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Même pas peur!

Il m’est arrivé de crier devant mes enfants. De sortir mes gros y

Il m’est arrivé de crier devant mes enfants. De sortir mes gros yeux menaçants. T’sais, une mère à boutte, c’est une mère à boutte. Et quand c’est arrivé, j’ai vu dans le regard de mes enfants une peur, une inquiétude qui m’a fait peur. Je ne veux pas être cette mère-là qui règne parce qu’elle est crainte et se croit toute-puissante. Dans ce temps-là, j’aurais le goût de m’auto-dire : « Vade retro Satanas! »

Mais la plupart du temps, je me contrôle, je gère mes trop-pleins comme j’aimerais que mes enfants gèrent leurs émotions. Un travail de chaque instant.

Ce soir, mes enfants m’ont donné à tour de rôle la petite tape dans le dos qui me félicite de mes efforts et qui renforce mes bons comportements.

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Belle cocotte : « Maman, c’est quoi, les règles? Pas comme les règles d’école ou les règles de discipline, là… » Après explications d’usage, elle me dit : « C’est l’fun, maman, parce que toi et moi, on est toutes les deux scientifiques. Ça fait que si j’ai des questions, je peux te les poser, et toi aussi, tu aimes ça quand je fais ma “minute scientifique!” »

Les discussions existentielles, ce n’est pas obligé d’être compliqué et cousu de malaises.

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Moi : « Est-ce que quelqu’un a vu le LeapPad de Coco? Je pense qu’il aimerait jouer avec dans les prochains jours et il est encore ‘disparu’ »

Silence radio.

Trente minutes plus tard, Tiloup vient me voir : « Tiens maman, j’ai trouvé la tablette de Coco. Elle était en dessous de mes couvertures. Je voulais aussi te donner ton colleux bonne nuit. »

Il aurait pu cacher la vérité et la tablette, mais non. Il savait que je ne le chicanerais pas, alors il m’a simplement rapporté le jeu de son frère.

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Tiloup : « Guliana et moi, on a le même projet pour plus tard. On veut se marier ensemble. »

Cette déclaration sortant de la bouche de mon bonhomme de six ans m’a charmée. C’est parfois si difficile pour les petits garçons de révéler leurs émotions!

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Grande Peanut, après deux mois à refuser de prendre la médication qui l’aide à gérer son anxiété et ses sautes d’humeur explosives : « Maman, j’ai décidé de recommencer à prendre mes médicaments. Ça n’a pas d’allure, quand je ne les prends pas. Je suis vraiment désolée de tout ce que je vous ai fait vivre dans les dernières semaines. »

Après un câlin mère-fille, je lui dis : « On va appeler cette période, un test? »

Elle : « Oui, un test échoué. »

Moi : « Je parlerais plus d’un test concluant. Ça me soulage que tu choisisses de prendre soin de toi. »

Elle aurait pu continuer à s’enfermer dans un entêtement tiré des plus chaudes luttes de pouvoir. Mais non. Elle a corrigé le tir et m’en a parlé ouvertement.

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Dix minutes après s’être couché, mini Coco s’est relevé et est venu me voir dans ma chambre : « J’ai juste oublié un petit quelque chose. Ton câlin et ton bisou. » Et il est retourné faire dodo, le cœur rempli de sérénité et de sécurité.

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Ce sont des petites bulles d’instants, des câlins qui chatouillent le cœur et le font sourire. Après une soirée aussi bien remplie de confiance mutuelle, au dodo! Satan est retourné dans son trou pour y rester.

T’es une maman cool si…

Selon ta marmaille, t’es une maman cool si…

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Selon ta marmaille, t’es une maman cool si…

Tu les laisses lécher les batteurs après avoir cuisiné un gâteau. Et tu es digne d’un trophée si tu « oublies » de gratter le bol comme du monde. Menoum!

Tu fais une journée pyjama-pantoufles même s’il fait super soleil dehors. Popcorn et films de peur à l’appui.

Tu fêtes l’Halloween plusieurs fois dans l’année. Costumes, maquillages épeurants, soupe au chocolat… pourquoi attendre le mois d’octobre?

Tu magasines les cadeaux de fête et de Noël tellement longtemps d’avance que tu finis par les donner avant la vraie date. Et tu en achètes d’autres pour compenser.

Tu es capable de sortir le jeu vidéo coincé dans le PS4. Et de les aider à battre le gros méchant qui les empêchait de passer leur niveau.

Tu te lèves à quatre heures du mat’ pour les amener au tournoi de hockey ou de volley à l’autre bout de la province. Et en plus, tu passes chercher leur meilleur ami. Et du Tim.

Tu les laisses se coucher full tard quand leurs amis sont à la maison. Et tu fais semblant de ne pas les entendre faire des acrobaties de ninja deux heures après le couvre-feu.

Tu joues à la bataille de chatouilles même quand ils sont rendus ados. C’est moins embarrassant que d’oser donner un câlin à leur mère, et ça donne autant de chaleur humaine.

À l’occasion, tu décrètes une journée buissonnière juste pour le trip de passer du temps pas prévu avec eux. Tousse-tousse, monsieur le directeur, atchoum, mon fils est vraiment, euh… malade. Je vais devoir le garder à la maison toute la journée.

Tu transformes la séance de leçons en spectacle de marionnettes ou en atelier scientifique, explosions incluses.

Tu obéis à leur regard réprobateur et tu « oublies » de raconter à leur première blonde la fois où ils ont montré leurs fesses en public. (Tu te reprendras bien à leur mariage!)

Tu te garroches dans la neige pour faire un ange avec eux, et ça se transforme en reprise de la guerre des tuques.

Tu leur prépares leurs repas préférés même si ça veut dire de manger du macaroni au fromage sans chou-fleur trois fois par semaine. Ça les pratique pour le cégep (mais rendu là, tu seras une maman cool aussi, puisque tu leur apporteras leurs repas préférés pour qu’ils survivent en appartement).

Tu as accepté d’adopter le chat dont ils sont tombés amoureux au refuge. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que c’est toi qui en profites le plus. Et que ça te déculpabilisait de refuser le gecko et la tarentule qu’ils voulaient tant.

Tu les amènes au resto pour fêter leur superbe bulletin.

Tu ne les sermonnes pas quand ils te rapportent un travail mal fait. Ils te trouvent moins cool quand tu prends le temps de réviser les notions manquées avec eux, mais ils savent que c’est parce que tu les aimes que tu fais ça.

Tu changes ta voix en lisant une histoire. Tu es tellement drôle dans le rôle du gros méchant loup avec ta couverture sur la tête, surtout quand tu cries « Je vais te manger! »

Tu donnes un bec-et-bobo même si tu sais qu’ils n’ont pas vraiment mal.

Tu les écoutes raconter leur journée avec tous les détours et les « pis là, mon ami a fait ça, pis là, moi j’ai dit ça, pis là… »

Tu te couches à côté d’eux pour les aider à s’endormir et tu t’endors avant eux. Ils trouvent ça cool de te regarder dormir et de cacher un toutou entre tes bras. Ça leur donne l’impression d’être cool, eux aussi…

Je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment à gérer mon anxiété. Et aussi mes colères. Ça joue même un rôle bénéfique sur mes tendances dépressives. Efficace, pour une petite pilule blanche! La pilule miraculeuse, diraient certains! Mais des fois, je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre. Et je brûlerais la boîte et la prescription pour être sûre.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été perçue comme une personne zen et tolérante. Intense émotivement, surtout à l’adolescence (qui ne l’est pas?), mais tout de même calme et patiente. Mes gènes sont entachés de maladies mentales. Dépression, bipolarité, schizophrénie, psychose, dépendances, name it. Je transporte en moi ces fragilités neurologiques et le risque était grand que je les transmette à mes enfants.

J’ai toujours su qu’un jour, je m’enfoncerais dans une dépression. Cette certitude a sûrement joué un rôle dans l’arrivée d’une dépression à la fin de ma vingtaine. Elle m’a aussi protégée, puisque je suis allée chercher de l’aide psychologique dès l’âge de douze ans. Je n’ai pas attendu de péter au frette pour m’informer sur les symptômes et sur les solutions. Pourtant, ça m’a pris deux ans pour allumer : j’étais en  dépression majeure et j’avais besoin d’une solide thérapie et d’une médication adaptée.

Après plus d’un an, j’ai pu arrêter la médication. Ça allait mieux, mais je ne peux pas dire que j’étais top shape, psychologiquement parlant. À vrai dire, ce n’est que depuis quelques mois que j’ai retrouvé presque toute mon énergie d’antan, donc dix ans plus tard dans les Maritimes. C’est long, dix ans, quand on pense à mourir au quotidien. On marche toujours sur la corde raide avec laquelle on pourrait se pendre.

Entre temps, ma fille aînée a reçu un diagnostic d’anxiété généralisée. Les intervenants qui la suivaient me trouvaient hyper stressée, trop contrôlante. Mon mari me trouvait trop colérique, avec raison. Moi qui étais auparavant si zen, si « Roger-bon-temps », je pétais une coche à rien. Un presto sous haute tension. Je ne m’aimais pas ainsi, mais il m’était plus qu’impossible de me contrôler.

Ma fille aînée reçoit une médication depuis qu’elle a sept ans. Et grâce à ma fille, j’ai compris que moi aussi, j’avais besoin d’une aide chimique en plus de toutes les ressources thérapeutiques que j’allais chercher. Mon médecin est très pro médecines alternatives. Elle valorise en priorité les approches naturelles comme la massothérapie, la méditation, les changements nutritionnels et l’amélioration du style de vie. Alors, quand elle m’a dit : « Nathalie, je ne veux pas te faire peur, mais ça se peut que toi, tu aies besoin d’une médication toute ta vie pour fonctionner normalement », je l’ai prise au sérieux.

Après tout, ce n’était pas une surprise. J’avais tout essayé pour avoir de l’énergie, pour gérer mon stress et mes sautes d’humeur, pour voir la lumière au lieu des ténèbres, bref, pour être heureuse. J’y arrivais parfois deux jours de suite, mais après, tout s’écroulait. Même pas besoin de raison concrète ni de SPM.

Ce soir, ma grande Peanut m’a traitée de tous les noms. Elle a réussi à se calmer rapidement et s’est excusée. Elle m’a avoué qu’elle n’avait pas pris ses médicaments les deux derniers matins. Elle voulait profiter des vacances pour « tester » ce qui arriverait si elle cessait sa médication. « Maman, je suis tannée de dépendre des médicaments pour me contrôler. J’aimerais ça, continuer à dire des choses gentilles et à bien agir même quand je ne prends pas mes pilules. »

« Ma peanut, moi aussi, ça m’arrive de vouloir lancer mes médicaments par la fenêtre. Parfois, je suis tellement écœurée de les prendre que j’ai le goût de les engueuler. Mais quand ça m’arrive, je repense à la façon dont je me comportais avec ma famille avant que la dose soit la bonne pour moi. Je me souviens que je me sentais tout le temps fâchée, inquiète, dépassée. Ça me convainc de continuer à les prendre. Tu as fait d’énormes progrès, tu te contrôles de mieux en mieux, tu te connais de plus en plus. On va continuer le travail avec la psychologue, ton cerveau et ton corps vont continuer à se développer. Peut-être qu’un jour, tu vas pouvoir diminuer ou même arrêter de prendre des médicaments. Quand ça arrivera, on va le faire progressivement, avec l’aide de ton médecin. Pour l’instant, tes médicaments t’aident, comme les miens m’aident aussi. N’oublie pas qu’on est là pour toi et avec toi. »

Autant de lourdeur dans une si petite pilule. Mais aussi, autant d’espoir au jour le jour. Un médicament qui supporte la santé mentale, c’est une béquille qui aide à faire des pas (parfois de bébé, parfois de géant) pour continuer d’avancer.

 

Tu étais ma fille, maintenant tu es mon garçon

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Vous trouverez la deuxième partie içi : Ma fille est maintenant mon fils

Lors de ma deuxième grossesse, je souhaitais avoir un autre garçon. J’avais tout ce dont j’avais besoin pour en prendre soin. Des vêtements, de la literie, des jouets… Je trouvais cela beaucoup plus facile de prendre soin d’un p’tit homme en devenir et moins compliqué qu’avec une fille ! Je l’sais ! J’en suis une !

 

J’avais aussi acquis de l’expérience avec fiston. Mais ce que j’avais encore en  grande quantité, c’était de l’amour à offrir à l’enfant qui allait se joindre à notre famille. Peu importe son sexe, peu importe la couleur de ses cheveux, peu importe la grandeur de ses doigts… j’allais l’aimer jusqu’au bout de ma vie.

 

Des jumelles PAS pareilles

 

Mes deux filles sont nées à trente-huit semaines de grossesse. Deux petites filles très différentes. Des jumelles pas pareilles! La seule ressemblance était leur poids: 7 lbs.2 et 7 lbs.6. L’une avec beaucoup de cheveux noirs, l’autre avec un petit duvet châtain. L’une calme, l’autre impatiente. Une dormeuse et une curieuse.  Une rigolote et une réservée. Elles ont grandi, chacune à leur rythme. L’une s’est mise a parler, pendant que l’autre se déplaçait partout dans la maison. Elles se complétaient bien dans leurs différences. Et ces différences se concrétisent encore davantage en vieillissant.

 

 

L’enfance de ma doudoune

 

À l’âge de quatre ans, ma doudoune m’a dit : « Maman, j’ai pu l’goût d’être une jumelle! »

Pourtant, elles étaient si différentes physiquement et rarement habillées de la même façon. Elle ne voulait plus mettre de robes ni de jolis souliers. Fini les lulus et le vernis bleu sur ses ongles. Elle me disait que les chandails de filles étaient trop serrés, qu’elle se sentait coincée. Que les chandails de filles avaient trop de fleurs, trop de papillons et beaucoup trop de brillants. Alors pour lui faire plaisir, je lui refilais les chandails trop petits de son grand frère!

 

Elle continuait de grandir, de vieillir et de s’affirmer de plus en plus!

Pendant que sa soeur jouait à la princesse, ma doudoune faisait le pirate. Pendant que sa soeur se déguisait en Blanche Neige, ma doudoune se déguisait en Spider Man. Pendant que sa soeur faisait des bracelets, ma doudoune jouait au hockey dans la rue avec son frère. Plusieurs personnes que l’on croisait la prenaient souvent pour un p’tit gars!

Elle disait aux personnes qui l’entouraient que lorsqu’elle serait grande, elle aurait un pénis et qu’elle pourrait faire pipi debout, comme son frère! Que lorsqu’elle serait grande, elle ferait partie d’une équipe de hockey, comme son frère! Que lorsqu’elle serait grande… Elle avait plein de projets!

 

Vers l’âge de 12 ans, elle s’affirmait plus fort que d’habitude!

Elle ne voulait plus choisir ses vêtements du côté des filles, elle voulait faire des choix du côté des garçons! J’avais peur qu’elle se fasse juger, j’avais peur du regard des autres envers elle. Alors, pour lui faire plaisir et pour éviter une méga crise, j’acceptais! Oui oui, une MÉGA crise! Ma doudoune a un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité) avec impulsivité.

 

14 ans.  Elle s’affirme avec encore plus de convictions!

Je vais la chercher chez une amie. Une nouvelle amie qu’elle connait depuis septembre. Une amie qui semble importante dans sa vie. Ses yeux pétillent lorsqu’elle en parle! Ce soir-là, elle est en retard. J’attends, j’attends !  Elle arrive enfin et s’excuse de son retard! Je sens qu’elle va m’annoncer une grande nouvelle.  Une grosse nouvelle! Une nouvelle dont je suis consciente depuis plusieurs années, mais que je cache au fond de mon coeur de maman. Je prends les devants et lui dis :

– Hé! doudoune, t’es amoureuse!

– Qui te l’a dit, maman?

-Une maman, ça sait tout!

Plus jeune, elle n’arrivait pas à mettre des mots sur son tourbillon interne, autant dans sa tête que dans son coeur. Elle était de plus en plus impulsive, bougonne, impolie, colérique. Je ne pouvais plus l’embrasser, la coller, discuter avec elle. Je sentais qu’il y avait quelque chose de plus! Je la perdais de jour en jour!!! Elle ne semblait pas bien! C’était plus que la période de l’adolescence. Elle se faisait du mal et se cachait sous de grands chandails, ceux de son grand frère! Elle se faisait du mal. Elle portait des pantalons, même en été!

 

Ce n’était pas le fait d’être gaie qui la bouleversait…

C’était plus que ça!

 

 

Elle me confrontait, m’accusait de tout et de rien! Puis, vers la mi-septembre, elle m’a envoyé un message texte :

« Maman j’veux pu être pognée dans un corps qui n’est pas à moi! J’veux être bien dans mon corps. J’veux pouvoir me sentir moi-même. C’est que j’suis pas bien dans mon corps! J’suis pas dans le bon corps! J’veux être moi.  J’veux être bien et pas me sentir pognée! »

J’ai compris que ma doudoune cherchait tout simplement à savoir si je l’aimerais toujours jusqu’au bout de ma vie…

 

Ma doudoune est, en fait, un garçon nommé Mathis!

 

Si je me concentre pour me rappeler, fouiller mes souvenirs et sonder mon coeur, les yeux de ma doudoune brillaient lorsque quelqu’un la prenait pour un garçon!

 

 

 

Je t’aime Mathis!

Et je t’aimerai jusqu’au bout de ma vie!

 

 

** Crédit photo lespetitinclassables.com **