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Questions faciles… ou pas!

Une de mes ados a peur de prendre des initiatives. Peur de se trompe

Une de mes ados a peur de prendre des initiatives. Peur de se tromper, peur des conséquences. Depuis qu’elle est toute petite, elle est abonnée aux « et si ».

-Et si ça ne fonctionnait pas ?

– Et si je me faisais chicaner?

– Et si j’avais l’air folle?

– Et si je me trompais?

– Et si je me blessais ?

– Et si je dérangeais les autres ?

– Et si… tout.

Dans le temps, tout ça avait dégénéré jusqu’aux phobies. Multiples. Chats, chiens, fourmis, noirceur, feuilles d’arbres, papillons, tapis, flocons de neige, alouette.

On a travaillé fort (extrêmement fort) ensemble, et elle a réussi à en venir à bout. Ne reste que les piqures, mais quand même, elle progresse.

Par contre, on travaille encore sur les initiatives.

– Maman, est-ce que je peux boire de l’eau ?

Qu’est-ce que je suis censée répondre à ça ?

– Non, ça coûte trop cher. Je préfère que tu te déshydrates.

J’ai établi une règle : l’eau, c’est à volonté. Sauf peut-être dans la douche. Après trente minutes, on coupe.

– Maman, est-ce que ça, c’est du jus ?

Dit-elle en tenant la cruche transparente contenant un liquide jaune couleur… jus d’orange.

– Non, c’est mon test d’urine.

– Ben là, tu aurais pu faire un cocktail full alcool!

– Tout à fait. Étant donné que je bois de l’alcool trois fois par année, c’est réaliste. Je l’aurais certainement placé dans la cruche de jus des enfants, dans la porte du frigo pour être certaine que tes petits frères en boivent en se levant le matin.

– Ça veut dire que je peux en boire ? Je serai pas saoule

– Je te laisse essayer. Au pire, je vais te ramasser.

Mais encore là, elle progresse. Parfois, au retour de l’école, elle me texte :

– Aimerais-tu que je prépare le souper avant que tu arrives ?

– Euh… je serais folle de dire non ! Merci !

Ou encore mieux, elle m’accueille à mon retour avec un câlin et une plaque de biscuits encore tièdes :

– Ça me tentait de cuisiner. Chocolat blanc et noix de macadam, ça te va ? Et oui, j’ai ramassé ma vaisselle.

– Alléluia !

On passe d’un extrême à l’autre, mais on avance.

Il arrive encore que j’aie droit à des questions disons… inutiles?

– Est-ce que c’est correct si je vais faire mes devoirs?

– Nnnnnnnnnnnnoooooooooooooonnnnnnnnnnnnnn ! Fais pas ça, c’est dangereux ! Tout d’un coup que tes profs l’apprennent !

Bon, ok, j’abuse un peu du sarcasme. J’essaie quand même de comprendre la peur qui sous-tend toutes ses questions, mais jusqu’à maintenant, c’est l’humour qui a le plus aidé.

Il faut l’avouer, ses questions apportent un bel équilibre avec les questions de mon autre ado :

– Maman, qu’est-ce que ça veut dire, libido ?

Quelles sont les questions faciles (ou pas) que vos enfants vous sortent ?

 

Nathalie Courcy

 

Mais moi j’ai peur…

On a tous nos peurs et nos craintes, nos phobies. Certaines prennent

On a tous nos peurs et nos craintes, nos phobies. Certaines prennent plus de place dans nos vies que d’autres. Avoir peur des araignées, des serpents, des guêpes et des abeilles, tout le monde peut comprendre et respecter. Par contre, lorsqu’il s’agit de la peur des animaux domestiques, c’est autre chose. J’ai grandi avec une maman qui a une peur extrême de tous les animaux. Chats, chiens, oiseaux, écureuils, tous. Tellement peur qu’elle ne peut se contrôler.

Ma mère a tellement peur qu’elle s’empêche de faire beaucoup de choses. Pour elle, aller prendre une marche seule, c’est impossible. Trop de chiens laissés sans laisse. Quand ma fille était bébé, ma mère est allée la promener dans sa poussette. Un voisin était chez lui avec son chien. Le chien s’est mis à courir vers ma mère. Elle a lancé la poussette sur le chien et s’est sauvée. Bien sûr, j’étais dehors et j’ai vu la scène. Je suis accourue pour aller récupérer ma fille. Depuis, ma maman ne sort jamais seule pour se promener.

Je suis une coureuse et je passe beaucoup de temps sur les pistes cyclables de ma ville. J’en croise des gens qui promènent leur chien. D’ailleurs, cette semaine, je me suis fait attaquer par un doberman en laisse. À quelques mètres du chien, je voyais bien que celui‑ci était sur ses gardes, bien droit, les oreilles dressées. Les deux maîtres, sur leur cellulaire, ne regardaient pas ce qui se passait. Une fois passé, le chien a sauté sur moi par-derrière. Comme je m’y attendais, j’ai crié très fort et je suis partie à courir plus vite. C’est bien beau que ton chien soit en laisse, mais avec une laisse de quinze pieds, si tu ne le surveilles pas, c’est ce qui arrive. J’ai eu la peur de ma vie, j’en ai tremblé pendant plus d’une heure après.

Quand ma fille était plus jeune, elle était craintive des chiens, même des plus petits. Souvent, quand un chien s’approchait d’elle et qu’elle se mettait à crier, les propriétaires avaient tous le même discours : « Il n’est pas malin! » Ayant eu un chien dans le passé, je sais très bien que même si tu penses que ton chien n’est pas « malin », ça reste un animal qui peut attaquer en tout temps. Un animal, quel qu’il soit, est imprévisible alors s’il vous plaît, propriétaires d’animaux, respectez les gens lorsqu’ils vous disent qu’ils ont peur. N’oubliez jamais qu’on a tous une peur quelconque et qu’il faut se respecter. La liberté de chacun finit où celle des autres commence.

Annie Corriveau

Phobie, nous te vaincrons !

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivale

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivalent d’un missile-laser-longue-portée-nucléaire. L’idée de recevoir un vaccin ou de devoir faire une prise de sang l’angoisse profondément, la fait hyperventiler, la plonge dans l’insomnie, lui donne des maux de ventre et de tête, lui fait faire des cauchemars. Même si elle essaie de se calmer le pompon. Mais aujourd’hui, elle a vaincu.

Retour en arrière.

Petite, grande Peanut accumulait les phobies comme une fillette collectionne les autocollants. C’était devenu impossible de sortir, de voir du monde, d’exister. Mais on le faisait quand même. À petites doses, progressivement. Je ne voulais pas qu’on reste prises dans le duo « fuir ou combattre ».

On en a fait, des mini pas de bébé pour que les choses s’améliorent. Au début, ça s’améliorait parfois et ça dégénérait souvent. Mais à la longue, on a fini par apercevoir un semblant de lueur entre deux séries d’orages.

Quand le temps est venu de recevoir les vaccins de quatrième année du primaire, on a établi un plan de match avec l’infirmière du CLSC. Elle avait bien vu, à l’école, que le cas était sérieux. On ne parlait pas ici d’une peur normale, même pas d’une peur anormale. On parlait d’une vraie phobie. Une peur démesurée, incontrôlable, créée par un sentiment que sa vie est menacée et que la souffrance sera immense et éternelle. Doudou, toutou, musique, Au clair de la lune, bouteille d’eau, visualisation, faire des jokes pour changer les idées : tout y a passé. Ça a pris trente minutes, elle a hurlé, pleuré, essayé de se sauver. Mais on a réussi. Ensemble. Et elle était fière d’elle. Elle avait survécu (littéralement, puisque telle était sa peur), et elle pouvait construire là-dessus pour la fois suivante.

On a célébré ce progrès. Il faut dire que la fois précédente, il avait fallu se mettre à quatre infirmières, une maman et une couverture de contention pour faire une prise de sang. Et ben, ben de la volonté. J’avais perdu cinq livres juste en transpiration. Alors là, trente minutes et juste mes muscles pour la tenir, c’était un grand pas.

Revenons au présent.

Ma fille devait faire une prise de sang ce matin. À treize ans, elle comprend que c’est nécessaire. Elle comprend que ça pique une seconde et qu’elle n’en mourra pas (d’ailleurs, c’est elle qui fait la préparation mentale pour ses frères pour diminuer leurs peurs avant la vaccination). Elle comprend tout ça. Sa tête comprend tout ça. Sa tête connaît aussi tous les trucs pour se calmer, pour éviter d’avoir la patate qui veut sortir de la poitrine, pour dormir malgré l’angoisse. Elle sait qu’il n’y a pas moyen de fuir et que combattre rendra la prise de sang plus difficile, voire douloureuse.

Sa tête sait tout ça. Son cœur veut sincèrement que ça se passe bien.

Ce matin, donc, on arrive au CLSC pour la prise de sang. On s’y rend avant 7 heures pour lui éviter d’angoisser toute la journée. Elle a bu, elle a mangé. Elle respire. Elle a apporté sa musique et ses écouteurs, son livre, mais elle n’a pas la tête à ça. Dès qu’elle voit la porte de la clinique, son corps se raidit, prêt à fuir ou à combattre.

– Maman, je sens le stress monter. J’ai encore plus mal au ventre que la nuit dernière.

Dans la salle d’attente, elle est agitée, elle bâille. Elle se colle sur moi, apprécie que je lui caresse le dos. Elle redevient cette fillette qui collectionnait les autocollants. Elle parle peu, chose inhabituelle mais compréhensible.

– Numéro 515 ? Salle E8.

C’est le temps. Dans quelques minutes, ce sera chose du passé. J’ai même osé porter une jupe, tellement j’ai la certitude que je n’aurai pas besoin de la maintenir de force.

– Maman, j’ai pas envie. Ça va faire mal, je le sais. Pas aujourd’hui, un autre jour. Je suis pas prête. Je peux pas. Ça fait plus ou moins mal qu’un vaccin ? Peux-tu chanter pour moi ? Non, chante pas. Ça me stresse encore plus. Tiens-moi dans tes bras. Faut pas que je voie l’aiguille. Est-ce qu’elle est longue ?

Son cerveau vire dans le vide. Je peux imaginer les influx nerveux se bousculer et s’entrechoquer. Une collision d’heure de pointe. Elle lutte entre sa volonté de rester calme et de faire ce qu’il faut pour être en santé, son désir instinctif de s’enfuir de la clinique (au moins pour une minute, ou pour une journée… mais le lendemain, le stress serait encore plus présent) et son besoin de combattre ceux qui essaient de la piquer.

Un deuxième infirmier arrive. Il l’a entendue pleurer doucement.

– Salut, je m’appelle Jonathan ! Toi, c’est comment ?

Ma fille n’est même pas en état de se rendre compte que quelqu’un lui parle.

La bonne nouvelle, c’est que l’histoire se termine très bien, presque sans larmes. Sans cris.

Une infirmière a tenu sa main pour garder son bras droit, tout en douceur. L’infirmier Jonathan, pas intimidé du tout par sa phobie (« T’sais quoi ? Quand j’avais ton âge, moi aussi ça me faisait paniquer, les aiguilles. Pis r’garde maintenant, je suis infirmier. On peut tout le temps dépasser nos peurs. Heille, c’est super ! C’est déjà terminé ! En plus, tu as du beau sang rouge, même pas vert ! Bonne nouvelle, tu n’es pas une extraterrestre ! »), a piqué et fait les prélèvements tout en lui changeant les idées. Et moi, maman toujours prête, je l’ai prise dans mes bras en détournant sa tête (et la mienne !) de l’aiguille.

Et maintenant, si on se déplace dans quelques mois ou dans quelques années, je peux vous dire que la prochaine fois qu’elle devra se faire piquer pour un vaccin ou pour un prélèvement, elle fera ça comme une championne. Encore plus qu’aujourd’hui ! Parce qu’elle a appris. Parce que son corps apprend à gérer la menace et à la relativiser. Parce que l’empreinte d’une expérience positive (bien qu’inquiétante pour elle) se grave dans son cerveau. Parce que d’ici là, elle continuera de faire des baby steps et des pas de géants. Et elle vaincra sa phobie.

Pour lire d’autres textes qui parlent de l’anxiété de ma grande Peanut et de ses stratégies pour la vaincre :

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/non-ne-te-sauverai/

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/monsieur-zen-rencontre-miss-peur/

Nathalie Courcy

 

La peur qui m’a empêchée de conduire pendant 13 ans

Lorsque j’étais petite, j’ai été victime d’un accident impl

Lorsque j’étais petite, j’ai été victime d’un accident impliquant un homme, quelques bouteilles et une voiture. S’en sont suivies de bonnes blessures, dont je vous épargnerai les détails scabreux.

Chez moi, mes parents ne conduisaient pas. Du coup, durant mon enfance, je n’ai pas pris place bien souvent dans une voiture. Rendue adulte, j’ai voyagé parfois comme passagère. Mais je dois vous l’avouer, j’étais morte de trouille à chaque fois! Pire, le traumatisme le plus profond de mon accident aura été une peur panique, quasi viscérale, de conduire à mon tour.

En 2003, j’ai pris mon courage à deux mains, je suis allée faire mon examen théorique et je l’ai réussi du premier coup.

Oui, je suis suffisamment vieille pour avoir eu la « chance » de ne pas devoir suivre de cours « obligatoires » comme c’est le cas aujourd’hui…

Par la suite, chaque année, je renouvelais mon permis « d’apprenti ».  Je devais prendre mon temps, j’avais peur.  Cela aura duré treize ans!

Treize années où j’ai été incapable de conduire. Je savais le faire, mais mon corps entier se braquait. J’avais soudainement le Nil qui coulait dans mon dos!  Les dents me grinçaient et le cou me barrait! J’avais tellement peur! Les jointures blanchies à serrer le volant si fort. J’étais incapable de détacher ne serait-ce que mon petit doigt pour mettre mon clignotant!  Mon corps entier me disait qu’il était terrifié et tétanisé!

Durant ces treize années, je suis devenue mère, trois fois.  Comblée.  Mon époux étant sur la route, être piétonne n’était pas toujours aisé.  Alors, j’essayais de passer par-dessus mon traumatisme, sans succès.

Un jour, mon fils ainé m’a demandé pourquoi je ne conduisais pas. Je lui ai raconté. Il m’a écouté, empathique, comme il sait si bien l’être.  Il m’a même fait un gros câlin! Puis, me regardant droit dans les yeux, il me lança :

– Maman, tu as peur. Mais tu nous dis toujours qu’on doit passer par-dessus nos peurs! Pourquoi tu ne le fais pas ?

Dans ses yeux bleus, l’interrogation était complète et il avait bien raison! Alors, je lui ai répondu tout bonnement :

– Tu as raison mon chaton, on peut toujours combattre nos peurs, alors je vais conduire! Ça va me prendre du temps, mais je vais le faire! Je te le promets!

À partir de là,  je me suis forcée à conduire. Chaque fois que je prenais le volant, mon époux à mes côtés, les enfants restaient calmes. Puis, de temps en temps, une des trois petites voix chuchotait: « Bravo maman té bonne! »

À quelques reprises, en arrivant à destination, je suis sortie de la voiture, en laissant mon homme s’occuper des enfants, me sauvant toute tremblante. Je me sauvais pour pleurer. J’avais si peur! Chaque fois,  je revenais et mes trois amours m’entouraient de leurs beaux mots. Les mêmes mots que je leur répétais depuis leur naissance: « Bravo, je suis fière de toi, continue!  N’abandonne pas! »

Le 25 juillet dernier, je l’ai fait! Après treize ans et bien des pleurs, JE L’AI FAIT !  Mes enfants m’ont aidée, plus que quiconque, à passer cette peur. Aujourd’hui, je conduis, encore nerveuse, mais en contrôle.

Ce matin, mes deux ainés étaient à l’école. Nous étions, mon plus jeune et moi, en route pour faire quelques achats. Tout en conduisant, j’ai appuyé sur le bouton de la radio. Cela n’a l’air de rien, mais je n’ai jamais réussi à conduire avec la radio ouverte! Une seconde plus tard, mon petit homme de quatre ans me lance tout bonnement :

– Hey maman, tu as ton permis de radio ?!?

– Bha oui chéri d’amour, maman continue sa route.

Je n’arrive pas encore à sortir de ma ville, mais ça viendra…  Promis !