C’est la relâche : à go, on se compare!
À quoi ressemblera votre semaine de relâche? Des plans de voyage?
Selon les dires de mes enfants, TOUS les élèves de leurs classes partent en voyage chaque année à la semaine de relâche (et encore à Noël, à Pâques et pendant les vacances d’été). Nous sommes apparemment les seuls qui ne font pas le tour du monde dès qu’il y a une fin de semaine de quatre jours.
– Mon amie Ariel a passé la semaine à Disney avec ses grands-parents!
– Mon voisin Christophe est allé visiter l’Italie l’été dernier!
– Le cousin de la fille de mon enseignante revient de Los Angeles, elle a rencontré plein d’acteurs.
Tant mieux pour eux.
– Oui, mais, maman! Pourquoi nous, on ne voyage pas? On est les seuls qui restent ici.
– Vraiment?
Chaque année, nous avons la même discussion en famille.
Mes chéris, je comprends que vous aimeriez voyager et découvrir le monde. C’est vrai qu’ils sont chanceux, vos amis. Si leurs histoires de voyages sont vraies, évidemment (se pourrait-il, par hasard, que certains « inventent » des aventures vraiment cool pour bien paraître en classe? Et que dans la vraie vie, ils soient restés sur leur divan toute la semaine?)
Quand vous étiez plus jeunes, on a beaucoup voyagé avec vous. Avant d’entrer en maternelle, vous aviez déjà visité quelques états des États-Unis, la France, Monaco, Hawaii et l’Alberta. Votre terrain de jeux, c’était les Rocheuses de la Colombie-Britannique. On a visité une bonne partie de l’Ontario et du Québec avec vous. Pas si mal, quand même! Mais c’est vrai, on n’est jamais allés à Disney. Et c’est vrai, dans les dernières années, nos expéditions ne nous ont pas amenés aussi loin.
Pourquoi, donc?
Entre autres parce que par bout, vous avez des comportements tout à fait inadéquats en voyage. Je ne parle pas juste des petites chicanes de frères et sœurs ou d’un refus de dire merci à un serveur au restaurant. Non. Je parle de crises monumentales dans l’avion ou dans un musée. Je parle de pétages de coche destructeurs déclenchés par l’heure de dormir ou par un « les enfants, c’est le temps de rentrer ». Je parle de comportements qui effritent les relations familiales, qui dérangent les autres voyageurs et qui m’épuisent. Énormément.
Aussi parce que voyager avec quatre enfants peut coûter un bras, une jambe et une hanche. Juste prendre l’avion, pensez-y! 5 000 $ de billets d’avion, plus les repas, l’hôtel, les activités… disons que ça fait un pas pire trou dans un budget! Je sais, je sais, il y a des façons moins dispendieuses de voyager, et c’est là-dessus que je mise. Mais je me vois mal m’embarquer dans une semaine de camping dans le bois, seule avec deux ados et deux p’tits pets. Le défi me semble juste trop disproportionné par rapport à mes capacités actuelles. Ça changera sûrement dans les prochaines années, quand vous aurez grandi et que j’aurai repris confiance en moi.
Une des raisons pour lesquelles on ne voyage pas à l’étranger pour l’instant, c’est que je choisis de prendre le temps libre qu’on a en famille pour visiter les gens qu’on aime et de qui on habite loin, et aussi pour vous faire connaître des coins de notre monde. Les parcs, les plages et les musées de notre coin de pays sont diversifiés et valent la peine de les découvrir.
Je choisis aussi, une fois de temps en temps, de prendre ce temps pour nous tous seuls. Pour se coller en regardant un film dans la maison que j’ai choisie pour nous, pour que nous y soyons bien et que nous vivions de beaux moments. Si nous sommes toujours partis, à quoi ça sert d’avoir un nid qu’on aime?
Et même, mère effrontée que je suis, je choisis parfois d’avoir du temps pour moi, de ne pas être épuisée le soir après une journée de déplacements et d’activités à l’extérieur de la maison. Je choisis d’avoir le temps d’organiser notre espace de vie, de jardiner, de peindre vos chambres ou tout simplement de regarder nos plantes pousser. Ça aussi, ça donne des souvenirs mémorables, et ça permet de rendre la routine un peu moins folle le reste de l’année.
Disney existera encore dans dix ans (j’y suis allée pour la première fois pour célébrer mes quarante ans). Les avions continueront de voler. Et checkez ben ça le fun qu’on aura cette année encore à la relâche! C’est peut-être vous que les autres élèves envieront.
Nathalie Courcy