The Best Mother Ever!

Rien de moins que la maman parfaite : « THE maman ».

Voilà, comment j’imaginais ma vie.

Je rêvais d’une vie dynamique, d’une belle famille unie, de quatre bambins énergiques courant autour de la maison, comme je le faisais dans le temps. Je désirais des enfants qui grimpent aux arbres pour contempler le nid d’oiseaux là‑haut. Je rêvais d’enfants découvrant la vie, les jardins, les insectes et faisant des collections de n’importe quoi !

L’idée de faire vingt-trois lavages par jour ne me dérangeait pas du tout, car je me voyais fière de voir mes enfants arriver sales de la tête aux pieds, les vêtements couverts de vécu… Pour moi, une enfance bien réussie a toujours été, jusqu’à tant que je devienne maman, l’image des cerfs-volants et de bulles de savon qui volent au gré du vent  : légère comme l’air et apaisante.

Oh yessss ! Dans mon plan de vie, je serais l’adulte COOL parce que, humblement « The Best Mother EVER », ce serait moi. T’sais la maman qui se lève tôt, un sourire éclatant, les yeux pétillants, avec une musique douce dans la tête, ce serait moi. J’incarnerais la femme généreuse, heureuse, de bonne humeur, remplie de joie, belle en tout temps. Ce serait moi, moi et moi ! Le vieillissement serait pour les autres puisque je projetterais l’image d’une jeune de vingt-cinq ans jusqu’à mes cinquante ans, et ce serait encore et toujours moi !

T’sais, « The Best Mother Ever » : attentionnée, ouverte, patiente, accueillante, disponible, attachante, douce, charmante, compréhensive, respectueuse, constante, aimante ; peut-être toi aussi, mais surtout MOI. (Après tout, tu as compris que c’est ma vie que je décris.)

Toutefois, tu devines que les choses ne se sont évidemment pas passées comme prévu dans mon magnifique portrait familial idéal de la super maman gonflée à bloc !

Tout d’abord, j’ai crié comme une perdue à la naissance de mon fils, en haussant le ton plus fort que je n’aurais pu l’imaginer ! Ça commençait plutôt mal…

À partir de ce moment, la vie a déboulé à vitesse grand « V » et depuis des années, je cours après tout… Je cours après mon sommeil, mon temps, mes enfants, mes projets, ma libido, ma vie, mes enfants, mes rêves, mon travail, mon couple, mes enfants, l’école, mes responsabilités, mon argent, mes activités ou celles de mes enfants.

Je cours après tout, mais sans me remettre en forme ou simplement pour le plaisir de courir comme un enfant. NONNNNN ! Finalement, je n’ai plus vingt-cinq ans et ça paraît.

Depuis des années, j’ai des cernes bleutés incrustés sur mon visage et je suis certaine que plusieurs personnes pensent que ça fait partie de ma morphologie. J’ai un petit teint blanchâtre, parfois verdâtre, une grosse veine qui veut m’éclater dans le front, les joues rouges parce que je cavale constamment, et malheur : j’ai quelques cheveux blancs !

Jamais je n’aurais pu imaginer avoir toutes ces couleurs dans l’espace aussi restreint, qu’est mon visage. La femme blanche que je suis devenue me fait voir d’un tout autre œil l’expression « femme de couleur » lorsque je l’entends.

Je dois m’habituer tranquillement aux changements puisque mes rondeurs semblent vouloir changer sans même m’avertir ! Mes seins ont diminué, mes fesses, elles, ont allongé et mon ventre est maintenant devenu douillet à souhait. En plus, j’ai tellement de vergetures que j’ai une carte routière tatouée sur la bedaine et mon petit dernier me surnomme : Maman Zébrée.

Oufff ! Décidément mon plan de vie avait omis de considérer le Terrible Two, le Fucking Four, la crise d’adolescence, les nuits blanches et toute la pression sociale.

Ouch ! J’ignorais que ma nouvelle voiture serait décorée de rayures après deux mois, que faire l’épicerie en vitesse serait désormais mission impossible, que sortir un soir avec des amis me prendrait une semaine à récupérer, qu’on me jugerait sur mes vêtements tachés et qu’il me faudrait boire un ou deux cafés avant d’être vraiment éveillée.

Oui ! J’avais mal analysé les hauts et les bas du brouhaha quotidien de la vie familiale, mais j’avais quand même en tête le meilleur plan au monde, devenir « The Best Mother Ever ».

Même si l’épuisement et l’âge apparaissent petit à petit sur mon visage, la fatigue disparaît lorsque je vois à quel point mon rôle de maman est primordial, et j’affiche mes rides avec fierté en voyant mes enfants grandir à mes côtés.

À travers cette constatation, je réalise que les repas catastrophiques et cacophoniques laissent place au temps en famille. Que ce moment de partage autour de ma table est meilleur en compagnie de mes enfants, de leurs rires, de leurs cris, de leur sourire, qui battent tous les dégâts ramassés.

Après tout ce tourbillon d’activités, je reste l’adulte COOL, imaginée dans mon enfance.

Je suis l’adulte que les voisins regardent de haut, puisque je laisse mes enfants explorer les champs, se baigner dans les trous d’eau, courir après les chats errants, se remplir les cheveux de fleurs, les poches de roches, se prendre pour des superhéros, croire aux fantômes et monter dans les arbres pour toucher les étoiles.

Je suis la grande personne COOL qui est prête à donner le meilleur passage à mes enfants, avec des cerfs-volants et des bulles de savon au gré du vent sans me soucier de ce que les autres vont penser.

Malgré tout ce que j’avais pu imaginer, je sais que la course folle, que j’entreprends depuis les premiers pas de mes enfants, est l’un des meilleurs chemins à parcourir, et que peu importe à quelle vitesse je vais, dès qu’un de mes enfants réclame mes bras, je freine et je savoure ce moment où le temps s’arrête.

Oui, je cours en titi, après quatre enfants quotidiennement parce que je suis : « The Best Mother Ever », c’est ce que l’un de mes fils me dit, et j’ai grandement envie d’y croire.

                                                                                Maman gonflée



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