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La maudite charge mentale – Texte : Joanie Fournier

La charge mentale. La maudite charge mentale. On en entend tellement parler depuis quelques années

La charge mentale. La maudite charge mentale. On en entend tellement parler depuis quelques années que c’est devenu un sujet anodin. Comme si les femmes tenaient pour acquis que cette charge leur revenait automatiquement sur les épaules. Et depuis qu’on en parle, la population se dit sensibilisée à la cause. Les hommes et les pères ont essayé d’équilibrer davantage les tâches ménagères. Et pourtant… la charge mentale continue, encore et encore de se retrouver emprisonnée dans la tête des mères.

Si tu es un homme et que tu lis cette introduction, ça se peut que ça te fâche. Parce que là, tu te dis : « C’est pas vrai ! J’ai changé mes habitudes ! J’aide ma femme à faire la vaisselle, la cuisine et même le lavage des fois ! ». Et il est là le problème. Le vrai problème. Cher homme, t’es pas censé « aider » ta femme. Tu vis dans cette maison, tu manges dans cette cuisine et tu salis tout autant la salle de bain. Alors ce n’est pas de l’aider que de nettoyer avec elle. C’est juste de prendre tes responsabilités, que tu aurais dû prendre dès que tu as quitté la maison de ta mère.

La charge mentale, ça n’a rien à voir avec le partage des tâches à la maison. Et je vais t’en faire la démonstration dans les lignes qui suivent. Parce que si toi, comme père, comme mari, comme homme, tu es persuadé que la charge mentale est répartie équitablement entre ta femme et toi, je t’invite à te poser les 10 questions suivantes :

1- Qui a inscrit les enfants à l’école ? Au CPE ? À la garderie ? Quand je dis « inscrire », je veux dire : commander le fichu certificat de naissance des enfants dans le format requis, remplir les formulaires qui n’en finissent plus chaque année pour faire la mise à jour du dossier sur la place 0‑5 et connaître LA semaine dans l’année où l’inscription doit être renouvelée à l’école…

2- Qui s’occupe des activités sportives chez vous ? L’inscription au soccer, aux cours de danse, au camp de jour, au camp spécialisé d’équitation… ? Savais-tu qu’il existe le plus souvent une seule et unique journée dans l’année où, pour avoir la chance d’espérer avoir une place, tu dois te connecter sur trois écrans à la fois entre 8 h et 8 h 02 pour faire ces inscriptions ? Savais-tu que si tu manques cette fenêtre, tu risques d’être pris à magasiner une petite gardienne pour tout l’été, et ce, juste pour avoir le luxe de pouvoir travailler ?

3- Quand quelque chose brise à la maison (le four, le frigo, le lave-vaisselle, la laveuse, la thermopompe, etc.), qui appelle pour obtenir des soumissions dans quatre compagnies différentes pour trouver la moins chère, la plus compétente et celle qui sera disponible dans un temps raisonnable ?

4- Au moins deux fois par année, qui s’occupe de vider, trier et changer toutes les grandeurs de vêtements dans les tiroirs des enfants ? Qui sait exactement de combien de paires de pantalons, de shorts, de bobettes chaque enfant a besoin pour chacune des saisons ? Qui sait quelle grandeur de souliers portent les enfants ? Quelle est la grandeur de chacun des manteaux d’hiver à acheter pour l’an prochain ?

5- Qui a pensé à acheter des cadeaux pour les enseignants à la fin de l’année scolaire en juin ? Pour les éducatrices en août ? Qui a choisi quoi leur donner, est allé l’acheter, l’emballer et l’a remis à l’enfant à temps ?

6- Qui s’occupe des invitations des fêtes d’anniversaire pour vos enfants ? Des sacs-surprises pour les invités ? Des jeux et des activités pendant la fête ? De la gestion des allergies et intolérances alimentaires de tous les invités ?

7- Quand votre enfant est invité à une fête d’ami, qui s’occupe d’acheter et emballer le cadeau pour l’ami en question ?

8- Qui s’occupe du menu de la semaine pour tout le monde ? Je ne parle pas de cuisiner. Je parle ici de décider de ce qu’on va manger lundi, mardi, mercredi, etc.

9- Qui connaît les dates des derniers rendez-vous familiaux chez le dentiste, chez l’optométriste, chez le médecin de famille… ? Qui connaît la date exacte où il faut les appeler pour reprendre rendez-vous, tout en respectant le calendrier de la clinique, les journées pédagogiques de l’école pour que ça s’emboîte bien, et tout cela en s’assurant d’avoir un rendez-vous dans le délai prescrit par ledit spécialiste ?

10- Qui a lavé les draps des lits des enfants la dernière fois ? Et quand je dis « laver », je veux dire : penser à les laver, défaire les lits, laver et sécher les draps et refaire les lits de tout le monde.

Si tu es un homme et que tu as répondu « Moi » à ces 10 questions, et bien je te lève mon chapeau : la charge mentale est répartie équitablement chez vous. Et si c’est le cas, je te dois de sincères excuses. Parce que si oui, je t’avoue que je ne l’ai pas cru possible. Je sais qu’il existe des hommes qui élèvent leurs enfants seuls. Même si ce sont des cas plus rares. Et je me demande comment ils arrivent à faire tout cela… parce que selon les agissements de beaucoup de pères en couple, leur pénis serait beaucoup trop encombrant pour leur permettre de partager cette charge mentale…

Et si, dans votre couple, c’est le père qui fait ces 10 choses-là… on veut le savoir ! Comment ça se passe chez vous ?

Joanie Fournier

 

J’essaie fort, maman

En revenant de l’école, tu m’as annoncé que le monde allait sâ

En revenant de l’école, tu m’as annoncé que le monde allait s’arrêter pour deux semaines.

Que l’école était fermée, la garderie aussi. Tout simplement à cause d’un virus.

J’étais contente, mais je ne savais pas toute la charge que ça impliquait.

J’essaie fort, maman, je te promets.

Tu m’as dit que ton travail, par contre, n’allait pas changer. Que tes patients avaient toujours besoin de toi. Que tu devais continuer à travailler, que tu étais devenue un ange à présent.

Papa, aussi, est un ange. Son travail ne lui permet pas de rester à la maison avec nous quatre et le chien.

J’essaie fort, maman.

Puisque vous êtes des anges de la société, vous ne pouvez être nos anges et rester à la maison. S’occuper de nous, vous êtes incapables.

C’est donc à moi, la grande sœur de maintenant dix-huit ans, de m’occuper du troupeau.

Ce n’est pas la première fois que tu me demandes cette faveur. Loin de là.

Ça me fait toujours plaisir d’aider.

Mais cette fois, je crois que c’est trop.

J’essaie maman, je te le jure.

Lorsque tu m’as demandé, j’ai accepté avec plaisir, pour aider, comme d’habitude.

Je ne m’attendais pas à autant.

Tu m’as donc annoncé que nous partions au chalet.

Ça faisait plus de deux mois que je n’y étais pas allée. J’étais très heureuse de passer du temps avec vous en famille pour la dernière fois avant je ne sais combien de temps.

Mais lorsque la fin de semaine s’est terminée, papa et toi deviez retourner au travail, servir la population et être des anges.

C’est donc avec un congélateur rempli et du wifi piètrement fonctionnel que tu m’as laissée avec trois enfants de douze, neuf et quatre ans.

Deux semaines, ça va bien aller, pensais-je.

La plus jeune veut jouer. C’est normal, je la comprends. À la garderie, elle est over stimulée avec plein de jeunes de son âge. Les deux autres ne veulent pas aider pour aucune tâche.

Je te jure, maman, que j’essaie fort.

Je dois jongler avec les repas, surveiller pour qu’ils arrêtent de grignoter entre les repas et qu’ils mangent assez de légumes pour avoir du dessert.

Je dois surveiller leur santé. La plus vieille est asthmatique, c’est elle qui est le plus à risque.

Je dois veiller à ce que tout le monde se brosse les dents, prennent sa douche, joue assez dehors et à ce que personne ne s’entre-tue.

C’est vrai qu’il serait facile de les planter devant leur tablette à longueur de journée, mais notre wifi ne le permet pas. Et éthiquement non plus, ça ne se fait pas.

Être pris au fin fond des bois ne sert qu’à nous isoler. Du dangereux virus qui nous empêche de voir notre famille et qui pourrait mettre en danger la vie de ma sœur.

Je dois donc jouer à la mère 24/7.

J’essaie fort, maman, je te le jure.

Mais là, c’est trop.

Nous avons terminé la deuxième semaine et j’ai craqué.

Devant les enfants en plus. La voiture a brisé. Elle n’avance plus.

J’angoisse comme ça ne se peut pas. Je sais que j’ai un super talent pour le cacher, mais ce matin, c’était trop. Comment je vais faire s’il y a une urgence?

En plus, le cégep recommence. Comment vont se dérouler les cours? En ligne? Non, mon wifi ne me le permet pas. Des vidéos capsules, ça non plus. Comment je vais faire?

J’ai trois enfants à ma charge et un chien.

La jeune de quatre ans retient toute mon attention : je joue aux Playmobil, aux Barbie, aux casse-têtes et plus encore…

Celui du milieu doit être stimulé : être sur sa tablette le rendra légume d’ici la fin du mois. Donc j’organise des activités pour lui : maths, jardinage, tours de magie, quiz géographique. Je veux qu’il continue à apprendre.

Et la plus vieille, elle a terminé son année scolaire, mais son anglais… Elle l’a à peine pratiqué. J’essaie somme je peux d’écouter des films en anglais, de lui parler en anglais.

Je dois prendre aussi des marches, m’occuper du chien, lui apprendre des tours pour qu’il ne s’ennuie pas.

Je dois faire à manger, le ménage, le lavage, l’éducation et les activités. Parce que toujours des exercices, je comprends que ça peut être ennuyant à la longue. J’organise des repas thématiques, des chasses au trésor, des rallyes photo…

Où sera mon temps alloué pour mes études?

Quand vais‑je rédiger ma dissertation de 500 mots sur l’idéologie de Platon? Quand vais‑je avoir le temps de regarder un vidéo de trois heures sur la dissolution du cuivre en chimie? Quand vais‑je pouvoir lire mon livre d’anglais?

Ça fait déjà deux semaines et je suis épuisée. Je tourne en rond, j’angoisse quand je reçois un nouveau courriel de mes professeurs.

Je n’en peux plus.

Mais je dois rester, c’est la vie de ma sœur asthmatique qui est en jeu. Je ne peux pas l’abandonner.

On dit que c’est en situation de crise que nous voyons la vraie personne qui se cache en nous.

Eh bien, la voilà la vraie moi : épuisée, angoissée et incapable.

J’ai vraiment hâte que tout ça finisse et que vous reveniez à la maison.

Pouvez‑vous être mes anges au lieu d’être ceux de la société?

Ta fille qui vous aime et qui a besoin de vous.

Clara

La fatigue du soir

La fatigue du soir, vous connaissez? Oui, vous la connaissez

La fatigue du soir, vous connaissez? Oui, vous la connaissez. Celle qui vous rampe dessus le soir (parce que trop crevée pour sauter sur vous), celle qui vous vide de vos émotions, de vos réflexions. Celle qui vous fait mal d’être réveillée. Celle qui vous traîne dans la maison comme un zombie qui répète en boucle dans sa tête la liste des choses qu’il reste à faire avant de vous effondrer sur votre lit. Celle qui démarre votre coach privé interne qui vous soutient, comme si vous alliez atteindre le fil d’arrivée: «Lâche pas ma belle, tu es à deux tâches d’y arriver!» Et de l’autre côté, votre petite voix d’athlète crevée qui se bat et s’obstine avec le coach: «Non! Ce soir, je n’y arrive pas. Je m’écroule avant.» Et il y a celle qui cherche un compromis: «D’la marde! Je fais ça demain matin!» Mais qui sait très bien que c’est impossible dans votre horaire. Si elle l’a dit, c’est simplement pour vous encourager. D’ailleurs, ça a fonctionné, puisque les deux secondes où vous y avez cru vous ont fait du bien.

Cette fatigue qui vous tombe dessus d’un coup, sans prévenir et qui vous pousse à vous demander : «Mais comment, bon Dieu, ai-je réussi à me rendre jusque-là?» Vous avez assuré pour les devoirs, le souper, le bébé, la vaisselle, le bébé, les bains, le bébé, les chicanes, les dodos, les verres d’eau, les pipis, les «mamans!», sans même vous en rendre compte. Mais soudainement, en fermant la porte de leur chambre, votre corps vous a dit: «Woow la grande! Je veux ben mais là, pose ton tit derrière parce je te back pu!»

Vous êtes passée devant un miroir et pendant quelques secondes, vous vous êtes demandé: «Ouf! Est-ce que j’avais l’air de ça aujourd’hui?» Mais finalement, vous n’en n’avez rien à cirer, vous êtes vidée. D’ailleurs, cette expression prend tout son sens maintenant; vous avez mal au dos, aux pieds, vous avez les yeux secs, la bouche molle, les paupières lourdes.

En montant vous coucher, à la deuxième marche, vous vous rappelez le biberon que vous avez oublié de préparer pour la nuit, alors vous redescendez. Bon, c’est fait. Vous remontez de peine et de misère vers votre chambre. En déposant une fesse sur votre matelas, vous entendez votre enfant tousser et renifler dans sa chambre. «Ouch!» Ça vous revient; vous vouliez lui installer l’humidificateur pour la nuit. Vous vous consolez en vous disant qu’au moins, vous ferez cette tâche en pyjama. Votre coach est de retour: «Lâche pas ma grande, t’es à deux enjambées près!» Vous y allez. Chaque pas vous fait mal aux jambes. Voilà qui est fait.

Plus vous approchez de votre chambre, plus vous sentez la paix vous envahir. Vous vous laissez tomber sur le lit. Vous fermez les yeux. «Aah!» Ça y est, vous y êtes enfin. Tout à coup, vous entendez des miaulements en bas: «Ah! shit!» Le chat n’a plus de bouffe. Vous refermez les yeux, en tentant de vous convaincre que ça peut attendre à demain. Il miaule une autre fois, puis une autre. «Câ#!!#!!» Vous êtes tentée de crier à votre conjoint, en bas, pour lui demander de s’en charger (parce qu’évidemment, sans vous, le chat serait mort de faim depuis longtemps), mais vous savez très bien que crier réveillera les enfants qui de toute façon, se feront réveiller par le chat si vous n’y allez pas (il ne manquerait plus que ça). Alors vous faites ce que vous avez à faire.

Évidemment, le bol du chat est au sous-sol, alors vous descendez ce qui vous semble être des milliards de marches pour vous y rendre. Au passage, vous croisez les trois paniers de vêtements à plier et les six piles à ranger, vous apercevez du coin de l’œil ce qui pourrait être le salon, mais vous n’en êtes pas certaine vu son état. En passant devant la salle de jeux, vous constatez qu’avant d’aller dormir, votre enfant avait échappé des tonnes de billes à colliers sur le plancher et qu’elles y sont toujours. Vous fermez les yeux et vous soupirez.

En remontant vous coucher la quatrième fois, vous faites un détour vers la chambre des enfants. Non pas parce que c’est sur votre liste, mais parce que vous en avez envie. En entrant dans la chambre, vous vous sentez tout à coup juste… bien. Vous réalisez que finalement, de ces tâches et de ces piles, il ne vous restera rien du tout. Mais ce petit bruit que fera votre garçon lorsque vous déposerez un baiser sur son front, cette caresse que vous ferez sur la joue si douce de votre bébé endormi, ce doux parfum que vous respirerez en embrassant les cheveux de votre fille, vous ne les oublierez jamais. La fatigue disparaîtra, mais ces petits moments de bonheur, vous les porterez toujours.

Karine Delorme

 

Mon éducatrice à moi

Je m’appelle Leïla et j’ai un an et demi. Hier, j’ai entendu

Je m’appelle Leïla et j’ai un an et demi. Hier, j’ai entendu de grandes personnes discuter et ça m’a rendue triste. Tu sais ce qu’ils disaient? Ils disaient qu’être éducatrice, ce n’est pas un travail. Le monsieur dans la télé disait que les éducatrices se battaient pour leurs conditions de travail. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais ça avait l’air sérieux. Il y a eu une grande discussion entre mes parents et leurs invités. Papa et maman leur expliquaient le travail de mon éducatrice, mais les autres disaient que ce n’est pas un travail, être éducatrice, qu’elles ne font que jouer à la journée longue.

Je ne parle pas beaucoup, mais j’aurais aimé pouvoir leur dire tout ce que mon éducatrice Mélanie fait pour moi.

Juste hier, un des amis du groupe est arrivé avec des bobettes. Wow! Mélanie lui a dit qu’elle était fière de lui. Il a fait pipi par terre et Mélanie n’était même pas fâchée. Elle lui a dit que c’était un accident, elle a ramassé le dégât, changé les vêtements de mon ami. Pendant ce temps, nous (les autres amis du groupe) on a fait un peu de niaiseries. Plus tard, mon ami a réussi à faire son caca dans le pot. Mélanie était tellement contente, elle tapait des mains, dansait, disait « Bravo! Bravo! » Je ne comprends pas trop pourquoi, elle ne fait pas ça quand je le fais dans ma couche, mais ça m’a donné le goût d’essayer. Mélanie a bien voulu. Elle m’a assisse sur le pot. Je n’ai pas réussi, mais elle m’a dit que ce n’était pas grave, que je pourrais réessayer plus tard si j’en avais envie.

Gabriel et Madyson ne s’entendaient pas bien aujourd’hui. Mélanie a dû les aider plusieurs fois à résoudre leurs conflits (comme elle dit). Elle les aidait à trouver les bons mots au lieu de se taper et de se mordre. Elle nous le répète souvent. Et tu sais quoi? On s’en vient vraiment bons. On utilise de beaux mots et je vois dans les yeux de Mélanie qu’elle est fière des amis.

Mélanie, elle chante tout le temps et nous explique tout. Elle parle sans arrêt. Et moi, j’apprends plein de nouveaux mots dans ce temps-là, sans même m’en rendre compte.

Hier, maman a dit à Mélanie qu’elle était fière de moi parce que j’arrive à m’habiller seule pour partir et on gagne beaucoup de temps. Les amis et moi, on a travaillé fort pour y arriver. Mélanie a eu chaud, mais elle continuait à nous aider, à nous encourager. Elle a même trouvé des trucs pour que ce soit plus facile. J’aime ça quand elle chatouille mes orteils lorsque j’arrive à sortir le pied de mon pantalon de neige. Je ne m’en rends même pas compte, mais son jeu me pousse à faire des efforts.

Au dîner, je trouve ça difficile parce que j’oublie souvent d’utiliser ma cuillère pour manger. Je prends mes mains. Mélanie nous répète souvent de manger avec notre cuillère. On essaie et on met de la nourriture partout. Des fois, Mélanie dit que le plancher mange plus que nous et ça nous fait bien rire. Ça en fait du dégât à ramasser.

Oui, c’est vrai, on joue. On joue beaucoup même. Mais Mélanie, elle est hot parce que je joue, mais j’apprends. J’apprends à partager, à tenir un crayon, à découper, j’apprends à réfléchir, à m’exprimer, j’apprends à attendre mon tour, j’apprends à dire « s’il vous plaît », « merci » et « est-ce que je peux? » J’apprends à m’excuser lorsque je fais mal à un ami. J’apprends à tousser dans mon coude. Mélanie nous apprend même à nous moucher et c’est vraiment difficile. J’apprends tellement et Mélanie me valorise beaucoup, me soutient quand c’est vraiment trop difficile pour moi.

Elle prend soin de moi quand je suis malade. Parfois, elle appelle papa ou maman au travail parce que c’est mieux pour moi d’être à la maison. Je l’aime beaucoup, Mélanie, mais quand je suis très malade, c’est avec maman et papa que j’ai envie d’être.

Elle me console lorsque j’ai du chagrin, elle m’aide à mettre des mots sur mes sentiments. Elle me respecte et respecte mes choix, même si des fois, c’est vraiment long avant que je réussisse à mettre mon soulier toute seule. Mais tu sais, à dix-huit mois, j’y tiens vraiment, vraiment beaucoup.

Moi, je grandis. J’essaie de nouveaux trucs que je réussis et je suis fière de moi. J’aime voir la fierté dans les yeux de Mélanie.

Mélanie, elle m’offre l’environnement idéal pour faire tout ça et elle m’offre une routine qui me sécurise. Elle m’accueille tous les matins avec un grand sourire et un câlin lorsque c’est plus difficile pour moi de dire « bye » à papa et maman.

Derrière chaque activité, chaque jeu, chaque routine, se cache un but et Mélanie a pris le temps d’élaborer ça juste pour mes amis et moi. Toi, tu as peut-être l’impression que Mélanie fait juste jouer, alors tu n’as pas compris que moi, j’apprends en jouant.

Si je pouvais parler plus comme vous, les grands… c’est ça que je te dirais. Tu comprendrais peut-être mieux tout ce que fait mon éducatrice à moi.

Je l’aime Mélanie et du haut de mes 18 mois, j’apprécie tellement ce qu’elle fait pour les amis et moi!

Mélanie, elle est éducatrice et elle me dit souvent qu’elle fait le plus beau métier du monde!

Mélanie Paradis

Je suis LA Responsable de tout

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais dans NOTRE maiso

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais dans NOTRE maison, je suis LA Responsable, avec un grand R. Ne vous méprenez pas, mon mari fait sa part. Pour ce qui est de faire les tâches, c’est vrai que c’est relativement équitable : Bienvenue en 2016!

 

Mon amoureux est un papa présent, impliqué et je l’adore. Ce qui me dérange, c’est de devoir être LA personne responsable de tout cela : l’organisation, la planification, la gestion…

 

Responsable de la prise de tous les rendez-vous médicaux

Je suis Responsable de prendre tous les rendez-vous médicaux. Si on doit se présenter chez un spécialiste pour l’un des enfants, on se relaie tour à tour, mon mari et moi. Mais prendre TOUS les rendez-vous, ça ne se fait pas tout seul. Médecin de famille, clinique d’urgences, ergothérapeute, physiothérapeute, vaccins, dentiste, optométriste, orthophoniste… et j’en passe! Cinq membres d’une famille, ça fait cinq fois plus de rendez-vous, chez cinq fois plus de spécialistes à contacter…

 

Responsable des finances

Je suis Responsable de nos finances. Payer les comptes pour l’hypothèque, l’électricité, les téléphones, la télévision, etc. Ça semble simple au premier regard. Ajoutez à ça les assurances de la maison, celles des deux voitures, les assurances-vie et invalidités, les assurances médicaments, etc. Et évidemment, il ne s’agit pas que de payer les comptes, mais aussi de renouveler tous les contrats en bonne et due forme, en s’assurant de payer le moins cher possible… L’argent, on en gagne tous les deux, mais le gérer, ça ne se fait pas tout seul!

 

Responsable de l’alimentation

Je suis Responsable des menus des lunchs, des collations et des repas de toute la famille. Le soir venu, nous cuisinerons toute la famille ensemble. Mais les membres de cette famille semblent penser que l’univers organise tout le menu, sans qu’ils aient à s’en soucier.

 

Responsable de l’entretien ménager

Je suis aussi Responsable du ménage. Je dois apparemment décider de ce qui doit être nettoyé, et quand ça doit être fait. Chaque tâche ménagère finit par se faire en équipe, mais je dois rappeler à chacun de faire ses tâches. S’il faut faire le grand ménage, on le fera tous les cinq. Mais encore une fois, si je ne prends pas la Responsabilité de l’entamer, personne ne le fait… Je vous jure, j’ai fait le test ultime et le résultat faisait peur à voir. Digne d’un cas de DPJ…

 

Responsable du divertissement

Je suis même Responsable de nos sorties. C’est mon sideline officiel : G.O. à temps plein! Je suis Responsable d’occuper tout ce beau monde le week-end. Sorties aux pommes, aux fraises, aux framboises, aux bleuets (Ouais, je sais, j’aime les autocueillettes…). Sorties au cinéma, au centre d’amusement, au musée, etc. Toute la famille se réjouit de faire de belles activités, mais encore une fois, celles-ci semblent s’organiser comme par enchantement…

 

Responsable des inscriptions

Je suis Responsable de toutes les inscriptions : danse, patin, école, camp de jour, soccer, autorisations, formulaires, inscriptions… Encore de la paperasse qui semble se faire toute seule!

 

Responsable des tenues vestimentaires

J’ai parlé des vêtements ? Parce que oui, je suis aussi Responsable de l’habillage de ces petites bêtes! Vêtements courts et longs, ensembles extérieurs de printemps, d’automne et d’hiver, bottes, chapeaux, souliers de danse, souliers d’éducation physique, souliers propres et souliers de rechange. Oui, l’industrie de la chaussure nous tient par le portefeuille!

 

Bref…

Je suis Responsable. Responsable de tout finalement. Parce qu’une maman, bien souvent, ça en a beaucoup sur les épaules. Beaucoup de Responsabilités. Mais au final, ça fait partie du rôle à jouer…

 

Et vous, qui est LA personne Responsable chez vous ?