La chaise vide — Texte : Nancy Pedneault
On y est. Le moment que je redoutais est arrivé. Décembre, le mois que j’aime tant, avec sa joie et sa féerie, est un peu triste cette année. Pour la première fois, ta chaise sera vide lors de notre traditionnel souper de Noël. Pourtant, mon cœur, lui, est rempli : il déborde d’émotions contradictoires.
Je suis confuse. Je ne sais pas comment vivre ce moment. Comment m’habituer à ce manque ? On n’a jamais appris à vivre avec l’ennui et la perte d’un être cher. C’est un moment auquel on ne se sent jamais prêt.
Pourtant, je me sens soulagée que tu sois enfin libéré du mal qui te torturait. Je sais que tu es bien maintenant. La souffrance est chose du passé. J’aurais tant voulu te garder avec nous encore quelques années. C’est toujours trop tôt pour vivre avec une chaise vide.
En même temps, je suis si triste de ne plus entendre ton rire, ta bonne humeur. J’entends encore ta voix dans ma tête, mais elle ne résonne plus dans mes oreilles. Je répète malgré moi tes blagues et tes expressions. Elles sortent comme ça, sans prévenir. Elles me font penser à toi. On en rit et parfois, on en pleure.
Je suis nostalgique de notre sortie à la messe de Noël où tu mangeais un bonbon pour réprimer les larmes qui montaient quand tu entendais chanter les enfants. Tous ces bons moments passés ensemble restent gravés dans ma mémoire. Je les chéris et j’en prends soin tel un cadeau précieux.
Malgré tout, je me sens heureuse de pouvoir être avec notre famille, celle que tu as bâtie. Ta chaise sera vide, mais je ne serai pas seule. Je suis bien entourée de gens qui m’aiment. Tu as laissé derrière toi des gens qui se soutiennent, s’apprécient et s’aiment.
Je me sens privilégiée de t’avoir eu comme modèle et de poursuivre ce que tu m’as enseigné : la bienveillance et la générosité. Plusieurs de mes décisions sont teintées de tout ce que tu m’as appris. En ce temps des Fêtes, je pense encore plus à toi qui donnais sans compter.
Avant de partir, tu nous as répété : ne vous inquiétez pas pour moi, amusez-vous ! J’essaierai donc très fort de m’amuser et de célébrer la vie qui continue, tout en pensant souvent à toi.
Alors, pour tous ceux qui, comme moi, auront une chaise vide autour de leur table cette année, je vous souhaite de trouver la paix et de réussir à célébrer la vie.
Nancy Pedneault