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Aimer trop – Texte: Klaude Laflamme

J’ai besoin de m’adresser à toi, je veux que tu saches que je t’ai vue aller. Tu te penses di

J’ai besoin de m’adresser à toi, je veux que tu saches que je t’ai vue aller. Tu te penses discret et parfait, mais je te vois en fluorescent. Tu es agile, tu tends tes fils, tu enrobes de doux et de magie. Elle se laisse envoûter, elle s’abandonne à toi. Elle rayonne, elle se passionne, elle se dévoue par amour.

Je me méfie, la protège, mais elle te suit. Tu es jaloux, elle est tellement belle, c’est pour ça. Elle a de l’opinion, de l’intelligence et de l’aplomb. Elle ne se voit qu’à travers toi… belle, compétente et déterminée. Puis, doucement, elle doute, elle a peur de te perdre, de ne plus être à la hauteur. Ses mots, ses idées et son regard sur elle t’appartiennent.

Elle s’éloigne, je ne l’atteins plus. Je veux la protéger, j’essaie de lui dire que pour moi, elle est formidable. Elle ne m’entend plus, ne me croit plus. Tous les autres, tes amis la trouvent intense, ils la voient eux aussi à travers tes mots. Tu lui répètes des conversations que personne ne tient. Tu lui donnes des défauts qui ne la définissent pas. Mais elle, elle te croit.

Lentement, je la vois sombrer, elle s’effondre mentalement. Par chance, tu es là, personne ne la soutient et ne la comprend comme toi. Du moins, c’est ce qu’elle pense. Tu es si bon, si compréhensif, bien des gens n’auraient pas ta compassion. Elle se le répète sans cesse, sans toi elle n’existe pas.

Quand la tête reprend le dessus, son corps l’abandonne, elle souffre de tout son être. Aux yeux des autres, tu es le pilier, mais moi je le sais, tu ne fais que l’enliser dans sa noirceur. Elle ne s’aime plus, elle n’aime que toi.

Un jour, elle décide de prendre soin d’elle, son intelligence lui dicte de se guérir. Elle renaît tranquillement, petit à petit, la femme épanouie refait surface. Quand la lumière brille à nouveau, tu prends la fuite.

Son monde s’écroule, celle qu’elle est vraiment n’a pas su te plaire. Puis, elle reprend le contrôle de sa vie, elle renaît et s’apprivoise à nouveau. Ses défauts sont en fait de grandes qualités qui lui permettent d’avancer à travers les débris de son passé. Elle se construit un univers à son image, flamboyant, lumineux et léger.

Je te remercie de l’avoir quittée, toi qui l’as mal aimée.

 

Klaude Laflamme

 

Toi, ce poison insidieux – Texte : Annick Gosselin

Il m’aura fallu des années pour comprendre ce qui m’arrivait. J

Il m’aura fallu des années pour comprendre ce qui m’arrivait. Jamais je ne me serais doutée que j’en serais victime. Pendant si longtemps, j’ai cru à tort que je n’étais pas tolérante, que j’avais mauvais caractère et que c’est ce qui faisait en sorte que je me sentais constamment en colère contre toi.

Chaque fois que tu buvais, c’était le même manège. Tu te transformais en un vrai monstre.  Les insultes et les remarques destructrices étaient régulières, tu prenais même plaisir à me ridiculiser devant tes amis, comme si ça te donnait un super pouvoir.

Mais le jour où tu as commencé à avoir ce comportement avec nos enfants, que tu les rabaissais et les dénigrais, j’ai su que c’était inacceptable et je suis devenue une vraie lionne pour les protéger de toi. Malgré tout, j’ai supporté tes insultes encore et encore, en espérant que tu allais changer et que j’arriverais à sauver notre famille. Même si au fond, je savais que cela n’arriverait pas. Trop de colère et de méchanceté t’habitaient.

C’est mon entourage qui m’a fait comprendre quel manipulateur tu étais et que toutes ces années, j’avais été victime de violence psychologique de ta part.

La révélation a été un choc. Comment MOI, j’ai pu être aveugle à ce point? Comment j’ai pu en arriver à accepter de vivre cela? Néanmoins, je devais continuer pour nos enfants et surtout ne pas te laisser gagner, malgré le fait que j’étais pas mal abimée psychologiquement, je devais me reconstruire.

Je pensais bien qu’avec la séparation, le pouvoir que tu avais de me faire du mal cesserait enfin, mais je me suis grandement trompée. Tu te servais de ce que j’avais de plus précieux pour me faire mal, nos enfants. Je devais toujours tout accepter, car sinon, c’est sur eux que ton venin retombait. Et comme je ne voulais pas qu’ils souffrent, j’acceptais tout en me fermant et en encaissant, encore et encore.

Ça a été long pour que j’aie le courage de te faire face, que j’arrête d’accepter l’inacceptable.  Et un jour, j’ai trouvé la force. Certes, j’étais fière d’avoir tenu mon bout et de m’être respectée. Mais chaque combat que je te livrais me laissait dans un état de colère et de détresse psychologique incroyable, car tes attaques étaient profondes. Il me fallait, chaque fois, quelques jours pour m’en remettre.

Nos enfants ont grandi, ils sont devenus adultes. Mais comme nos obligations subsistent tant que les études ne sont pas finies, c’est long, très long avant de ne plus t’avoir dans ma vie. J’ai dû constamment supporter tes excès de colère et tes attaques gratuites quand tu ne voulais pas t’impliquer ou payer une facture. La discussion avec toi est impossible. Confrontation et attaques, c’est tout ce que tu connais.

Évidemment, c’est toujours quand je m’y attends le moins que tu frappes le plus fort. Me libérer de ton emprise m’aura pris de nombreuses années, mais maintenant c’est fini. Je prends la décision de me respecter en me libérant de ta présence toxique dans ma vie.

J’ai dû en venir à te bloquer comme contact dans mes courriels, mes SMS et sur les réseaux sociaux. Cette violence psychologique, même ponctuelle, fait mal et est inacceptable. La semaine dernière, c’est la dernière fois de ta vie que tu me traitais de connasse.

Annick Gosselin

Quand le « Monstre » n’est pas violent

Je lui avais dit qu’un jour, tout cesserait mais qu’il fallait q

Je lui avais dit qu’un jour, tout cesserait mais qu’il fallait qu’elle nous fasse confiance. Ce n’est pas facile de faire comprendre à quelqu’un qu’une autre personne a une emprise sur elle. Comment rester délicat mais ferme?

– Je l’ai dans la peau! Ensemble on se brûle, séparés on se perd.

Elle se séparait mais retournait avec lui à chaque menace ou à chacune de ses belles paroles!

Il lui disait qu’il l’aimait donc. Elle voulait lui « laisser une chance ». Encore.

Un an après être partie et libérée, il continuait à lui écrire, à lui envoyer des mots doux. Mais ce qu’elle ne comprenait pas, c’est qu’au travers de ses mots doux, il y avait des menaces. Des menaces bien inoffensives qu’elle disait parce qu’elle aussi, elle lui en envoyait. La manipulation est traître. Elle est invisible aux yeux de celle qui la subit, mais aussitôt qu’une personne doit user de violence psychologique, c’est un Monstre.

Aussitôt que quelqu’un se sauve d’une maison pour se libérer, il y a une raison. Quand le « Monstre » en question vous rappelle en disant qu’il a changé mais qu’au travers de ses paroles, il y a encore de la manipulation : il n’a pas changé. Quand la roue qui tourne est la même depuis dix ans, pourquoi soudainement la personne changerait-elle mais en conservant ses menaces? Il n’a pas changé.

Elle est retournée. Je dois respecter son choix, qu’elle me dit. Eh bien, elle devra accepter le mien qui est que moi, je ne l’accepte pas. Ma porte sera toujours grande ouverte pour elle mais lui, il ne me manipulera pas. Je dois la regarder couler, encore une fois, parce qu’une personne qui ne veut pas s’aider, on ne peut pas l’aider de force. J’ai tout essayé, je le jure.

Et chaque fois, elle me dit : « c’est la bonne ».

Je n’y crois plus.

Qu’est‑ce qui se passe dans la tête d’un manipulateur? Est‑ce une victoire pour lui? Est‑ce qu’il est fier d’avoir encore gagné? Ou est‑ce que quelqu’un peut vraiment changer?

Seul le temps me le dira. Encore.

Eva Staire

 

Parce que toi, t’es ce gars-là

Parce que toi, t’es ce gars-là:

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Parce que toi, t’es ce gars-là:

T’es celui qui est entré dans sa vie, avec tes airs de bon gars. Même moi, j’y ai presque cru. Je dis presque, parce que pour une raison que j’ignore, j’ai été mise au monde avec un sixième sens assez puissant. T’avais l’air d’un bon gars, mais tout en moi me disait de faire attention.

Ça a commencé de manière insidieuse, on a même eu de bons moments nous deux. Mais rapidement, j’ai vu les changements en elle. Sa liberté, tu te l’es appropriée. Son sourire sincère, tu l’as effacé. Son regard, tu l’as aveuglé. Son bonheur, tu t’es assuré qu’il n’est accessible qu’à toi, tu l’as mis dans ta petite poche arrière.

Outre ma présence, je ne pouvais faire plus. Tu sais, tu es quand même celui qu’elle a choisi et qu’elle aime, alors je devais te tolérer pour ne pas la perdre.

Sauf que vois-tu, avec le temps, c’est allé trop loin et tu es devenu son cerveau. On aurait dit qu’elle ne pouvait plus réfléchir par elle-même. En plus d’oublier toutes les paroles blessantes que tu pouvais lui dire, elle a fini par oublier qui elle était, aussi merveilleuse soit-elle. Je le sais que pour toi, j’étais menaçante simplement parce que j’étais sa confidente et que je voyais ta game.

Toi, t’es ce gars-là,

alors tu ne t’es pas arrêté là. Après lui avoir enlevé tout ce qu’il y avait en elle, tu t’es mis à éliminer tout ce qu’il y avait autour d’elle. Chaque fois qu’elle perdait un lien, toi, tu t’assurais d’être à ton meilleur à ce moment-là. Tu voulais lui montrer à quel point tu étais indispensable à sa vie, le seul à la comprendre. J’ai fini par faire partie des dommages collatéraux et malheureusement, ça, je ne te le pardonnerai jamais.

J’ai longtemps souffert de sa perte et je vais longtemps en souffrir. J’ai dû lâcher prise, pour elle. Ça m’a demandé tout l’amour du monde de la laisser partir. Sauf qu’à un moment donné, j’ai dû le faire parce que tu lui as demandé de choisir. Pour moi, c’était inadmissible de lui imposer ça, alors j’ai fait la seule chose qui devait être faite pour elle et pour mon intégrité. Si je lui avais demandé de faire ce choix, ça aurait été comme me rabaisser à ton niveau. Elle avait bien assez de toi, elle ne méritait pas que son amie lui fasse ça.

Toi t’es ce gars-là,

t’as jamais été capable de la laisser partir, même quand elle t’en suppliait. Tu refuses d’envisager qu’elle puisse être heureuse sans toi, alors tu l’emprisonnes dans votre relation. J’espère qu’un jour, elle trouvera la force nécessaire pour se libérer de ton emprise, parce que ça, personne ne peut le faire à sa place.

Toi t’es ce gars-là,

celui qui va détruire tellement de relations, de liens et d’humains sur ton passage pour une seule raison : tu n’as jamais appris à t’aimer toi-même.

Eva Staire

Même si ce texte s’adresse à ce gars-là, il pourrait aussi s’adresser à cette femme-là. La violence psychologique touche les hommes et les femmes.

La manipulation

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J’avais dix-huit ans quand je l’ai rencontré dans un cours au cégep. C’est lui qui m’a approchée, car moi, je n’aurais jamais osé le faire, beaucoup trop gênée. De fil en aiguille, nous avons commencé à sortir ensemble : le début de sept années et demie d’enfer.

 

Au début, tout se passait bien, nous sortions tous les weekends au centre-ville, il faisait attention à moi. Peu à peu, les choses ont commencé à changer. Il ne s’entendait plus avec ma famille et ne voulait pas m’accompagner dans les événements où ils seraient présents. J’étais constamment prise entre ma famille et lui et j’ai commencé à m’éloigner peu à peu de ma famille.

 

Les sorties étaient toujours avec ses amis à lui, dans les endroits qu’eux aimaient et à discuter autour d’un pichet de bière de sujets qui les intéressaient. J’étais la seule fille présente, car ses amis n’avaient pas de copines; donc impossible de me rabattre sur une présence féminine pour jaser d’autre chose que d’informatique ou de voitures. Tous les vendredis soir, il m’attendait à la sortie de mon travail, ses amis dans la voiture, pour aller jouer au billard et passer le reste de la soirée dans un pub. Chaque fois, j’étais comme un trophée qu’on trimbalait partout : on ne me laissait pas jouer au billard et on ne m’adressait pas la parole. Je buvais tranquillement ma bière et je l’étirais sur toute la soirée parce que je n’aimais pas vraiment cela, je regardais ce qui se passait autour et j’attendais le moment de partir.

 

Un soir au pub, notre serveur m’a apporté un verre de sangria. Quelqu’un avait manifestement vu que la bière et moi n’étions pas amies plus qu’il ne le faut. Aucune idée de la provenance du verre. Par contre, mon copain, lui, n’avait pas apprécié du tout le geste. Il a alors commencé à suspecter un de ses amis de m’avoir envoyé ce verre. Au cours des mois qui ont suivi, il les a testés pour voir leur intérêt envers moi et dès qu’ils étaient gentils avec moi, il cessait de leur parler et de les voir. À un point tel que les seuls amis restants étaient ceux qui étaient musiciens comme lui et nos sorties consistaient uniquement à se rendre au local où ils pratiquaient. Même à cela, j’attirais encore trop l’attention à son goût.

 

Nous allions au restaurant, souvent, de plus en plus souvent. La facture me revenait toujours, car j’avais un bon emploi et lui était toujours aux études. J’ai commencé à accumuler les kilos à force d’être toujours au restaurant. Il l’a bien évidemment remarqué et a commencé à me traiter différemment. Il a commencé à me rabaisser, à critiquer mes choix vestimentaires, à critiquer les collègues de travail avec qui je tentais de me lier d’amitié, de me dire que je dépensais beaucoup trop pour moi et jamais assez pour lui, donc qu’il ne devait pas compter tant que ça à mes yeux. La violence psychologique et la manipulation venaient de s’installer dans ma vie. La violence physique a suivi peu de temps après. Jamais rien pour laisser des marques apparentes, mais assez pour me faire craindre d’exprimer mon désaccord avec ses propos ou avec ses agissements.

 

Lorsque j’ai commencé cette relation, comme toutes les jeunes filles de dix-huit ans, je rêvais de me marier et de fonder une famille. Lui ne voulait rien de tout cela et il me l’avait fait savoir. J’aurais dû le quitter à ce moment, après tout, nous n’espérions pas les mêmes choses de la vie! Je suis restée. Il était musicien, il m’avait composé une chanson. Je croyais naïvement qu’en avançant dans la vie, nous finirions par vouloir les mêmes choses. J’ai eu tort. Quand j’ai commencé cette relation, je pesais 117 livres, j’en suis sortie à 207 livres. Quand je l’ai laissé, il m’a reproché de ne pas avoir pris soin de ma personne pour expliquer son désintérêt envers moi, mais m’a dit qu’il voulait maintenant qu’on se marie et qu’on ait enfants pour tenter de me retenir. Je n’ai pas été dupe, j’ai continué mon chemin sans me retourner.

 

Près de vingt ans après la fin de cette relation, j’ai encore le réflexe de garder des choses pour moi de peur de me faire rabaisser et peut-être de me faire gifler. J’ai toujours de la difficulté à m’ouvrir, je garde toujours trop de choses en moi.

 

Par contre, près de vingt ans après la fin de cette relation, je regarde en arrière et je vois ce que j’ai fait de positif avec les séquelles : j’ai été mannequin taille plus durant quelques années, je n’ai pas honte de mon corps ou de l’image que je projette et j’ai confiance en moi (la plupart du temps). Il a cru me briser et qu’avec un surpoids, je n’allais plus attirer le regard des autres autrement qu’avec dégoût; j’ai pu prouver le contraire. Aujourd’hui, en 2017, je peux enfin dire que je suis fière de ce que je suis, de ce que je suis devenue, de ce que j’ai accompli et plus jamais quelqu’un ne me fera croire que je suis inférieure!

 

 

Annie St-Onge