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L’Histoire dira si on s’est trompés – Texte : Nathalie Courcy

Treize années de guerre. 40 000 militaires canadiens sur le terrain. 165 Canadiens décédÃ

Treize années de guerre.

40 000 militaires canadiens sur le terrain.

165 Canadiens décédés.

Sans compter les traumatisés, les suicidés, les poqués.

Sans compter les familles à qui ils ont manqué, les enfants qui ont fêté leur anniversaire sans leur papa, sans leur maman pendant des années. Ou qui grandiront sans lui, sans elle.

Et maintenant ?

Maintenant, tout est à recommencer. Le bouton reset n’a pas été enfoncé dans le bon sens. L’Afghanistan est en train de retourner aux mains des talibans. La démocratie perd du terrain, mais elle ne perd pas son sens.

Le papa de mes enfants y est allé. Il en est revenu. Fiou. Je me souviens, dans le temps (pourtant, 2001-2014, ce n’est pas si loin), on formait une communauté serrée. Les conjointes de militaires. On se parlait chaque jour, parfois chaque heure, sur les forums de discussions. Même pendant la nuit. On s’encourageait, on s’informait, on s’épaulait. On avait peur ensemble quand ils partaient vers les terrains minés ; on était soulagées ensemble quand ils en revenaient sur leurs deux pieds. On pleurait ensemble quand leurs pieds sortaient de l’avion en premier, accueillis par une haie d’honneur éplorée. Les bérets inclinés, les visages livides. Un frère d’armes était mort. Une sœur d’armes était morte. Un de leurs frères, une de leurs sœurs. Tout court.

Ceux qui sont revenus en vie et qui le sont restés voient maintenant leur travail défait. Les lieux qui avaient été sécurisés sont tombés. La démocratie timide a dû fuir l’Afghanistan. Des milliers de réfugiés seront cachés ici, ailleurs. Mais combien d’enfants, de femmes, d’hommes, de personnes âgées, ne pourront pas être sauvés ? Quelles horreurs recommenceront ? Quelles violences règneront ?

La covid prend beaucoup de place dans les médias. Les élections fédérales. Les olympiques. La canicule. La face de Trump. Je ne veux pas que les médias redeviennent obsédés par la situation en Afghanistan. C’était pénible, je vous jure. On est plusieurs à avoir éteint notre télé pendant de longs mois pour éviter d’en faire des cauchemars ou d’angoisser nos enfants. Mais quand même, la réalité est là. L’Afghanistan libéré à grands coups d’aide humanitaire et de sang international est en chute libre et j’ai peur. Je suis triste, aussi.

À toutes les conjointes de militaires, à tous les conjoints de militaires, à tous les enfants et à tous les parents de militaires : je pense à vous. Je pense à vous qui vous dites peut-être, comme moi : « Mais pourquoi ?! Est-ce que tous ces morts ont été inutiles ? Est-ce que ça va recommencer ? »

Je pense à ceux qui ont enterré un ami, une sœur, un fils, un parent, descendu sous terre dans un cercueil recouvert de l’unifolié. Vous ne pouvez pas en vouloir à l’uniforme qu’ils avaient choisi. Mais je comprendrais que vous en vouliez à la réalité.

L’Histoire dira si on s’est trompés. Et peut-être aussi qu’on ne saura jamais ce qui serait arrivé si on était restés là-bas plus longtemps. Le Canada est fort, mais il ne peut pas sauver la terre entière. Nous, comme familles, nous sommes forts, mais nous ne pouvons pas nous sacrifier éternellement.

Nathalie Courcy

Cher M. Legault, je pense à vous… Texte : Marilou Savard

Cher M. Legault, je pense à vous.

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Cher M. Legault, je pense à vous.

On parle des dangers liés à l’isolement, à la santé mentale.

On parle des effets négatifs sur la scolarité des enfants et des adolescents.

On parle des effets désastreux sur les commerces.

On parle des pertes d’emplois et j’en passe, mais vous, qui parle des conséquences sur vous ? Qui pense à vous ?

Chaque jour, il y a de nouvelles informations. Vous recevez des conseils, et évidemment des opinions. Cependant, comme vous l’avez dit dernièrement, ça reste que c’est vous seul qui tranchez et prenez les décisions. Ça doit être un gigantesque stress et à votre place, je ressentirais un énorme sentiment de détresse. Vouloir faire de son mieux pour tous sans vouloir déplaire, voulant nous satisfaire. Faire cela en espérant de tout cœur de ne pas faire d’erreur.

Moi je vois un homme, UN homme qui doit gérer environ 8 millions d’habitants. Désolée, je ne devrais pas dire gérer, mais AIMER 8 millions d’habitants.

Je ne peux pas m’imaginer vous voir dans votre fauteuil à la maison et vous dire « à qui je peux bien faire du tort maintenant ? »

Quand je vous vois après des mois de crise sans précédent à continuer de rester fidèle au poste, je vois un geste désintéressé. Un pur don de soi. Je vous vois nous mettre en premier, avant votre bien-être à vous.

Je ne sais pas si c’est le virus, mais souvent, notre comportement doit être le plus lourd à porter.

C’est quasiment inhumain la pression que vous avez. La majorité aurait déjà cédé.

Les larmes aux yeux, je souhaite sincèrement qu’après le confinement et quand le 2 mètres ne sera plus nécessaire, vous soyez accueilli à grands bras ouverts par tous ceux qui vous doivent, grâce à vos décisions, d’être encore sur terre.

Marilou Savard

Votre réseau de services de garde en hémorragie

M. Lacombe, appuyer sur le site de l’hémorragie, ça fait un temps, mais ça ne règle pas le pro

M. Lacombe, appuyer sur le site de l’hémorragie, ça fait un temps, mais ça ne règle pas le problème.

Monsieur Lacombe, j’ai presque envie de vous appeler Mathieu, tellement vous faites partie de mon quotidien depuis le début de la pandémie, mais je vais me garder une petite gêne parce que vous êtes quand même notre ministre de la Famille.

Je fais partie des éducatrices tombées au combat. En arrêt de travail depuis deux mois, à me reconstruire, à m’armer de tous les outils possibles et inimaginables pour ne pas crouler sous la pression une autre fois.

Je vous ai écouté lors de votre dernière conférence de presse. J’y croyais, vous savez. Je croyais vraiment que vous aviez compris. Honnêtement, je suis contente de penser que bientôt, il y aura de la relève, parce que nous sommes épuisées.

Mais une relève à quel prix ? Vous nous demandez l’excellence, de nous ajuster constamment à vos nouvelles recommandations. Vous demandez de connaître notre programme éducatif quasiment par cœur, pour donner ce que nos enfants méritent de meilleur. Là‑dessus, je vous suis, c’est vrai nos mini humains, c’est l’avenir.

J’aimerais vous dire, vous le savez peut-être déjà, que vous ne faites qu’appliquer une pression sur le site de l’hémorragie. La pénurie de main-d’œuvre, nous la voyons venir depuis longtemps, même avant la COVID-19. Cette cochonnerie n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase, et qui vous a fait voir que notre super réseau, comme vous aimez le nommer, s’effondre. Nous le portons depuis beaucoup trop longtemps à bout de bras. Nos gestionnaires ne sont malheureusement pas magiciennes et de toute façon, même Houdini ne réussirait pas.

Permettez-moi de vous dire ce que moi, éducatrice, je vois. Je vois des collègues épuisées, qui continuent de se battre au détriment de leur santé mentale, de leur famille. Pourquoi ? Parce qu’elles ont peur pour nos petits, parce qu’elles croient encore à un réseau même s’il nous oublie.

Ce dont nous avons besoin, c’est que vous soyez là derrière nous, pas seulement avec de bons mots, mais avec des actions concrètes. Nous avons besoin d’une valorisation sociale. Nous sommes encore pour beaucoup trop de monde de simples gardiennes qui jouent avec les enfants chaque jour. Nous avons besoin de meilleures conditions de travail. S’il vous plaît, arrêtez vos coupures. Arrêtez de nous demander de faire toujours plus avec moins. Reconnaissez que notre salaire est insuffisant. Nous faisons partie de la longue chaîne d’éducation de nos petits. Alors, pourquoi notre salaire est‑il si éloigné de celui de nos professeurs ?

Je vous souhaite sincèrement que votre recrutement fonctionne, nous en avons besoin. Mais combien resteront ?

Vous savez, j’aime beaucoup cette citation : « J’aime la goutte qui fait déborder le vase, puisque c’est à ce moment que débutent les changements les plus positifs. »

Allez-vous saisir la goutte COVID pour comprendre que votre si beau milieu de la petite enfance s’effondre lentement, une éducatrice à fois ?

Mélanie Paradis, éducatrice

Cheminement interrompu

J’ai fait appel à la mémoire de ma sœur…

J’ai fait appel à la mémoire de ma sœur…

En gros, aucun sujet réellement au cÅ“ur de mes préoccupations d’élève au secondaire. Honnêtement, j’étais plutôt heureux de l’occasion « légitime Â» de faire autre chose de mon temps. Certains étaient contre, valorisés par leurs études. Mais nous devions être solidaires. Un véritable mouvement étudiant. La grève.

Cette première vague dès 1973.

Bien des réunions dans l’amphithéâtre. Max, le président de l’association étudiante, était un des « vieux » de secondaire V. Il savait très bien diriger les troupes. Expliquer, orienter le débat. Obtenir les votes. Si je vous dis que vous le voyez, parfois, éminent journaliste de la chaîne publique nationale. Beaucoup moins de poils qu’à l’époque et un prénom désormais toujours bien complet.

Nous avions un slogan, qui reprenait le nom de l’école. Entonné avec fierté, dans la manifestation de notre exubérance. En fait, je me souviens de très peu de choses. Le temps file. Mais je revois ce bulletin de fin d’année. Une étape complète n’avait pas été considérée. Nos résultats finaux ne tenaient compte que des autres étapes. Pour tous.

Ce contenu absent, fait-il une différence aujourd’hui? Même, à l’époque?

Je vous laisse en juger. Mais ça n’a fait aucune différence dans mon cheminement scolaire. Aucun retard, aucune reprise. Bien évidemment, déjà, c’était une des menaces des autorités. Le message du ministre de l’Éducation, pour nous faire entrer rapidement dans les rangs. La peur espérée.

Ou, comme l’a verbalisé notre vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, nous rendre « dociles ».

Cet épisode oublié m’est revenu. Avec cette volte-face de notre savant ministre de l’Éducation. Celui qui a annoncé à tous les adolescents qu’avec la pandémie, le reste de l’année scolaire serait facultatif. Là, qui tente de leur faire peur. Pour forcer une participation. En ligne.

Docile.

Ce mot résonne et je me dis qu’il serait opportun que le mouvement se manifeste. Dans le respect, bien sûr, des règles de santé publique (la distanciation, ça prend encore plus de place dans les rues). Peu importe la raison. Le sort de la planète, pouvoir gazouiller sans intervention du capitalisme de droite ou, simplement, l’avenir. Leur avenir. Leur droit fondamental d’être respectés.

De ne pas être dociles…

michel

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Mascarade

  Sommes-nous vraiment rendus là?

Des dirigeants municipau

 

Sommes-nous vraiment rendus là?

Des dirigeants municipaux vont décider pour nous. Gérer notre vie familiale. Tout simplement, ils nous disent sans masque que nous n’avons aucun jugement. Juste ça. Mais tout ça!

Aujourd’hui c’est le 31 octobre. C’est l’Halloween!

Pas hier, pas demain. Que la météo soit favorable ou non. Noël non plus, ce n’est pas le 24 décembre ni le 26. Qu’il y ait tempête de neige, verglas ou toute autre catastrophe naturelle.

Les enfants — les miens, les vôtres, en fait — seraient déçus si la fête était impossible, qu’ils nous répondent. Mieux vaut remettre le tout à demain. Leur sécurité doit primer. Sans dire que la météo, pour demain, c’est à peine mieux.

Mais quand avons-nous voté pour que les élus décident à notre place de tout ce qui concerne la sécurité de nos enfants?

Je crois, vous aussi sans doute, avoir suffisamment de jugement pour en décider. Et, à écouter certains reportages sur les délibérations de nos élus, je suis certain d’avoir souvent plus de jugement qu’eux. Sur une multitude de sujets.

Quand on constate la gestion des travaux routiers, on peut également rire d’une telle préoccupation pour la sécurité de tous, enfants inclus.

À tous les dirigeants de municipalités qui veulent changer la date de l’Halloween, je dis non merci! Je n’ai pas besoin de vous pour décider pour moi. Si je décide que cette année, c’est juste les trois maisons d’à côté, juste celle de mamie ou qu’il faut rester à la maison, ça sera mon choix!

Après tout, comme quand ils sont malades, c’est moi qui devrai les gérer. Personne d’autre.

michel

Le ministre de l’Éducation dérape, les familles du Québec écopent

Nous aurions pu croire que notre nouveau ministre de l’Éducation,

Nous aurions pu croire que notre nouveau ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, choisirait d’utiliser l’argent des contribuables pour optimiser notre système d’éducation, mais non! Il préfère plutôt s’acharner sur les familles qui se retirent du système. Comment? En modifiant drastiquement un règlement sur l’enseignement à la maison qui venait tout juste d’être adopté à l’Assemblée nationale en juin dernier. En orchestrant une attaque en règle contre la liberté éducative. Il ne s’agit pas ici d’un combat entre parents-éducateurs et intervenants en éducation mais plutôt d’une cause commune : le bien-être des enfants.

Pourquoi ne pas avoir attendu les résultats de cette année de transition avant de tenter d’imposer une marche à suivre encore plus restrictive? Une cinquantaine d’études se sont penchées sur les apprentissages en famille. Dans l’ensemble, elles ne confirment aucune inquiétude sur le développement socioaffectif des enfants scolarisés à domicile, leurs performances académiques ou leur intégration sociale à l’âge adulte (voir L’école à la maison au Québec : un projet familial, social et démocratique de Christine Brabant). Les parents font aussi bien que l’école, sinon mieux. Alors, pourquoi ignorer les recommandations de souplesse de la protectrice du citoyen?

L’équipe de Ma Famille Mon Chaos compte deux collaboratrices qui font l’école à la maison : Elisabethe & Elizabeth (si vous voulez une fille rebelle, vous savez comment l’appeler!). Nous avons uni nos plumes aujourd’hui pour répondre à la fameuse question : si vous offrez réellement une éducation de qualité à vos enfants, qu’est-ce que ça peut bien faire qu’on vous oblige à suivre la progression du programme québécois et la passation des examens ministériels?

Simplement? Ça nous empêche de faire de notre mieux. Nous avons la chance de pouvoir offrir une éducation sur mesure. Expérimenter une variété de programmes et choisir ceux qui répondent le mieux aux forces et aux faiblesses de nos enfants. S’adapter aux occasions du quotidien plutôt que d’imposer une scolarité rigide et déconnectée de notre réalité. Consacrer temps et énergie aux apprentissages, sans perdre une minute avec des examens. De nombreux enseignants se lèvent eux-mêmes pour dénoncer le fait que les examens ne représentent pas adéquatement l’expérience éducative vécue en classe. Alors, pourquoi accepter l’imposition d’une mesure dénoncée à l’intérieur même du système scolaire? Nous pouvons comprendre qu’un enseignant utilise un examen pour prendre le pouls de sa classe, mais un parent-éducateur qui guide son enfant, en un à un, n’a pas besoin d’examen. La diversité des méthodes est une richesse à protéger!

Vous êtes les premiers à admirer les profs innovateurs et stimulants. Ceux qui s’informent des dernières découvertes en éducation, bâtissent une relation de confiance avec leurs élèves et leur offrent des projets stimulants… Hé bien, c’est ce que nous voulons vivre avec nos enfants et ça nécessite de la flexibilité. Si un voyage, un spectacle, un événement, une exposition, une lecture ou une rencontre allume une étincelle de curiosité chez Marius, Iris, Astrid ou Hadrien, maman Elisabethe voudra profiter de leur motivation. Il est donc possible que l’ordre et le rythme des apprentissages diffèrent par rapport à une classe typique.

L’aîné d’Elizabeth, Emerick (11 ans), résume ainsi la problématique : « Le ministre se présente comme un sauveur qui veut aider les enfants qui se retrouvent dans les écoles religieuses illégales, mais sa solution pénalise les enfants qui font l’école à la maison. Ce n’est pas la bonne solution. C’est un peu comme Thanos (personnage du film Avengers: Infinity War) qui veut sauver l’Univers mais qui utilise une terrible solution. » Bon, c’est un peu intense comme comparaison, mais vous comprenez l’idée!

Donnez-nous la chance de suivre les meilleures pratiques proposées par le Conseil supérieur de l’éducation et d’expérimenter le règlement actuel. Au lieu de nous imposer des examens, laissez-nous démontrer la progression des apprentissages de nos enfants par portfolio (méthode que les experts, les chercheurs et plusieurs écoles alternatives considèrent comme plus efficace) dans les matières de base (langue française, langue seconde, mathématique, science et technologie, arts, développement de la personne et univers social).

Maintenant, nous avons besoin de votre aide. Vous croyez que ça ne vous concerne pas? Pourtant, nous ne connaissons pas un seul Québécois qui laisserait bafouer les droits et libertés de ses concitoyens sans protester. Nous sommes vos voisins, vos amis, vos collègues ou des membres de votre famille. Nous avons besoin de votre ouverture et de votre soutien. Alexandre (8 ans) vous lance un candide appel à la solidarité et la justice : « Si tous s’unissent, nous pourrons y arriver. Les parents, les enfants, tous peuvent participer. »

Comment nous soutenir? Écrivez à votre député pour lui dire que la liberté éducative compte pour vous et que vous vous opposez fortement au projet de règlement qui viendrait modifier le règlement sur l’enseignement à la maison.

Pour trouver votre député, il suffit d’entrer votre code postal dans la boîte Mots-clés. Vous aurez facilement accès au nom de votre député et à ses informations de contact.

Merci!

Si vous voulez en apprendre plus sur l’expérience d’Elizabeth qui vit l’éducation à domicile au quotidien depuis quatre ans, nous vous invitons à lire ses articles déjà publiés :

Choisir l’enseignement à la maison :

Mes enfants ne vont plus à l’école

Avoir confiance en ses compétences de parent-éducateur :

Et si on sautait la maternelle?

La légalité de l’enseignement à la maison :

Sortir du rang

La richesse de notre aventure d’école à la maison :

Les apprentissages en famille (ressources pour le premier cycle du primaire)

Elizabeth Gobeil Tremblay

& Elisabethe Boucher

 

M. François Legault, j’ai mal à ma profession d’éducatrice par votre faute

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M. Legault. (En temps normal, je me serais adressée au premier ministre en vous. Je n’ai pas l’habitude d’une telle familiarité avec les gens que je ne connais pas, surtout vu votre statut. Permettez-moi donc, M. Legault, cette simple familiarité entre nous. Comme je vous ai entendu discriminer ma profession sans même me connaître, ni entendre mon point de vue ni l’opinion de celles qui œuvrent auprès de la petite enfance, et ce, avec un ton plutôt condescendant envers notre métier, je ne peux faire autrement que d’utiliser le même ton.)

Par vos propos tenus à l’Assemblée nationale, vous nous avez discréditées, mes collègues éducatrices et moi, aux yeux de la population. Par votre adresse, vous nous avez reléguées à un rôle de second plan. Comme s’il y avait des secondes places pour ceux qui accompagnent les enfants. Les enfants sont notre priorité. Permettez-moi de vous ramener à ma réalité, notre réalité à nous, les « techniciennes » en petite enfance. Que dis je, nous, les « professionnelles » de la petite enfance, car j’ai envers mon métier un immense respect et la conviction que nous offrons des services de qualité. Les enfants ne méritent rien de moins. Ils méritent mieux, ce que vous ne semblez pas voir ni vouloir entendre.

Le 14 février dernier, vous vous êtes permis de sous-entendre et de faire miroiter aux Québécois l’idée suivante : « Vous avez le choix entre une garderie avec deux tiers d’employés qui sont des techniciens de garde, ou une maternelle 4 ans avec des enseignants et toute une équipe de spécialistes de l’école primaire ». Comme si cette comparaison donnait la définition de ce qu’il y a de mieux pour nos enfants.

Votre façon de nous rabaisser et de juger notre professionnalisme a été un coup aussi douloureux que si vous nous aviez appelées des « gardiennes ». Des années d’efforts à valoriser notre profession. Des années que vous avez balayées du revers de la main en quelques instants. Des années que vous avez diminuées par vos simples paroles non réfléchies.

Je sais bien que notre manque de ressources en petite enfance nous vient d’un ancien gouvernement. Mais les propos énoncés viennent de vous. Ils dénigrent et indignent des femmes qui travaillent du mieux qu’elles peuvent, avec ce qu’elles ont. Vous faites de vos « ressources offertes » dans les écoles votre cheval de bataille.

Les ressources offertes, comme vous dites, DOIVENT RESTER cette unique bataille. Mais il faudrait que cette lutte ne s’invite pas qu’au niveau scolaire. Pour donner du pouvoir à votre cause, vous avez cru bon de soumettre à la population DEUX CHOIX : un excellent et un moins bon. C’est ce que les gens retiennent. Malheureusement, le message transmis nous donne aussi l’impression que faire des études universitaires, c’est EXCELLENT. Faire une technique, c’est moins bon. C’est acceptable, passable. Vous avez cru bon d’établir une clôture entre deux mondes qui devraient, bien au contraire, s’allier. Vous priorisez ce que vous croyez être le mieux au détriment de l’autre option. Vous restez fermé face à nos paroles en supposant que nos propos ne nous servent que d’excuses. Comme si nous manquions d’ambitions, d’aspirations et d’idéaux. C’est vous qui coupez nos rêves à force de vouloir créer ce qu’il y a de mieux : soutenir les enfants, accompagner les parents.

Vous êtes littéralement « obsédé » par votre projet, comme si l’état d’urgence était d’avoir des classes pour accueillir votre idéal. Je ne suis pas contre l’idée de pouvoir mieux cibler les enfants qui auront besoin de soutien avant leur entrée dans le grand monde scolaire. Comme vous êtes au pouvoir actuellement et que vous ne faites que ce qui vous chante pour y remédier, j’en conclus que vous faites partie de cette équation qui soustrait les ressources que nous avons perdues. Vous êtes, dorénavant, responsable de ne pas faire en sorte que nous ne puissions redonner aux enfants ce que nous avons dû leur soustraire.

Je ne suis pas contre l’idée d’établir un suivi pour que le dossier de l’enfant soit transféré vers le milieu scolaire. L’idée d’établir un suivi n’est toutefois pas une nouveauté. Peut-être pas au goût de VOTRE jour, mais il existe déjà, en CPE, en garderies, en milieux familiaux. Vous semblez incapable de reconnaître ce sur quoi nous avons si longuement travaillé pour accueillir toujours mieux la petite enfance. Vous préférez vous attribuer tous les mérites. Cela nous confirme que vous connaissez peu notre profession, que vous connaissez peu le réseau de la petite enfance. Vous n’êtes pas le premier à vouloir un pont entre les 0-4 ans et l’école. C’est notre travail à nous de guider les enfants et de les amener à devenir des êtres responsables et plus autonomes. Il s’agit d’une obsession qui vous empêche de voir l’ensemble de la situation, l’ensemble du système de la petite enfance et du système scolaire. Votre cheval de bataille a vraiment des œillères.

Pour exercer ma profession, je n’ai effectivement pas de diplôme universitaire puisque je n’ai pas trouvé de doctorat en patience ni en bienveillance. Il n’y a aucune université qui offre le baccalauréat du don de soi. Nous sommes des professionnelles de terrain. Dès les débuts de notre formation, nous avons été plongées dans la pratique. C’est ça, une technique. Embarquer dans des souliers dès le début de notre démarche, de notre cheminement scolaire, sans jamais les quitter. Acquérir toute l’expérience en sautant dedans à pieds joints, corps et âme.

Ces enfants avec qui nous passons du temps de qualité, on finit tellement par les ressentir! On vibre au même diapason qu’eux. On les devine, vous n’avez pas idée. Est ce que cela prend vraiment un diplôme universitaire pour exceller dans notre rôle? Je vous confirme que non. Est ce que cela nous discrédite envers notre profession? Je vous confirme que vous l’avez fait. En plus de 20 ans, j’ai cumulé des perfectionnements, des formations et de l’expérience qu’aucun cours universitaire n’aurait pu m’enseigner.

Nous, les professionnelles en petite enfance, avons goûté à ces multiples coupes budgétaires nous obligeant à rajouter des tâches à notre tâche d’éducatrice. À faire des pirouettes pour offrir encore et toujours la même qualité de service aux enfants et pour répondre aux attentes des parents. Car c’est ce qu’ils méritent. Car c’est notre mandat, nos objectifs de carrière.

Comme bien des Québécois, j’ai fait mon devoir de citoyenne lors des dernières élections. J’ai voté pour un changement. J’ai voté pour être entendue. Vous m’avez laissé croire qu’avec vous, cela serait différent. Vous m’avez laissé croire que vous étiez des nôtres, si près de la population. Cette population que l’on n’écoute que très rarement.

Vous sembliez être l’HOMME de toutes les situations. On vous a donné les rênes en votant pour vous. Mais vous devez maintenant savoir guider votre cheval de bataille dans la bonne direction!

Pour redorer votre titre de premier ministre à l’égard de toute une population féminine (sortez votre calculatrice, vous verrez que nous sommes des milliers), je vous invite donc à vous rétracter. Et pourquoi ne pas vous intéresser à notre profession? Voir de quelle façon les coupures nous ont touchées. Voir combien nous sommes professionnelles. Voir combien notre technique rime avec professionnalisme. Voir combien nous méritons votre reconnaissance.

Et vous, éducatrices qui valent mille fois plus que le simple titre de « techniciennes », avez-vous eu le plaisir de rencontrer de petits êtres pas plus hauts que trois pommes, plus jeunes que 4 ans avec qui une aide spécialisée aurait été d’un grand réconfort pour les accompagner ou pour soutenir leurs parents? Je suis curieuse de lire vos récits, de connaître vos expériences. #EducatriceEtFiereDeLEtre

 

Mylène Groleau

Hockey, Politique et Nuits torrides

C'est bien connu, y'a des choses dont tu parles pas au souper, de pe

C’est bien connu, y’a des choses dont tu parles pas au souper, de peur que la chicane pogne. Tu parles pas de hockey à moins que le CH trône au sommet du classement sous peine d’avoir à faire un Fernand de toi-même et sortir les statistiques les plus glorieuses pour défendre la Sainte-Flanelle devant tout ceux qui ne partagent pas ton avis. Tu parles pas de tes habitudes sexuelles débridées parce que, bon, de un, ça ne se fait pas et de deux, ça serait bien difficile de regarder grand-maman dans les yeux, entre deux bouchées de patates pilées, après l’avoir entendue raconter toutes les nuits torrides qui ont meublé sa vie jusqu’à maintenant. Tu parles pas non plus de politique, han? Mais pourquoi, donc? Parce que c’est un terrain glissant et puis que ça te tente pas de t’obstiner avec le beau-frère pour une millième fois sur les pour et les contres de l’éventuelle séparation du Québec ou plutôt, sur l’unification d’une province vers un pays? C’est correct, tsé. Moi non plus ça ne me le dit pas tellement de m’obstiner avec. Mais tes enfants, eux? Tu leur dis quoi sur l’heure du souper?

Les miens sont trop petits, trop jeunes pour comprendre. Mais dans quelques années, j’espère pouvoir profiter de ces moments, entre deux bouchées de patates pilées, pour jaser avec eux de leur avenir parce qu’après tout, l’avenir, ça veut pas seulement dire poursuivre des études supérieures et être propre de ta personne en brossant tes dents et en frottant derrière tes oreilles! L’avenir, le futur, il est assis devant toi au souper et il attend juste ça que tu déverses ton savoir infini sur lui. Et puis, même si ton savoir serait pas si infini que ça au niveau de la politique, les internet et les librairies débordent d’informations et d’explications… que vous pourriez même apprivoiser ensemble!

Les enfants nous entendent (duh) exprimer nos désaccords, nos angoisses, nos appréhensions et nos doutes vis-à-vis tel candidat, tel parti, telle élection! Parler de politique, ça fait souvent bailler, mais qu’en est-il des enjeux? N’est-ce pas une opportunité unique pour discuter avec nos enfants d’environnement, d’éducation, de santé? De leur faire voir le monde tel qu’il est, rempli de possibilité au bout de leurs petits doigts, de leur parler de ce que nos ancêtres ont bâti, pour nous, avant nous et de ce que nous pouvons faire pour améliorer les aspects de nos vies, en tant que société, en tant que communauté qui nous est chère? N’est-ce pas une occasion en or pour démontrer à nos jeunes que leur opinion compte et que leur voix sera entendue? Que voter n’est pas seulement un droit acquis, mais que dans un passé pas si lointain, les femmes ne pouvaient avoir leur nom sur la liste électorale?

Chez nous, ça parlait pas de nuits torrides, mais j’ai su qui était René Lévesque bien avant de pouvoir comprendre la grandeur du personnage. On dit souvent « si je pouvais voir le futur ». Hey bien tu le vois, il est là, la bouche pleine de patates pilées et toute la vie devant lui. Aide-le à comprendre et puis un jour, ton « futur » sera peut-être ton premier ministre.