Archives janvier 2017

La face cachée du mot « projet »

Quand c’est rendu que même écrire fait peur... peur de mettre ses émotions sur papier... peur d

Quand c’est rendu que même écrire fait peur… peur de mettre ses émotions sur papier… peur de se faire critiquer… peur de se faire dire « Hein? Toi? Ben voyons! »

Oui, je suis cette fille-là. Ça ne paraît pas, hein? Celle qui a peur de tout, mais qui doit rester forte pour les autres. Celle pour qui c’est impossible de s’arrêter trente secondes, sinon la tête se met à tourner et le vertige apparaît. Celle qui s’étourdit avec une tonne de projets pour ne pas trop penser. Oui, je suis cette fille-là.

Je suis celle qui se bat pour tout le monde. Celle qui est toujours disponible pour tout le monde. Celle qui pense à tout le monde. Et je suis celle qui s’oublie. M’oublier évite de penser. Éviter de penser évite d’angoisser. Éviter d’angoisser égale respirer.

J’ai peur d’un paquet de choses. Premièrement, la plupart des gens ont peur de foncer dans la vie pour ne pas vivre l’échec. Moi, c’est l’inverse : j’ai peur de foncer parce que je me dis : « Tout d’un coup que ça fonctionne, comment vais-je faire pour y arriver? »  Comment vais-je faire pour arriver à combiner travail, passions, projets et famille? Comment vais-je m’organiser si mon projet fonctionne? Est-ce que je vais être capable? Est-ce que je vais avoir du temps?

Ensuite, une tonne de questions tourbillonnent sans arrêt dans ma tête : que va-t-il se passer avec ma fille si je meurs? Qu’y a-t-il après la vie? Je suis le genre de personne qui ne met pas mes écouteurs sur les oreilles en public, car je n’entendrais pas le danger arriver. Le danger, vraiment? Oui. Le D-A-N-G-E-R. J’ai peur de passer ma vie à côté de la track comme on dit. J’ai peur d’arriver à quatre-vingts ans et de regretter de ne pas avoir fait ce que j’aimais. J’ai peur de marcher dans la rue le soir. J’ai peur d’oublier des rendez-vous importants. J’ai peur de mourir. J’ai peur que ma fille soit malade. J’ai peur que ma fille ne m’aime pas. J’ai peur de tout.

J’ai peur de ne plus avoir d’idées! J’ai peur que ma tête devienne vide, alors je la remplis un peu plus chaque jour. Je commence des projets et je ne les finis pas tous, évidemment. Des projets, amenez-en! Il faut que ça roule. Il ne faut jamais s’arrêter sinon, c’est le néant. M’arrêter, c’est prendre le temps de penser et je ne veux pas ça. Penser égale angoisser.

Aux yeux des autres, je suis la fille inspirante, celle qui a eu son enfant jeune, celle qui est retournée aux études et qui réalise ses rêves de plus en plus. Peut-être, mais je le fais parce que j’ai la chienne, la maudite chienne de vivre, de vieillir et de regretter! Je dois accomplir le plus de choses possible pour ne pas regretter. C’est une course! La vie est une course! J’ai peur de ne pas réussir à tout faire. C’est ironique parce que je passe mon temps à dire à ma fille que ce n’est pas une course. Mais dans ma tête, c’en est une et je ne veux pas qu’elle pense comme moi. Et si ma fille pensait comme moi?

Combien de fois me suis-je réveillée dans la nuit en pensant à tout ce que j’avais oublié de faire dans la journée? Combien de fois ai-je paniqué en silence pour ne pas déranger les autres? Combien de fois ai-je caché mes vrais sentiments quand on parlait d’angoisse? Trop de fois. Je ne voulais pas montrer la face cachée derrière tout ça. Je ne voulais pas montrer ma faiblesse parce que je ne voulais pas décevoir.

La Superwoman de jour et l’éternelle angoissée de nuit : voilà qui je suis.

Mais vous savez quoi? Je suis totalement heureuse! Cette panique me tient en vie. Elle me montre que j’existe et ça me permet de rouler ma bosse et de ne pas penser… de ne pas penser à ce que sera la vie quand je ne serai plus là. Alors le jour où vous allez me redire : « Wow! Tan, tu as un millier de projets! », vous allez comprendre pourquoi…!

Demain est une autre année

31 décembre. Minuit approche. La journée a été riche en mé

31 décembre. Minuit approche. La journée a été riche en mélancolie. Mon homme absent pour plusieurs mois, mes enfants survoltés, la solitude dans une nuit de bilan, le manque d’énergie: c’est assez pour mettre un moral à -33. Le Bye Bye? Bof… Et je ne peux quand même pas me coucher tout de suite. Par principe. Alors je regarde notre chat qui trône sur le manteau du foyer et je déprime.

Je me suis réveillée ce matin avec la ferme intention de créer une journée amusante, tout en simplicité. J’avais prévu des jeux de collaboration, du travail d’équipe pour préparer le réveillon du Jour de l’An, des bonshommes de neige en plein air, la création de nouvelles traditions zen. Au saut du lit, j’ai pris le temps de créer mon rituel de bonne humeur : chandelles parfumées, musique méditative, yoga.

« Les enfants, on fait des crêpes pour bien commencer cette journée spéciale? »

Et c’est là que tout s’est envenimé.

Beding! Bedang! Tiloup prend une débarque en bas du banc qu’il avait installé pour brasser la farine et les œufs. Un orteil fendu.

« Maman! Il y a du sang partout! C’est dégueulasse! »

« Maman! Je vais mourir de faim si je ne mange pas tout de suite! »

« Maman! Il m’a tapée! »

« Même pas vrai! Maman, c’est elle qui a commencé! »

On était déjà rendus à quatre « Maman! » urgents et tout autant de drames, et il n’était même pas neuf heures. Un peu trop pour moi qui espérais un 31 décembre zen. J’aurais peut-être dû modérer mes attentes au lieu de visualiser l’île des plaisirs d’Astérix dans ma demeure.

Je me suis auto-mise en timeout après le déjeuner. « Maman a besoin de faire un reset sur son matin. On va jouer à redémarrer la journée, ok? »

Ma fille aînée est allée dormir (pour se réveiller vers quatorze heures! Fatigue du temps des Fêtes déclarée coupable de son attitude drama queen à la puissance mille!) Les autres ont testé leur nouveau jeu de Skylander. Presque toute la journée. (Bon. Pas fière de moi. En même temps, je garde d’excellents souvenirs des quelques fins de semaine de mon enfance passées en tête-à-tête avec mon cousin et Mario Bross. Je ne suis pas devenue analphabète ni délinquante pour autant…)

Mère indigne que je suis, j’ai traîné mon moral à plat jusqu’au fauteuil pour m’y incruster jusqu’à la fin de mon roman. Trois tasses de thé plus tard… mon menu de réveillon était concocté et le pain maison sentait bon. J’avais même réussi à me rappeler que, tant qu’à faire de la bouffe, j’étais mieux d’y mettre de l’amour plutôt que de l’à-boutantisme. Je me suis mis un sourire dans la face et un CD dans le piton et je me suis concentrée sur le positif :

« Grand frère (oui, mon fils de quatre ans appelle Tiloup “Grand frère” et ça me fait craquer), peux-tu m’aider à combattre les méchants? C’est toi le meilleur. »« Maman, je t’aime. C’est toi la plus forte présentement à la maison! » (Ça va changer quand papa sera de retour, mais pour l’instant, les enfants me couronnent de ce titre honorifique.)

« Venez, on va jouer à Cherche et trouve tous ensemble après avoir ramassé les assiettes ».

Pour être réaliste, il faudrait ajouter les cris, les pleurs, les « Tricheur! » et les « Je m’ennuie de papa! » Mais souvenez-vous : je m’efforçais de me concentrer sur le beau et le bon. Dans ma tête, c’était gris et nuageux, alors j’avais besoin de rayons de soleil. Et mes enfants sont champions pour jouer ce rôle.

« On rigolait tellement tous ensemble que ça m’a donné mal à la gorge. Pourrais-tu me donner un bisou-guérit-tout? »

« Mes sœurs, je vous aime toutes les deux égal! »

On a parlé sur Skype avec papa, qui était arrivé en 2017 six heures avant nous, heure du Kosovo. C’était chaotique, c’était étourdissant. C’était vivant. C’était réconfortant d’entendre mon mari me dire à quel point il est amoureux et fier de moi. Une journée où tu ne t’aimes pas et où tu te trouves poche, tu as besoin de te faire dire : « T’es bonne, t’es fine, t’es capable ». Ça ne te convainc pas, mais ça limite les dégâts.

Après une tonne de câlins et de bisous d’Esquimaux, la marmaille a trouvé le chemin des lits et moi, j’ai trouvé le chemin de mon clavier.  Écrire pour me rappeler que demain est une autre année.

nouvel-an

Et pour la nouvelle année, mes enfants et moi nous sommes entendus sur une nouvelle tradition : au lieu de prendre une résolution annuelle qui sera reléguée aux oubliettes autour du 3 janvier, nous prendrons des résolutions hebdomadaires. Parfois familiales (se parler, s’écouter et s’entendre; lâcher le matériel électronique; rendre service), parfois individuelles (baisser le volume vocal [lire : parler au lieu de crier]; se coucher plus tôt [ça, c’est pour moi! Et je suis très mal partie!]).

Déjà, mon Tiloup de cinq ans a écrit nos premières résolutions pour la première semaine de janvier :

resolutions

Dessiner, jouer et fêter Noël (encore?) : gros plan de match!

 

Papa même s’il est trop tard

Je ne t’ai pas connu, pas comme j’aurais dû. Pourtant, tu as contribué à me fabriquer, à faire que j’existe. J’ai quelques souvenirs éparpillés, mais le lien d’attachement ne s’est jamais formé. Plus de seize années ont passé depuis que je t’ai dit adieu sur ton lit d’hôpital. Affaibli par la maladie, tu m’avais demandée à ton chevet. J’ai hésité. Le ciel m’est témoin que j’ai longtemps réfléchi au pourquoi j’irais te voir avant ton départ. J’avais à ce moment beaucoup plus de raisons de ne pas m’y présenter que d’y être. Mais ton ainée, ma sœur, qui te pleurait déjà tellement, espérait que j’y sois. Elle, elle t’a aimé, elle t’aime toujours. J’en étais jalouse à en crever! J’avais dans le cœur ce manque de paternité.

Bien entendu, un autre homme a pris ce rôle que tu aurais dû avoir. Il a bien fait les choses, ne t’inquiète pas. Aujourd’hui encore, il est présent dans ma vie et je l’aime. Il a tenu ce rôle qui t’était destiné. Je t’en ai voulu dans le passé. Je ne comprenais pas pourquoi on ne se voyait pas. Pourquoi ne m’aimais-tu pas suffisamment pour venir me voir? Du moins, c’est ce que je croyais. Il est arrivé que cette sœur, que j’idolâtrais en secret, parte avec toi, alors que je restais derrière. Je ne l’enviais que davantage, en silence. Je découvrais ma première souffrance.

J’ai dit haut et fort à qui voulait m’entendre que je te détestais, que je t’avais en répugnance et que je ne voulais rien avoir à faire avec toi. Si tu savais comme je mentais! À un moment, nous avons eu la chance de faire connaissance. Dans mes révoltes de jeune femme en devenir, je n’ai pas su la saisir et tu étais, toi aussi, bien démuni. Je le sais aujourd’hui.

Je suis mère à mon tour, tu n’auras jamais connu mon époux ni mes enfants. Oui, tu es grand-père trois fois maintenant. Tu serais si fier d’eux, j’en suis sûre! Depuis environ deux ans, je parle de toi. J’ai entendu ces histoires que j’ai enfin écoutées. Des histoires provenant d’une famille que je découvre petit à petit. De ma sœur avec qui la distance s’est finalement effacée. De ma mère, qui naguère préférait se taire à ton sujet.

J’aurais aimé connaître cet homme, ce frère, cet oncle, ce père. MON père. Je suis heureuse d’être allée te voir ce jour-là. Ça m’a atteinte plus que je ne l’ai jamais avoué, surtout à moi-même. Je m’accroche depuis toute petite à ces moments si limités que l’on a partagés.

J’écris ce texte aujourd’hui, les joues inondées. La gorge nouée et un tremblement au corps. Je mets le doigt, à trente-six ans, sur ce grand vide qui ne sera jamais comblé. Je réalise d’où est né ce mal de vivre que j’ai toujours porté. Malgré mon bonheur et mes joies, depuis quelque temps, mes pensées ne reviennent que vers toi. J’aurais voulu me souvenir de tes bras autour de moi, de ta voix me réconfortant. J’aurais voulu connaître tes joies, tes souvenirs d’enfance. Ta fratrie si grande.

Je me rappelle de si peu de choses. Mais lorsque je ferme les yeux, il y a un détail qui jamais ne me quitte. Ton propre regard. Celui que je te surprenais parfois à poser sur moi. Aujourd’hui, je le comprends. Tu as souffert aussi de l’absence de ton enfant. Aujourd’hui, j’en suis consciente et ma peine n’en est que plus grande.

Depuis toujours, je me suis battue pour ne jamais dire cette phrase. J’ai vécu pour ne jamais avoir ce regret. Mais force est d’admettre, ce soir, que j’ai échoué. Chaque cellule de ma personne hurle autant que cette voix dans ma tête qui fredonne ses mots assommants et qui ne changent rien à l’histoire, sauf de me faire broyer du noir : j’aurais dû.

J’aurais dû en profiter durant ces quelques mois partagés.

J’aurais dû cette porte ne pas la fermer.

J’aurais dû comprendre.

 

La mère en moi répète à cette fillette que j’étais : ce n’est pas ta faute. Il t’aimait.

Mais la fillette en pleurs et contrite ne peut que répondre : Oui je sais, mais moi je n’ai pas su l’aimer.

Papa, depuis toujours et à jamais, tu es l’être qui aura le plus manqué à ma vie.

 

Simplement, Ghislaine.

 

Le revers de Facebook

Si vous êtes comme moi, le matin, vous vous réveillez, vous ouvrez

Si vous êtes comme moi, le matin, vous vous réveillez, vous ouvrez les yeux, vous embrassez votre conjoint et vous allumez votre téléphone cellulaire. Il y a quelques courriels, vite lus, la météo, rapidement « checkée », ainsi que les grands titres, et… les notifications de nos réseaux sociaux préférés.

Je m’empresse d’aller voir qui a commenté ou aimé ceci ou cela et je me réveille tranquillement en surfant sur mon fil d’actualité. Plusieurs fois dans la journée, je me pose, avec un bon café, afin de faire défiler ce site, écrire des niaiseries, partager des images drôles, publier des photos, raconter ce qui est racontable (quoique ce soit subjectif), bref… Facebook est devenu un loisir quotidien, une façon de partager, de rire, de se soutenir et de donner des nouvelles à mes proches qui vivent de l’autre côté de l’océan, sans avoir à remplir leurs boîtes de courriels. J’aime sa spontanéité, son aspect ludique et reposant, et j’assume une certaine dépendance. C’est avant tout pour moi un moyen de partage et de communication.

Sauf qu’il y a des revers… J’ai appris avec le temps à « classer » mes contacts, protégeant ainsi mon intimité. Je déteste me censurer dans la vie, et sur Facebook, c’est pareil. Sauf que des fois, il faut tourner les doigts sept fois au-dessus du clavier avant de publier ou de commenter. Pourquoi? À cause de ceux à qui il manque un sens de l’humour certain et de ceux qui scrutent tout ce que l’on peut écrire, dire, aimer ou partager.

Les scrutateurs… Ils cherchent une reconnaissance sociale dans un réseau de communication spontané et divertissant. Depuis quelques mois, pour la première fois, j’ai dû avoir des utilisateurs « restreints » et même « bloqués » afin de garder ma liberté d’expression. Ces gens qui, dans la « vraie vie » (pourtant Facebook n’est que le prolongement de la vraie vie, non?), sont sans doute frustrés ou malheureux, ou encore ils manquent de confiance en eux. Je ne sais pour quelle raison, ils attachent une importance capitale, presque vitale, à tout ce qui s’écrit sur le réseau social…

Imaginez la faiblesse d’un adolescent en pleine crise existentielle… Facebook peut avoir un impact très dangereux, voire destructeur, pour quelqu’un qui est mal dans sa peau et le moindrement isolé socialement…

Ces derniers mois, j’ai vu de la manipulation et même de la diffamation (deux choses qui sont pourtant complètement illégales), des règlements de compte (des couples qui s’engueulent en public, des amis qui se déchirent devant tout le monde, mettant mal à l’aise absolument tous leurs contacts…) et j’en passe…

J’ai dû allonger ma liste d’utilisateurs bloqués à force de harcèlement et d’attaques quotidiennes… Eh! Oui, être sur Facebook demande de savoir se protéger et se défendre… J’ai appris à changer ma façon de l’utiliser. Et finalement, je deviens « presque » comme tout le monde : je ne montre que le positif, ou le pas « trop négatif », ou seulement le rigolo : l’illusion d’une vie… Je trouve ça dommage et je me dis que c’est sans doute cela qui tuera le réseau social. Parce que ça sert à quoi si on ne peut plus s’amuser sans offenser, frustrer ou blesser un potentiel utilisateur qui pense que tout est sérieux et qui se sent visé par tout, tout le temps? Si ça m’est arrivé une fois, ça m’arrivera sûrement encore. Alors je me modère, je me relis (bah! Voyons, elle est passée où, la spontanéité!?) et je restreins de plus en plus d’utilisateurs…

Mais si je réfléchis bien, dans la « vraie vie », il y a des personnes nuisibles, non? On ne peut pas s’entendre avec tout le monde et on a plus au moins d’affinités avec les gens. Et si Facebook nous permettait seulement de comprendre plus rapidement quelle sorte de personnes sont nos « amis »? Parce que quelqu’un qui a les yeux collés du matin au soir sur son cellulaire, à tout scruter de la vie des autres sur un réseau social, je ne suis pas certaine d’avoir envie de ça dans ma vie. Quelqu’un capable de voler l’identité d’un autre ou de créer un faux compte, pour scruter encore et toujours, ai-je vraiment besoin de ce genre de personnes dans ma vie?

Peut-être que finalement, le revers de Facebook est de nous ouvrir les yeux plus vite sur la véritable nature des gens qui nous entourent…

Et la plupart du temps, avouez qu’on a vraiment du fun sur ce réseau social! Et comme j’ai la fâcheuse habitude de ne me souvenir que du positif, je vais continuer à l’utiliser! Car je m’y amuse chaque jour!

Pu’ capable des gens fake

Les vacances des Fêtes, c’est l’occasion de revoir les gens que

Les vacances des Fêtes, c’est l’occasion de revoir les gens que nous connaissons. Amis, familles, connaissances, tous se réunissent. Cette année, je ne sais pas si c’est parce que j’ai trop vieilli ou si le mélange Terrible2-Fucking4-Attitude6 a juste bouffé ce qu’il me restait de patience, mais j’ai fait un constat : Ch’pu capable des gens fake.

J’en ai vu, des madames avec cent piastres de camouflage, juste en fond de teint. (Et je ne parlerai pas de la mode « J’me peinture les sourcils » parce que je vais déraper!) J’en ai vu, des plus jeunes avec les yeux rivés à l’écran toute la soirée, mais qui prennent des selfies pour montrer aux autres gens oh! combien ils s’amusent en famille… J’ai vu des duckfaces en photo inonder mon fil d’actualité.

Je dois vous avouer que le manque de sommeil et de patience a un résultat direct sur mes expressions faciales : je suis aussi transparente que possible! Je pense que mon énergie vitale est tellement restreinte que je n’ai plus d’énergie à dépenser dans le contrôle de mon visage. Ça fait que quand je juge… ça paraît! Mon mari l’a vu dans ma face. Et il a compris ce qui me dérangeait, sans que j’aie à le lui expliquer, parce qu’après des années, on se connaît bien.

Il m’a dit, avec toute la subtilité que je lui connais : « Ben, peut-être qu’elle se trouve belle, la fille avec son make-up. ». Sur le coup, je me suis dit qu’il avait raison. Vivre et laisser vivre, right? Mais après coup, je me dis que ça n’a pas de sens! Ça n’a juste. Pas. De. Sens. Une fille, une femme, une mère devrait se trouver belle. Point. Pas belle « avec son maquillage ». C’est quand tu l’enlèves que tu vois ton vrai visage. C’est normal que tu te trouves belle avec du maquillage, c’est comme pour ça qu’ils l’ont inventé… Ce que je ne trouve pas normal, c’est de se trouver belle AVEC, mais pas SANS.

Attention, je ne dis pas qu’il ne faut plus jamais se maquiller, qu’on va se laisser pousser les poils des jambes et brûler nos brassières. Je dis seulement que ce n’est pas normal qu’une femme ait besoin de se déguiser pour se trouver belle. Il y a des occasions pour lesquelles je comprends davantage qu’une femme essaie de faire bonne figure, comme pour donner une bonne première impression. Mais dans le cas d’une réunion de famille, pourquoi faudrait-il s’y déguiser? Notre famille, nos parents, nos amis, ne sont-ils pas justement les personnes avec qui on devrait rester authentiques?

Ça me fâche de constater qu’on essaie de bien paraître aux yeux de ceux qui nous ont mis au monde. Les grandes robes, les paillettes, le maquillage, les bijoux, les beaux sourires et les vies parfaites. Personne n’est aussi parfait que dans ses imperfections (c’est beau, hein!). En plus, on continue de transmettre ça à nos enfants : « Va mettre ta belle robe! Mamie s’en vient! » Pourtant, Mamie ne la remarquera même pas, la belle robe… Tout ce qu’elle veut, c’est bercer ses petits‑enfants… non?

Parfois, je me demande si je suis la seule extraterrestre ici… Moi, j’ai envie de voir mes cousins, mes cousines, mes oncles et mes tantes, juste pour les serrer dans mes bras. Pour savoir où ils en sont dans leur vie et dans leur cœur. Je me fous qu’ils soient bien habillés, propres, coiffés, camouflés et déguisés… Je ne cherche pas non plus à me faire dire que tout va bien. Je veux juste passer du temps avec eux, pour vrai, avec des gens vrais. Je pense que je ne suis juste pu’ capable des gens fake dans un monde fake.

Dites-moi que je ne suis pas seule.

Maternité et santé : ça se peut!

J’entends ou je lis souvent des commentaires sur les nouvelles mamans. Je remarque deux tendances

J’entends ou je lis souvent des commentaires sur les nouvelles mamans. Je remarque deux tendances qui me mettent mal à l’aise.

D’abord, l’obsession du retour à la taille de guêpe. C’est donc important de remettre ses jeans d’avant grossesse. On a aussi les : « Wow! Ça ne parait même pas que tu as été enceinte! » Quoi? C’est un compliment que la maternité n’ait laissé aucune trace? Est-ce que les gens qui énoncent ces propos réalisent à quel point c’est intense pour le corps de porter et de donner la vie?

Oui, on connaît toutes des femmes qui ont retrouvé leur taille de guêpe dans les heures après leur accouchement. Je les appelle affectueusement des mutantes (Salut, X-Men!) On aime les mutantes, on les veut dans nos vies, mais on ne se compare pas aux mutantes!

Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas de raison d’être fière quand on atteint un objectif de manière saine, bien au contraire! C’est plutôt l’attention mise sur l’apparence qui me rend inconfortable. Cette maman est-elle en santé? Parce que si elle porte des jeans de taille 3, mais qu’elle est au bord de la crise de nerfs tellement elle dort peu et s’alimente mal, je n’y vois aucun succès. C’est horriblement superficiel que de s’arrêter uniquement à l’apparence.

D’un autre côté, j’entends ou je lis aussi l’inverse. À quel point doit-on ficher la paix aux nouvelles mamans, doit-on apprendre à aimer notre ventre mou et nos bras qui pendouillent, sinon on est donc superficielles? Quand je vois passer un texte sur l’activité physique des femmes en post-partum, c’est quasi toujours accompagné de : « Ben c’est ça! Rajoutez-en donc en nous faisant sentir mal de ne pas bouger! » et de « On ne peut pas toutes être minces! »

Cette mauvaise foi m’agace tout autant. Pourquoi vouloir être en santé doit-il toujours rimer avec minceur? C’est certain qu’il y a un lien, mais il y a des nuances à apporter. Le fait de vouloir être en bonne forme physique est un objectif en soi, peu importe la taille des leggings utilisés pour le faire. Est-ce qu’on pourrait arrêter de commenter la grandeur de vêtements des nouvelles mamans et plutôt se concentrer sur leur état de santé? Vont-elles bien? Semblent-elles en forme? Il me semble que c’est ça, l’important.

Surtout, peut-on valoriser la mise en forme et la santé des mamans sans se faire rabrouer parce que c’est donc insultant de faire sentir à une femme qu’elle doit maigrir? On ne parle pas nécessairement de perte de poids. On parle d’avoir de l’énergie pour jouer avec ses enfants. Pouvoir grimper, sauter, courir avec eux sans avoir les poumons qui nous sortent de la poitrine ou sans se faire pipi dessus au moindre saut. Parce que oui, c’est aussi ça, être en santé : avoir de l’énergie, des muscles ET une retenue urinaire! Eh oui, pour avoir tout ça, les nouvelles mamans doivent bouger, à leur rythme, idéalement avec des personnes en mesure de les accompagner dans la remise en forme post-accouchement qui comporte des particularités telles que la rééducation du plancher pelvien, une possible diastase, parfois une césarienne, etc.

Pour ma part, je suis très difficile. Je déteste l’entraînement en gym et les profs ou entraîneurs doivent être hyper compétents pour que j’embarque. J’ai découvert près de chez moi le centre Bébé Cardio qui a récemment pris de l’expansion en offrant des cours dans différentes villes. Il y a plusieurs cours offerts qui passent du yoga doux à la musculation intense, de différents niveaux, en classe et dehors. Le local est aménagé pour qu’on puisse y aller avec bébé et le laisser jouer.

Tous les cours peuvent être faits en portage et les profs sont SUPER compétentes. Elles sont en mesure d’offrir des alternatives efficaces à toutes, peu importe leur condition. Les programmes ont été conçus spécialement pour les nouvelles mamans, intègrent la rééducation périnéale et sont géniaux! Non, je ne fais pas de pub et, oui, je paie mes cours comme les autres. Seulement, je me dis que ça pourrait intéresser d’autres mamans. Quand j’aime quelque chose, je partage la bonne nouvelle!

Finalement, les mamans, que ce soit en leggings, en joggings, en short, en extra small ou en extra large, on s’en fiche! L’important est que vous vous sentiez bien et en forme! On valorise la santé d’abord et avant tout!

Je vous souhaite de tousser, éternuer, jogger et sauter sans faire pipi!

 

Jessica Archambault

 

Mon éducatrice à moi

Je m’appelle Leïla et j’ai un an et demi. Hier, j’ai entendu

Je m’appelle Leïla et j’ai un an et demi. Hier, j’ai entendu de grandes personnes discuter et ça m’a rendue triste. Tu sais ce qu’ils disaient? Ils disaient qu’être éducatrice, ce n’est pas un travail. Le monsieur dans la télé disait que les éducatrices se battaient pour leurs conditions de travail. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais ça avait l’air sérieux. Il y a eu une grande discussion entre mes parents et leurs invités. Papa et maman leur expliquaient le travail de mon éducatrice, mais les autres disaient que ce n’est pas un travail, être éducatrice, qu’elles ne font que jouer à la journée longue.

Je ne parle pas beaucoup, mais j’aurais aimé pouvoir leur dire tout ce que mon éducatrice Mélanie fait pour moi.

Juste hier, un des amis du groupe est arrivé avec des bobettes. Wow! Mélanie lui a dit qu’elle était fière de lui. Il a fait pipi par terre et Mélanie n’était même pas fâchée. Elle lui a dit que c’était un accident, elle a ramassé le dégât, changé les vêtements de mon ami. Pendant ce temps, nous (les autres amis du groupe) on a fait un peu de niaiseries. Plus tard, mon ami a réussi à faire son caca dans le pot. Mélanie était tellement contente, elle tapait des mains, dansait, disait « Bravo! Bravo! » Je ne comprends pas trop pourquoi, elle ne fait pas ça quand je le fais dans ma couche, mais ça m’a donné le goût d’essayer. Mélanie a bien voulu. Elle m’a assisse sur le pot. Je n’ai pas réussi, mais elle m’a dit que ce n’était pas grave, que je pourrais réessayer plus tard si j’en avais envie.

Gabriel et Madyson ne s’entendaient pas bien aujourd’hui. Mélanie a dû les aider plusieurs fois à résoudre leurs conflits (comme elle dit). Elle les aidait à trouver les bons mots au lieu de se taper et de se mordre. Elle nous le répète souvent. Et tu sais quoi? On s’en vient vraiment bons. On utilise de beaux mots et je vois dans les yeux de Mélanie qu’elle est fière des amis.

Mélanie, elle chante tout le temps et nous explique tout. Elle parle sans arrêt. Et moi, j’apprends plein de nouveaux mots dans ce temps-là, sans même m’en rendre compte.

Hier, maman a dit à Mélanie qu’elle était fière de moi parce que j’arrive à m’habiller seule pour partir et on gagne beaucoup de temps. Les amis et moi, on a travaillé fort pour y arriver. Mélanie a eu chaud, mais elle continuait à nous aider, à nous encourager. Elle a même trouvé des trucs pour que ce soit plus facile. J’aime ça quand elle chatouille mes orteils lorsque j’arrive à sortir le pied de mon pantalon de neige. Je ne m’en rends même pas compte, mais son jeu me pousse à faire des efforts.

Au dîner, je trouve ça difficile parce que j’oublie souvent d’utiliser ma cuillère pour manger. Je prends mes mains. Mélanie nous répète souvent de manger avec notre cuillère. On essaie et on met de la nourriture partout. Des fois, Mélanie dit que le plancher mange plus que nous et ça nous fait bien rire. Ça en fait du dégât à ramasser.

Oui, c’est vrai, on joue. On joue beaucoup même. Mais Mélanie, elle est hot parce que je joue, mais j’apprends. J’apprends à partager, à tenir un crayon, à découper, j’apprends à réfléchir, à m’exprimer, j’apprends à attendre mon tour, j’apprends à dire « s’il vous plaît », « merci » et « est-ce que je peux? » J’apprends à m’excuser lorsque je fais mal à un ami. J’apprends à tousser dans mon coude. Mélanie nous apprend même à nous moucher et c’est vraiment difficile. J’apprends tellement et Mélanie me valorise beaucoup, me soutient quand c’est vraiment trop difficile pour moi.

Elle prend soin de moi quand je suis malade. Parfois, elle appelle papa ou maman au travail parce que c’est mieux pour moi d’être à la maison. Je l’aime beaucoup, Mélanie, mais quand je suis très malade, c’est avec maman et papa que j’ai envie d’être.

Elle me console lorsque j’ai du chagrin, elle m’aide à mettre des mots sur mes sentiments. Elle me respecte et respecte mes choix, même si des fois, c’est vraiment long avant que je réussisse à mettre mon soulier toute seule. Mais tu sais, à dix-huit mois, j’y tiens vraiment, vraiment beaucoup.

Moi, je grandis. J’essaie de nouveaux trucs que je réussis et je suis fière de moi. J’aime voir la fierté dans les yeux de Mélanie.

Mélanie, elle m’offre l’environnement idéal pour faire tout ça et elle m’offre une routine qui me sécurise. Elle m’accueille tous les matins avec un grand sourire et un câlin lorsque c’est plus difficile pour moi de dire « bye » à papa et maman.

Derrière chaque activité, chaque jeu, chaque routine, se cache un but et Mélanie a pris le temps d’élaborer ça juste pour mes amis et moi. Toi, tu as peut-être l’impression que Mélanie fait juste jouer, alors tu n’as pas compris que moi, j’apprends en jouant.

Si je pouvais parler plus comme vous, les grands… c’est ça que je te dirais. Tu comprendrais peut-être mieux tout ce que fait mon éducatrice à moi.

Je l’aime Mélanie et du haut de mes 18 mois, j’apprécie tellement ce qu’elle fait pour les amis et moi!

Mélanie, elle est éducatrice et elle me dit souvent qu’elle fait le plus beau métier du monde!

Mélanie Paradis