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Un bien pour un mal – Texte : Eva Staire

Depuis plusieurs années, je la tassais dans un petit coin. Je faisais comme si elle n’existait pa

Depuis plusieurs années, je la tassais dans un petit coin. Je faisais comme si elle n’existait pas en moi… Et pourtant, elle avait sa place au chaud. Au même titre que mon cœur, mes bras, mes yeux, elle faisait partie de mon moi.

Cela m’aura pris une trentaine d’années pour la découvrir, trois ruptures, trois enfants. Mais cette dernière rupture fut et demeure la plus difficile. Car c’est « elle » qui l’a précipitée !

Un doux matin, après une soirée cauchemardesque à se disputer, mon anxiété a pris le dessus sur ma tête et mon cœur, et a décidé de mettre un terme à une relation, certes remplie d’embûches, mais ô combien importante à mes yeux sans me consulter.

C’est ce qu’il fallait pour que je me rende compte que j’avais peut-être besoin d’aide extérieure, de ces petites pilules magiques que j’avais toujours refusé de prendre.

Depuis cette prétendue magnifique journée de juin, mon monde s’est éclairci par rapport à ces moments de stress que je n’arrivais jamais à contrôler, mais a laissé la place à un grand vide indescriptible.

Car j’ai perdu un ami, un amour et mon plus grand complice.

La vie est malheureusement ainsi faite, un bien pour un mal.

Un élément positif pour un élément négatif.

Un bien-être mental pour une peine d’amour qui fait du mal.

J’ose rêver à cette journée où le soleil sera toujours présent, où mon anxiété sera contrôlée, et je souhaite que cet amour revienne malgré tout le mal que j’ai pu causer.

Chose certaine, je suis heureuse aujourd’hui d’être capable de vivre avec cette anxiété au lieu de vivre dans le déni. De mettre des mots sur mes sentiments, sur mes états d’âme.

Un petit pas à la fois, mais chaque pas est de plus en plus grand.

 

Eva Staire

 

J’ai mal à mon corps, mon corps postnatal

J’ai mal à mon corps. Mon corps postnatal de presque 3 mois.

J’ai mal à mon corps. Mon corps postnatal de presque 3 mois.

J’ai mal à mon corps de maman. Avant, il était de femme. Maintenant, il me semble n’être que tristesse et désolation. Tout pend par en bas. Mes seins sont aussi bas que mon estime. Sauf en montée de lait. Dans ces cas‑là, j’ai les seins durs comme le roc, hauts comme l’Empire.

Pourtant, il a créé la vie, ce corps. Il a porté la vie et donné la vie. Deux fois et demie plutôt qu’une. Mais ce soir, assise dans le salon, les joues en larmes avec comme bruits de fond le mobile des enfants et mes pleurs étouffés, je ne peux que penser au fait que ce corps‑là n’est pas le mien. N’est plus le mien. Comme si je l’avais emprunté.

Qu’on me rende mon corps d’avant. Celui qui n’avait pas connu la douleur des courbatures de la grossesse ni celles de l’accouchement. Celui qui n’avait jamais pensé changer autant de forme et de texture, malgré tous les sévices subis. Parmi toutes les horreurs qu’il aura vécues, ce choc est le plus gros connu, celui qui a laissé le plus de traces. Qu’on me rende ce corps‑là qui avant me semblait si imparfait, mais qui me semble maintenant l’exemple à retrouver.

J’ai mal à mon corps. Celui que je regarde avec dégoût. Celui qui pendouille. Les cuisses qui frottent, les bras trop mous et la bedaine qui passe par-dessus bord. Oh hé matelot, on a attrapé le gros lot.

J’ai mal à mon corps. Ce corps‑là qui a craqué sous la pression des bêtes qui poussaient en moi. Celui que je dois regarder et crémer sans pleurer. Celui que mes enfants réclameront du bout de leurs cris. Celui qui fut jadis celui d’une amante sans limites.

Je sais bien que des milliers de femmes prendraient mon corps et les enfants qui vont avec sans broncher. Pour elles, je suis sincèrement désolée. Mais n’empêche que ce soir, j’ai mal à mon corps.

Kim Boisvert

« Maman… J’ai peur qu’il arrive quelque chose à mon frère »

J’ai eu mes premiers enfants « back à back », comme on dit. Je vou

J’ai eu mes premiers enfants « back à back », comme on dit. Je voulais des enfants rapprochés, parce que… En fait, je ne sais pas trop pourquoi… Peut-être que je pensais qu’ils allaient être plus proches les uns des autres. Peut-être que je pensais que ce serait plus facile de suivre les mêmes étapes ensemble. Peut-être aussi que je voulais juste en finir très vite avec l’étape des couches et des nuits blanches… Bref, j’ai eu mes enfants sur une courte période.

Puis, dix ans plus tard, la vie a décidé de nous faire une belle surprise ! Notre tout dernier bébé est donc né, en parfaite santé, avec ses grosses bajoues et ses sourires éternels. On a donc la chance de vivre aussi l’expérience d’avoir des enfants avec un grand écart d’âge. Et c’est une grande opportunité de pouvoir vivre les deux !

Les plus grands s’occupent aussi du bébé. Ils changent des couches, le bercent, lui chantent des berceuses, etc. Mais, ils s’inquiètent aussi pour lui…

Hier soir, ma grande fille pleurait dans son lit. Quand je me suis approchée, elle s’est lovée dans mes bras et s’est confiée à moi : « Maman, j’ai peur qu’il arrive quelque chose à mon petit frère… ». Elle pleurait à chaudes larmes… Elle avait peur qu’il tombe malade, qu’il se fasse enlever, qu’il arrête de respirer, qu’on le perde quelque part, qu’il meure…

Mon premier réflexe, ça a été de rationaliser son émotion. Je lui ai dit que son frère était en pleine santé, qu’on prenait bien soin de lui, qu’on le surveillait toujours et qu’il n’arriverait rien. Puis, j’ai réalisé à quel point ce que je venais de lui dire manquait terriblement d’empathie. Parce que je comprends aussi qu’elle ait peur de le perdre. Au fond, c’est surtout une grande preuve d’amour pour son frère, et c’est vraiment beau à voir.

En plus, comment je pouvais lui promettre qu’il n’arriverait jamais rien à son frère ? Comment moi-même je pourrais être certaine de ça ? Évidemment, on prie tous pour qu’il n’arrive jamais rien de mal à nos enfants. On ne veut même pas penser aux atrocités qui arrivent à des petits cocos innocents… Mais ma grande fille a aussi raison quelque part, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver et que c’est vrai que la vie est très fragile.

Mais hier soir, je ne pouvais pas montrer ce petit doute à ma fille. Parce qu’elle avait besoin d’être rassurée, rien de plus. Alors j’ai été honnête en lui disant que moi aussi, j’avais parfois peur qu’il arrive quelque chose à mes enfants, et que c’était mon rôle de maman de m’inquiéter pour eux. Mais je lui ai aussi menti ce soir‑là. Parce que je lui ai fait la promesse que rien de mal ne leur arriverait jamais… Une promesse que je sais que je ne peux pas tenir à moi seule. Mais une promesse qu’elle avait besoin d’entendre pour pouvoir s’endormir en paix…

Je réalise que le plus grand écart d’âge entre les enfants, ça vient aussi avec son lot de défis. La maturité des plus vieux vient aussi avec des réflexions comme celles‑ci… Mais bon, il n’y a pas de recette idéale ni de parole toute faite. Il y a juste des parents qui font de leur mieux !

Alors, que vos enfants soient rapprochés en âge, ou au contraire, qu’il y ait un grand espace entre eux, sachez qu’aucune formule n’est plus facile que l’autre. Chaque âge vient avec ses avantages et son lot de défis. On les aime fort, on doute de nous, on fait de notre mieux, et parfois, on leur ment, pour leur bien… Et on continue d’espérer qu’on en fera des adultes épanouis et heureux !

Joanie Fournier

Cette douleur qui ne me quitte pas!

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Que j’aimerais retrouver mon corps de vingt ans! Ce corps qui ne me faisait pas souffrir. Ce corps que j’ai oublié parce que chaque jour, il me portait où j’avais envie d’aller. Retrouver ce corps qui peut se lever de son lit, de sa chaise ou de son sofa sans souffrir.

Je suis là, je souris! Je fais semblant que tout va bien, que ça va passer. Mais la douleur est là, constante, chaque jour de mon existence. Même la nuit, la douleur me réveille, m’habite, m’envahit. Cette douleur physique, creuse. Ces fourmillements dans mes jambes, ces douleurs dans la colonne qui m’empêche de me tourner comme j’ai envie.

Chaque matin, difficilement, douloureusement, je me lève. Je me lève avec le sourire, car je suis bien là! Je souffre certes, mais je suis là. Là pour mes deux rayons de soleil. Là pour tous ceux et celles qui en ont besoin. Mais moi, moi, qui est là pour moi? Moi qui souffre en silence chaque minute, chaque seconde.

Je les amène ici, je les amène là! Allez maman, viens avec nous dans ce manège! Tu as peur maman? Non, maman n’a pas peur, maman a mal. Et si elle monte dans ce manège, elle aura encore plus mal! Pourquoi, maman, on ne va pas faire une randonnée en vélo? Parce que maman ne peut pas faire de vélo, la douleur serait trop intense.

Et je suis là à accumuler les kilomètres, ces kilomètres sans lesquels je ne marcherais probablement plus. Sans lesquels la douleur dans mon corps serait encore plus intense. Mais quel est donc ce mal qui me ronge? Ce mal inexplicable, incompréhensible pour ceux qui ne le ressentent pas. Ce mal caché derrière ce sourire, derrière ces belles paroles et ces encouragements. Derrière cette compassion. Mais moi, moi, est-ce qu’un jour on me comprendra?

 

Annie Corriveau

Je suis tannée des débarques!

Elles arrivent sans prévenir, zip, zop, plouf, bing, bang, outch! Je suis tannée de prendre des dÃ

Elles arrivent sans prévenir, zip, zop, plouf, bing, bang, outch! Je suis tannée de prendre des débarques!

T’sais la glace… qui se cache sous une fine couche de neige, qui s’invite dans les marches devant la maison, qui envahit les trottoirs…

T’sais le chien… Qui a vu a un écureuil alors que tu jogges avec lui au bout de sa laisse et qui décide de bifurquer sans prévenir…

T’sais la marche que tu manques… Celle que tu n’as pas vue parce que tu as trop de choses dans les mains ou de trucs dans la tête…

T’sais le trou dans la chaussée… Celui qui n’était pas là hier… Il y en a un, un seul… et c’est TA cheville qui se tord dedans…

T’sais l’eau… glissante sur le bord de la piscine quand tu trottines pour aller admirer ta progéniture faire son plongeon…

T’sais la chaise… Quand tu te balances et que tu es trop confiant… T’sais…

T’sais, ce moment où tu sens ton pied partir, ton corps suspendu dans les airs pendant quelques fractions de seconde si longues et t’sais… ouin tu sais… que la douleur va surgir… que tu vas t’écraser lourdement dans ce bruit sourd…

Alors, sans raison logique, tu protèges la chose la plus importante là, maintenant… ton cellulaire! T’sais… Tu as la main explosée, le coude broyé, la hanche pulvérisée, mais ton téléphone est correct : ouf!

Et là, c’est la panique. Regarde à gauche. Regarde à droite. Et vite, tu te relèves en espérant que personne n’ait vu ça! Tu marches tout croche… T’sais…

Et tu te demandes comment tes enfants font pour tomber aussi souvent et se relever top shape! C’est pas juste!

Je suis tannée de prendre des débarques!

 

Gwendoline Duchaine