Archives juillet 2017

Ne te fâche pas, on est là pour toi.

<span style="line-height: 107%; font-family: 'Times New Roman','seri

Du haut de tes quatre-vingts ans, tu es fière. Tu as vécu une vie remplie de rire et de plaisir. Mais depuis quelque temps, tout te paraît lourd. Tu fronces les sourcils plus souvent qu’avant. Je sens les nuages gris passer dans tes beaux yeux bruns. Grand‑maman, fâche-toi pas, je suis là pour toi.

Le plaisir a toujours été une priorité dans ta vie

Dans ta jeunesse, tu as travaillé de soir comme garde-malade, tu avais ton propre compte en banque et ta propre voiture. À ton époque, c’était remarquable. Tu aimais les arts, la musique classique et les grandes histoires d’amour du répertoire cinématographique. Ma mère m’a souvent raconté les soirées que tu organisais dans ton sous-sol avec tes amis. Les grandes robes, la musique de bal et le plaisir étaient de mise. Que j’aurais aimé t’y voir !

La culpabilité s’est installée dans ton cœur en novembre 1956.

Ayant eu ta première fille deux ans auparavant, tu rêvais d’avoir un beau petit garçon à cajoler. Le 13 novembre 1956, ton souhait le plus cher s’est enfin réalisé. Tu as accouché d’un petit garçon au sourire charmeur. Mais ce sourire, tu n’auras pas eu le temps de le voir tout de suite. Les médecins ont quitté rapidement la chambre sans te montrer ton bébé. Quelle inquiétude ! Les infirmières ont mis des jours à te dire la vérité. Ton petit bonhomme ne serait jamais celui que tu attendais. Le verdict est tombé : le Spina Bifida. « Madame, votre enfant ne vivra que quelques années ! Il ne marchera jamais et aura un retard intellectuel important. » Bang ! Soixante ans plus tard, tu n’as pas oublié ce moment. La culpabilité est aussi présente dans ton cœur qu’à ce moment. Mais mamie, ce n’est pas ta faute. C’est la vie. Pardonne-toi.

La solitude

Grand-papa est un homme fort et travaillant. Il était pompier et avait une compagnie de planchers de bois franc. Souvent, tu ne le croisais que le matin lorsqu’il revenait de son poste et qu’il repartait pour son deuxième chiffre. La solitude pesait sur tes épaules comme un gros nuage avant les orages. Mais tu avais la vie que tu avais toujours rêvée. On t’enviait tellement. Mais toi, tu aurais bien aimé qu’il soit présent. Il te manquait terriblement. Un jour, il t’a promis que lorsqu’il serait à retraite, il serait enfin là pour toi. Depuis trente-deux ans, ton homme prend soin de toi. L’attente en a valu la chandelle non ? Vous êtes si beaux.

Le changement s’est fait de façon insidieuse.

J’ai toujours été extrêmement proche de toi. Je t’ai aimée comme ma deuxième mère. Ton opinion comptait comme de l’or. Je me faisais un devoir de ne jamais te décevoir. Je voulais tant lire la fierté dans ton regard. Mais depuis quelque temps, tu m’inquiètes. Les pertes de mémoire se font de plus en plus fréquentes. Les colères de plus en plus grandes. Mon cœur a beaucoup de peine de te voir ainsi… Je me suis renseignée et je crois que la démence commence à cogner à ta porte. Je sais que c’est inévitable, mais s’il te plaît, ne te précipite pas trop vite pour ouvrir le passage. Nous avons encore beaucoup de bons moments à passer ensemble. Je sais que lorsque tu te mets en colère, c’est ta façon de combattre. Sache que je te comprends. Je t’aime et tu peux compter sur moi, je serai toujours là !

 

Alexandra Loiselle-Goulet

 

Si c’était mon enfant…

Un jeune homme de dix-sept ans a été pris en flagrant délit de ha

Un jeune homme de dix-sept ans a été pris en flagrant délit de haute vitesse au volant. Il a eu comme conséquence légère une amende suivie de dix-huit points d’inaptitudes à son dossier de conduite.

Si ça avait été mon enfant ?

Mes fils, ma fille. Vous auriez essuyé la colère profonde de votre mère. Je vous adore mes enfants, mais JAMAIS je ne cautionnerai de tels actes, même et quelque part SURTOUT venant de vous. Vous qui avez appris les risques d’une mauvaise conduite automobile. Vous qui connaissez les difficultés que votre maman, moi, j’ai vécues pour réussir à outrepasser mon traumatisme provoqué par un accident dans ma jeunesse.

J’aurais demandé à ce que vous perdiez ce permis qui vous aurait été mal assigné.

J’aurais demandé à ce que vous soyez obligés de faire des travaux communautaires pour vous racheter.

J’aurais été sévère, très. Trop peut-être à l’avis de certains. Mais jamais suffisamment au mien.

En tenant un volant, vous avez une arme mortelle entre les mains. Soyez-en dignes. Si vous n’êtes pas suffisamment matures pour être responsables au volant, tant bien vous fasse, n’y posez pas vos paumes !

POINT BARRE !

Oui, je frapperais et je frapperais fort. (Au sens figuré bien entendu, je ne battrais pas mes enfants !) Je m’arrangerais pour que toute votre vie, vous vous souveniez de l’importance de la prudence au volant. Que vous n’oubliez jamais cet épisode d’irresponsabilité qui aurait pu vous coûter la vie, ainsi que celle de toute personne qui aurait pu croiser votre route. Devenant de ce fait une route funeste assurément.

Le respect de la loi, de la plus élémentaire sécurité, pour vous et pour autrui, ça n’a pas de prix !

Si ça avait été mon enfant, j’aurais eu honte de lui. Honte oui, pas devant les gens… mais devant son propre regard. J’aurais eu cette déception profonde et j’aurais fait le plus possible pour que plus jamais cela ne se reproduise.

À dix-sept ans, mon enfant serait possiblement choqué de ma réaction quelque peu… extrême. Mais aujourd’hui à neuf, huit et cinq ans, ils le savent déjà : la vitesse tue.

J’ose espérer que mes enseignements ne nous mèneront jamais à une situation similaire, mais si c’est le cas, j’assumerai et je leur ferai assumer. Qu’ils apprécient ou pas.

Je préfère vivre avec leurs colères devant mes conséquences plutôt que vivre avec la peine d’une déchéance. Je préfère voir dans leurs yeux la frustration de la conséquence à grande vitesse sur nos routes, c’est un crime. OUI.

À vous mes enfants, cette aventure d’un autre, je vous partagerai en pédagogie.

À vous les parents de ce jeune homme, je compatis. Nous faisons de notre mieux en tant que parents, nous espérons que les valeurs et les apprentissages que nous apportons à nos enfants soient assimilés, compris et respectés. Mais c’est toujours un travail sans garantie.

Malgré tout, je suis soulagée qu’il ne soit rien arrivé de fâcheux dans cette aventure. En espérant que les gens adeptes de vitesse finiront par réaliser que nos routes ne sont pas des circuits fermés.

À bons entendants,

Simplement Ghislaine.

 

Ma mère, ma précieuse

Ah maman ! Par où commencer ?

<p style="text-align: justif

Ah maman ! Par où commencer ?

J’aurais tellement de choses à te dire, à me faire pardonner, ou même à t’avouer…

Le jour où je suis née, tu as déposé un baiser sur le bout de mon nez, et tu as fait la promesse de faire tout en ton pouvoir pour qu’on ait une belle vie ensemble. C’était écrit dans le ciel que j’aurais la meilleure maman du monde. Et depuis ce jour, tu n’as jamais manqué à ta promesse.

Tu sais maman, j’étais trop petite pour m’en souvenir, mais je sais que tu as tout fait pour moi. Tu te levais en plein milieu de la nuit, morte de fatigue, mais tu me souriais quand même en me disant des mots doux. Tu accourais au moindre bruit, me consolais, me faisais rire, et j’en passe.

En vieillissant, quand j’avais environ dix ans, lorsque tu devais me faire garder, tu allais me mener chez grand-maman (j’aimais tant y aller, je donnerais TOUT pour y retourner). Tu m’as élevée pas mal toute seule, je voyais mon père une fin de semaine sur deux. Bien sûr, j’avais une belle relation avec mon père, on se parlait de temps en temps, mais le plus gros de la « job », on va se le dire, c’est toi qui l’as relevé haut la main ! Tu te privais de tout pour que je ne manque de rien.

Rendue à l’adolescence, je t’en ai fait vivre de toutes les couleurs. Je te trouvais donc fatigante (« Ramasse ta chambre, sinon tu ne sors pas ! »), si le souper n’était pas prêt à 17 h en revenant de l’école, je te boudais (tu ne voulais pas que je mange de collations, de peur que je « scrappe » mon souper). Si je me chicanais avec mes amies ou avec mon copain, c’est toi qui écopais. Pourtant, tu étais la première à me tendre ton oreille ou à me donner ton épaule pour pleurer. Tu travaillais cinquante heures par semaine dans une usine, en plus de faire de l’overtime la fin de semaine pour que je puisse faire du patinage artistique ou bien jouer au soccer. À ton remboursement d’impôts, tu m’amenais magasiner parce que tu savais que ça me faisait plaisir (alors que je sais aujourd’hui qu’à mon remboursement d’impôt, j’en profite pour payer mes dettes). Mais toi, ça te faisait plaisir de me rendre heureuse. Tu n’avais pas des salaires de fous, mais tu me donnais de l’argent de poche pour que j’aille au restaurant avec mes amies ou que je puisse faire des petites sorties.

À ma première peine d’amour, tu as presque tout lâché pour t’occuper de moi. À travers les rendez-vous chez la psychologue et chez la travailleuse sociale (parce que je maigrissais à vue d’œil), tu faisais passer tes besoins et ta vie de couple en deuxième. Maman, si tu n’avais pas été là et si tu ne m’avais pas donné tant de forces, je ne serais jamais rendue où je suis maintenant. Tu me disais que peu importaient mes choix, tu serais toujours derrière moi, que tu m’aiderais à porter le poids de la terre entière s’il le fallait.

Rares sont les fois où tu m’as refusé quelque chose, mais je me rappelle que je n’aimais pas me faire dire non. Ma pauvre mère, si j’avais su tout ce que je sais aujourd’hui, il y a tellement de choses dont je t’aurais épargnée. Malheureusement, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Ça me permet cependant aujourd’hui d’apprécier notre relation privilégiée et de prendre soin de toi à mon tour.

J’adore ces moments passés en ta compagnie, à seulement parler, à s’étendre au soleil, à dîner ensemble… Bref, chaque moment me rappelle combien je suis chanceuse de t’avoir et combien je t’aime !

Merci pour toutes ces fois où tu m’as tendu la main, merci pour toutes ces fois où tu as tout pris sur tes épaules, merci pour toutes ces fois où tu m’as simplement aimée !

Je t’aimais, je t’aime, et je t’aimerai.

Vanessa Lamoureux

Cuba en famille : Sí Sí Síííí !

La température bipolaire des dernières semaines incitera peut-êtr

La température bipolaire des dernières semaines incitera peut-être certains d’entre vous à opter pour des vacances estivales dans le Sud. Quand vient le temps de passer du bon temps sous le soleil et de maximiser mon budget voyage, je peux, sans l’ombre d’un doute affirmer que Cuba est mon premier choix !

J’aime Cuba. J’aime que le vol pour m’y rendre soit si court. J’aime sentir l’air chaud et humide en sortant de l’avion. J’aime me sentir instantanément en vacances dès que j’y pose les pieds. J’aime arriver dans un hôtel sans avoir l’impression d’être dans un Hilton ou un Alt. J’aime aussi le bruit du pavé sous les roulettes de ma valise lorsque je me rends à ma chambre.

J’aime les gens de Cuba. J’aime leur histoire, leur présent, leur désir de se réaliser tout en conservant leur identité. J’aime leur gentillesse, leur amabilité, leur résilience. J’aime qu’ils regardent et traitent ma fille comme une petite princesse. J’aime qu’ils la reconnaissent partout où elle passe et qu’ils la traitent comme une des leurs. J’aime sentir qu’ils ont un réel désir de bien nous accueillir et de nous faire sentir chez nous, chez eux.

Le matin, j’aime partir de ma chambre lorsqu’elle est un peu en fouillis et revenir, en fin de journée, et trouver un cygne gossé en serviette et en pétales de fleur. Ça me rend heureuse. Pour vrai. J’aime aussi me sentir en sécurité peu importe l’heure du jour ou de la nuit. J’aime les doubles mojitos sur le bord de la piscine et j’aime même sentir l’eau qui me coule sur les tempes pendant que j’attends ma fille qui bizounne dans le lobby en faisant semblant de ne pas m’entendre appeler son nom.

J’aime ne pas avoir à ré-hypothéquer ma maison pour passer des vacances en famille. J’aime qu’il y ait des choses à faire pour tous les âges et pour tous les goûts. Cuba, ce n’est pas le Mexique. Cuba, ce n’est pas la Jamaïque. Cuba, ce n’est pas la République. Cuba, c’est Cuba et c’est parfait comme ça. Si vous hésitez à faire ce choix pour vos vacances en familles, voici mes petits trucs et conseils pour des vacances réussies !

Osez la variété !

J’entends souvent dire que la nourriture est mauvaise, fade ou redondante à Cuba. C’est faux ! Selon l’endroit visité, il existe de nombreux plats et stations de nourriture (où les aliments sont préparés selon vos choix et devant vous) dans les buffets, ainsi que plusieurs restaurants dans un même complexe hôtelier : snack bar, buffet, restaurant à la carte. Je viens d’y passer quatorze jours et je vous assure que j’ai très bien mangé (peut-être même un peu trop si je me fie à l’étroitesse de mes jeans à mon retour!) Des langoustines aux burgers de porc, des salades végé aux hot-dogs de fin de soirée, j’ai toujours apprécié la nourriture et pas une fois je n’ai eu de problème… de transit tropical !

Évitez les combo spag-frites-poulet tous les soirs et les œufs-frites-toasts tous les matins et vous devriez bien vous en sortir !

Choisissez votre hôtel intelligemment

Si vous êtes du type bruyants et fêtards, évitez les petits complexes qui offrent peu d’animation. Si vous aimez visiter et bouger, privilégiez Varadero, la Havane, Santiago ou même Holguín. Si vous décidez d’aller plus loin des grands centres, prévoyez un budget pour faire des excursions (souvent pas données!). Faites vos recherches et renseignez-vous avant de réserver. Tripadvisor.com et monarc.ca sont, entre autres, des sites où les voyageurs donnent leur avis.

Agence ou Internet pour réserver ?

Personnellement, je fais toutes mes pré-recherches seules, puis je réserve avec une agence. Les agents connaissent mieux les destinations que nous. Ils sont au fait des promotions, des plus et des moins de chaque hôtel. Ils sont également là pour nous aider, de l’étape des recherches jusqu’au moment du départ. J’ai aussi remarqué que les prix ne sont pas vraiment plus élevés, alors pourquoi s’en passer !

Quoi apporter ?

C’est vraiment une question de choix ! J’ai vu des familles arriver à la piscine avec l’inventaire complet de Club Piscine : licorne de trois pieds pour la piscine, toutes les couleurs de « nouilles » possibles, fusil à l’eau taille Bazooka, flotteurs de Dora, planche en styromousse, etc. D’autres mangeaient des Lay’s BBQ tous les jours (on les enviait un peu!). J’y suis allée avec ma fille de quatre ans et la seule chose que j’ai trouvé pertinent d’apporter sont des collations (compotes, barres tendres, biscuits secs, noix). Ça permet de rester plus longtemps à la piscine et de combler les petits creux sans se pitcher au comptoir de crème glacée ou au snack bar de patates frites !

Cuba est une ile extraordinaire, magnifique, paradisiaque ! Elle est le paysage de rêve qu’on voit sur les cartes postales; l’endroit où on décroche pour vrai, où on passe des moments inoubliables en famille. Choisissez votre destination en fonction de ce que vous aimez et allez-y avec ouverture, vous en reviendrez reposés et peut-être même transformés !

Liza Harkiolakis

Non déterminé

C’était partout dans les médias il y a quelques jours, vous avez

C’était partout dans les médias il y a quelques jours, vous avez sans doute vu cette nouvelle passer : un parent canadien a obtenu de pouvoir apposer la mention « non déterminé » sur la carte d’assurance maladie de son bébé, à l’endroit où il devait indiquer le sexe de l’enfant.

J’ai lu la nouvelle, moi aussi. J’ai posé mon café (froid) et je me suis sérieusement demandé : « Est-ce que c’est quelque chose que j’aurais fait, moi, comme parent ? » À froid, comme ça… Non. Mes enfants sont nés mâles ou femelles, tout comme ils sont nés blancs et canadiens, en janvier ou en août. C’est un fait, c’est tout.

Mais en y réfléchissant plus longtemps, même si, a priori, je ne vois pas trop pourquoi j’aurais choisi de ne pas associer de sexe à l’identité légale de mes petits, et que ça me semble une façon compliquée de transmettre nos valeurs (notamment parce que le pronom neutre désignant une personne sans utiliser de genre en français est encore au stade de suggestion et donc encore bien trop loin de passer dans le langage usuel. Faudrait y penser avant longtemps, d’ailleurs. Maintenant serait un bon moment, je dis ça de même), je dois admettre que… je comprends un peu le fondement de la démarche.

Je veux dire, si on avait été classés biologiquement selon la couleur de nos yeux ou notre groupe sanguin, est-ce que ces choses seraient, justement, le fondement de notre identité sociale? Est-ce que la société aurait des attentes différentes entre un B+ et un A–? Est-ce que le 0– serait moins bien payé ? Est-ce qu’on aurait attendu d’un A+ qu’il ne joue pas avec quoi que ce soit de jaune, couleur réservée aux AB– ? Aurait-on attendu jusqu’au milieu du vingtième siècle pour accorder le droit de vote à tous ceux portant un rhésus négatif, alors que ceux nés avec un facteur rhésus positif l’auraient eu depuis toujours ?

Sauf qu’en même temps, la couleur de nos yeux, c’est sur notre permis de conduire. Notre groupe sanguin est dans notre dossier médical. La nature nous a faits biologiquement différents, à plusieurs niveaux. Il peut être utile que ce soit au moins noté, ne serait-ce qu’à des fins d’identification. Et il serait un peu hypocrite de faire comme si la différence physique n’existait pas. Mais reste que le problème est là. À mon très humble avis, le problème se trouve bien plus dans le carcan encore trop rigide dans lequel on fait évoluer nos enfants, souvent sans même s’en rendre compte, selon leur genre. Le problème se trouve dans le fait que l’avancée de la neutralité est encore loin d’avoir fini son chemin.

Le problème c’est qu’encore en 2017, un garçon et une fille n’auront pas les mêmes regards portés sur eux, les mêmes attentes de la part de leur entourage, parfois carrément pas les mêmes droits, selon l’endroit où ils sont nés.

Abolissons les inégalités, laissons les enfants être qui ils veulent, peu importe ce qu’ils ont entre les jambes au moment de la naissance. Peu importe ce que ça peut vouloir dire et ce que ça peut impliquer par rapport à leur entité personnelle, sociale et sexuelle tout au long de leur vie : laissons-les être totalement EUX. C’est ça, le véritable combat à mener.

Zabethe Boucher

Ce que j’aime de l’été

Il fait

Il fait chaud. Il fait beau. 

Et comme chaque été, je profite de chaque instant. J’ai cette chance de ne pas avoir à choisir mes vacances d’été puisque mes vacances, c’est l’été en entier!

J’ai cette chance d’offrir à mes filles un été complet de répit, sans presse, sans tracas, sans lunchs…

En fait, les lunchs deviennent des pique-niques, des moments entre amis, des instants de découverte.

Ce que j’aime de l’été, c’est le sentiment que le temps s’arrête. Que j’ai le temps de prendre mon temps!

J’aime m’endormir au son des criquets et m’éveiller au chant des oiseaux…

Sortir en pyjama sur mon terrain, errer, café à la main. Sentir les rayons d’un soleil qui s’annonce très chaud. Errer et prendre le temps d’observer.

Jeter un œil à mon potager, pendant que les filles s’amusent déjà dans leur petit paradis. M’assurer que les mauvaises herbes n’ont pas envahi mes platebandes.

Courir, mais pour une bonne raison! M’accorder ce temps de mise en forme. Bien démarrer la journée.

L’été, j’adore l’odeur du BBQ. Le mien et celui des voisins…

Je raffole de ma corde à linge! Je prends soin de tout y classer, du plus grand morceau au plus petit, comme si ma brassée devait faire honneur au décor estival, perdue à travers la forêt…

Marcher pieds nus, me reposer dans un hamac. Lire. M’assoupir. Entendre les filles rigoler, bavarder, se disputer.

S’accorder une pause le temps d’une baignade. Par une journée plus fraîche, opter pour un spa.

Prendre soin de mes chiens et les observer s’abandonner complètement, profiter de la nature sans retenue. Un chien, ça comprend que pour être heureux, ça prend peu de choses…

Siroter l’apéro dans un verre bien givré, savourant la première gorgée qui annonce le début d’une mémorable soirée…

Terminer une journée par un feu de joie, s’y attarder, s’y regrouper entre amis. Bavarder longtemps. Rire énormément.

Camper et encore mieux, camper dans sa cour! Se rappeler des souvenirs d’enfance…

J’aime aussi la fin de l’été, car pour moi, elle est synonyme de rentrée. Chaque fois, je me sens ressourcée, prête à faire de nouvelles rencontres…

Ce que j’aime de l’été, c’est qu’il me fait rêver…

Et vous, qu’aimez-vous de l’été?

 

Karine Lamarche

 

Ton enfant est mieux que le mien… et je m’en sacre !

Que ce soit durant la grossesse, après l’accouchement, à la gard

Que ce soit durant la grossesse, après l’accouchement, à la garderie, au cours de danse, à une fête d’enfants, durant une soirée entre amis ou dans notre milieu de travail; il y aura toujours … des gens qui se comparent.

Cette maudite comparaison, tu ne pourras pas t’en sauver. Ce fameux moment où tu te rends compte durant le spectacle de danse de ton enfant qu’il est le seul à ne pas suivre, qu’il fixe la scène avec un air de chevreuil sur un rang de campagne croisant un véhicule.

Une section de ton cerveau sera occupée à prendre des photos et vidéos pour les souvenirs, et une autre section se dira : « Seigneur! Pourquoi c’est le seul qui ne bouge pas ! » Nous le savons tous que l’effort est plus important que le succès, et qu’avec les échecs, nous bâtissons notre futur blablabla hashtag phrase cliché.

On ne peut s’empêcher durant des moments comme celui-là de se demander si les autres le remarquent. Est-ce que c’est parce que je ne lui ai pas fait pratiquer sa danse le vendredi soir d’avant et que j’ai préféré me prendre un verre de vin et d’écouter un film avec lui ?

Quelques personnes dans la salle se diront : « Fiouuuu le nôtre a réussi sa chorégraphie, il n’était pas celui qui fixait dans le vide. »

Celui qui fixe dans le vide, le fameux mouton noir du groupe… Pourquoi sommes-nous gênés d’avoir l’enfant qui est le dernier à savoir patiner au cours de hockey? Pourquoi sommes-nous fiers de verbaliser que notre enfant a marché plus tôt que la moyenne, que son percentile est meilleur ? Pourquoi comparer nos accouchements ? Déclarer que nous, notre allaitement se passe à merveille? Par fierté? Par insécurité? Pour se montrer meilleur?

Eh bien moi, j’ai accouché à 41,7 semaines d’un immense bébé, ma petite puce mordait souvent ses amis à la garderie et à voir mes talents de danse, je crois qu’elle aurait été le fameux chevreuil.

Pour ma part, je n’ai jamais cru bon d’habiller mon enfant avec les dernières tendances, car je crois mordicus que cela ne va pas influencer son bonheur, mais plutôt rassasier quelque chose en nous. Ma fille n’était pas vêtue en jute de paille, mais je crois que si notre enfant fait sa première débarque à vélo en vêtements faits main par une femme acrobate cambodgienne survivante du cancer vendus sur Etsy ou en pyjama et running shoes, cela ne va rien changer. Les deux kits vont être troués, mais un des deux va être plus laid en photo sur ton Instagram….

Quelquefois, souvent même, la différence gêne, l’enfant turbulent surtout… Les parents de cet enfant se sentent souvent jugés ou simplement mal à l’aise, lorsque durant une soirée, il est le seul à lancer des jouets, à crier ou à mordre les autres. Outre repartir fière que toi, comparativement aux autres parents, ton enfant était sage comme une image… combien d’entre nous sommes allés voir la première maman pour lui offrir de l’aide, du répit, de l’écoute?… Parfois, même avouer que notre vie n’est pas si parfaite fait du bien à l’autre. Il n’y a pas de couple parfait, de famille parfaite. Souvent, nos voyages avec les enfants sont remplis de crise de bacon, les repas en famille de refus de manger, les sorties en famille de sauts de siestes, ce qui fait en sorte que le soir, c’est tout simplement insupportable… Regarde leur vie évoluer à travers nos yeux à nous et non la perfection que ta lentille d’appareil photo peut nous offrir.

Nous ne sommes que des parents… Parfois c’est beau, parfois c’est laid!

Et laissez-moi vous dire que la différence est belle en maudit.

On s’aide, on s’aime!

Mon cheval de bataille, les cheveux en broussailles!

Ça y est, encore une fois, je sens l’angoisse monter en moi. C’

Ça y est, encore une fois, je sens l’angoisse monter en moi. C’est le moment fatidique où je me dis que les voisins vont faire un signalement à la DPJ. Les hurlements fusent de toutes parts dans la maison. Des cris dignes des meilleurs films d’horreur. Tous les soirs, je dois affronter THE moment. L’heure du bain est terminée. Je dois démêler les cheveux de mes trois cocottes.

Chaque fois, c’est le chaos! Il est fort probable que mes voisins ont conclu que chaque soir, très souvent à la même heure, notre maison se transforme en chambre de torture. Les nœuds, les cheveux de mes filles les ont inventés. Chaque soir, c’est un véritable calvaire, pour elles, comme pour moi. Je sors de cet exercice en sueur et essoufflée (tellement j’ai dû courir après la dernière). J’ai étudié la lutte pour trouver une prise efficace pour les garder près de moi. Avec les plus vieilles, j’utilise la menace du clipper, ce n’est pas très loyal, mais ça fonctionne. La plus jeune, elle n’en a rien à foutre, de là l’étude des prises de lutte.

Hier, après un ultime combat, j’ai abandonné. Et j’ai enfin demandé de l’aide à mes amies collabos. Voici leurs meilleurs trucs!

À me procurer : la Wet Brush :
1. Une brosse à cheveux, un essentiel pour les cheveux en broussailles.

2. L’huile Moroccanoil

3. Spray démêlant (Revlon semble avoir la cote, la compagnie en offre même un pour enfant, Revlon equave kids Princess look).

4. Traitement à l’huile d’argan

Trucs pour le brossage (toujours avec du démêlant ou presque) :
1. Brosser de la pointe vers la racine en petites sections.

2. Utiliser du revitalisant pour adulte et brosser dans la douche avec le revitalisant toujours dans les cheveux.

3. Brosser les cheveux tous les jours et faire le traitement à l’huile de Moroccanoil.

Conseils de coiffeuse :
1. Le shampoing Cycle vital kids d’Eugen Derma : le pluuuussss merveilleux shampoing pour les cheveux d’enfants qui donnent du fil à retordre.

2. Appliquer du revitalisant seulement sur les pointes lors du lavage des cheveux.

3. Appliquer le démêlant Revlon

4. Utiliser le lait nutritif capillaire de La Prétentieuse (une entreprise québécoise, ça, on aime ça!)

5. Jouer à la coiffeuse, ça rend le tout un peu plus amusant.

Alors à vos brosses, c’est le moment de tester tout ça.
Quant à moi, je souhaite vraiment abandonner les menaces et les prises de lutte 😜 !

Mélanie Paradis

* Les produits Revlon, l’huile de Moroccanoil, les traitements à l’huile d’argan et la wet brush se retrouvent en boutiques spécialisées ou en salon de coiffure.

*http://lapretentieuse.com/ pour le lait capillaire nutritif

 

Timide, moi? Dans une autre vie, peut-être…

Ceux qui connaissent la version 2017 de ma personne tombent sur le d

Ceux qui connaissent la version 2017 de ma personne tombent sur le derrière quand je leur dis à quel point j’étais timide jusqu’au début de ma vingtaine. Si on fait un calcul rapide, ça veut dire que pendant la moitié de ma vie, j’étais gênée d’exister et d’être moi-même, j’étais renfermée, un petit escargot tout recroquevillé (j’adore ce mot mais j’ai ben de la misère à le prononcer!) Dans un groupe, je me fondais avec la tapisserie, j’essayais de me faire oublier. Ça me prenait un siècle et quart pour apprivoiser un nouveau groupe, pour oser marmonner un bout de phrase. Et ça, c’est sans parler du trac monumental que je ressentais s’il fallait parler en public (qui dit public, dit plus d’une personne). Mes anciens emplois comme guide touristique et enseignante m’ont aidée, évidemment. Toutefois, c’était comme jouer un personnage sur une scène : j’étais à l’aise parce que ça n’impliquait pas mes propres pensées et mes opinions.

Et puis un jour, je me suis tannée. J’en avais marre de me sentir tout le temps pognée, de ne pas oser dire mon opinion ou même mon nom. Dans la vingtaine, j’ai voyagé pour le plaisir (je suis partie traire des vaches en Israël et traîner mon sac à dos en Égypte et en Europe) et pour participer à des congrès. Seule au bout du monde, j’avais le choix entre rester étampée dans mon coin ou faire partie de la conversation. Le temps passe pas mal plus vite quand on est au cœur de l’action au lieu d’être simplement spectatrice. Je me permettais tout de même d’observer et d’apprendre le fonctionnement des relations et des personnalités en restant silencieuse à l’occasion, mais je m’ouvrais tranquillement vers les autres. Je me poussais juste assez en dehors de ma zone de confort pour évoluer, mais sans me faire violence.

Le moment marquant pour moi a été mon retour du Burkina Faso en 2002. Mon mari était en mission en Bosnie, je revenais de trois mois de volontariat en Afrique, et c’était le mariage de mon meilleur ami. J’allais bien sûr y assister, mais j’imaginais déjà l’horreur d’une soirée complète passée seule comme un creton au milieu d’une foule festive. Je connaissais la famille des mariés (qui aurait bien d’autres choses à faire que de s’occuper d’une âme esseulée!) et un seul autre invité (un ancien enseignant). Il n’était pas question que je m’emmerde en tournant en rond à la recherche d’une chaise avec qui parler. J’ai donc pris la résolution de me trouver des « amis » et de m’amuser.

Quand je suis arrivée au cocktail après la cérémonie, j’ai pris mon courage par le collet et je lui ai dit : « Viens-t’en! J’ai besoin de toi! » J’ai « spoté » la gang de jeunes adultes qui avaient l’air de party, je me suis incrustée dans leur groupe et je leur ai carrément dit : « Allo, j’ai pas d’amis, mais ça ne me tente pas de trouver la soirée plate et de partir en catimini à 19 h sans avoir dansé. Vous avez l’air d’une gang le fun, ça vous dérange si je me greffe à vous autres? » Ils m’ont trouvée bien drôle d’oser être aussi honnête et sans filtre et m’ont adoptée. Cette nuit-là, j’ai dansé, j’ai ri, j’ai jasé, et j’ai quitté la salle au moment où le DJ rallumait les lumières pour mettre les derniers fêtards à la porte.

J’ai dû continuer de pratiquer mon ouverture sociale, évidemment. Ce n’était pas toujours facile, parfois très inconfortable. Mais plus j’allais vers les autres, plus j’y voyais des avantages. Les gens me percevaient de moins en moins comme une fille gênée, ce qui me permettait moi aussi de me voir autrement. Je n’étais pas obligée d’être timide. Je pouvais choisir d’être autrement pour me sentir mieux.

Quand j’ai été invitée à une entrevue au gouvernement pour obtenir un contrat de 90 jours, je me suis dit : « Tu n’as pas l’année pour faire ta marque ou pour te sentir appartenir à l’équipe. Go! » Je me suis mis un sourire dans le visage malgré l’anxiété qui me rongeait et la transpiration qui coulait et je suis allée rencontrer celle qui allait devenir ma superviseure. Quand j’ai reçu ma première évaluation, elle m’a dit que ma façon naturelle de m’intégrer dans l’équipe l’avait impressionnée, que c’était comme si j’avais toujours appartenu au groupe. Quelle récompense pour la petite fille timide que j’étais et qui avait travaillé si fort pour devenir mieux dans sa peau!

Quand elle était plus jeune, ma fille aînée souffrait elle aussi d’une timidité maladive. Dès qu’on rencontrait un individu qui n’appartenait pas à notre famille, elle essayait de retourner dans mon utérus. Je souffrais pour elle parce que je savais quel travail elle devrait faire pour sortir de sa coquille. On y est allés progressivement et elle a vaincu sa phobie sociale.

Et elle aussi a vécu un « moment magique », de ces instants qui changent une vie. Il y a cinq ans, elle s’est mise à faire du théâtre musical… et elle a tripé! Elle m’a déjà déclaré que l’endroit où elle se sent le mieux sur Terre, c’est sur une scène. Quand un prof annonce qu’elle doit faire une présentation orale, elle revient à la maison en dansant de joie. Et peu importe qui on rencontre, elle jase, elle s’exprime, elle est, comme elle le dit, « enfin elle-même ».

Autant je suis fière de moi d’avoir progressé vers moins de timidité, autant je suis soulagée pour ma fille qu’elle ait découvert ce côté d’elle-même sans devoir attendre l’âge adulte.

 

Nathalie Courcy

À toi la maman qui a l’air de sortir tout droit d’une pub de produits de beauté

 

Comment tu fais toi, la maman que je croise tous les matins

 

Comment tu fais toi, la maman que je croise tous les matins devant l’école, pour être belle de même?!

Comment tu fais toi, la maman vêtue d’un beau chemisier bien repassé, tiré à quatre épingles et d’un blanc immaculé?! Moi, ça fait longtemps que j’ai renoncé à porter du blanc. Si j’ai le malheur d’avoir une chemise de cette couleur, je peux être certaine que les gens penseront que j’ai fait du Tie and Dye avec. Mais la réalité, c’est que j’ai perdu ma bataille en essayant d’ouvrir la bouteille de Ketchup.

Comment tu fais toi, la maman maquillée comme une pub de Lise Watier?! Photoshop n’aurait pas mieux fait pour te rendre aussi belle! Moi, quand j’ouvre ma pochette de maquillage, j’y trouve un bout de rouge à lèvres fondu, un crayon mal aiguisé, un blush à moitié vide. J’essaie de faire un chef-d’œuvre, mais ça finit par ressembler à une toile de Pollock sur mon visage. Quelques touches ici et là pour donner un peu de couleur sur mon teint neutre.

Comment tu fais toi, la maman qui a une super belle mise en plis, comme si tu sortais de chez le coiffeur?! La plus grosse bourrasque ne parvient même pas à faire bouger un seul poil de ta coiffure! Moi, à peine sortie du lit, je dois me battre pour ne pas ressembler à Bob Marley. Je finis par me remonter mes cheveux, ça ressemble étrangement à un nid de coucous posé sur mon crâne. Quand j’opte pour une petite coupe de cheveux, je ne sais jamais ce que je veux. Je laisse innocemment le coiffeur improviser; finalement, je sors du salon en pleurant, parce que ce n’est pas ça que je voulais!

Comment tu fais toi, la maman perchée sur des talons de quatre pouces, qui court pour ne pas arriver en retard à l’école?! On dirait un somnambule sur son fil. Moi, j’adorais porter des talons, c’était avant d’avoir des enfants. Je trouvais que ça donnait une démarche sexy, féminine. Aujourd’hui, quand je cours entre la garderie et l’école, j’ai l’impression de faire un demi-marathon tous les jours, et même avec mes running shoes, j’arrive à tomber du trottoir.

Comment tu fais toi, la maman à la plage pour avoir la peau si lisse?! On ne voit même pas l’ombre d’un poil. Moi, quand je m’épile, j’oublie systématiquement une grande bande derrière le mollet parce que je me suis fait interrompre quatre fois durant ma séance. C’est sans parler de mes sourcils qui ressemblent à une haie de hautes herbes.

Comment tu fais toi, pour être belle comme ça?… Je te trouvais belle et féminine, mais ce que je trouve le plus beau chez toi, c’est que tu prennes du temps pour toi!

Gabie Demers

La menace

C’est une soirée de juin, il fait enfin beau et chaud. Après avo

C’est une soirée de juin, il fait enfin beau et chaud. Après avoir travaillé dur et passé une heure dans le trafic pour traverser les ponts, je suis enfin sur l’île de Montréal. C’est le début des festivals, la première soirée des FrancoFolies.

J’entre sur le site et lorsque l’agent de sécurité regarde furtivement dans ma sacoche, je commence à me sentir inconfortable. Quand je réalise que cet agent n’a pas fouillé le sac à dos de mon ami, mon cœur accélère et ma respiration est trop courte. Je me mets à regarder partout autour de moi. On me souhaite une bonne soirée avec un grand sourire.

Ce sourire m’a fichu la trouille. J’aurais préféré que tu vides mon sac à terre et que tu vérifies qu’il n’y avait rien dedans susceptible de blesser des humains. Parce que, de fait, il est possible que quelqu’un ait apporté illégalement quelque chose sur le site… Suis-je devenue paranoïaque? Est-ce normal d’avoir ce sentiment d’insécurité au Québec? Est-ce devenu une réalité ou je m’en fais pour rien? Suis-je réellement en sécurité à Montréal?

Mon rythme cardiaque continue de s’accélérer… c’est trop facile de rentrer ici. J’ai peur. Ils disent qu’il n’y a pas de menace. Je dois donc relaxer et en profiter…

Nous nous approchons de la scène en sirotant une bière. Le monde est à la fête… la foule s’accumule devant la scène. Des milliers de gens sont autour de moi. Et peut-être… que pas loin… dans un sac…

J’ai peur. Je ne veux pas finir déchiquetée ou poignardée dans les rues de Montréal, je refuse qu’un fou m’écrase ou me tire dessus.

Je tremble. Je sens la menace. Personne ne me fera croire que je suis en sécurité. Quel que soit l’endroit où je me trouve sur la planète, je me sens maintenant en danger dans une foule.

J’ai peur. Mais je décide de rester. Si ça arrive, je mourrai heureuse. Si ça arrive, je mourrai libre.

Je refuse que cette menace m’empêche de vivre, d’aller voir des shows, de danser et de chanter le Québec. Les nombreux agents de police présents au milieu des festivaliers me rappellent que notre monde a changé… que les bombes et les coups de feu ont fait disparaître notre insouciance…

Je garde les yeux ouverts. Car nous sommes tous des armes face à cette menace. Ne nous endormons pas au soleil. Soyons vigilants. Chaque jour. Chaque soir. La menace fait partie de notre vie maintenant, nous devons faire avec. Mais ne l’oublions pas.

Arrêtez de dire que la menace n’existe pas. Elle est partout.

Gwendoline Duchaine