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L’annonce de la fin du monde

La marche historique du 27 septembre dernier avait pour but de réc

La marche historique du 27 septembre dernier avait pour but de réclamer des actions réelles auprès des gouvernements, en vue de la situation climatique urgente de notre planète. Pour l’occasion, je me suis assise pour une discussion sérieuse avec mes enfants de 4, 6 et 9 ans. Je leur ai annoncé la fin du monde. Et ce qui m’a le plus frappée dans cette discussion, c’est surtout le fait que mes enfants ignoraient jusqu’à l’existence de la problématique…

Comment se fait-il que l’école leur enseigne les bases de toutes les cultures et religions, les modes de vie des premiers Amérindiens et les planètes du système solaire… et ce, avant même qu’ils sachent ce qui se passe ici et maintenant sur la planète sur laquelle ils vivent? Je ne comprends pas. L’état de notre planète et les conséquences prévisibles des changements climatiques sont connus depuis des dizaines d’années et prouvés scientifiquement. Comment se fait-il que nos jeunes enfants ne soient pas encore au courant? Est-ce vraiment souhaitable d’attendre l’adolescence pour leur en parler? Ce fameux moment de leur vie où ils se sentent invulnérables et qu’ils défient l’autorité? Ça ne fait pas de sens… Je pense que c’est justement au début du primaire qu’on doit leur parler de l’importance des actions à poser. Au moment où ils sont encore prêts à écouter…

Si nos plus jeunes étaient sensibilisés, ils exigeraient des changements dans chacune de leurs maisons. Ils refuseraient que leurs parents mettent des sacs en plastique dans leurs boîtes à lunch. Ils refuseraient de manger des fromages emballés dans des plastiques individuels. Ils exigeraient des gourdes réutilisables et bouderaient les jus en boîtes jetables. Ils commanderaient des bacs de compost dans chaque école et dans chaque cuisine. Ils imposeraient des changements à la base même de la société, dans chaque famille.

J’ai dû annoncer à mes enfants la fin du monde. Et si vous me trouvez trop alarmiste, je vous invite à lire ce que les scientifiques en disent… Mes enfants m’ont demandé pourquoi tous les parents du monde n’essayaient pas de changer leurs habitudes. Et je leur ai répondu ce que je considère être la vérité : parce qu’ils attendent tous que le gouvernement leur impose ces changements.

On attend qu’il soit interdit de vendre des sacs de plastique. On attend que le compost soit obligatoire. On attend que le gouvernement rappelle toutes nos voitures pour exiger des voitures électriques. On attend que le supermarché n’offre plus de viande. On attend que le changement nous soit imposé. Et vous savez quoi? Le jour où le gouvernement va (enfin!) se décider à les imposer, la population va encore se plaindre.

Une adolescente de 16 ans nous force à nous lever de nos chaises et à aller marcher ensemble. Et encore là, plusieurs trouvent le moyen de la critiquer. Elle nous incite à paniquer et elle a totalement raison. J’ai annoncé la fin du monde à mes enfants et je leur ai dit que si rien ne changeait, ils vivraient la fin de la Terre telle qu’on la connaît. Et si par chance, certaines actions sont prises, et bien peut-être que ce sont leurs enfants ou leurs petits-enfants qui verront la fin… Je ne comprends pas pourquoi je devrais leur cacher une information aussi importante pour leur avenir…

Attention. Personne n’est parfait. Moi la première. Je pourrais faire mille actions supplémentaires dans ma propre maison pour aider la planète à respirer quelques années de plus. Et justement, c’est en sensibilisant mes propres enfants que je vais réussir à changer mes habitudes. Des choses que je fais encore par paresse, ou par habitude. C’est en ouvrant les yeux de nos enfants qu’ils nous aideront à changer, à évoluer, à préserver.

Et c’est de leur avenir, de leur vie, dont il est question. Pourquoi attendre que le gouvernement nous demande de changer?

Joanie Fournier

 

Ils marchent pour leur avenir

Le 15 mars aura lieu un mouvement mondial, soutenu et initié par no

Le 15 mars aura lieu un mouvement mondial, soutenu et initié par nos enfants. Au nom de l’environnement et de leur propre survie, ils ont décidé de crier haut et fort dans les rues du monde entier. Il est temps de les écouter!

Ils ne sont pas dupes, ils comprennent trop bien l’enjeu planétaire qui se joue devant leurs yeux. Ils ont été élevés avec le discours sur le réchauffement climatique, sur les animaux en voie de disparition, sur la pollution et les catastrophes naturelles. Et qu’avons-nous fait? Rien, alors ils prennent les devants.

Ils sont conscients des enjeux. Pour eux, ce n’est pas seulement une journée pour ne pas aller à l’école, c’est une véritable grève qui prend de l’ampleur partout dans le monde. Est-ce leur rôle de tirer la sonnette d’alarme? Est-ce leur rôle de manquer l’école? N’ont-ils pas mieux à faire, nos enfants? Juste être enfant, et profiter de la vie… non, car nous n’avons pas su les protéger, leur promettre un avenir décent. Ils doivent manquer l’école pour espérer avoir une planète, un endroit où vivre, où survivre. Ils envoient le message que l’école ne servira à rien s’il n’y a plus d’humains pour y aller.

Le 15 mars, la jeunesse appelle, non seulement les enfants et les étudiants, mais aussi les parents, les grands-parents, les travailleurs à se joindre à eux. Ils nous renvoient un message, un message d’espoir, de courage, de détermination, de résilience, mais aussi de peur et d’urgence. Répondons à l’appel de nos jeunes, et je dis « nous » : citoyens, consommateurs, industries et surtout gouvernements.

Je les trouve inspirants, j’en ai des frissons, pas vous? Accompagnons-les, car ils n’ont pas envie de vivre dans l’inaction, ils ont choisi leur camp! Qui a dit qu’ils n’avaient pas de conscience politique, écologique et sociale? Voici que vous vous trompez, chers pessimistes, la relève se met en branle. Ils ont décidé de se battre pour leur futur, par conviction, mais aussi parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Ils sont rendus là, à un point de non-retour à cause des choix et des lois du passé.

En tant que parents, nous voulons tous le meilleur pour nos enfants, alors il est aussi temps de se lever et de marcher avec eux, main dans la main. Que voulons-nous léguer? Quel exemple donnons-nous? Ces jeunes m’inspirent, ces jeunes me donnent envie d’y croire, de croire en un monde meilleur. Ils sont les citoyens de demain, ils seront nos politiciens, nos scientifiques, nos prix Nobel…

Ils se battent pour faire changer les lois, pour mettre en Å“uvre des projets sociaux, éducatifs et environnementaux. La transition environnementale a commencé, portée par des enfants. Le défi est immense, mais vital ; aidons-les. Je ne pense pas que c’est terminé, ils ont la volonté et j’espère le pouvoir de faire changer les choses. Ils sont cette génération qui dit non au plastique, qui mange bio et qui utilise les transports en commun, qui refuse l’huile de palme, le cuir, la viande… C’est cette génération qui veut faire du bénévolat, qui veut aider son prochain, sauver les baleines, les orangs-outans… Ce sont des enfants de leur époque!

Marchons ensemble le 15 mars, mais aussi tout le reste de l’année. Nos gestes, nos actions et nos choix peuvent faire la différence.

J’ai envie de terminer ce texte par une chanson bien connue et reprendre ces paroles : « On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter… »

Gabie Demers

 

Tirer la couverte

Bien avant 8 h un matin de semaine et la plage est presque déserteâ

Bien avant 8 h un matin de semaine et la plage est presque déserte…

Une marche en solitaire. Le sable humide qui croustille sous chaque pas. Le petit crochet pour éviter la vague taquine. Quelques joggeurs. Des couples de tous âges. La main enlaçant amoureusement… leur café.

Je marche toujours d’un pas rapide. J’aime marcher. Encore plus à la plage. Là où tout a le goût de la mer. Est la mer. Ma tête tente de se noyer. De se perdre. À l’infini de l’horizon. Un endroit public d’évasion. Qui ne devrait appartenir à personne. Ou totalement à tous.

J’aime bien le concept des Premières Nations. Tenter de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure. Vivant ou non. Communiquer avec le vent, les arbres, les rivières.

Qu’il est alors impensable de vouloir se les approprier.

Cette plage, je la connais de mieux en mieux. Sur toute cette heure de marche. La section motelisée qui laisse place aux maisons louées. Évidemment, de moins en moins de gens. La langue qui change. Jusqu’à la rivière qui fait légère barrière. Qu’on peut traverser, si les idées sont encore trop prenantes.

Mon esprit d’enfant vagabonde. Cherche le trésor. Cette bague ou ce bijou. Perdu ou égaré volontairement… Quelques saluts retournés. Même si je constate la tendance. De moins en moins de cette attitude débonnaire. Le Good morning! donné sans attente. Sans doute disparu lui aussi avec l’effondrement des tours jumelles.

Presque au point de rebrousser chemin…

Des immenses bâches bleues. Une superficie au sol plus grande que celle de ma maison. Juste devant un passage d’accès à la plage. Un mur érigé hâtivement au petit matin. Un message clair. Évidemment, pas d’âme qui vive pour affronter mon incompréhension.

Une manière de crier. Moi! Un égoïsme qui fait frémir.

Oh, il avait déjà débuté depuis des années. Par le placement judicieux des chaises de plage. Une belle rangée. Une clôture. Un pipi de chien qui se voit bien.

Mon cerveau repart, où je tentais de le perdre. J’y réfléchis. Je vois le futur. L’idée reprise par la majorité. Ma marche en zigzaguant au travers des minces espaces laissés entre les toiles. Ces imbéciles qui devront se lever de plus en plus tôt pour gagner la course. L’autre qui devient un antagoniste. La tension.

Tout ça pour des vacances? Pour ce moment privilégié de se ressourcer. De débrancher. D’avoir des instants de zenitude…

Peut-être qu’ils devront se réglementer. D’autres directives imposées pour combler le vide. Celui de l’intérieur. De la tête et du cœur.

Avec l’âge, je rejette de plus en plus les principes de «croissance personnelle». Ceux submergés de Likes. De ce que je perçois, ça va très bien de ce côté. La satisfaction de ses besoins individuels. Le moi avant toi. Avant vous et parfois, même, avant nous.

Par simple culpabilité, le mauvais exemple est donné aux enfants. Ces petits rois. Qui resplendissent joyeusement de cette arrogance.

Volontairement incontrôlée. Une génération qui n’aura aucune difficulté à suivre. Jusqu’à ces marques de pas sablés sur ma serviette.

L’exemple nécessaire, je vais continuer de le donner aux miens. Respect des autres. Partager le bien commun. Ne laisser aucune trace.

Chacun doit faire sa petite différence. Se joindre à chacune des vagues. Ouvrir ses sens. Être là, maintenant. Goûter le bonheur.

J’espère que nous serons de plus en plus nombreux à propager ce plaisir solitaire, contre vents et marées…

michel

 

La vie devant soi

Dans quelques jours maintenant, je m’envolerai seule vers l’Espa

Dans quelques jours maintenant, je m’envolerai seule vers l’Espagne. J’irai marcher pendant quarante‑deux jours sur les chemins de Compostelle. Quarante‑deux jours de marche pour mes quarante‑deux ans. C’est un heureux hasard ou la synchronicité qui se poursuit. J’ai choisi deux caminos pour la mer et ses montagnes, soit le Del Norte et le Primitivo. Je laisse derrière moi mon amoureux, mes trois enfants, ma famille et mes amis. Ils m’accompagneront toutefois dans mon cœur et dans ce que je suis.

Pourquoi je pars? Bien des gens m’ont posé la question avant même que je me la pose moi‑même. À dire vrai, je ne sais pas vraiment. Je sais toutefois que je ne pars pas pour les mêmes raisons qu’il y a quelques années alors que j’avais décidé d’entreprendre cette aventure. J’aurais envie de répondre qu’aujourd’hui, je pars parce que je veux découvrir cette côte nord de l’Espagne et ses paysages magnifiques, parce que je veux m’imprégner de ses cultures locales et m’ouvrir aux rencontres, parce que j’aime marcher tout simplement et qu’il y a assurément un défi personnel physique à ce parcours qui me semble tout sauf facile. Ça semble manquer un peu d’introspection à mon grand désarroi, mais c’est comme ça. Il y a probablement d’autres raisons inconscientes et des réponses qui se pointeront le nez au tournant d’un chemin. Pour le moment, ça n’a aucune importance.

Puis, on me demande : tu n’as pas peur? À vrai dire, autant je ne connais pas toutes les raisons qui m’appellent là‑bas, autant je peux vous nommer les peurs innombrables qui m’habitent. Ces peurs étaient inexistantes il y a quelques mois, mais plus la date de mon départ approche, plus je me sens anxieuse. Je n’ai jamais voyagé en Europe. Je ne connais pas les escales et les transferts d’avion. J’ai donc choisi deux escales soit à Paris et Amsterdam afin de dépasser ces peurs et me permettre de visiter les alentours un peu, puis je reviendrai par le Portugal. J’ai aussi peur de ne pas trouver d’endroit où dormir, j’ai peur de perdre mon passeport, mon argent ou pire, de me faire voler; j’ai peur que quelque chose arrive à mes proches alors que je serai trop loin, j’ai peur de me blesser et de ne pas terminer mon voyage, j’ai aussi peur, et de l’écrire me terrifie, de ne pas revenir. Mais oui, oui, je reviendrai.

Et au‑delà de ces peurs, au‑delà de ne pas connaître toutes les raisons m’emmenant vers Compostelle, je partirai. Je partirai heureuse de découvrir une autre partie du monde et de réaliser un rêve, le mien. J’irai user mes bottines dans quatre pays différents et je garderai les yeux grands ouverts devant toute cette beauté de l’inconnu. Je partirai en étant qui je suis, avec le meilleur de moi‑même et avec ma zone d’ombre. Je travaillerai mon anxiété et par le fait même mon lâcher‑prise. Je me ferai confiance, ferai confiance à ceux que j’aime et à la Vie.

Merci à mon amoureux et à mes enfants qui laissent partir leur femme ou leur mère pour qu’elle marche sa douce folie. Merci de me laisser partir sans que je me sente trop coupable et de m’accompagner dans mes rêves à moi. À vous mes amours, ma famille, mes amis et à vous qui lisez ces quelques lignes, je vous souhaite de réaliser vos rêves. Aujourd’hui, demain ou bientôt.

Isabelle Bessette