Tag démons

Mes démons sont-ils toujours là?

Je vous avais parlé de <a href="http://www.mafamillemonchaos.ca/on-

Je vous avais parlé de mes démons de la nuit dans un mes articles. Je ne fais plus de cauchemars la nuit avec ma médication.

Enfin, après quatorze ans à vivre des cauchemars, je me disais que finalement, je pouvais tourner la page.

Le matin, lorsque je me lève pour m’occuper des enfants et les accompagner à l’arrêt d’autobus, je retourne me coucher un petit peu.

Mais attention! Au lieu de retourner dans mon lit, je vais dans le sous-sol. Pourquoi? Il fait noir et je me sens en sécurité comme dans un bunker. C’est mon endroit sécuritaire à moi. C’est là que je peux me rendormir plus facilement.

Des fois, j’ai des flashbacks importants en m’endormant et je sursaute. Donc ça me prend un peu plus de temps. Mais c’est beaucoup mieux que si j’étais dans ma chambre avec la lumière du jour.

Je me suis rendu compte que souvent, je me réveillais tout en sueur, mais sans savoir pourquoi. Je n’avais aucun sentiment que j’avais rêvé à quoi que ce soit. Cela m’arrivait aussi avant quand je dormais dans mon lit et que je n’avais pas mon appareil pour l’apnée du sommeil. Maintenant, je peux vous mentionner ce petit détail, mais attendez bien de voir ce qui s’en vient.

Il n’y a pas très longtemps, après avoir reconduit les enfants à l’arrêt d’autobus, je retournais à la maison pour faire une petite sieste dans mon bunker, comme d’habitude. J’avais réglé l’alarme sur mon téléphone cellulaire car j’avais rendez-vous avec un ami.

Puis je me suis mis à rêver. J’étais en uniforme militaire et j’accompagnais un supérieur dans un bâtiment inconnu. Soudainement, une alarme s’était mise à sonner de façon très intense et, comme vous le savez, le bruit m’affecte beaucoup. J’ai dû mentionner à mon supérieur que je devais sortir parce que je ne me sentais pas bien. Je n’en pouvais plus d’entendre ce bruit intense qui m’envahissait. Il m’avait fait signe que c’était correct et que je pouvais quitter quelques instants.

Donc je me suis dirigé vers une porte, vers une autre porte. Je traversais des salles pleines de gens (ce que je n’aime pas du tout). Puis un moment donné, je voyais des fenêtres et j’empruntais d’autres portes pour enfin me diriger vers l’extérieur du bâtiment inconnu.

Mais chaque fois que j’arrivais dans une nouvelle pièce, je ne pouvais pas sortir du bâtiment. Ma respiration était de plus en plus rapide. Mon rythme cardiaque plus élevé. J’avais de la misère à respirer. Un son fort sortait de ma bouche tellement j’étais en crise ; l’air avait de la misère à passer. Mon champ de vision était rétréci. J’avais de plus en plus de misère à me concentrer pour trouver une porte de sortie.

Soudainement, je me suis réveillé pour me rendre compte que l’alarme était celle de mon cellulaire et non celle du bâtiment. J’étais complètement en sueur. Donc c’est là que j’ai découvert que quand je me réveille tout en sueur et que je ne me rappelle rien, c’était un cauchemar. J’en ai parlé à ma psychologue et je ne suis pas le premier à qui ça arrive. Certains d’entre nous qui souffrons du TSPT font des cauchemars et ne le savent pas. Mais je peux vous dire qu’il m’arrive de me réveiller en sueur de mes siestes au moins trois fois par semaine. Depuis que j’utilise l’appareil pour l’apnée du sommeil pendant mes siestes, les sueurs sont moins fréquentes et moins intenses.

Maintenant, j’essaie de faire toutes mes siestes lorsque requises dans mon lit avec mon appareil. Même si je me sens moins en sécurité, j’ai besoin de respirer pendant mes cauchemars sinon, je risque de mourir. Mes cauchemars sont tellement intenses que même ma respiration en dépend.

Maintenant, je sais pourquoi je me réveillais en sueur pendant toutes ces années sans savoir pourquoi. La majorité du temps, je ne me souviens pas de mes cauchemars.

Carl Audet

 

Les démons de la nuit

On est en 2004, je suis à Kaboul en Afghanistan. À un certain mome

On est en 2004, je suis à Kaboul en Afghanistan. À un certain moment donné pendant la mission, nous devions commencer à prendre de la Méfloquine, un médicament utilisé pour combattre la malaria. On nous avait avisés des effets secondaires, dont un était des rêves intenses.

À partir du moment où j’ai commencé à utiliser ce médicament, les rêves intenses sont arrivés, je dirais même plutôt des cauchemars. Tellement qu’un beau matin, j’avais des égratignures dans le visage et sur une main. Vraiment, c’était horrible !

Comme tout bon soldat, on apprend à vivre avec ce qui nous est donné à l’étranger, on ne pose pas de questions et on se concentre sur la mission. Une fois de retour au pays, ça fait partie de notre mode de vie. Mes cauchemars ont continué, mais j’étais habitué à ce mode de vie.

Trois ans plus tard, j’ai connu ma femme. Et il n’a pas fallu longtemps avant qu’elle s’aperçoive que quelque chose n’allait pas avec moi la nuit. Souvent, elle se réveillait parce que j’étais debout dans le lit et j’hallucinais. Une fois entre autres, j’étais debout en équilibre sur la petite planche du pied du lit, et elle avait peur que je tombe et que je me fasse mal.

Je me rappelle qu’un moment donné, je me suis carrément levé à côté du lit et j’essayais de me sauver parce que ses bras étaient faits comme des fils métalliques qui essayaient de m’attraper. Je me suis déjà vu exploser en Afghanistan en courant avec mon fils dans les bras. J’ai fait plein de cauchemars bizarres comme cela, mais aussi d’autres, directement reliés à l’armée.

Je me rappelle qu’à mon retour de mission, j’ai rêvé que je rentrais au bataillon un matin et que je tirais sur tout le monde. C’est par la suite que j’ai demandé un transfert d’unité pour avoir une pause, car j’en avais assez.

Peut-être que c’est difficile pour vous de me lire, mais c’est ce que j’ai vécu pendant quatorze ans. Encore étonnant que je sois sain d’esprit !

Donc est‑ce à cause de la Méfloquine ou de mon TSPT, je ne sais pas. C’est un gros débat présentement avec le gouvernement, car beaucoup d’autres pays ont arrêté de donner ce médicament à leurs soldats depuis plusieurs années.

Ce qui est important pour moi, c’est que maintenant, j’ai du support d’Anciens Combattants et enfin, je dors depuis l’été dernier. Quand j’ai commencé à prendre ma médication l’été passé, je dormais quatorze heures par jour. Puis à l’automne, je n’en pouvais plus. Je me sentais paresseux, donc j’ai arrêté seulement la pilule pour dormir pendant cinq jours, car j’ai une tonne de médicaments à prendre quotidiennement. Dès le premier soir, je regardais la télévision et c’est comme si en même temps, j’avais une deuxième télévision dans la tête sur laquelle défilaient des images de l’Afghanistan rapidement en même temps, et ce, jusqu’à trois heures du matin. Je ne pouvais plus dormir. Puis j’ai commencé à reprendre cette pilule, car je n’avais pas le choix si je voulais dormir. Maintenant, j’en suis à onze heures de sommeil et c’est long. J’ai tellement hâte de moins dormir, mais j’ai été tellement longtemps sans dormir ! Ma psychologue me dit que c’est normal.

Le matin, quand les enfants sont partis pour l’école, je vais toujours me recoucher un peu, mais pas n’importe où : dans le sous-sol ! Comme il fait noir, c’est comme un bunker et je me sens en sécurité. Puis avant de m’endormir ce matin, je me demandais de quel sujet j’allais bien vous parler. Puis là, mon rythme cardiaque a augmenté, ma respiration était plus courte, etc. Donc je me suis dit ce matin, OK, arrête de penser et dors ! Il y a plein de sujets dont je vais vous parler, mais un jour à la fois. Pour m’aider avec ma blessure, j’ai appris à reconnaître mes signes physiques et cela m’aide à faire des choix pour améliorer ma situation.

Maintenant, comment conjuguer vie familiale avec tout cela ? Pas toujours évident, mais une chance que je ne travaille plus, car je ne pourrais pas m’en sortir, c’est certain.

Quand mon ti-loup d’amour de cinq ans me dit parfois avant de dormir qu’il a peur, devrais-je lui dire que moi aussi, j’ai des démons qui me hantent la nuit et tout lui raconter ? C’est sûr que non. J’essaie de le rassurer. Mais savez-vous quoi ? Je le comprends même si je suis un adulte. Car je sais ce que sont les démons de la nuit. Bonne nuit ! Je vous aime !

Carl Audet

Ce matin-là

<span style="line-height: 107%; font-family: 'Times New Roman','seri

Ce matin-là

 

Doux printemps, tu es arrivé. On t’attendait avec impatience depuis plusieurs mois, prétextant que tu nous aiderais à reprendre un peu de la motivation que l’hiver a su nous enlever avec son acharnement exemplaire. J’y ai cru. Et tu es arrivé. Mais cette année, comme depuis les deux dernières, ce que j’espérais éviter est à nouveau arrivé.

 

Mon enfant, mon sang, ma raison de vivre. Je sais que tu es fatigué, que l’année scolaire tire à sa fin. Tes activités sportives sont moins excitantes qu’elles l’étaient au début de l’année. Tu es fatigué. Tu es épuisé. Tu me répètes que non, mais mon cœur le sait pourtant si bien. Je le sais parce que tu changes. Comme à chaque début de printemps. On peut mettre le blâme sur plein de facteurs différents. Ton déficit d’attention, ton hyperactivité, ton opposition, tes difficultés scolaires et j’en passe. Mais moi, ta maman, je le sais que oui, cela en fait partie, mais que ce n’est pas tout. J’anticipe depuis deux ans cette période‑ci de l’année. J’anticipe tes comportements violents, tes rages, tes colères démesurées. Alors que le soleil fait du bien à la majorité des gens, toi, ton petit corps réagit différemment.

 

J’ai mal ce matin. Tu as décidé, sous un prétexte encore inconnu à mes yeux, d’exercer une certaine forme d’autorité dans la maison. Tu as décidé que tu devais gérer la famille, faire ce que bon te semblait quand tu le désirais. Parce que je suis l’adulte et toi l’enfant, je dois continuer à exercer mon autorité. Mon autorité, ma conscience, mon amour pour toi ne te donnent en aucun cas la chance de me frapper, de m’insulter et encore moins de me blesser. J’ai souvent acquiescé à tes excuses en me disant que c’était un cas isolé. J’espérais que cela ne se reproduirait plus.

 

Puis, ce matin, je porte des marques sur mon corps. Des marques de violence qu’un enfant, que MON enfant, m’a laissées avant de partir à l’école. Ta venue au monde m’en a pourtant laissé plusieurs visibles et celles-ci ne m’importunent pas du tout. En revanche, celles dont je parle aujourd’hui ont une tout autre portée. Elles me font mal à l’âme. Mon cœur se tord et je ne peux m’empêcher de pleurer. Je ne peux accepter que tu me blesses. Je ne peux accepter ton manque de respect. Je ne peux accepter la terreur que tu sèmes dans la famille. Je ne peux accepter tes excuses, comme on essuie un dégât sur le plancher.

 

Ce matin‑là, j’ai dû prendre une décision. J’ai dû faire plusieurs appels à différents organismes afin de trouver des solutions, temporaires ou permanentes. Ne cessant de pleurer, je me demande encore si c’est la bonne chose que j’ai faite. Je t’aime tellement et je ne veux tellement pas que mes actions bouleversent ta vie. Mais mon amour, tu as besoin d’aide. Tu as tellement de belles choses à accomplir devant toi. Ta rage, ta haine, il faut les ranger. Il faut les évacuer, mais surtout apprendre à les gérer. Peu importe les gens que la vie mettra sur ta route, les échecs que tu rencontreras, les réussites que tu obtiendras, tu dois garder la tête haute et persévérer. Je le sais et toi-même, tu sais que tu es capable d’accomplir de bien belles et grandes choses.

 

Ce matin, je n’arrive pas à travailler. Je n’arrive même pas à me concentrer. J’ai surtout besoin d’évacuer ma peine à ma manière. Vivre avec un enfant violent, c’est inquiétant. Ce l’est pour nous les parents, mais aussi pour toi, pour ton avenir, pour ce que la vie te réserve. Accepte l’aide que nous voulons t’offrir, aide-toi à devenir une meilleure personne. Apprends. Souris à la vie.

 

Avec tout l’amour que j’ai pour toi, avec toute la reconnaissance que j’ai de t’avoir dans ma vie, unissons‑nous pour contrer tes petits démons.

 

Je t’aime

 

Eva Staire