras quelques instants. Je crois en fait que capituler quelques instants est tout à fait sain et que l’on peut reprendre son souffle et mieux rebondir. Alors si pour vous, la lumière s’est éteinte ou n’est plus qu’une lueur depuis le début de la pandémie, je vais vous écouter, vous soutenir avec tout le respect que vous méritez. Et ensuite, laissez-moi exploser d’amour et de joie, je vais vous en entourer. De toute façon, tout le monde y gagne.

Marie-Josée Gauthier

Je te promets – Texte : Karine Lamarche

Mon élève, en ces temps incertains qui n’en finissent plus de sâ

Mon élève, en ces temps incertains qui n’en finissent plus de s’allonger, je te promets d’être là.

Je t’ai confié qu’étrangement, malgré la distance, je me sentais plus près de toi. Je me sens plus compétente, plus en mesure de t’aider. Ce ne sont pas toutes les conditions gagnantes qui sont réunies, mais pourtant, je sens que j’ai le vent des voiles pour t’enseigner.

Si tu es au rendez-vous, si tu t’investis, si tu sautes à pieds joints dans ce que j’ai à t’offrir, je te promets que tu ne seras pas déçu. Tu fermeras ton écran avec le sentiment d’en connaître un peu plus qu’avant et surtout, tu seras fier de toi.

Ces derniers jours nous ont déjà rapprochés. Je t’ai vu dans ton univers. J’ai rencontré ton lapin, ton chat, ton chien… J’ai vu ta chambre. J’ai eu de la compassion pour tes parents que j’ai vus derrière toi ou que j’ai entendus.💕

Je t’ai vu faire quelques prouesses sur ton trampoline pendant la période de travail autonome puis revenir, énergisé, prêt à te remettre à la tâche.

Je te promets de redoubler d’audace et d’ingéniosité pour te préparer une semaine captivante. Je veux que lorsqu’on se quitte, tu te dises: « Hein, déjà? »

Mon élève, tu mérites que je te donne le meilleur de moi-même. Profite de mes moments de disponibilité pour en savoir plus, pour combler les réponses à tes questions qui traînent peut-être depuis longtemps. Propose-moi tes idées!

C’est un temps précieux dont je ne dispose pas au quotidien. 🌟 L’école à la maison a cela de beau; elle nous rapproche et te permet d’aller plus loin…

Si tu acceptes de me suivre, je serai là pour toi, je te le promets.💝

Ton enseignante

Des mini humains sans masque – Texte : Mélanie Paradis

Ce matin, j’accueille une petite cocotte en larmes. Elle ne veut p

Ce matin, j’accueille une petite cocotte en larmes. Elle ne veut pas quitter maman, elle lui tient fermement le cou. Je lui parle doucement et je lui promets un moment de câlins avec doudou et mon amie la chaise berçante. Elle enfouit sa tête dans mon épaule, et par le fait même essuie son nez sur mon chandail au passage. Je sens l’humidité de mon épaule, un mélange de morve et de salive. Ma priorité n’est pas de me changer, non ! Je dois redonner le sourire à cette jolie petite puce, la rassurer, la calmer. Je porte mon masque, mes lunettes. Je ne sais pas trop si je suis protégée. Après deux sorties du gouvernement à propos des masques non conformes… j’ai un doute.

Plus tard dans la journée, j’aide un de mes mini-humains à découper. Je n’ai pas le temps de le voir venir, mais il éternue directement vers mon visage. Super ! Je change de masque, je m’essuie le visage, désinfecte mes lunettes et retourne à la supervision du découpage.

Lucie (nom fictif) est moche aujourd’hui. Elle joue mais elle n’a pas sa bonne humeur habituelle. Après la sortie extérieure, son petit nez coule. Pour le moment, je ne m’en formalise pas, nous étions dehors. Peut-être que la chaleur de la garderie en est la cause. Elle a deux ans, naturellement son premier réflexe est de s’essuyer le nez avec sa manche, qui bientôt est bien remplie. Oups… après le dodo, une petite fièvre s’installe. J’appelle les parents. Malheureusement, je dois la retirer du groupe.

Je retire de la salle tous les jouets qu’elle a pu toucher. Je dois soit les mettre en quarantaine soit les désinfecter pour les remettre. Dans les deux cas, je les manipule. J’ai les mains qui brûlent et piquent. Je les lave tellement souvent, j’utilise le désinfectant avec alcool dans les situations où je n’ai pas accès à un lavabo et à du savon.

Je m’inquiète un peu, je n’ai aucun contrôle sur la vie des familles qui fréquentent mon groupe. J’espère qu’elles respectent les consignes de la santé publique. Je n’ai pas envie d’exposer ma famille.

Chaque jour, je travaille avec mes mini-humains qui eux ne portent pas de masque. Maintenant, on nous dit que les variants s’attaquent aux plus jeunes. Chaque jour, je m’expose. Combien de corps de métier doivent travailler plus de 8 heures par jour avec 8 personnes qui ne portent pas le masque ?

J’aimerais être rapidement vaccinée. Pour me protéger, protéger les miens.

Parce que bien que j’aime mon métier, depuis un an, je travaille chaque jour dans la crainte.

Mélanie Paradis

Éducatrice

Génération Z, sauras-tu me pardonner ? Texte : Martine Wilky

Aujourd’hui, je regarde une photo de ma plus jeune qui fait son sp

Aujourd’hui, je regarde une photo de ma plus jeune qui fait son sport et je me demande si nos jeunes vont réussir à nous pardonner.

Je ne remets pas en question les règles sanitaires et tout… Je ne crie pas au loup, je me questionne.

Je suis sensible à ce que nos jeunes vivent, car on leur a tout enlevé.

À une période où ils créent leur ESSENCE à eux en tant qu’individus.

Privés du contact avec les autres.

Privés de leur sport.

Privés de leur liberté si vitale à leur âge.

Tout est question de perception dans la vie.

Certains ne voient que les jeunes qui ne respectent pas les règles.

Mes enfants et moi, on voit autre chose :

  • Des groupes de personnes âgées qui se regroupent dans le stationnement du McDo sans respecter la distanciation sociale.
  • Des adultes qui « engueulent » des travailleurs dits « essentiels » à l’épicerie ou au resto du coin AKA job d’étudiant parce que les travailleurs doivent faire respecter les mesures d’hygiène.
  • Les ligues nationales qui peuvent fonctionner alors que les jeunes ne peuvent jouer et sont peut-être en train de dire au revoir à leur rêve sportif.
  • Des aînés qui font la morale aux jeunes sur les mesures sanitaires. ILS LES CONNAISSENT ET SE LES FONT RAPPELER TOUS LES JOURS À L’ÉCOLE.
  • Les magasins ouvrent à des endroits où des centaines de gens différents chaque jour peuvent magasiner, mais les jeunes, eux, ne peuvent pratiquer leurs activités parascolaires.
  • Des profs stressés qui sont impatients car ils sont constamment forcés d’appliquer différentes nouvelles mesures. Les profs sont des saints… qui ont une limite eux aussi. Comme nos jeunes, ce ne sont pas des machines.

Bref, je ne referai pas le monde, mais il est temps qu’on lève la voix pour nos ados.

Je trouve qu’ils ont été plus que « fins », plus que tolérants et RÉSILIENTS.

Ce sont nos laissés pour compte depuis un an.

Trop vieux pour être cute et faire pitié pour la société, et trop jeunes pour avoir une voix et faire entendre leurs besoins.

Je veux vous dire que si tu es privé de voix depuis un an, je m’excuse.

J’espère qu’un jour, tu vas nous pardonner de t’avoir oublié pendant cette pandémie.

Je veux te dire que c’est correct si tu es fâché contre la vie et la société ; ce que tu ressens est valide.

Tu as plus que mon admiration et mon respect.

Tu es un(e) humain(e) extraordinaire.

Martine Wilky

La menace fantôme – Texte : Annie St-Onge

Cela fait maintenant plus d’un an que nous vivons de manière confinée chez nous, faisons du tél

Cela fait maintenant plus d’un an que nous vivons de manière confinée chez nous, faisons du télétravail à temps plein, n’avons plus de contacts sociaux avec nos familles ou amis. Nous ne sortons que pour le nécessaire et le faisons de manière rapide. Normal, nous entendons parler de la gravité de la situation et des effets sur la santé, et nous avons hâte que ce soit notre tour d’être vacciné pour pouvoir avoir une chance de revivre normalement.

La COVID est un virus, elle est partout. Partout, mais où ? On fait attention, on se lave les mains, on porte un masque au cas où on le croiserait en choisissant des bananes à l’épicerie. Le virus est omniprésent, mais ce n’est pas encore « concret ». On l’a peut-être croisé, peut-être que non. C’est une menace qui pèse sur nous quotidiennement dès que l’on met le pied dehors. À la maison, nous sommes en sécurité, nous sommes maîtres de ce qui entre et sort de chez nous, nous sommes les rois de la désinfection intérieure, il n’y a pas de risques, le risque est dehors.

Toutefois, cela change si vous habitez dans un immeuble à appartements. Vous savez, les bons vieux « blocs à appartements » comme on les appelle. La COVID demeure une menace extérieure jusqu’à ce que dans ce bloc, il y ait un cas positif à la COVID, puis deux. Dans un bloc où il y a 23 appartements, le fait qu’il y a deux appartements touchés inquiète. Un cas ou deux de plus et l’immeuble est considéré comme un site d’éclosion. Soudainement, la menace est bien présente et sillonne les corridors à la recherche de sa prochaine victime.

Il est dorénavant demandé de porter un masque dès que les gens circulent dans les aires communes (corridors et entrée de l’immeuble). Le hic, les habitants de l’immeuble apprennent la consigne, et du même coup, le nombre de cas positif à la COVID dans l’immeuble en lisant une affiche située dans l’entrée du bloc. Une fois que vous avez pris connaissance de l’affiche… vous vous étiez déjà promené dans les aires communes sans masque, vous croyant en sécurité dans l’immeuble ! Soudainement, vous réalisez que même si vous faites attention depuis un an, vous êtes à risque en demeurant chez vous, même si vous suivez les recommandations de la santé publique. C’est le cas de le dire, l’ennemi est aux portes !

C’est dans cette situation bien précise, dans une microsociété de 23 appartements, qu’on réalise que les gens ne prennent pas tous la situation au sérieux. Deux appartements sont officiellement touchés par « la bête », mais on entend tousser vigoureusement dans six autres. Les locataires de ces derniers jurent à qui veut bien les entendre que ce n’est qu’une « petite grippe » et ils se promènent sans masque dans les aires communes malgré les recommandations. Les deux cas officiels sont connus parce que les locataires ont bien voulu en aviser la propriétaire, mais ils auraient très bien pu ne rien dire aussi. Vous voyez le problème ? Vous comprenez l’importance de l’effort collectif maintenant ?

La menace qui était présente mais sous une forme plus fantomatique depuis un an vient de se concrétiser : l’ennemi m’attend littéralement de l’autre côté de la porte et n’attend qu’un moment d’inattention de ma part pour s’inviter chez moi et faire des ravages ! Je me croise les doigts pour qu’il ne s’introduise pas par le conduit de ventilation de la salle de bain de manière sournoise ! La menace est concrète, bien présente et malheureusement à proximité de moi malgré tous mes efforts.

 

Annie St-Onge

Ce que tes murs murmurent – Texte : Sophie Barnabé

T’sais ma fille, j’pas folle ! Du moins, pas complètement…

T’sais ma fille, j’pas folle ! Du moins, pas complètement… L’instinct maternel, c’est fort. Tellement que ça fait peur. Ça fait un an maintenant que tu nages à contre-courant de ces foutues vagues jugées trop fortes pour d’autres que toi. Oui, à contre-courant parce que normalement à ton âge, on suit les flots, on se laisse bercer par les vagues, on plonge, on apprend la vie contre vents et marées…

Inquiète, je lis sur la détresse des adolescents depuis le début de cette foutue pandémie. L’adolescence… cette période de transition, à la base compliquée quand tout va bien. Cette période où tu apprends qui tu veux devenir à l’aide de routines, de gaffes et de ces repères dont tu as tant besoin. Depuis un an, tu n’as plus de routine, plus de repères, et si tu fais une gaffe, ça pourrait tuer ta grand-mère !

Hier, quand t’es partie, j’suis entrée dans ta chambre. Juste ouvrir ta porte, ça a été compliqué ! Il m’aurait presque fallu un GPS pour trouver ton lit. J’me suis frayé un chemin entre tes souliers, ton coffre à bijoux renversé, des assiettes sales et une serviette mouillée. J’ai fait à peine trois pas avant de me frapper l’orteil sur ton ordi laissé au sol entre deux piles de vêtements froissés. J’te dis, en voyant ton bordel, j’avais juste envie de crier : « Ramasse-toé ! », de prendre toutes tes traîneries et de les jeter.

À la place, j’ai pris une grande inspiration. C’est bizarre, je sais, mais on dirait que ta chambre m’invitait à prendre un moment pour m’arrêter, observer et comprendre ta réalité… Elle semblait vouloir me parler. J’me suis assise sur ton lit dans la même position que celle dans laquelle je te retrouve parfois vingt-trois heures sur vingt-quatre depuis plus d’un an. J’ai regardé autour de moi. Ta toile était baissée. En un instant, je me suis sentie seule. Ça m’a serré dans l’ventre en t’imaginant, toi, à 16 ans. On dirait que les murs de ta chambre me chuchotaient un peu de ce que tu gardes en dedans.

Ton plancher, on n’en voit pas un pouce carré. Pourquoi autant de vêtements éparpillés alors que tu restes enfermée ? Depuis un an, pas de party ! Tes soirées se passent uniquement sur Snap ou sur TikTok. Les modèles qui te sont accessibles sont sur Insta… La meilleure façon de te valoriser rapidement auprès de tes amis, c’est par les photos… Tes vêtements au sol témoignent de tes dizaines de changements avant de trouver le bon kit. Celui qui te permettra de recevoir des likes, celui qui te donnera l’impression que tu fit. Parce qu’à ton âge, même si ce n’est que virtuel, on a besoin de sentir qu’on fait partie d’une gang. Ta chambre m’a fait comprendre pourquoi tu carbures tant aux réseaux sociaux et aux photos. Afficher ton look parfait est ton passeport pour rencontrer d’autres jeunes. Pour combler ton besoin d’appartenance, il faut prendre la pose…

Sur ta table de chevet, des fils pour charger. Ton téléphone, ta tablette, ton ordi… Encore une fois, ça ne ment pas. T’as besoin de communiquer, d’être en contact, de t’évader. Les fils sont entremêlés. Y’a tout plein de nœuds ! Probablement comme ceux que tu ressens dans ta gorge et qui t’empêchent de crier depuis qu’on t’a volé ta liberté.

Tu commençais tout juste à déployer tes ailes. À ton âge, on pète des bulles, on ne vit pas dedans. Depuis un an, la liberté, celle dont tu rêves, se trouve de l’autre côté d’un écran et c’est entre tes quatre murs que tu l’attends patiemment. La vraie liberté est de l’autre côté de ta fenêtre. Ce doit être pour ça que tu gardes ta toile baissée. Pour ne pas voir ce que tu manques. Les fils entremêlés servent bien plus qu’à charger… Ils servent à te connecter avec les autres, avec qui tu veux. Ils te permettent de voyager, d’oublier… parce qu’en ce moment, c’est ça, ta liberté. Ta chambre me l’a dit, ça aussi…

Sous ton oreiller, des papiers de bonbons. Je n’ose pas les compter, mais c’est clair que tu en as beaucoup mangé. Compulsivement. C’est vrai que c’est long, rester seule, sans sortir. On mange souvent par ennui… C’est angoissant aussi de penser qu’après tout ce temps sans les avoir vus, tes amis auront peut-être changé. Ton quotidien sécurisant, on l’a dérobé sous tes pieds sans t’y préparer ! T’aurais tant besoin de câlins et bien plus que juste les miens. En pleine pandémie, ta chambre me le dit, c’est entre ses quatre murs que tu te réfugies et ton réconfort s’alimente à grandes doses de sucreries.

Ton pupitre est recouvert d’une montagne de feuilles froissées, de bouchons de marqueurs mâchouillés, de coups de crayons remplis d’agressivité. Des travaux bâclés. Aucun parfum de fierté. Ça sent la démotivation à plein nez ! Pour apprendre, ça prend un encadrement global que seule l’école peut fournir. Certains pensent peut-être que les quatre murs d’une chambre forment un cadre suffisant… La pandémie aura réussi à te faire haïr l’école ! Quand t’as aucun phare pour te repérer, quand t’as aucune bouée pour t’accrocher, tu finis par décrocher…

Hier, pendant que j’étais assise sur ton lit, ta chambre m’a fait comprendre que ton bordel qui m’exaspère n’est en fait que le reflet de ta réalité… Depuis un an, ta vie est désorganisée, comme ta chambre. Comme toi. Respire un grand coup, la troisième vague arrive. J’le sais, c’est de plus en plus tough de rester la tête hors de l’eau. Tu descends de plus en plus creux. Nager à contre-courant, c’est épuisant. T’as besoin de sortir et voir le soleil, rigoler, boire en cachette et frencher… La troisième vague est là… Accroche-toi… Je ne sais pas à quoi, mais accroche-toi… à moi…

Sophie Barnabé

Ai-je le droit ? Texte : Ève

Le 13 mars 2020, la vie telle qu’on la connaissait a cessé d’e

Le 13 mars 2020, la vie telle qu’on la connaissait a cessé d’exister. J’étais enceinte de 33 semaines. On venait de finir la chambre de la plus vieille (16 mois) pour pouvoir transférer la bassinette dans la chambre de bébé. J’en étais au stade d’être emballée pour la suite, de tout préparer pour que mon mini soit des plus confortables lorsqu’il allait arriver. Mais en l’espace d’une annonce du gouvernement, tout a basculé. On entrait dans un confinement. Un confinement qui venait avec un lot incroyable d’émotions vraiment difficiles à gérer pour une maman pleine d’hormones de grossesse. Et un stress inimaginable entourant les circonstances incertaines d’un accouchement prévu début mai. Mais personne ne me comprenait.

« Vous êtes en santé, c’est ce qui compte ».

« Vous n’avez pas perdu vos jobs, ça va bien financièrement comparativement à plein d’autres familles ».

« Vous n’avez pas perdu personne à cause de la Covid ».

Ce sont toutes des affirmations que je ne peux pas nier.

Mais, ai-je le droit d’avoir de la peine parce que je n’ai jamais pu terminer la chambre de mon bébé à cause de la fermeture des garderies et celle des magasins ?

Ai-je le droit d’avoir de la peine parce que je n’ai pas pu recharger mes batteries avec mon mari avant que bébé arrive ?

Ai-je le droit d’avoir de la peine parce que ma fille n’a pas pu rencontrer son frère à l’hôpital ? Tout comme mes parents ou mes beaux-parents ?

Ai-je le droit d’avoir vraiment beaucoup de peine (attention, celui-là c’est mon summum) d’avoir présenté mon nouveau-né À TRAVERS UNE FENÊTRE à mes parents et de voir les larmes couler sur leurs joues parce qu’ils ne pouvaient pas le prendre dans leurs bras ? Et parce que je ne pouvais tout simplement pas le leur laisser.

Ai-je le droit d’avoir de la peine parce qu’encore aujourd’hui, un an plus tard, j’ai l’impression que mon bébé Covid n’a rien vécu autre qu’être à la maison ? Pas d’épicerie, pas de magasinage, pas de zoo, rien.

Est-ce que j’ai le droit d’avoir ce sentiment d’amertume envers toute cette situation ? Ce sentiment qui me gruge par en dedans parce que plus les jours avancent, plus on se fait voler des moments précieux qui ne reviendront jamais.

Oui, on est en santé. Oui, on a encore nos jobs. Non, je ne suis pas décédée seule dans un CHSLD. J’en suis vraiment reconnaissante. Je suis aussi contente pour les familles à qui le premier confinement a permis de se rapprocher et d’avoir du temps de qualité. Mais est-ce que je dois vraiment me sentir mal si pour nous, ça a été un des moments les plus difficiles de nos vies ?

Ça ne change absolument rien au fait que j’adore mes enfants et je ne regrette absolument pas l’arrivée de mon deuxième, je veux être claire sur ce point. C’est juste que « ça prend un village pour élever des enfants » qu’ils disent. Ben, on est seuls depuis un an. À se démener comme des fous pour protéger nos minis, nos parents et les personnes à risque. À piger dans l’énergie qu’on n’a plus pour protéger la santé de tout le monde.

Donc, ai-je le droit de dire à voix haute, pour la première fois, que j’ai de la peine ?

Ève

Cher agent de police, chère agente de police, sache que je pense à toi -Texte Marilou Savard

Bien que je respecte les choix du gouvernement, il reste que les nou

Bien que je respecte les choix du gouvernement, il reste que les nouvelles lois, c’est toi qui les appliques sur le terrain.

C’est toi qui dois gérer l’être humain dans toute sa différence.

C’est toi qui subis verbalement et physiquement de la violence.

Toi, tu n’as rien décidé là-dedans, mais c’est ton devoir de faire ce qu’on t’a dit de faire.

Tu es malheureusement et trop souvent le bouc émissaire idéal.

C’est sans oublier tout ce qui est déjà difficile dans ton métier.

Accident de voiture, scène de dispute, scène de violence, drame familial, suicide et j’en passe.

Alors cette pandémie qui est arrivée sans demander la permission a ajouté à elle seule un énorme fardeau sur tes épaules.

Au début de chaque quart de travail, tu ne sais pas si on insultera ta personne, ton intelligence ou même si on s’en prendra de manière physique à toi. Je n’ose imaginer ce que tu dois ressentir.

Tu es au service du citoyen pour notre bien. Alors j’espère sincèrement que les gens penseront aussi au tien en étant conciliants.

Merci de continuer à travailler, merci de nous choisir.

Marilou Savard

Tenir pour acquis

Nous voilà de retour en confinement total, et avec maintenant plus

Nous voilà de retour en confinement total, et avec maintenant plus de restrictions dont le couvre-feu.

Toutefois, on y survit.

On s’y adapte.

Cette étrange période de pandémie continue de nous apprendre la leçon qu’on tient énormément de choses pour acquises dans la vie.

Plus on nous enlève des privilèges et que l’on continue de respirer, de bien manger, de passer des moments de bonheur autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, plus on se rend compte que tout le reste qui nous manque, aussi gros soit-il, n’est pas essentiel.

C’est vrai que ce mot nous frise les oreilles, mais ça reflète une réalité qu’il y a tellement de choses de la vie « normale » qui sont des cadeaux, des bonus.

Ce virus nous a permis de réaliser à quel point, parfois, on ne voit pas la valeur de quelque chose, de quelqu’un, d’une action, d’un moment.

Ça permet de remettre nos priorités aux bonnes places. On se rend compte que c’est le contact humain de nos proches qui nous manque le plus. Que le temps passé avec eux n’est pas acquis lui non plus.

Je suis une fervente fan des restaurants, cinémas, parcs d’attractions, festivals et voyages, mais qui réalise qu’on est extrêmement choyés de toutes les possibilités que l’on a connues avant 2020 et que l’on continuera d’avoir dans un futur prochain.

Marilou Savard