Archives mars 2018

Je ne t’aime pas, Alzheimer

Je ne t’aime pas, Alzheimer! Tu as décidé d’ériger domicile d

Je ne t’aime pas, Alzheimer! Tu as décidé d’ériger domicile dans la tête de mon père, dans son être. Plus tu prends domicile, plus tu enlèves de la place pour sa mémoire. Sans être invité, tu t’es installé… Sans cogner, sans demander si tu pouvais t’ingérer dans nos vies.

Depuis bientôt deux ans, tu es présent

Dans nos conversations, à travers nos activités, à nos soupers

Et surtout, Alzheimer, tu es là, tu prends toute la place quand mon père se retire de nos échanges;

Comme s’il était trop occupé à te gérer.

Quelquefois tu n’es pas là, Alzheimer, tu t’estompes;

Et mon père revit, fait des liens qui n’étaient plus

Pendant ce bref instant, aussi petit soit-il

On s’accroche à la moindre seconde

Une seconde qui crée un immense espoir.

L’espoir que tu n’es plus, que tu es parti en un claquement de doigts;

Qu’il y a eu erreur de diagnostic et que tout se replace.

Mais toujours tu reviens, Alzheimer

Tu reprends possession de quelques neurones parfois même de quelques-uns de plus. Je ne t’aime pas, Alzheimer! Je ne t’aimais pas quand je te côtoyais à travers mon travail

Je ne t’aimais pas non plus quand je te voyais à travers mes yeux d’intervenante

Je te trouvais impitoyable quand je te voyais à travers les yeux de la conjointe, du conjoint, de la fille, du fils, de la sœur ou du frère

Je t’aime encore moins depuis que tu es dans la vie de mon père, dans nos vies Je ne t’aime pas d’avoir osé t’infiltrer dans son cerveau à peine dépassé ses 68 ans. Je voudrais que tu disparaisses comme ce que tu fais avec chacun des souvenirs de mon père Tranquillement, sournoisement : tu les fais disparaître;

Alors, pourquoi ne pas faire la même chose pour toi, Alzheimer?

Disparais tranquillement si tu veux, mais va-t’en. J’aimerais tant te faire disparaître petit à petit dans l’optique que tu n’existes plus

Que tu arrêtes de briser des vies Je n’étais pas prête à partager notre quotidien avec toi, Alzheimer Non, je n’étais pas prête à 26 ans à faire le deuil de la présence rassurante de mon père Comme nous ne sommes pas prêts à bien des épreuves

Je n’étais pas prête à vivre avec le fait que mon père a parfois de la difficulté à me reconnaître, qu’il oublie le nom de mon conjoint

Je n’étais pas prête à l’aider à se retrouver dans ma maison

Je n’étais pas prête à voir mon père qui doit partager sa vie avec toi, Alzheimer

Je ne t’aime pas, Alzheimer! Mais sache, Alzheimer, que tu ne nous auras pas Tu auras peut‑être le contrôle des souvenirs de mon père, mais on sera plus forts que toi Non! Tu n’auras pas mon père, Alzheimer!

Car même si tu es là Mon père aussi demeure Et il est bien plus que juste l’Alzheimer Il est l’homme le plus important dans ma vie, dans nos vies Il EST, tout simplement Peu importe l’espace que tu occuperas, mon père est là Nous n’allons pas te laisser prendre sa place Il demeure présent, vivant chaque instant de bonheur Il demeure le plus important, bien plus important que ces oublis ou sa confusion Alzheimer, je ne t’aime pas! Je te hais même parfois! Mais j’aime mon père

Et tu ne gagneras pas Alzheimer, tu es une maladie impitoyable

Une des pires maladies que j’ai côtoyée Mais TU n’es pas mon père Tu resteras toujours en second plan derrière le bonheur de mon père

Derrière son bien‑être

Derrière tout ce qu’il a parcouru

Derrière toutes ses qualités et aussi un peu de ses défauts!

Alzheimer, sois assuré que tu resteras TOUJOURS en second plan, derrière mon père.

AL

J’ai gagné à la loterie !

J’ai gagné à la loterie ! La loterie de la vie... La vie m’a

J’ai gagné à la loterie ! La loterie de la vie… La vie m’a donné deux magnifiques enfants en santé.

Deux enfants conçus avec un papa qui prenait un cocktail de médicaments pour le cœur.

Malheureusement, papa nous a quittés après s’être battu comme le plus grand des superhéros ! Chaque fois que j’entends mon fils parler du papa d’untel qui fait ci ou du papa de l’autre qui fait ça, la seule idée qui me vient en tête c’est : tu n’as pas idée à quel point ton papa à toi était fort et extraordinaire ! Le papa le plus courageux d’avoir traversé l’opération qui l’a emporté ! Le papa le plus fort d’avoir vécu dix‑sept jours suite à une opération de plus de treize heures, branché sur un cœur artificiel, la dialyse, un respirateur.

Chaque jour que le ciel me donne, je remercie cet homme de m’avoir confié deux aussi beaux trésors ! Je connais la chance que j’ai d’avoir à mes côtés ces deux petits rayons de soleil ! Bien sûr, ce n’est pas toujours évident d’être mono. De n’avoir personne à consulter lors de lourdes décisions concernant ces enfants. De n’avoir personne avec qui partager les petits bonheurs et les petits malheurs.

La vie m’a donné une chance extraordinaire, le gros lot !

Chaque fois que j’entends une pub de Loto-Québec, je me dis que dans le fond, le plus gros des lots, c’est moi qui l’ai gagné !

 

Annie Corriveau

 

La Station Service

Il y a quelque temps, on m’a proposé d’aller rencontrer certains abonnés lors d’un déjeuner

Il y a quelque temps, on m’a proposé d’aller rencontrer certains abonnés lors d’un déjeunercauserie à la Station Service Park avenue au Quartier Dix30.
Je vous entends déjà vous dire « Heu, mais c’est quoi, ça, la Station Service au Dix30? »… faut dire que j’ai un peu eu la même réaction! 🙂
Premièrement non, ce n’est pas une station-service avec essence haha! Ne vous en faites pas, je n’aurais pas donné rendez-vous à mes abonnés entre deux rangées de jujubes et de magazine à potins (quoique les magazines à potins, j’aime ça 😜).

 
Tout ça pour dire que la Station Service par Park Avenue est une boutique automobile qui permet d’essayer pas mal n’importe quelle voiture de différentes marques et de différents modèles (les véhicules sont disponibles en alternance, en tout temps, pour des essais routiers à la Station Service).

Mais selon moi et mon fiston qui était présent, un des gros plus de l’endroit (mis à part le fait que leurs cafés sont incroyables), c’est qu’on a pu expérimenter la conduite d’un véhicule avec la réalité virtuelle. On a découvert les dessous de l’automobile avec la réalité augmentée et on a même pu configurer notre véhicule sur des écrans géants grâce à une tablette.

 

J’ai pu rencontrer des gens incroyables, en sirotant un café parfait (ils ont une machine avec laquelle on peut choisir le pourcentage de lait, d’expresso, de chocolat, etc. 🙌🏻) et tout ça pendant que petits et grands s’amusaient avec l’automobile virtuelle.

Petit fait cocasse, mon agente Nathalie était avec moi et a testé la fameuse voiture. C’était tellement réel que lors d’une collision, elle a lâché le volant et enlevé son masque!

Avant que j’oublie, j’ai trouvé vraiment cool le fait que la Station Service désire laisser une place de choix à de jeunes entreprises et entrepreneur(e)s locaux. Ils offrent donc différents produits québécois qui sont en vente à la boutique! Tous les profits sont remis à 100 % aux entrepreneurs. C’est donc une belle vitrine qui ne coûte rien. Je suis moi-même partie avec deux belles tuques! 🙂

Pour ma part, lorsque je voudrai changer d’auto, c’est certain que j’irai prendre un bon café là-bas tout en analysant les types d’autos, les paiements, etc.! 🙂

 

Party et ébriété riment avec nausée!

Je reçois un message texte, il est 23 h 43…

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Je reçois un message texte, il est 23 h 43…

C’est l’amie avec laquelle ma fille est allée à un party. Le lift de retour était pourtant convenu vers minuit et quart. « Je pense qu’il serait temps que vous veniez la chercher! » Avec quelques détails, qui donnent tout leur sens au mot « relâche ». Heureusement, c’est à moins de dix minutes de la maison.

Papiers essuie-tout, grand bol en inox. Je pars…

Je stationne devant l’entrée. Une maison de banlieue des plus anodines. Il y a quelques jeunes qui sont sortis prendre l’air. Un party d’adolescents, comme bien d’autres. Ma fille me dira que la grande sœur, adulte, était responsable. Mais qu’elle a plutôt décidé de faire la fête avec eux. Je texte l’amie, en lui demandant si elle veut également un lift. « Merci! Je dois aussi prendre soin d’un autre ami. »

Au bout d’un certain temps, trois filles arrivent. La mienne, bien encadrée de deux béquilles. Ma fille est comme un pantin euphorique. La bouche molle et le langage vague. L’œil qui vacille. Elle doit se croire sur le pont d’un navire, en pleine tempête. Je leur souris.

Ses amies ont dû me trouver pas mal cool.

On la glisse sur le siège arrière, côté passager. Elle serait à ma portée, s’il le faut. Surtout pas comme passager à l’avant. Malgré l’heure tardive, je ne suis pas complètement imbécile. Elle est incapable de boucler sa ceinture. Ça empeste l’alcool. J’ai entrouvert les fenêtres. Je roule quelques secondes. Sa tête, sans retenue, tombe dans le bol en inox. Premier tournant, la marée de son corps inerte suit lentement le mouvement. Je souris.

Nous arrivons à la maison. Je dois la réveiller et l’aider à sortir. À marcher. Elle tente d’enlever ses espadrilles seule. Impossible. Elle n’a pas de bas, son pied adhère. Il faut tirer fort. Je laisse son bras, pour ôter le deuxième soulier. À deux mains. Elle tombe, au ralenti. Je l’aide à monter à l’étage. Bang, la brique dans son lit! J’imagine déjà sa gueule de bois. Je souris.

Tout ce temps, je repense à mon adolescence. Quand, comme elle, j’avais seize ans et demi. Je revois toutes mes entrées titubantes à la maison. Il me fallait tenir les murs, de chaque côté du corridor, pour me rendre à ma chambre. Vous savez bien, ce navire en pleine mer… Et ma mère qui me demandait, avec le sourire dans la voix, si j’étais OK. Ma réponse, la bouche molle et le langage vague.

Elle va aux toilettes vers 3 h 30. Évidemment, avec toute la subtilité d’un éléphant. Je tends l’oreille, au cas où. Tout est OK, la brique retourne à l’horizontale par elle-même. Je souris.

Le lendemain, j’apprends quelques éléments de sa soirée. Du moins de ce dont elle se souvient. C’était de la vodka, agrémentée aux agrumes. L’alcool, c’est un des pères qui l’a acheté. Son ivresse, c’est qu’elles sont arrivées trop tard et qu’il ne restait plus rien à grignoter en même temps. J’entends l’armée défiler dans sa tête. Elle en paye le prix fort. Je tente de garder mon sérieux.

Plus tard, dans la journée, ça sera l’occasion des messages. Que certains garçons n’attendent que cet état. Pour en profiter. Et tout le reste du discours parental. Mais dans sa version légère. J’ai peine à m’empêcher de sourire. Surtout quand, là, depuis et fréquemment, je lui souligne son état.

En détails…

michel

Ma petite moi intérieure

À toi, ma petite enfant intérieure,

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À toi, ma petite enfant intérieure,

J’espère que mes mots peuvent te bercer dans une toile de réconfort et d’amour.

Ce dont j’ai manqué

Je connais si bien tes inquiétudes, tes peurs, mes peurs. Notre parcours.

Cachée dans l’ombre

Recroquevillée dans un coin de ton âme, de ton esprit

Un flot continu de mots percutants

Lames rebondissant sur tous mes organes vitaux

Ces mots mutilant chaque espace de mon être, fusillant chaque partie de ma confiance

Oui, oui, tout va bien! Je n’ai besoin de personne.

Oui, oui, ça va bien!

Ben oui… J’garde ma peine en dedans en espérant qu’elle disparaisse avec le temps

Je dois être forte. Il ne faut surtout pas faire de la peine aux gens qui nous entourent

Oui! Oui, ça va bien!

Je rêve qu’un jour, j’aurai ma place.

Je me sens en plein voyage dans un pays étranger

Je suis juste une enfant dans une marée d’humains

Je suis bien trop fragile sous ma carapace de petite fille forte

À toi, ma petite enfant intérieure,

Maintenant, je suis là. Tu n’es plus seule.

Le tunnel presque noir est maintenant éclairé par une petite lueur

J’ai fait le vide avant de penser refaire le plein.

J’ai jeté par-dessus bord tout ce qui faisait ma vie

Pour arriver à comprendre que notre passé nous a rendues juste plus grandes…

Je ne suis pas responsable de la dépression de ma mère

Ni de la présence muette de mon père

Malgré l’équilibre précaire sur le fil de ma vie

Tout reprend maintenant sens,

En frôlant la catastrophe: j’ai compris qu’on suivait juste notre chemin.

Que je suivais ma voie

Cette enfance volée, évaporée

Que ça nous plaise ou non : on vieillira avec notre parcours.

Les fissures se réparent

Les morceaux se recollent

Les passages blessés, endommagés se réécrivent.

C’est tellement plus fort que tout

Vouloir donner le meilleur de moi, ne pas blesser les autres et m’oublier…

Je me reconstruis.

Il semble que dans la noirceur, les étoiles brillent.

Alors! Petite enfant intérieure: crois en ta valeur. En notre valeur.

Je suis! Tu es ! Nous sommes une lueur qui devient sans contredit une lumière allumée!

-LA

 

Le bulletin de la vie – Texte: Krystal Cameron

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Ça y est, c’est décidé, à chaque bulletin scolaire de mon fils, je lui ferai son bulletin de vie en même temps. Juste pour lui rappeler et nous rappeler que oui, l’école est importante, mais que ce n’est pas que ça qui compte. Je travaille en milieu scolaire. Contradictoire? Peut‑être. J’ai toujours aimé remettre les choses en question et en perspective. Je me suis déjà dit, lors d’un moment de découragement en maths 514 (le mot « découragement » est faible : j’en avais littéralement des nausées) que personne ne sait la moyenne de Céline Dion en maths… et qu’on s’en fout pas mal au fond! Elle a un talent incroyable pour le chant, ça fait partie de sa personnalité, ça doit être mis en valeur. 

Comme éducatrice spécialisée, comme maman et comme être humain, j’adore voir des personnes différentes réussir à leur façon. J’aime voir la nature profonde des gens. Et ça, sur un bulletin scolaire… eh bien, c’est assez inexistant. Ça le dit : on évalue les compétences scolaires. C’est très bien ainsi. Mais, pour l’avoir vu et vécu, trop souvent quand l’enfant apprend différemment, que les notes ne sont pas proportionnelles à ses efforts démesurés pour réussir, on frappe un mur. Le mur de l’insécurité. De la non‑conformité. On focalise sur l’objectif à atteindre. On scrute chaque dictée, chaque contrôle de leçon. On veut tellement qu’il réussisse. Qu’il passe son année. On bûche avec lui, on relève les erreurs et on corrige avec lui. On répète, on se pratique. On l’encourage, on lui donne des trucs. On chante les tables de multiplication. On mime les mots de vocabulaire. On achète des gadgets. On va aux rencontres avec les professionnels de l’école. On prend des notes. On fait des devoirs, des leçons et on met l’accent sur ce qu’il doit améliorer… constamment.

Et on oublie tout le reste. On oublie son fabuleux sens de l’humour, sa sensibilité, sa passion pour la construction. Ses mille et une connaissances sur les animaux. Son impressionnant déhanchement pour lequel on n’a jamais trouvé de quel côté de famille il venait. Sa facilité à retenir des chansons. Sa façon de nous regarder, rempli de fierté lorsqu’il réussit à monter un vaisseau spatial en Lego. Sa générosité et sa façon de s’émerveiller devant les petites choses toutes simples de la vie.

Je ne veux pas/plus oublier le reste. J’ai toujours dit aux élèves que l’école est une pratique pour la vie d’adulte. C’est important l’école. Autant pour les notions académiques que pour savoir vivre en société sans oublier de respecter un échéancier et l’autorité, l’école et son bulletin ont leur raison d’être. C’est important d’apprendre. Céline doit savoir compter un minimum pour pouvoir gérer son argent! Mais le plus important dans tout ça, c’est eux. Nos enfants d’aujourd’hui, dans leur entièreté, ils sont nos adultes de demain.

Donc, peu importent les résultats dans le bulletin scolaire de mon fils, il aura beaucoup de 100 % ou de A+ dans son bulletin de vie. Juste pour qu’il n’oublie jamais qu’il est beaucoup plus qu’une simple note. 

Krystal Cameron

 

Devons-nous protéger nos enfants de tous les dangers?

Nous avons de plus en plus l’impression de revenir chez nous lorsq

Nous avons de plus en plus l’impression de revenir chez nous lorsque nous apercevons au loin la sublime île de Procida dans son écrin bleuté… L’expression même de chez nous commence à devenir floue… Curieusement, la mer est devenue notre repère. Naples nous apprivoise tranquillement.

Malheureusement, de terribles images nous sont également de plus en plus familières. À quelques kilomètres seulement de la base internationale de l’OTAN, nous sommes régulièrement témoins de la misère des esclaves des temps modernes. Des hommes et des femmes qui ont fui l’Afrique, croyant échapper au mauvais sort, et qui sont maintenant exploités dans les champs ou sur les trottoirs.

Je ne m’étendrai pas ici sur les problématiques de ma terre d’accueil, peu ouverte à la critique. Si vous croyez que j’exagère sa mauvaise foi, sachez que Naples invite ses citoyens à protéger l’image et la réputation de la ville en rapportant toute couverture négative #prenezgardeblogueurs (Difendi la Città : http://www.comune.napoli.it/flex/cm/pages/ServeBLOB.php/L/IT/IDPagina/32643).

Mais ce qui devient surtout de plus en plus évident pour moi, c’est que la méfiance est l’ennemie no 1 de la connaissance. Les occasions qui me permettent d’apprendre à réellement connaître les Napolitains sont celles où j’accepte d’ouvrir les barrières et d’aller à leur rencontre.

S’adapter à un nouveau pays, ça n’arrive pas comme par magie, en regardant le temps passer. Pour découvrir la beauté de Naples, il nous faut accepter ses invitations. On se retrouve donc en équilibre sur un mince fil où chaque décision d’avancer avec confiance pourrait nous permettre d’entrevoir toute la beauté du monde… ou sa dureté.

Se pointe alors une troublante question : faut-il balancer par‑dessus bord mesdemoiselles Prudence et Vigilance pour oser vivre à l’étranger? Je parle de la vraie vie, là, celle qui se présente sans garantie, sauf celle d’être risquée.

À trop se méfier… à vouloir tout éviter à sa famille… eh bien, justement! Est-ce qu’on ne se retrouve pas à TOUT leur éviter, sans distinction, sans trouver le juste milieu?

Parfois, le risque est facile à prendre… Jaser avec un pêcheur sur le quai et découvrir sa technique particulière pour capturer les seiches… Marcher avec un homme sur la plage et apprendre comment les goûteuses moules du lac Fusaro sont cultivées…

Parfois, c’est plus difficile… Prudence et Vigilance refusent de se taire… Elles négocient et finissent par accepter de se faire plus petites, à condition que je ne les tasse pas complètement. Quand j’accepte l’aide d’un ado au regard candide malgré toutes ces images de criminels recrutés de plus en plus jeunes (http://www.ilmeridianonews.it/2018/01/il-manifesto-della-baby-gang-facciamo-paura-qs/)… Quand j’amène ma famille dans les quartiers mal famés pour rencontrer ceux qui aident les enfants les plus vulnérables (https://www.theguardian.com/news/2018/feb/01/migrants-more-profitable-than-drugs-how-mafia-infiltrated-italy-asylum-system)…

Je réalise que mes plus beaux souvenirs d’Italie disparaîtraient, métamorphosés en rendez‑vous manqués, si je n’avais pas cloué le bec de Prudence et Vigilance au bon moment.

C’est pour cette raison que je refuse de laisser mes peurs me guider. Que je choisis de poursuivre avec courage ma recherche des humains qui font le beau et le bien… même s’il faut parfois jouer avec le feu pour arriver à les trouver et accepter qu’il est impossible de se protéger de tous les dangers.

Elizabeth Gobeil Tremblay

Le Slam de la mère à la dérive

Une mère, remplie de larmes salées, d’un sentiment amer D’avoir échoué Échouée sur lâ€

Une mère,
remplie de larmes salées,
d’un sentiment amer
D’avoir échoué
Échouée sur l’île de la maternité
Sans outils, sans amis
Où est le guide d’utilisation
Pour faire fonctionner son rejeton

Elle dérive, à la barre de son navire
Elle doit mener sa petite famille
Elle porte en son sein le bonheur des siens
Présidente, directrice générale de l’organisation familiale,
Médecin, infirmière, psychologue, femme de ménage, repasseuse, chauffeuse, cuisinière,
Toujours en overtime, elle n’a pas d’horaire,
Sous payée, exploitée

Des matins, elle voudrait partir, courir, s’enfuir
Ne jamais revenir,
être libre
Mais impossible,
elle a signé à perpétuité,
Emprisonnée dans sa belle maison dorée
Elle les lave, les blanchit, les nourrit
Elle se sent envahie, ensevelie
Sous une montagne de couches, de morve et de bouillie.
Jogging, cheveux sales, cernes qui touchent à terre
Son monde vire à l’envers
Fatiguée, épuisée
Lancez-lui donc une bouée
Elle se noie, elle se noie
Dans le noir qu’elle broie,
Elle est juste submergée par la marée
Qui passe et qui part,
Par les vagues du désespoir.

Elle a le cœur sur la main,
Mais sa main voudrait parfois atterrir sur leurs fesses
Elle le regrette
Et s’enferme dans les toilettes
Pour déverser des torrents de larmes
Sur sa culpabilité, la tristesse dans l’âme

À l’accouchement on l’a déchirée à l’intérieur,
On recoud, et on l’opère,
On la marque au fer

Mais qu’est-ce ça veut dire?
Que son cœur va grandir…
Que sa vie va basculer
Bienvenue au monde,
Au monde de la maternité!

Elle est là en attendant une récompense
Juste un peu de reconnaissance
Au lieu de quoi, un hurlement, une longue plainte,
Un beuglement,
Un « mamannnnnnnnnnnnnn » qui résonne
Dans l’écho de la nuit, du jour
À l’infini
Un « maman » qui a bouffé son prénom
Que ses enfants ont appris par cœur, comme le refrain d’une chanson,
d’un poème
Un refrain pour lui dire qu’ils l’aiment.

Gabie Demers

L’effort du temps

Plusieurs couples autour de nous se sont séparés ces derniers temp

Plusieurs couples autour de nous se sont séparés ces derniers temps. Vous saviez que cette maman s’était oubliée elle-même. Elle traversait ses journées, le teint gris et le dos courbé. Elle s’effaçait de plus en plus, de jour en jour. Et ce papa, à ses côtés, qui n’était devenu qu’un stéréotype de papa fainéant et bedonnant. Ils se sont levés un matin, en réalisant qu’ils en avaient assez des disputes, des vieilles rancunes et des longs silences… Et ce jour‑là, ces super ‑parents ont choisi de refaire leurs vies avec un autre humain.

La même maman a pris du temps pour elle. Tant qu’à être seule la moitié du temps… aussi bien se remettre en forme. Elle s’est remise à la course. Elle a couru et couru encore, de plus en plus loin et de plus en plus longtemps. Elle a découvert qu’elle se dépassait, qu’elle repoussait ses limites et qu’elle apprenait à apprécier le souffle du vent.

Celui qu’elle appelait son homme s’est aussi ressaisi. Plus personne pour passer derrière lui… pas le choix de se ramasser. Et il s’est mis à laver, à frotter, et surtout, à réaliser tout ce qu’elle avait fait pour lui. Parce que quand on est seul la moitié du temps, ça nous en laisse encore beaucoup pour réfléchir.

Puis, ils ont respectivement rencontré un petit quelqu’un qui les faisait se sentir spécial à nouveau. Plus rien n’était tenu pour acquis, tout était à reconstruire. Prendre soin de l’autre, tout en prenant du temps pour soi. Laisser de l’espace à l’autre et lui faire de la place en soi. Se laver, se raser, se coiffer… Recommencer à se sentir désirable et désiré.

Et c’est à ce moment‑là qui me vient une réflexion, aussi frappante que déstabilisante. Et si chacun d’eux avait fait les mêmes efforts pour l’autre, que ceux qu’ils ont faits pour rencontrer quelqu’un de nouveau? Et si ces deux anciens amoureux avaient pris soin l’un de l’autre, autant que d’eux‑mêmes?

Et si cette maman, encore en couple, avait pris du temps pour elle? Et si elle s’était remise à la course et à aimer la vie?

Et si ce papa avait commencé à ne pas tout tenir pour acquis, ni sa femme ni ce qu’elle faisait pour lui?

Et si, ensemble, ils avaient choisi de retomber en amour l’un avec l’autre, au lieu de se chercher un nouvel humain à aimer?

Attention, je ne condamne pas ici la séparation et je trouve tout à fait normal que l’on cherche à être heureux et qu’on prenne les moyens nécessaires pour le devenir. Ce qui me désole, c’est que dans cette société où on surconsomme sans arrêt, nous en soyons venus à échanger même les humains pour des meilleurs modèles. La vérité, c’est que la personne avec laquelle tu partages ta vie, ce n’est pas un téléphone intelligent que tu peux changer pour un plus performant.

Être en couple, c’est facile. Aimer, cajoler, faire l’amour, c’est facile. Mais essayer de se souvenir de qui nous sommes et prendre soin de soi, tout en donnant à l’autre cette même liberté, ça, c’est dur! Mais si, au quotidien, on traite l’autre comme si c’était encore tout nouveau, on a une belle solution en main.

Prendre soin de soi. Laisser à l’autre de la liberté. Aimer ses différences. Accepter ses imperfections. Et surtout, ne rien tenir pour acquis. L’embrasser, comme un adolescent. Lui faire l’amour, comme dans les premiers temps.

Si tu es en couple depuis longtemps, demande‑toi : à quand remonte ton dernier déshabillé ? Parce que oui, quand on est un vieux couple, les grosses bobettes beiges sont des choix confortables. Mais les mettrais‑tu devant un nouvel amant? Non? Alors voilà! Si on mettait tous les mêmes efforts pour notre partenaire de vie que ceux que ça nécessite pour en conquérir un nouveau, les couples tiendraient certainement plus solidement.

Rappelle‑toi pourquoi tu as choisi d’avoir des enfants avec lui ou avec elle. Rappelle‑toi ce qui t’a fait tomber en amour. Rappelle‑toi du coup de foudre et de la passion du début. Et ne laisse pas le temps effacer tout ça. Parce que la recette miracle d’un couple heureux, c’est de mettre tous nos efforts pour combattre le temps.


Joanie Fournier

 

Ce poids sur mon cœur

Ceux et celles qui sont fiers de leur poids, levez la main! Non? Per

Ceux et celles qui sont fiers de leur poids, levez la main! Non? Personne? Ah oui, je vois quelqu’un, là-bas, qui ose. Bravo!

Comme plusieurs, je traînais le poids des années et du manque de temps sur mes épaules. Ou plutôt sur mon abdomen, mes cuisses, mes bras, dans mes joues qui cachaient mes yeux tellement elles étaient enflées…

J’ai toujours eu un super méga métabolisme, qui m’a rendu de loyaux services jusqu’à la trentaine. Merci, génétique! Mais ça m’a empêchée d’apprendre à connaître mon corps et ses vrais besoins. J’ai toujours trop mangé, toujours trop sucré. Le réconfort par la bouffe. C’est tout moi, ça! Bon, ok, pas tout moi. Et de moins en moins.

J’ai toujours été dans mon poids santé. Enceinte, je prenais entre 40 et 60 livres, que je reperdais sans trop d’efforts par la suite. Puis, je me suis installée dans ma vie. Je suis devenue fonctionnaire. La position assise, les collations, le stress constant, l’équation malsaine calories ingérées > calories dépensées. Et toujours, cette propension à rechercher le sucre quand 1 — j’étais dans ma semaine. 2— j’étais triste ou fâchée. 3— j’étais heureuse et fière. 4— je m’emmerdais ou j’étais fatiguée. C’était devenu une récompense et une compensation.

À la longue, c’est devenu une punition. Manger du sucre = me sentir coupable. Équation encore plus malsaine que la précédente. Mais ce n’est pas parce que ça nous fait du mal qu’on est capable de casser l’habitude, hein! Au contraire! Notre cerveau et notre corps sont comme des enfants : ils adoptent les mauvaises habitudes beaucoup plus rapidement que les bonnes. Et pour perdre les mauvaises habitudes, ça prend une motivation qu’on perd au fur et à mesure qu’on s’appesantit.

Par chance, je continuais de bien manger, en dehors de mes rages de sucre. Ça m’a tenue en vie. Mais en santé? J’aurais pu faire mieux.

Au printemps dernier, mon cœur pompait juste à monter trois marches d’escalier. Mes jambes ne suivaient plus, mes muscles n’existaient plus. Je n’ai jamais été hyper sportive, mais là, je compétitionnais avec le paresseux sur sa branche en train de mastiquer son bambou. Jouer avec mes enfants était devenu si pénible physiquement que j’évitais ces moments. Pas fort, mon affaire.

Pas fort, mais je comprends comment tout ça s’est installé : vie sédentaire, insatisfactions amoureuses, manque de sommeil, besoin de crinquer mes hormones de bonheur, manque de temps à moi (et disparition de ma motivation à prendre soin de moi), stress dans le piton, sentiment d’impuissance par rapport aux dérapages de mes enfants, besoin de me récompenser pour me convaincre que je valais quelque chose malgré tout, douleurs et essoufflement au moindre effort, vie encore plus sédentaire… Le cycle. Non. La spirale. Descendante.

Et un jour, je me suis botté les fesses (dans mon imagination, parce que rendue là, je n’avais plus du tout la souplesse pour que mes talons se rendent à mon postérieur). J’ai consulté mon médecin, ma nutritionniste, et aussi une perle qui a replacé mes énergies dans le sens du monde. J’ai coupé le gluten qui m’engluait le cerveau et fragilisait mes intestins. Je me suis mis des défis : monter dix marches d’un coup. Puis monter quinze marches, sans me sentir essoufflée. Maintenant, je monte plusieurs étages sans traîner de la patte. J’ai acheté une montre d’entraînement. Mon premier objectif : 1 000 pas par jour. Que je n’atteignais pas six jours sur sept. Puis, l’été passé, j’ai marché 30 000 pas par jour en voyage. J’ai retrouvé ce qui ressemblait à des mollets!

Je suis maintenant capable de résister à l’appel du chocolat. La plupart du temps. Si je me laisse interpeler, je suis capable de contenir ma gourmandise. Et de manger sans me morfondre de culpabilité, parce que je sais que j’ai la motivation pour garder l’équation des calories ingérées/dépensées dans le bon sens. Six jours sur sept.

J’ai recommencé à entrer dans mes vêtements. À pouvoir boutonner mes pantalons. À me sentir à mon avantage dans une robe. Toute nue, ça c’est une autre histoire, mais ça viendra. Un jour. Ou une nuit! J’ai recommencé à sourire le matin quand venait le temps de m’habiller, au lieu de me sentir confrontée par un corps qui ne me va plus. J’ai même cru détecter dans le miroir quelque chose qui ressemble à des abdos. Je pensais qu’ils étaient partis avec le placenta de ma première.

Je me permets encore des soirées écrapoue sur le divan avec du popcorn. J’ai encore plus de plaisir qu’avant à partager un verre et un bon repas trop gras avec des amis. Mon corps ne crie plus FAMINE même quand il déborde de calories et de lipides. Mon cerveau essaie moins de déjouer ma vigilance en me faisant croire que j’ai ABSOLUMENT besoin d’un (de dix) autre biscuit. Je me connais mieux et j’ai plus de vrai plaisir.

Mais le plus beau dans tout ça, c’est que mon niveau d’énergie remonte. Je réapprends à jouer. À ne rien faire, à l’occasion. À manger et à boire (de l’eau, du thé!). À m’aimer. Et je ne sens plus tout ce poids malsain sur mon cœur.

Nathalie Courcy

Quelqu’un te juge. Toujours.

Vous connaissez déjà toute la pression sociale qu’on met sur les

Vous connaissez déjà toute la pression sociale qu’on met sur les nouvelles mamans. Peu importe les choix que cette maman fera, elle sera bombardée par les jugements. Si elle fait du cododo, elle gâte trop son bébé et lui donne de mauvaises habitudes. S’il dort seul dans sa chambre, c’est forcément qu’elle le laisse pleurer et l’abandonne. Si elle allaite, elle est catégorisée comme une grano-mère-poule. Et si elle opte pour le lait en poudre, c’est l’équivalent du poison à rat. J’exagère à peine. Dès que tu mets au monde un enfant, les autres se permettent de juger tes moindres faits et gestes. Tout le monde sait ça. Mais moi, naïvement, je pensais que ça s’arrêtait quand les bébés n’étaient plus des bébés, justement.

Maudit que je suis naïve! Parce que même quand les enfants grandissent, il y a toujours des gens prêts à guetter ce que tu fais pour te lancer un jugement en pleine face, sans que tu n’aies rien demandé à personne.

Si tu inscris tes enfants à trop d’activités, tu ne les laisses pas vivre leur enfance. Et si tu ne les inscris pas du tout, bien voyons, il va leur manquer quelque chose! Tu choisis la danse? Grand-papa aurait préféré que tu prennes le hockey, franchement! Tu optes pour la natation? Quelle idée! Grand-maman, elle, voulait que tu lui fasses faire des cours de ski! Oui, tu as bien compris. Peu importe le type et le nombre d’activités que tu fais faire à tes enfants, quelqu’un te juge.

C’est la fête de ton petit dernier. Tu fais ça au restaurant ou dans un centre d’amusement? La maman de Louis te trouve bien paresseuse de te débarrasser de l’organisation… Tu fais ça chez toi, mais t’as oublié les sacs-surprises? Le père de Sarah te trouve vraiment cheap… Tu as voulu faire plaisir à tout le monde, alors tu as fait ça chez toi, avec les jeux, les décos, les sacs-surprises et un jeu gonflable? Pffff… Les parents de Zack te trouvent vraiment trop intense… Peu importe ce que tu organises pour la fête d’un enfant, quelqu’un te juge.

Tu as choisi de rester à la maison avec tes enfants? Oh mon dieu, honte à toi, mère qui s’oublie pour ses enfants! Tu travailles 25 heures par semaine? Comme tu manques de productivité et de motivation aux yeux de ton employeur! Tu travailles 50 heures par semaine? Bien là! Si tu voulais une carrière, il ne fallait pas faire d’enfants! C’est dur d’entendre ces mots, hein? Mais ces jugements sont bien présents. Et peu importe que tu travailles ou non, quelqu’un te juge.

Et même quand j’écris que je me sens constamment jugée, il y a quelqu’un pour me dire que c’est ridicule. Et souvent, ce sont ces personnes-là qui jugent le plus.

Y’a les forums de mamans, aussi. Ces communautés qui te permettent de ventiler et de décharger un peu sur ce que tu trouves difficile dans ton rôle de maman. Là, tu te dis que tu trouveras des outils et des trucs. C’est vrai, mais sois aussi assurée que tu y retrouveras des jugements. Des beaux jugements gros comme le bras.

Pourtant, aucune maman n’est parfaite.

Pourtant, toutes les mamans font de leur mieux.

Et si on partait de cette base? Si on regardait d’abord les efforts qu’on fait avant de critiquer ce qu’on aurait dû faire? Et déjà, si on arrêtait de dire « Je ne te juge pas, là, mais… », évidemment suivi d’un beau jugement.

Chaque maman fait de son mieux. Chaque maman se lève tous les matins en ayant comme but d’offrir le meilleur de ce qu’elle peut à ses enfants. Chaque maman se couche le soir en se promettant de faire encore mieux le lendemain. Chaque maman souhaite que ses enfants apprennent plus que ce qu’elle sait elle‑même. Et en partant de ce principe, chaque maman est la meilleure maman qu’elle peut être. Le reste, on s’en fout.

Joanie Fournier