Archives mars 2019

Hymne à l’ado

Nos adolescents ne sont pas tous les mêmes, mais il y a certaines c

Nos adolescents ne sont pas tous les mêmes, mais il y a certaines choses qui se retrouvent chez la plupart des adolescents. J’ai eu envie de vous partager ce qui semble à mes yeux revenir dans la plupart des familles qui ont des adolescents, le tout, teinté d’un peu d’humour pour dédramatiser le tout. Cher adolescent, laisse-moi t’offrir ton hymne à l’ado :

Oh! combien j’aime ces doux matins où tu ne veux pas te lever pour aller à l’école. Ces matins où je dois te réveiller… te re-réveiller… brasser ton lit pour réussir à faire lever ce corps qui n’en a pas envie. « Mais ne t’inquiète pas, papa, ça n’a aucun rapport avec le fait que je me couche tard, c’est juste que je ne m’endors pas. »

Et que dire de ton excuse répétitive selon laquelle ta sonnerie de cadran n’a pas sonné sur ton cellulaire. Problème technique uniquement réservé aux adolescents il paraît, quelle malchance. Moi, ça ne m’est jamais arrivé… je pense que je vais m’acheter un 6/49…

Comme j’aimerais un jour trouver un panier de lavage qui accepte tes vêtements sales et qui ne les vomit pas un peu partout sur ton plancher. Tu sais, ce plancher qui n’est presque pas visible à l’œil nu. Ce plancher qui sert de terre d’accueil pour tes vêtements propres et sales qui se mélangent comme le fromage et la sauce dans une poutine.

Et que dire de tes douches. Ces douches qui offriraient assez de temps pour laver un éléphant adulte avec une brosse à dents. Tu sais, ces douches qui n’offrent plus assez d’eau chaude pour celui qui te suit Par contre, je suis certain que l’éléphant adulte ne laisserait jamais ses deux ou trois serviettes mouillées par terre, lui. Car oui, oui, les serviettes mouillées vont par terre en petit tas.

Ah oui, parlons aussi de tes goûts alimentaires qui sont en perpétuel changement. Tu pourrais te nourrir uniquement de pâtes alimentaires blanches avec du beurre, du sel et du parmesan. Des repas que tu adorais dans le passé sont maintenant presque dégoûtants pour toi. Et quand on te demande ce que tu aimerais manger, il y a l’éternel : j’sais pas! À voir les papiers de bonbons et de chips dans le fond de ton sac d’école, on peut comprendre pourquoi tu n’as jamais vraiment faim à l’heure du souper… mais tard en soirée, tu te transformes en tyrannosaures et gobes tout sur ton passage.

Je remarque aussi que la maladie de la perte de mémoire se développe très rapidement chez toi, ce qui m’attriste beaucoup. C’est la mémoire à court terme qui est le plus affectée. Par exemple, tu oublies que le rouleau de papier de toilette est fini et tu le laisses vide sur le support. Ou encore, tu oublies ta vaisselle sale un peu partout dans la maison. Tu oublies que le sac de lait est vide et tu remets la pinte vide dans le frigo. Tu oublies que la poubelle est pleine et tu pèses dessus pour tout enfoncer pour être certain de ne pas avoir à le changer. La maladie va même jusqu’à te faire oublier les tâches que l’on t’a demandées. Parlant des tâches, regarde ce qui suit.

Il y a aussi des mots qui reviennent particulièrement souvent. Celui que tu as adopté et qui te suit partout est : tantôt. Il est utilisé plusieurs fois par jour et ensuite, c’est ta maladie de mémoire à court terme qui embarque. Alors nous devons redemander et ton meilleur ami « tantôt » revient… et le trouble de mémoire à son tour. C’est comme une roue qui tourne.

Ce qui me fascine réellement, c’est le temps dont tu as besoin pour étudier et apprendre par cœur des matières scolaires alors que tu me chantes mot pour mot une multitude de chansons en anglais que tu n’as entendues qu’une ou deux fois. Tu réussis à me surprendre et c’est positif. Les maths et l’histoire devraient être transformées en hip-hop.

Finalement, laisse-moi te parler de ton meilleur ami. Il prend beaucoup, beaucoup de place dans la maison. Il est toujours avec nous. Il est là chaque heure du jour et j’ai l’impression qu’il t’empêche de dormir la nuit. Je le surprends même à t’accompagner dans ton bain. Je nous trouve très permissifs. Je parle de ton cellulaire bien sûr. Il est toujours greffé à la main. Tes notifications Snapchat, Facebook, Messenger, Instagram et autres sonnent dans la maison comme une vieille cloche de vélo agitée par un enfant hyperactif.

Malgré tout, cher ado, on ne te changerait pas pour rien au monde. Mais là, comprends‑moi bien. On ne te changerait pas toi, mais on changerait clairement quelques-unes de tes habitudes. La beauté de la chose est que l’adolescence ne dure que quelques années et qu’un jour, on va en rire. On va surtout en rire quand tu auras toi‑même des ados et que tu auras envie d’écrire un hymne pour eux. Tu verras, l’adolescence se définit comme suit : c’est le moment de notre vie où l’on veut des permissions d’adulte avec des responsabilités de jeune enfant.

Et vous, est‑ce que vos ados ont quelques-unes de ces habitudes? Écrivez-nous dans vos commentaires les habitudes des vôtres pour nous faire rire ou encore pour nous faire sentir moins seul.

Ce que je veux dire, c’est…

Ce que je veux dire, c’est exactement ce que j’ai dit ou demandÃ

Ce que je veux dire, c’est exactement ce que j’ai dit ou demandé. Ni plus ni moins.

Par contre, parfois, je n’ose pas demander, de peur que l’autre interprète mes propos différemment, tente d’y trouver un sens plus profond.

On entend et lit très souvent, quasi partout, tant de la part des professionnels de la santé et de l’éducation, des blogues traitant de la parentalité ou de monsieur et madame tout le monde, qu’on doit demander de l’aide, que ça prend un village pour élever des enfants… Je suis d’accord. Je suis la première à offrir mon aide et si on m’appelle, c’est certain que j’essaie de m’organiser avec chéri-mari et les enfants pour répondre positivement, et je serai là avec plaisir. Néanmoins, j’ai de la difficulté à le faire. Je me dis que c’est chéri-mari et moi qui avons choisi de faire des enfants, pas les membres de notre entourage. Ce n’est pas leur responsabilité, je n’ai pas à leur imposer de partager ce qui n’appartient qu’à nous…

Puis, dernièrement, une amie maman a partagé une publication sur sa page Facebook (une traduction d’un texte de Charity Beth). C’était assez long, mais somme toute, ça disait que les demandes des mamans ne sont pas plus que ce qu’elles énoncent, que leurs actions à un instant donné ne représentent pas nécessairement leur quotidien. Par exemple, une maman qui servira des céréales pour souper ne le fait pas généralement tous les soirs, que celle qui perd patience ne le fait pas souvent pour autant, qu’une maman qui dit être fatiguée ne veut pas dire qu’elle regrette sa maternité. Elle est simplement fatiguée, point.

« Quand une mère dit qu’elle a besoin d’aide pour faire les choses, c’est tout ce qu’elle veut dire. Elle ne veut pas dire qu’elle n’est pas capable. » Cette phrase m’a particulièrement interpellée. Quand le stress et l’anxiété montent, je sais rationnellement que de l’aide me ferait le plus grand bien. Qu’avoir de la compagnie durant mes journées ou mes soirées solos les adoucit autant pour moi que pour les enfants. Après tout, c’est beaucoup plus agréable pour mon grand de trois ans de jouer à un jeu de société avec une amie de maman que de rester très calme en s’occupant seul pendant que son bébé frère boit son lait, même s’il est capable de le faire.

Mais comme je suis capable et que nos familles et nos amis n’ont pas demandé à ce qu’on ait des enfants, je n’ose pas les solliciter ou encore trop peu.

Quand je parlais récemment à une amie de ce malaise d’imposer nos responsabilités à notre entourage, elle m’a dit que bien que j’aie raison de dire que nos enfants sont notre choix à chéri-mari et moi uniquement, ceux qui nous aiment voudront nous aider et prendre soin de nous, et de nos enfants par le fait même. Même s’ils ne sont pas obligés de le faire ou justement parce qu’ils ne le sont pas.

C’est vrai que c’est également parce que je me préoccupe de ceux que j’aime que ça me fait plaisir de les aider, même si leurs choix ne m’appartiennent pas.

Ces paroles résonnent encore en moi, font leur chemin tranquillement. Je me répète également que je peux être capable et recevoir de l’aide ; ce n’est pas incompatible.

Jessica Archambault

 

The Best Mother Ever!

Rien de moins que la maman parfaite : « THE maman ».

Rien de moins que la maman parfaite : « THE maman ».

Voilà, comment j’imaginais ma vie.

Je rêvais d’une vie dynamique, d’une belle famille unie, de quatre bambins énergiques courant autour de la maison, comme je le faisais dans le temps. Je désirais des enfants qui grimpent aux arbres pour contempler le nid d’oiseaux là‑haut. Je rêvais d’enfants découvrant la vie, les jardins, les insectes et faisant des collections de n’importe quoi !

L’idée de faire vingt-trois lavages par jour ne me dérangeait pas du tout, car je me voyais fière de voir mes enfants arriver sales de la tête aux pieds, les vêtements couverts de vécu… Pour moi, une enfance bien réussie a toujours été, jusqu’à tant que je devienne maman, l’image des cerfs-volants et de bulles de savon qui volent au gré du vent  : légère comme l’air et apaisante.

Oh yessss ! Dans mon plan de vie, je serais l’adulte COOL parce que, humblement « The Best Mother EVER », ce serait moi. T’sais la maman qui se lève tôt, un sourire éclatant, les yeux pétillants, avec une musique douce dans la tête, ce serait moi. J’incarnerais la femme généreuse, heureuse, de bonne humeur, remplie de joie, belle en tout temps. Ce serait moi, moi et moi ! Le vieillissement serait pour les autres puisque je projetterais l’image d’une jeune de vingt-cinq ans jusqu’à mes cinquante ans, et ce serait encore et toujours moi !

T’sais, « The Best Mother Ever » : attentionnée, ouverte, patiente, accueillante, disponible, attachante, douce, charmante, compréhensive, respectueuse, constante, aimante ; peut-être toi aussi, mais surtout MOI. (Après tout, tu as compris que c’est ma vie que je décris.)

Toutefois, tu devines que les choses ne se sont évidemment pas passées comme prévu dans mon magnifique portrait familial idéal de la super maman gonflée à bloc !

Tout d’abord, j’ai crié comme une perdue à la naissance de mon fils, en haussant le ton plus fort que je n’aurais pu l’imaginer ! Ça commençait plutôt mal…

À partir de ce moment, la vie a déboulé à vitesse grand « V » et depuis des années, je cours après tout… Je cours après mon sommeil, mon temps, mes enfants, mes projets, ma libido, ma vie, mes enfants, mes rêves, mon travail, mon couple, mes enfants, l’école, mes responsabilités, mon argent, mes activités ou celles de mes enfants.

Je cours après tout, mais sans me remettre en forme ou simplement pour le plaisir de courir comme un enfant. NONNNNN ! Finalement, je n’ai plus vingt-cinq ans et ça paraît.

Depuis des années, j’ai des cernes bleutés incrustés sur mon visage et je suis certaine que plusieurs personnes pensent que ça fait partie de ma morphologie. J’ai un petit teint blanchâtre, parfois verdâtre, une grosse veine qui veut m’éclater dans le front, les joues rouges parce que je cavale constamment, et malheur : j’ai quelques cheveux blancs !

Jamais je n’aurais pu imaginer avoir toutes ces couleurs dans l’espace aussi restreint, qu’est mon visage. La femme blanche que je suis devenue me fait voir d’un tout autre œil l’expression « femme de couleur » lorsque je l’entends.

Je dois m’habituer tranquillement aux changements puisque mes rondeurs semblent vouloir changer sans même m’avertir ! Mes seins ont diminué, mes fesses, elles, ont allongé et mon ventre est maintenant devenu douillet à souhait. En plus, j’ai tellement de vergetures que j’ai une carte routière tatouée sur la bedaine et mon petit dernier me surnomme : Maman Zébrée.

Oufff ! Décidément mon plan de vie avait omis de considérer le Terrible Two, le Fucking Four, la crise d’adolescence, les nuits blanches et toute la pression sociale.

Ouch ! J’ignorais que ma nouvelle voiture serait décorée de rayures après deux mois, que faire l’épicerie en vitesse serait désormais mission impossible, que sortir un soir avec des amis me prendrait une semaine à récupérer, qu’on me jugerait sur mes vêtements tachés et qu’il me faudrait boire un ou deux cafés avant d’être vraiment éveillée.

Oui ! J’avais mal analysé les hauts et les bas du brouhaha quotidien de la vie familiale, mais j’avais quand même en tête le meilleur plan au monde, devenir « The Best Mother Ever ».

Même si l’épuisement et l’âge apparaissent petit à petit sur mon visage, la fatigue disparaît lorsque je vois à quel point mon rôle de maman est primordial, et j’affiche mes rides avec fierté en voyant mes enfants grandir à mes côtés.

À travers cette constatation, je réalise que les repas catastrophiques et cacophoniques laissent place au temps en famille. Que ce moment de partage autour de ma table est meilleur en compagnie de mes enfants, de leurs rires, de leurs cris, de leur sourire, qui battent tous les dégâts ramassés.

Après tout ce tourbillon d’activités, je reste l’adulte COOL, imaginée dans mon enfance.

Je suis l’adulte que les voisins regardent de haut, puisque je laisse mes enfants explorer les champs, se baigner dans les trous d’eau, courir après les chats errants, se remplir les cheveux de fleurs, les poches de roches, se prendre pour des superhéros, croire aux fantômes et monter dans les arbres pour toucher les étoiles.

Je suis la grande personne COOL qui est prête à donner le meilleur passage à mes enfants, avec des cerfs-volants et des bulles de savon au gré du vent sans me soucier de ce que les autres vont penser.

Malgré tout ce que j’avais pu imaginer, je sais que la course folle, que j’entreprends depuis les premiers pas de mes enfants, est l’un des meilleurs chemins à parcourir, et que peu importe à quelle vitesse je vais, dès qu’un de mes enfants réclame mes bras, je freine et je savoure ce moment où le temps s’arrête.

Oui, je cours en titi, après quatre enfants quotidiennement parce que je suis : « The Best Mother Ever », c’est ce que l’un de mes fils me dit, et j’ai grandement envie d’y croire.

                                                                                Maman gonflée

Être une « hockeymom »

C’est connu, faire du sport, c’est bon pour la santé ! C’es

C’est connu, faire du sport, c’est bon pour la santé ! C’est pourquoi on habitue nos petits trésors, très tôt dans leur vie, à pratiquer des sports, à bouger et à regarder des personnes en faire. Notre société évolue et grandit à travers les sports. Donc, pas vraiment le choix, en tant que parents, que de se mettre en mode sportif. De nos jours, plusieurs activités s’offrent à nos enfants. Quand tu as un garçon, tu le sais très bien en dedans de toi qu’il risque de te demander de jouer soit au soccer, soit au baseball, soit au hockey.

Ah ! Le hockey ! Ce sport qui fait tant réagir et qui fait les manchettes sans cesse. Vous savez qu’il n’y a pas juste du négatif dans le hockey ? J’en sais quelque chose, je suis une vraie hockeymom.

J’ai deux fils, un de seize ans et un de quatre ans. Deux générations avec la même passion pour le hockey. Le premier est gardien de but et joue dans un très bon calibre. Il vient même d’être invité au camp d’une équipe collégiale AAA. Si le premier est gardien, devinez ce que le deuxième veut faire ? Et oui, un gardien de but (avec tous les coûts que ça implique) !

À la maison, on ne parle que de hockey. Le réseau des sports joue en boucle chez moi. On connaît toutes les équipes et qui sont les meilleurs gardiens de but en ce moment. On a une place au sous-sol réservée pour les parties de mini hockey. Mes fils ont tous les mini bâtons qui existent et toutes les sortes de rondelles et de balles pour y jouer. Ils trippent !

Mon petit a commencé à jouer dans une équipe cette année. Au début, les petits joueurs de quatre ans savaient à peine patiner et se tenir debout. Avec les efforts de tous les entraîneurs et des parents, nos petits hockeyeurs savent maintenant patiner, faire des tirs au but, se relever, se lancer par terre en glissant et faire des mises au jeu. Mises à part les techniques du hockey, ces petits humains ont appris à être persévérants, à collaborer, à jouer en équipe, à écouter des consignes précises, à prendre leur place sans en prendre trop, à communiquer avec d’autres enfants, à intégrer une discipline et j’en passe.

J’en profite pour remercier tous les entraîneurs bénévoles du Québec qui s’impliquent et essaient de transmettre le meilleur de leurs connaissances du hockey à nos enfants. Oui, le hockey peut apporter son lot de réflexions, mais quand on prend le temps de regarder ce que ce sport apporte à nos enfants, on ne peut qu’y voir du positif. Pour ma part, j’ai beau avoir visité tous les arénas du Québec et gelé dans certaines, je suis fière de voir évoluer mes fils dans ce sport et de les voir appliquer cette discipline dans leur mode de vie. Qu’on se le dise, le hockey fait partie de nos racines québécoises et il nous rassemble pour vivre de beaux moments en famille et entre amis.

Momsicle :

« celle qui est assise à l’aréna en train de geler pour l’amour de son enfant »

 

Karine Filiatrault

Deuxième grossesse : quand la culpabilité fait place à l’amour

Mon bébé, mon deuxième petit trésor, je te porte depuis plus de

Mon bébé, mon deuxième petit trésor, je te porte depuis plus de 230 jours. Il nous reste encore quelques semaines à partager l’espace de mon corps et ensuite, tu seras parmi nous. Cette deuxième grossesse, elle est bien différente de la première. Comme lorsque je portais ton frère, je me sens bien, je suis en santé et toi aussi. Par contre, pour ton frère, je devais m’occuper que de ma bedaine.

Je connaissais tout ce qui se passait pour lui et pour moi à chaque semaine de grossesse qui passait. Les ongles qui poussent, l’ouïe qui se développe, la peau qui s’épaissit. Chaque semaine, je lisais religieusement à quel stade ton bébé frère était rendu. Pour toi des fois, on me demande le nombre de semaines de ma grossesse et je dois y réfléchir. Parfois, je me mélange même d’une ou deux semaines avant de me rectifier. Jamais je n’aurais cru cela possible.

Quand ton frère est arrivé au creux de mon ventre, je pensais à sa place dans notre famille. Il avait toute mon attention, toutes mes pensées ou presque. Cette fois, avec toi, j’étais plus inquiète de ne pas arriver à te faire une place, de manquer de temps, de manquer d’énergie. Je me suis sentie coupable de ça, j’espérais que tu ne te sentais pas rejeté.

Puis, un jour, l’une des sages-femmes qui assurent notre suivi m’a dit : « Au fond, cette grossesse‑là est plus normale. » Elle ne le disait pas de manière péjorative, mais me faisait plutôt valoir que c’est peut-être tout le surinvestissement de la première grossesse qui est hors norme. Ça m’a apaisée. C’est vrai, au fond, que la vie continue même si tu es dans mon ventre. Je ne suis pas moins attachée à toi, j’ai simplement d’autres obligations qui seront encore là à ton arrivée.

Le temps ne s’arrêtera pas, ton frère va continuer sa routine et notre famille aussi ; au fond, c’est ce qui est beau. Notre famille, elle existe déjà et tu vas la rejoindre. Ta place y est déjà faite. Je me dis aussi que tu auras droit à une maman beaucoup plus détendue. Avec ton frère, j’ai tout appris, tout remis en question et je me suis tellement donnée à fond dans mon rôle de mère que j’ai failli m’épuiser.

J’avais l’impression que chaque action, chaque décision pouvait marquer sa vie à jamais. Comme si tout devenait plus gros, plus important. Avec toi, je sais le beau chaos qui s’en vient, je sais que tout passe, le bon comme le mauvais, et je sais que je suis une maman suffisamment bonne. Ça, tu vois, c’est un avantage que ton frère n’a pas connu tout de suite. J’ai appris avec lui et tu pourras en bénéficier.

Même chose pour ta venue au monde. Avec ton frère, je ne savais pas si je fabulais, si mes souhaits étaient réalistes ou naïfs. Maintenant, je sais que c’est possible. Je sais que je suis capable d’accoucher chez moi, dans le calme et l’amour. Je sais que je peux faire confiance à mon corps et je connais le chemin que nous aurons à traverser ensemble pour que tu puisses venir au monde. Il reste encore des surprises évidemment! À chaque bébé son histoire, mais je n’ai pas peur et ça aussi, tu dois le sentir.

C’est vrai, j’ai dû me forcer pour avoir des petits rituels avec toi, prendre le temps de prendre le temps, mais je ne me sens pas moins attachée à toi pour autant. J’ai compris qu’une fois de plus, la vie m’enseignait à ralentir, à changer de rythme et à prendre conscience de mes priorités, de mon temps et de ce que j’en fais. Un bel enseignement que tu m’apportes, comme un cadeau.

Mon bébé, j’apprends à te connaître par tes mouvements et tes réactions intra-utérines. Je t’imagine, je t’espère, je te fais confiance. Un petit bébé tout doux et curieux qui s’étire doucement dans mon ventre. Un petit bébé qui interagit déjà beaucoup avec les mains qui le touchent, surtout celles de ton frère et de ton père.

Bref, je te porte avec bonheur tout près de mon cœur en espérant que tu ressens tout l’amour que j’ai pour toi malgré le tourbillon de la vie. Prends toute la place qui te revient, viens bousculer notre routine, nous en apprendre encore plus sur nous. Nous sommes prêts et quand le moment sera venu, nous t’accueillerons avec tout l’amour que tu mérites.

Roxane Larocque

J’m’ennuie de toi, p’pa

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne pense pas que je réalisais vraiment ta place dans mon monde. Je t’avais et c’était parfait ainsi.

Quand tu es parti, j’ai tranquillement apprivoisé un quotidien sans papa.

J’étais désormais une jeune femme qui envierait toutes les filles qui danseraient leur première danse dans leur belle robe blanche.

Tu es parti sans préavis.

On ne s’est pas dit au revoir et c’est sûrement mieux ainsi. Seulement, tu ne m’as pas préparée à ton absence.

Tu ne m’as pas dit à quel point la vie serait triste après ton départ.

À quel point je ne serais plus jamais la même.

J’ai dû m’habituer à ne plus entendre ta voix forte qui me répond « oui, puce » après une sonnerie quand je téléphone, et ce, peu importe l’heure.

Quand je me chicanerais avec mon chum, je ne pourrais plus venir trouver réconfort dans tes bras… t’entendre tout dédramatiser d’un seul coup et me faire sentir légère.

Tu ne serais plus là pour venir accrocher mes cadres sur mes murs… faire un feu d’après-midi pour faire brûler les branches et ouvrir une bonne bouteille pour regarder les flammes… te voir gêné de me redemander pour la millième fois de t’aider à reprogrammer ton répondeur. Ça me faisait tellement plaisir et tu ne me dérangeais tellement pas, papa…

Tes conseils, ton écoute, ta trop grande sensibilité que je me suis appropriée malgré moi me manqueraient tellement.

Ton angoisse qui était rendue un grand spectacle… elle n’était plus.

Je ne partagerais plus de café avec toi ni de regards complices, rien. Tu es parti en emmenant une partie de moi.

J’aurais aimé que mes garçons te connaissent, j’aurais aimé te voir courir autour de la table après eux pendant que maman cuisine. J’aurais tellement aimé que tu ne partes pas.

J’aimerais, juste une fois, te voir les regarder avec le même regard que tu avais pour ma sœur et moi.

Cette fierté qui émergeait de toi quand tu nous voyais entrer dans une pièce…

Seul toi pouvais nous faire sentir aussi spéciales, seul mon papa. J’aurais aimé te rendre fier de la mère que je suis.

Je me demande souvent quelle maman je serais si tu étais encore là.

Mon stress, mon angoisse, mon insécurité n’existaient pas avant ton départ.

Mais malheureusement, te perdre si tôt dans ma vie de jeune femme a laissé plusieurs blessures que le temps a su apaiser. Ce temps n’a jamais su guérir à la femme que je suis devenue.

Bientôt dix ans que tu n’es plus là, p’pa, et je suis celle que je devais devenir grâce ou à cause de ton absence. Je t’en remercie quand même, parce que malgré ton trop tôt départ, ma vie est tellement belle.

Imagine si tu étais là, encore.

 

Lisa-Marie Saint-Pierre